Ultradroite : qui est Rémy Daillet, figure du complotisme, remis en liberté ?

Rémy Daillet-Wiedemann, soupçonné d’avoir commandité l’enlèvement de la petite Mia, est sorti mercredi 31 mai de la maison d’arrêt de Strasbourg (Bas-Rhin). Figure des milieux complotistes, l’homme de 56 ans est assigné à résidence avec un bracelet électronique.

Rémy Daillet est assigné à résidence et doit porter un bracelet électronique. © Jérémy-Günther-Heinz Jähnick

Une figure du complotiste remise en liberté. Notamment soupçonné d’avoir planifié des attentats contre l’Elysée en 2021, Rémy Daillet a vu sa détention provisoire prendre fin. Il est désormais assigné à résidence avec port d’un bracelet électronique.

  • Un ancien cadre du Modem

Rémy Daillet est le fils de l’ancien député centriste Jean-Marie Daillet. En octobre 2008, il devient responsable du Modem Haute-Garonne à Toulouse avant d’être exclu du parti en 2010. Les idées de Rémy Daillet sont jugées très conservatrices, notamment en termes d’éducation. Il plaide pour faire l’école à la maison. Rémy Daillet tient aussi des discours anti-avortement.

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  • Figure du complotisme

Après son expulsion du Modem, Rémy Daillet commence à côtoyer des cercles conspirationnistes. En plus d’être anti-avortement, il est opposé à la 5G et à la vaccination. Il est soupçonné d’être à la tête d’un groupe d’ultra-droite qui aurait prémédité des actions violentes et un coup d’état contre le gouvernement, nommé l’ «Opération Azur ».

Entre mai et octobre 2021, douze personnes de l’entourage de Rémy Daillet appartenant à l’ultradroite sont mises en examen. Leurs profils sont divers : ex-militaire, ingénieur chimiste, ex-candidat FN aux législatives 2012, agent de sécurité, intermittent du spectacle, etc. Plusieurs de ces personnes seraient proches du groupuscule néonazi « Honneur et nation ».

  • Affaire Mia

Le 13 avril 2021, l’enlèvement de la petite Mia, âgée de huit ans, survient dans les Vosges. Elle avait été enlevée par plusieurs hommes sur demande de sa mère qui n’en avait plus la garde. Cinq jours plus tard, la mère et la fillette sont retrouvées dans un squat en Suisse, saines et sauves.

Installé en Malaisie, Rémy Daillet est soupçonné d’avoir incité l’enlèvement. Mi-juin 2021, il est inculpé pour complicité d’enlèvement d’un mineur de 15 ans en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre le crime d’enlèvement de mineur de quinze ans en bande organisée.

  • Assigné à résidence

Depuis 2021, Rémy Daillet était en détention provisoire à la maison d’arrêt de Strasbourg (Bas-Rhin). Son avocat Dylan Slama avait déposé une demande de remise en liberté. La chambre de l’instruction de la cour d’appel y a répondu favorablement. L’homme de 56 ans est assigné à résidence et doit porter un bracelet électronique.

Julie Zulian/AFP

Convaincre les Français de se faire vacciner : le futur défi du gouvernement

Alors que les laboratoires américains Pfizer ont annoncé lundi 9 novembre être en bonne voie pour proposer un vaccin contre le Covid-19, un sondage publié quatre jours plus tôt montre que près de la moitié des Français refuserait de se faire vacciner. La France est l’un des pays les plus anti-vaccins au monde, et le fait que le vaccin contre le Covid-19 ait été créé dans l’urgence attise les complotismes.

Selon l’Ipsos, 46% des Français refuseraient de se faire vacciner contre le Covid-19. Illustration : Ludovic Marin / AFP

Près de la moitié des Français refuserait de se faire vacciner contre le Covid-19 à sa sortie. C’est le résultat publié par l’institut de sondages Ipsos jeudi 5 novembre. Parmi la quinzaine de pays sondés début octobre, la France est celui où l’intention de se faire vacciner est la plus faible, à 54%. C’est aussi le pays où les personnes sondées auront le plus tendance à attendre quelques temps avant de se faire vacciner. Un tiers des Français pense attendre au moins trois mois après la sortie du vaccin.

Avec l’annonce lundi 9 novembre par l’entreprise pharmaceutique Pfizer de la mise au point d’un vaccin efficace à 90%, mais aussi les revendications des laboratoires américains Moderna et de chercheurs russes, l’espoir de l’arrivée prochaine d’un vaccin contre le Covid-19 se concrétise enfin. Mais cette réticence française aux vaccins vient noircir le tableau. En effet, les épidémiologistes jugent que pour que toute la population soit protégée, il faudrait qu’au moins 60 ou 70% des Français soient vaccinés, ce chiffre variant beaucoup selon les estimations.

La confiance des Français envers les autorités sanitaires se dégrade depuis plus de dix ans

Ce rejet des vaccins plus répandu en France que dans les autres pays n’est pas une nouveauté. Françoise Salvadori et Laurent-Henri Vignaud ont co-écrit le livre Antivax, La résistance aux vaccins du XVIIIème siècle à nos jours, qui est paru en 2019. « Cette méfiance n’est pas propre à la situation actuelle, explique Françoise Salvadori au CelsaLab, qui est maîtresse de conférence en immunologie. On date cette augmentation de la méfiance vis-à-vis des vaccins à partir des années 2008 et 2009, au moment de la grippe A-H1N1. Il y a eu un gros bug de communication, avec un discours qui a pu paraître alarmiste. Les vaccins ont été mal présentés et mal distribués. »

Selon la chercheuse, il y a de nouveau un problème de communication entre l’État et les Français : « Il y a un manque de confiance général des Français envers leurs autorités politiques et sanitaires, et je pense que la gestion de la crise actuelle ne va pas augmenter cette confiance. Il faudra des années pour compenser ce manque ». Françoise Salvadori fait référence à la communication sur les masques et les tests, au sujet desquels le gouvernement est revenu sur ses propos.

Le scepticisme des Français face au futur vaccin contre le Covid-19 augmente en effet avec le temps, puisqu’un autre sondage de l’Ipsos, sorti au début du mois de septembre, montrait que 59% des Français seraient prêts à se faire vacciner, contre 54% aujourd’hui.

Crainte des effets secondaires ou rébellion face à l’autorité

Parmi les arguments avancés par les personnes sondées, les plus récurrents sont la crainte des effets secondaires et la peur que le vaccin ait été conçu à la va-vite. La méfiance pourrait aussi être accrue par le fait que le vaccin proposé par Pfizer ou par Moderna utilise une technologie encore peu répandue, qui consiste à injecter de l’ARN messager pour indiquer à nos cellules de créer des antigènes, au lieu d’injecter un échantillon du virus lui-même.

Laurent-Henri Vignaud, qui est historien des sciences, a étudié les types de populations qui sont sensibles aux arguments anti-vaccins : « C’est une opinion qui a prospéré dans les classes moyennes éduquées. Le premier profil courant est plutôt féminin, d’âge moyen et de classe moyenne, dans un cadre familial. Ce sont des familles refermées sur elles-mêmes, qui mettent leurs enfants dans des écoles hors contrat. Le second profil est plutôt masculin, d’âge plus avancé, célibataire et sans enfant ». Si le premier profil qu’il décrit considère que tout ce qui est extérieur à la famille est un danger, et notamment les vaccins, le deuxième refuse toute autorité de l’État sur les individus.

Dans le cas du Covid-19, Laurent-Henri Vignaud reconnaît que c’est ce second profil qui risque d’être le plus fréquent. En effet, des adultes seront amenés à se faire vacciner, alors que le reste du temps, les personnes anti-vaccins sont souvent des parents qui s’opposent aux vaccins obligatoires pour leurs enfants. « C’est précisément cette catégorie de personnes qui est particulièrement présente sur les réseaux sociaux, continue le chercheur. On pourrait être confronté à une forme de mouvement « gilets jaunes » sanitaire, comme c’est déjà le cas avec les anti-masques. »

En deux mois, la part des Français prêts à se faire vacciner contre le Covid-19 est passée de 59% à 54%. Illustration : Vincenzo Pinto / AFP

Les deux chercheurs considèrent que la communication du gouvernement sera cruciale dans l’acceptation ou le rejet de ce vaccin par les Français. La possibilité de le rendre obligatoire a déjà été évoquée, notamment par le député Européen Yannick Jadot. Mais selon Françoise Salvadori, cela paraît peu probable car le vaccin ne sera dans un premier temps pas disponible en quantités suffisantes, et parce qu’aujourd’hui, les seuls vaccins qui sont obligatoires sont ceux que l’on fait à un très jeune âge. « Il faudra un discours clair et honnête de la part de l’État, plutôt que des batailles politiques qui n’aident pas les gens à prendre leur décision », conclut la chercheuse.

Julie Bringer