Le mouvement politique issu de la Manif pour Tous a son groupement étudiant au sein de la célèbre école parisienne depuis lundi. Pour la majeure partie des étudiants et du personnel, toute tentative pour limiter l’expression de ce groupe est vaine.
A midi, les étudiants sont nombreux devant l’entrée de Sciences Po. Devant cette grande école, par laquelle sont passées de nombreuses personnalités politiques et médiatiques, la même nouvelle est sur toutes les lèvres : L’association Sens Commun – Sciences Po a été acceptée lundi 9 octobre comme association étudiante. Auparavant simple « initiative étudiante », le groupe a réussi à recueillir les 120 voix nécessaires parmi les étudiants, qui votent chaque année pour les mouvements qu’ils souhaitent voir se pérenniser. Le mouvement politique issu de la Manif pour Tous représentait le noyau dur des partisans de François Fillon lors de la campagne pour l’élection présidentielle. L’interdiction de la PMA (Procréation Médicalement Assistée), l’interdiction de l’adoption pour les couples de même sexe et l’annulation de la loi sur le mariage pour tous figurent parmi leurs principaux combats.
Pour un petit groupe d’étudiants en première année, le débat sur cette nouvelle n’a pas lieu d’être. « Bon, en vrai, tout ça c’était ridicule. Ils ont leur association, et c’est bien, ça va susciter le débat. C’était nul d’en faire tout un plat », affirme Juliette, 23 ans, étudiante en Affaires Européennes.
Flore a 24 ans et suit une préparation pour les concours de la fonction publique. Elle accuse certains étudiants d’avoir fait beaucoup de bruit pour rien contre le groupe Sens Commun – Sciences Po : » Je ne suis pas contre Sens Commun dans notre école parce que c’est un lieu de débat et de démocratie. On ne peut pas leur retirer la liberté d’association et d’expression juste parce que l’on ne cautionne pas leurs opinions « .
« Il ne faut juste pas que ça tourne mal, avec des discours de haine « , précise Anthony, 23 ans, qui étudie en Affaires Publiques. Inutile également d’essayer de dissoudre le mouvement : » la procédure du vote a été respectée, il n’y a rien à dire. Les étudiants ont choisi, et il faut respecter ce choix « .
Interrogé à ce sujet par la télévision de Sciences Po, le directeur de l’école Frédéric Mion a affirmé que l’existence de Sens Commun en tant qu’association étudiante était parfaitement justifié.
L’arrivée de Sens Commun fait suite à celle d’un groupement Front national au sein de l’école il y a quelques années. L’an dernier, l’annulation de la venue de Florian Philippot pour une conférence par un petit groupe d’élèves avait divisée les étudiants.
L’implantation réussie de Sens Commun
Pour les membres de l’association, c’est une véritable victoire : Ils ont partagé sur les réseaux sociaux leur joie d’avoir été reconnus, notamment dans un post Facebook :
De nombreux étudiants avaient fait part de leur mécontentement dans des tweets à l’annonce de la nouvelle. D’autres associations de l’école de la rue Saint-Guillaume ont rédigé un communiqué également signé par le syndicat étudiant Unef pour alerter les élèves et l’administration sur les positions prises par le parti politique Sens Commun : « la présentation de Sens Commun sur le site des initiatives étudiantes n’est qu’un subterfuge visant à donner une plateforme légitime aux discours homophobes au sein de notre école », peut-on lire sur le document.
Le mouvement politique Sens Commun s’implante petit à petit dans le milieu universitaire. Des sections existent déjà à Sciences Po Bordeaux, l’université de Rennes 1 et les universités de Paris-Dauphine et Panthéon-Assas (Paris 2).
Asmaa Boussaha