Plusieurs condamnations internationales après un raid israélien ayant causé la mort d’humanitaires à Gaza

Les Nations unies et l’Union européenne ont condamné ce jeudi la mort de collaborateurs de l’ONU dans une frappe lancée par Israël contre une école abritant des déplacés dans la bande de Gaza, qui a tué 18 personnes.

Les condamnations internationales se multiplient ce jeudi après l’annonce de la mort de plusieurs humanitaires dans la bande de Gaza, dans une frappe israélienne sur l’école de Nuseirat, transformée en abri pour déplacés. La Défense civile de Gaza a fait état de 18 morts au total, dont six employés de l’ONU.

« Une école transformée en refuge pour 12.000 personnes a de nouveau été visée par des frappes israéliennes. Six de nos collègues de l’Unrwa (l’agence pour les réfugiés palestiniens) figurent parmi les morts. Ce qui se passe à Gaza est totalement inacceptable », a dénoncé le patron de l’ONU Antonio Guterres. 

De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, s’est dit « scandalisé ». « Le mépris des principes fondamentaux du droit international humanitaire, en particulier de la protection des civils, ne peut et ne doit pas être accepté par la communauté internationale », a-t-il affirmé.

L’armée israélienne affirme avoir visé des membres du Hamas

L’armée israélienne s’est défendu d’avoir délibérément visé les humanitaires et a affirmé dans un communiqué avoir « mené une frappe de précision sur des terroristes qui opéraient dans un centre de commandement du Hamas » dans l’école. Ces derniers mois, Israël a frappé plusieurs écoles dans la bande de Gaza, accusant le Hamas d’y opérer.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a pour sa part appelé à protéger les travailleurs humanitaires, évoquant « une question [qu’ils continuent] à aborder avec Israël ». « Nous continuons à voir le Hamas se cacher dans ces sites », a-t-il aussi affirmé lors d’une visite en Pologne.

Marie Scagni

Guerre Israël-Hamas : trente-sept morts dans une frappe israélienne visant une école de la bande de Gaza

L’école Al-Sardi, gérée par l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), et située dans le centre de l’enclave palestinienne, a été bombardée cette nuit par l’armée israélienne. Le bilan est de 37 morts selon l’hôpital Al-Aqsa de Deir Al-Balah.

Le bombardement a visé dans la nuit l’école d’Al-Sardi, située à Nousseirat dans un camp de réfugiés palestiniens, où trente-sept personnes sont mortes selon l’hôpital Al-Aqsa de Deir Al-Balah. Dans cette école se trouvaient des Palestiniens ayant fui le nord de l’enclave, où les bombardements continuent. 

L’armée israélienne, qui a revendiqué la frappe, a affirmé avoir pris des mesures « pour réduire le risque de blesser des civils non impliqués… notamment en effectuant une surveillance aérienne et en obtenant des renseignements supplémentaires ». Parmi les victimes, vingt-trois femmes et enfants sont morts. 

Une potentielle base du Hamas

Pour l’armée israélienne, cette « frappe précise » a permis de tuer « plusieurs terroristes » qui se trouvaient dans l’école. Le Hamas et le Jihad islamique auraient utilisé ce lieu comme base pour préparer des attaques, selon Israël. Dans l’enclave, de nombreux bâtiments de l’Unrwa sont devenus des refuges pour les palestiniens, mais l’armée israélienne accuse le Hamas de s’y cacher. Une affirmation contredite à plusieurs reprises par ces derniers.

Un autre bombardement israélien a touché dans la nuit de mercredi à jeudi une maison située dans un camp de déplacés à Nousseirat. Au moins six personnes sont mortes, selon l’hôpital Al-Aqsa de Deir Al-Balah.

Elisa Robuchon

Etats-Unis-Israël : un an après le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, où en sont leurs relations ?

Il y a un an, jour pour jour, Donald Trump rompait avec la continuité diplomatique des Etats-Unis vis-à-vis d’Israël en transférant l’ambassade américaine à Jérusalem. Une preuve de leur reconnaissance controversée de la ville comme capitale de l’Etat hébreu.
Le président américain Donald Trump lors de sa visite au Mur des Lamentations, en mai 2017. / Crédit : Matty Stern/U.S. Embassy Tel Aviv

Le 14 mai 2018, alors que la conseillère à la Maison Blanche, et fille du président, Ivanka Trump dévoilait la plaque commémorative sur le mur de l’ambassade flambant neuve, de violents affrontements avaient lieu au même moment à la frontière entre Gaza et Israël, faisant 58 morts et plus de milles blessés parmi les manifestants. Cette date, choisie par Donald Trump, n’est pas anodine : elle coïncide avec le 70e anniversaire de la création d’Israël, et par la même occasion, celui de la reconnaissance de l’Etat hébreu par les Etats-Unis sous la présidence d’Henry Truman. Elle marque également le début de l’exode de plus de 700 000 Palestiniens, expulsés de leurs terres. 

Un rapprochement historique

Alors que son prédécesseur, Barack Obama, dénonçait ouvertement la politique de colonisation de l’Etat d’Israël en Cisjordanie (condamnée par le droit international), avait soutenu la création d’un Etat palestinien et dégagé un fonds de plus de 200 millions de dollars à destination de l’Autorité palestinienne aux dernières heures de son mandat, Donald Trump s’était positionné, dès son investiture, en ami d’Israël.
Dès 2016, le président américain avait annoncé qu’il nommerait comme nouvel ambassadeur américain en Israël David Friedman, proche de la droite conservatrice israélienne. Un an plus tard, le chef de l’Etat américain reconnaissait officiellement Jérusalem comme capitale israélienne. En mai 2017, Donald Trump avait à nouveau marqué l’histoire de l’amitié israélo-américaine en devenant le premier chef d’Etat américain à se recueillir au mur des Lamentations, lieu sacré du judaïsme, à Jérusalem.

Processus de paix entre Israël et Palestine

Malgré le rapprochement diplomatique entre les Etats-Unis et Israël, Donald Trump affirme,depuis le début de son mandat son intention de décrocher un accord de paix pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, une tentative échouée par tous les précédents présidents américains. Les pourparlers sont au beau fixe depuis 2014. Jared Kushner, le gendre de Donald Trump, occupe les fonctions de conseiller présidentiel pour le Proche-Orient. Issu d’une famille juive orthodoxe, il a été mandaté par le Président pour s’emparer de la question brûlante du processus de paix entre Israël et Palestine. Un plan devrait être dévoilé le 4 juin, à l’issue du ramadan. Toutefois, l’Autorité palestinienne, en froid avec Washington, qu’elle juge pro-Israël, a d’ores et déjà rejeté le consensus.

Agathe Harel

Le Hamas envisage un État palestinien dans les frontières de 1967

Khaled Mechaal, dirigeant du Hamas, en 2009
Khaled Mechaal, dirigeant du Hamas, en 2009

 

L’organisation islamiste a publié lundi soir une nouvelle version de son programme politique dans laquelle elle accepte un État palestinien dans les frontières de 1967, tout en insistant sur le caractère « politique » et non religieux de son conflit avec Israël. Une révolution ?

La mise en ligne du programme politique en plusieurs langues du Hamas, survenue ce lundi au soir, a suscité de nombreuses réactions. Dans ce texte en 42 points, le mouvement islamiste de Gaza indique que « l’établissement d’un État palestinien entièrement souverain et indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem pour capitale, (…) est une formule de consensus national ». Par ailleurs, le Hamas précise que le caractère du conflit qui l’oppose à Israël est avant tout « politique » et non religieux. Les autorités israéliennes ont aussitôt qualifié ce texte de « mensonger » dans un communiqué.

Le texte a été mis en ligne alors que le chef du Hamas en exil, Khaled Mechaal, donnait une conférence de presse à Doha (Qatar), et 48 heures avant que le président des États-Unis Donald Trump ne rencontre Mahmoud Abbas, dirigeant de l’Autorité palestinienne (AP), en conflit avec le Hamas.

Retour à l’international

Cette déclaration semble marquer un changement d’horizon pour le Hamas. Classé comme organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël, le mouvement islamiste veut redevenir un acteur de premier plan dans les négociations internationales liées au conflit israélo-palestinien. Exit les appels au combat contre les juifs et les relents antisémites : cette charte se veut plus modérée, plus lisse, sans pour autant renier l’idéologie du groupe qui refuse toujours de reconnaître l’État d’Israël.
Autre détail important : la publication du texte en plusieurs langues. Comme l’explique la docteure en sciences politiques Leïla Seurat dans un article pour OrientXXI :  « Ce document ne devrait pas être compris comme étant «  adressé  » à quelque partie que ce soit. Son destinataire est autant palestinien qu’étranger. »
Le Hamas s’éloigne également de l’organisation islamiste égyptienne des Frères Musulmans, avec lequel il a longtemps entretenu des liens de proximité.
 2017 s’annonce pour une année charnière pour le Hamas qui doit également renouveler ses dirigeants. Le chef du parti Khaled Mechaal ne peut pas se représenter car il a atteint la limite des deux mandats successifs, et le flou demeure quant à son possible successeur.
Pour rappel, le Hamas est un mouvement politique créé en 1987 par trois membres des Frères Musulmans, qui dispose de sa branche armée, responsables de nombreux attentats. Avant que sa charte ne soit amendée ce lundi, le Hamas prônait la destruction d’Israël et l’instauration d’un État islamique palestinien sur tout le territoire.
Asmaa Boussaha