Coronavirus : la saison 2019-2020 de sport professionnel ne reprendra pas

Le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé ce mardi lors de la présentation du plan de déconfinement la fin des compétitions sportives en cours pour la saison. 

C’est désormais officiel : la saison 2019-2020 de sport professionnel est désormais terminée / Wikipédia

C’est une décision qui risque de faire beaucoup de bruit dans le monde du sport professionnel français. Depuis plusieurs semaines déjà, la question d’une éventuelle reprise des compétitions sportives interrompues divisait les clubs et les principales instances du sport français. Terminer la saison à huis clos ? Geler les championnats en l’état actuel? Attendre le mois d’août pour reprendre cette saison et enchaîner avec la suivante ? Les solutions posées sur la table ont été multiples, mais il n’aura finalement fallu que de deux phrases du Premier ministre Edouard Philippe ce mardi lors de la présentation de son plan de déconfinement pour mettre fin au débat. Les compétitions sportives professionnelles en cours sont bel et bien terminées pour la saison.

Les grandes manifestations sportives, culturelles, notamment les festivals, grands salons professionnels, tous les événements qui regroupent plus de 5000 participants et font à ce titre l’objet d’une déclaration en préfecture et doivent être organisés longtemps à l’avance, ne pourront se tenir avant le mois de septembre. La saison 2019-2020 de sport professionnel, notamment de football, ne pourra pas reprendre. a-t-il déclaré.

Cette décision intervient alors que les plus hautes instances du sport français, à l’instar de la Ligue de football professionnel 5LFP) ou de la Ligue national du rugby 5LNR) réfléchissaient à une reprise potentielle des compétitions au mois de juin. Cela ne se fera donc pas avant septembre. Reste à savoir quel scénario se profile pour clore cette saison 2019-2020. Que faire des classements finaux ? Comment déterminer les montées et les descentes, ainsi que les qualifiés européens ?

Plusieurs scénarios envisagés

Pour ce qui est du football et particulièrement de la Ligue 1, l’UEFA a explicitement demandé à ce que la LFP privilégie « le mérite sportif » dans la décision qui sera choisie, autrement dit, figer le classement en l’état. Seul problème, la Ligue 1 s’est interrompue alors que la 28e journée n’était pas clôturée, le match Strasbourg-Paris n’ayant pas été disputé. Le plus logique serait alors de se rapporter au classement de la 27e journée. Cette solution respecterait le règlement de la FFF, l’article 518 bis prévoyant que si le saison est amenée à s’arrêter, elle doit l’être à la dernière journée complète disputée.

Pour ce qui est du rugby et du Top 14 particulièrement, cette décision du gouvernement vient chambouler les plans des instances qui envisageaient notamment d’organiser des phases finales en juillet ou en août. Cette solution permettait en effet de régler le problème du champion et des qualifiés européens. La question pour la Ligue nationale de rugby se pose désormais : faut-il geler les positions actuelles pour déterminer ce qu’il se passera en septembre pour la saison 2020-2021? Ou faut-il organiser des phases finales plus tard, en septembre?

Pour l’ensemble du sport professionnel français tous les scénarios sont désormais envisageables, et personne ne peut prétendre être sûr de la solution qui sera privilégiée par les différentes instances. Une chose est certaine : c’est un véritable casse-tête qui se profile, et n’importe quelle décision prise risque de faire beaucoup de bruit.

Louis Augry

Coronavirus : une opportunité pour les petits producteurs locaux

Depuis le début du confinement, de nombreux Français privilégient les circuits courts pour se ravitailler. Une situation inédite pour les maraîchers, qui voient leur ventes doubler au même rythme que leurs heures de travail comme Jeremy, producteur et négociant de fruits et légumes dans la région lyonnaise.

Les producteurs locaux sont en première ligne pour ravitailler les Français. Crédit: Marjolaine Roget

Jeremy est debout depuis 4 heures du matin. Pour répondre à la demande exponentielle liée au confinement, le producteur et négociant de fruits et légumes dans la région lyonnaise enchaîne les journées de travail de 15 heures et a réquisitionné parents et amis pour l’aider. “La fréquentation du magasin a explosé, souligne Jeremy. « On est passés de 500 clients par semaine à 800, avec un panier moyen beaucoup plus important. Du coup, notre chiffre d’affaires a largement doublé”.

En plus de sa clientèle habituelle, le maraîcher a vu une vague de nouveaux clients arriver. Et pour cause, des heures d’attente dans les grandes surfaces, des clients méfiants qui privilégient les petits magasins, des restaurants fermés et des familles au complet, qu’il faut nourrir matin, midi et soir. Une situation inédite pour Jeremy, qui n’a pas pu anticiper sa production en conséquence : “Du côté des cultures, c’est compliqué à gérer parce qu’on avait planté en fonction de la demande habituelle. Avec cet afflux soudain, on a été en rupture de stock très rapidement et il a fallu s’approvisionner ailleurs.”  

Et après la crise ? 

Si les ventes de l’établissement ont doublé, il reste difficile d’estimer l’évolution de la clientèle une fois le confinement terminé. Le producteur se veut vigilant mais estime néanmoins qu’il va pouvoir garder une partie de ses nouveaux clients. “Je pense en fidéliser un tiers, peut-être la moitié. Une chose est sûre c’est que ça nous a fait connaître!”

En plus des règles sanitaires obligatoires (pas plus de trois clients dans le magasin et des gants pour tout le monde), le producteur a réactualisé un système de casiers : les clients adressent leur liste de courses par SMS, un code leur est envoyé quand la commande est prête, ils viennent la récupérer et laissent un chèque dans le casier. Un système que le producteur souhaite conserver après le confinement, et améliorer via une application. Dans un mois et demi, les clients pourront commander directement via leur téléphone. 

De cette période inédite, où les producteurs locaux se trouvent en première ligne, Jeremy tire un bilan positif : “Pour moi c’est double travail et opportunité: c’est bénéfique mais il faut s’accrocher”. 

Le système des casiers permet de respecter les règles sanitaires Crédit: Marjolaine Roget

Marjolaine Roget

Les avocats entre adaptation et incertitude sur l’après-confinement

L’épidémie de coronavirus et le confinement en France ont entraîné la fermeture quasi totale des tribunaux, engendrant une modification importante des méthodes de travail pour le personnel judiciaire. Face à un système qui tourne au ralenti, les avocats adaptent leur organisation et attendent des informations quant à la reprise des audiences.

Les avocats voient leurs méthodes de travail modifiées par la crise sanitaire. (Pixabay)

Depuis le début du confinement mis en place pour lutter contre le coronavirus, ils ne fréquentent plus aussi assidûment qu’avant les tribunaux. Distanciation sociale oblige en période de crise sanitaire, le travail des avocats a été largement touché. Plus de contacts directs avec leurs clients, plus de plaidoiries en public.

Si, lors des rares audiences qui se tiennent encore, les gestes barrières sont respectés autant que possible, les institutions judiciaires ne sont pas en mesure de fournir des équipements de protection adéquats à tout leur personnel. Les magistrats qui siègent portent un masque, les distances et l’absence de contact sont évidemment respectées, mais pour le reste on ne nous fournit rien de particulier, et donc on évite au maximum les audiences…”, explique Me Jean-Yves Moyart, avocat pénaliste au Barreau de Lille. 

Sans moyen de protection, les juridictions privilégies la visioconférence, quand cela est possible. Mais là encore, entre problèmes de connexion et qualité de son variable, le système laisse entrevoir certaines limites.

Si certains avocats s’accordent sur la nécessité d’un tel système en période de confinement, d’autres y voient un obstacle au bon fonctionnement de la justice, comme le rapporte Me Moyart : “Ils tentent aussi d’imposer de plus en plus la visio et autres moyens modernes d’échanger, ce à quoi les pénalistes sont très hostiles, pour des questions d’humanité et de justice correctement rendue notamment”.

Une justice au ralenti

Depuis le début du confinement, Christian Saint-Palais, avocat depuis près de 25 ans, fait face, comme la grande majorité de ses confrères, au ralentissement de son activité. Avec la plupart des procès suspendus ou reportés, les contacts avec son cabinet se résument à l’envoi et la réception de courriers recommandés pour maintenir un lien avec les tribunaux. 

L’essentiel de son travail, Me Saint-Palais le fait de chez lui. Même si les appels de nouveaux clients se font rares, l’avocat doit encore gérer la situation des détenus face aux inquiétudes d’une propagation du virus dans les prisons : “Les trois premières semaines, il fallait plaider pour obtenir la libération de ceux que nous défendons. Nos clients voulaient notamment savoir comment la nouvelle ordonnance s’appliquait à leur cas”, rapporte l’avocat au sujet d’une décision rendue le 25 mars. L’ordonnance valide notamment le prolongement automatique de la détention provisoire pendant l’état d’urgence sanitaire, une mesure qu’il juge “liberticide” : “Ce bouleversement des règles de détention provisoire est inacceptable. Il y a une grande préoccupation à propos de la situation sanitaire des détenus.

Comme lui, de nombreux avocats s’inquiètent du manque de protection des détenus face à la vitesse de propagation du virus dans les lieux fermés.

« Trop de personnes sont encore détenues alors que les prisons atteignent 150% de leur capacité d’accueil. Cela ne doit pas être accepté« , ajoute Me Saint-Palais.

Dans le flou de l’après-confinent

Préparer la reprise, c’est donc la tâche à laquelle s’attellent les avocats en période de confinement. Mais, sans compter les défis que posent la rémunération du personnel des cabinets et le paiement des charges sans perception de revenus immédiats, c’est une question de nature organisationnelle qui les touche. La reprise des audiences comporte encore beaucoup d’inconnues au niveau du planning et du retard pris avec les nombreux reports et suspensions.

À défaut d’avoir des informations claires sur l’après-confinement, Me Moyart avance : « On peut imaginer une reprise avec convocations restreintes et échelonnées, pas ou peu d’ouverture au public, et un parcours dans le Palais, le tout avec un strict respect des mesures barrières je suppose, mais nous n’avons aucune visibilité…« .

Son planning sous les yeux, Me Saint-Palais constate la charge de travail qui l’attend dès la fin du confinement : 

“Quand je regarde l’agenda, à partir du 12 mai, on a une audience par jour jusqu’au 15 octobre”

Alors qu’il met à profit son temps pour travailler sur le dossier du procès Mediator qui devrait se tenir en juin, l’avocat se demande dans quelles conditions de nouvelles affaires pourront être intégrées dans un planning déjà très chargé : “Les disponibilités sont assez rares, certaines affaires ne pourront sûrement pas être plaidées avant un an. Il va falloir les faire rentrer dans l’agenda de force…”.

Elisa Fernandez

Confinement : une plateforme pour contester les contraventions abusives

Alors que le confinement est en place en France depuis le 17 mars pour endiguer l’épidémie de coronavirus, les contraventions pour non-respect de ces dispositions se multiplient. Fin avril, des avocats ont mis en ligne la plateforme pvconfinement.fr afin de contester les amendes jugées abusives.

 

Des avocats ont lancé une plateforme de conseils pour contester les contraventions abusives pendant le confinement. / (Capture d’écran pvconfinement.fr)

915 000 procès-verbaux dressés depuis le début du confinement le 17 mars et 15,5 millions de contrôles effectués par les forces de l’ordre. Ce sont les derniers chiffres fournis par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, jeudi 23 avril.

Mais selon 60 millions de consommateurs, parmi les contrevenants, certains contestent le motif de l’amende, jugé abusif. Me Elisa Lashab et Me Xavier Nogueras ont donc eu l’idée de lancer une plateforme pvconfinement.fr. « Notre équipe est consciente de la crise sanitaire que le pays traverse mais reste soucieuse de la protection des droits et libertés de tous. Face aux inquiétudes suscitées par de trop nombreuses dérives arbitraires, nous constatons une violation régulière de nos libertés fondamentales », précise le site. Me Lashab et Me Nogueras ont rassemblé plusieurs confrères pour accompagner les contrevenants tout au long de la procédure de contestation.

« Contester, c’est se défendre », assurent les avocats à l’initiative de la plateforme.

Comment contester une contravention

Les avocats présents sur la plateforme proposent leurs services dans trois cas de figure. Premier cas, l’agent-verbalisateur aurait fait une erreur manifeste d’appréciation en contrôlant l’attestation de sortie. Deuxième cas, la contravention contiendrait une erreur formelle (date, signature, adresse). Troisième cas, la personne contrôlée sans attestation de sortie estime que la verbalisation est dénuée de tout fondement juridique.

Sur la plateforme, les avocats rappellent que « toute contravention est contestable« , mais il faut pour cela respecter trois points : ne pas payer la contravention, respecter le délai de 90 jours à compter de la réception de la contravention, et conserver les justificatifs.

Pour lancer la procédure, il suffit de « remplir en ligne le formulaire, de signer et dater la convention d’honoraires, puis de scanner ou prendre en photo l’avis de contravention », détaille le site. Le montant de cet accompagnement personnalisé ? 60 euros d’honoraires, dont 10% sont reversés à l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP).

135 euros d’amende minimum

Pour rappel, le non-respect des mesures de confinement est sanctionné d’une amende de 135 euros. Et en cas de paiement hors délai, elle s’élève à 375 euros. Enfin, si la personne récidive dans les quinze jours, elle s’expose à une amende de 200 euros avec une majoration possible à 450 euros.

Mélanie Leblanc