Tout comprendre sur les arrestations de travailleurs Sud-Coréens aux États-Unis

Depuis l’arrestation de 300 travailleurs sud-coréens sur le chantier d’une usine aux États-Unis, la tension monte entre Séoul et Washington. En Corée du Sud, l’affaire choque et fait douter de l’allié américain.

Que s’est-il passé ?

Ce mercredi, un vol charter a quitté Séoul pour les États-Unis afin de rapatrier les travailleurs sud-coréens arrêtés dans l’État de Géorgie le 4 septembre. 475 personnes, dont 300 citoyens sud-coréens avaient été arrêtées par la police de l’immigration américaine, sur le chantier d’une usine de batteries électriques Hyundai, dans la ville d’Ellabel.

Les ressortissants sud-coréens avaient été placés en détention, et Séoul avait envoyé du personnel diplomatique aux États-Unis dès le 5 septembre pour entamer des négociations.

Pourquoi cette arrestation ?

Selon les autorités américaines, les Sud-Coréens étaient en situation illégale sur le territoire américain. Au lendemain de l’arrestation, Steven Schrank, un agent du ministère américain de l’Intérieur, avait affirmé que ce raid était le résultat d’une « enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales ».


Interrogé par la presse dans l’après-midi, Donald Trump a qualifié les travailleurs d’ « étrangers en situation d’illégalité » et a affirmé que la police de l’immigration « faisait simplement son travail ». Il s’agit, selon les autorités américaines, de l’opération la plus importante jamais réalisée sur un seul site dans le cadre de la campagne d’expulsions orchestrée par l’administration Trump.

De quelle usine s’agit-il ?

L’usine où l’arrestation a eu lieu est codétenue par les coréens Hyundai Motor et LG Energy Solution. Sa construction s’inscrit dans une politique d’investissements de la Corée du Sud aux États-Unis, car elle doit permettre d’y créer 8 500 emplois d’ici à 2031, dans la construction de véhicules électriques et hybrides.

Le 30 juillet, Séoul promettait d’investir 350 milliards de dollars aux États-Unis en échange d’une réduction des droits de douane, passés de 25 à 15%. En mars, Trump avait personnellement félicité Hyundai Motor pour ses promesses d’investissements, à hauteur de 21 milliards de dollars sur quatre ans.

Sous le mandat de Joe Biden, Samsung, Hyundai et LG avaient promis de débourser des dizaines de milliards pour construire des méga-usines aux Etats-Unis, notamment pour fabriquer des semi-conducteurs et des batteries. Ces secteurs nécessitant une main d’oeuvre qualifiée, Hyundai, LG et leurs sous-traitants ont fait venir leurs travailleurs pour terminer la construction de l’usine d’Ellabel.

Quelles sont les réactions en Corée du Sud ?

L’affaire préoccupe la classe politique. Le ministre des Affaires étrangères sud-coréen, Cho Hyun, s’est rendu lundi à Washington et a qualifié la détention des ressortissants sud-coréens de « situation grave ».

Le raid américain a également fait la une des médias en Corée du Sud. Le quotidien de gauche Hankyoreh s’interroge : «Est-ce ainsi que les Etats-Unis traitent un allié ?», tandis que le quotidien conservateur Chosun Ilbo évoque une « rupture de confiance ».

Enfin, une vingtaine de manifestants se sont rassemblés mardi devant l’ambassade américaine à Séoul, pour demander la libération des détenus et dénoncer la politique migratoire violente des États-Unis.

À quoi s’attendre pour la suite ?

Si l’avion de rapatriement a bien décollé mercredi matin, aucune heure de retour n’a été communiquée pour l’instant. Les autorités sud-coréennes ont averti que le vol de retour serait retardé « en raison de la situation du côté américain », sans donner plus de détail.

Le 10 septembre, un avion de la compagnie Korean Air a décollé depuis Séoul pour rapatrier les 300 travailleurs arrêtés aux États-Unis. Crédits : YONHAP / AFP.

Pour Séoul, un des enjeux de la négociation serait d’obtenir que les travailleurs quittent les États-Unis dans le cadre d’un départ volontaire plutôt que d’une expulsion. Un point que le ministre Cho Hyun devait aborder mercredi matin avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio.

De son côté, Donald Trump a publié lundi un message sur son réseau Truth Social pour rassurer les entreprises étrangères : «Vos investissements sont les bienvenus, et nous vous encourageons à faire venir LÉGALEMENT vos collaborateurs les plus brillants, dotés d’un grand talent technique, afin de créer des produits de classe mondiale.»

Anna Esnault-Carcuac

Corée du Sud : une grève historique des salariés de Samsung Electronics

Pour la première fois de son histoire, le plus grand groupe d’électronique du monde, Samsung Electronics, a subi une grève de ses employés à Séoul, ce vendredi 7 juin. Un moment historique pour le conglomérat sud-coréen, qui a vu plusieurs milliers de ses employés se mobiliser pour faire entendre leur colère. Explications.  

Des milliers d’employés se sont réunis devant le siège de Samsung Electronics à Séoul ce vendredi 7 juin. Leur revendication : une augmentation des salaires d’au moins 6%. Cela fait suite à plusieurs mois de négociation entre les syndicats et la direction qui peinent à dialoguer entre eux. D’un côté, les représentants des employés dénoncent la responsabilité de l’entreprise dans ce dialogue de sourds. D’un autre côté Samsung répond en instaurant un sixième jour de travail pour les managers afin de rassembler les cadres de l’entreprise le weekend pour discuter des stratégies de gouvernance. Face à cette situation, des milliers d’employés ont posé une journée de congé ce vendredi pour faire entendre leur revendication.

Si pour la France, la grève est un droit fondamental régulièrement utilisé pour faire pression sur la direction d’une entreprise, en Corée du Sud cela est loin d’être habituel. En témoigne cette toute première grève au sein de ce groupe mondialement connu qui rassemble plus de 125.000 employés. Au-delà du fait que la Corée du Sud ne soit pas proche de cette culture de la grève, ce moment est aussi historique car Samsung a longtemps été engagé dans une lutte antisyndicale. C’est seulement en 2010, 41 ans après la création de l’entreprise, que le premier syndicat a été créé.

« Il n’y a aucun impact sur la production et les activités commerciales »

Cette première journée de grève historique n’aura sûrement pas une conséquence forte sur la production de Samsung. Dans un communiqué, l’entreprise explique « qu’il n’y a aucun impact sur la production et les activités commerciales. Le taux d’utilisation des congés payés le 7 juin est inférieur à celui du 5 juin de l’année dernière ». En effet, ce jour de perturbations tombe un vendredi après un jour férié et avant le week-end, une journée où les employés des grands conglomérats sud-coréens font généralement le pont.

 

Noa Perret

Samsung dément des accusations d’achats de voix pour obtenir l’attribution des JO 2018 à Pyeongchang

Le groupe d’électronique sud-coréen Samsung a rejeté mardi des accusations d’achats de voix auprès de membres du Comité international olympique (CIO). Ces paiements, datant de 2011, auraient visé à obtenir l’attribution des Jeux Olympiques d’hiver de 2018 à Pyeongchang au détriment de Munich et d’Annecy.

Samsung a rejeté des accusations d'achats de voix auprès de membres du CIO. © Wikimedia Commons
Samsung a rejeté des accusations d’achats de voix auprès de membres du CIO. © Wikimedia Commons

 

Dans un communiqué publié ce mardi, le géant sud-coréen a déclaré : « Samsung n’a jamais mené aucune activité illégale de lobbying afin d’obtenir la victoire de Pyoengchang« . Pourtant, la chaîne sud-coréenne SBS TV a affirmé avoir obtenu la copie de 137 courriels, dont certains entre des responsables de Samsung et Papa Massata Diack, fils de Lamine Diack, l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) et ancien membre du CIO.

Déjà mis en cause pour des achats de voix afin de garantir à Rio l’attribution des JO d’été de 2016 et visé par un mandat d’arrêt international dans le dossier de dopage et corruption qui avait ébranlé le monde de l’athlétisme en 2016, Papa Massata Diack est cette fois soupçonné d’avoir promis de convaincre des membres du CIO de voter en faveur de Pyeongchang en échange d’argent et de contrats de parrainage.

Le CIO a indiqué que les informations concernant Lamine Diack « seront ajoutées à son dossier ouvert par la Commission d’éthique » et rappelle être « partie civile » dans l’enquête ouverte par la justice française à l’encontre du Sénégalais « qui a perdu son statut de membre honoraire en 2015 ».

Pour rappel, le 6 juillet 2011, Pyeongchang, écartée à deux reprises pour les JO de 2010 et 2014, avait obtenu dès le premier tour de scrutin l’organisation des JO de 2018, devant Munich (Allemagne) et Annecy (France)

Justine Hagard

La Chine demande la suspension « immédiate » d’un bouclier antimissile américain

Pékin a demandé ce mardi la suspension « immédiate » du déploiement du bouclier antimissile américain Thaad, mis en place en Corée du Sud afin de contrer la menace d’une attaque de la Corée du Nord. Washington avait  annoncé quelques heures plus tôt que ce système était désormais opérationnel.

Le gouvernement chinois, considérant que ce dispositif entrave sa propre force de dissuasion, dénonce depuis plusieurs mois sa mise en place.  « Nous prendrons fermement toutes les mesures nécessaires pour maintenir nos intérêts » , a déclaré le ministre des Affaires étrangères chinois, Geng Shuang, lors d’une conférence de presse. Il a cependant approuvé la déclaration surprise du président Donald Trump, annonçant qu’il « serait honoré » de rencontrer le dirigeant Nord Coréen Kim Jong-Un, si « de bonnes conditions » étaient réunies.

Emilie Salabelle