Trafic de stupéfiants : “Quand tu sors de sept ans de prison, c’est dur de changer de vie”

Après sept ans passés derrière les barreaux, Ramzy, jeune homme d’une trentaine d’années, se retrouve une nouvelle fois dans le box des accusés pour des « infractions liées à la détention de stupéfiants”.  

Tribunal de Grande instance de Bobigny. À l’entrée de la 14ème chambre, une voix forte, celle d’un homme, résonne. Depuis le box où il est jugé aux côtés de quatre autres accusés, Ramzy est courbé pour atteindre le micro et se faire entendre. Vêtu d’un pull gris fermé jusqu’en haut, il comparaît pour “différentes infractions liées à la détention de stupéfiants” comme le rappelle le président du tribunal correctionnel. 

Lors de la perquisition, la police a retrouvé plus de 170g de résine de cannabis. Crédit: Pexels

“Vous avez déformé mes propos” argue Ramzy lorsque le président lui demande l’origine des 35 000 € trouvés lors d’une perquisition à son domicile 

“Je reprends simplement les déclarations faites devant le juge d’instruction” rétorque le magistrat, exaspéré par ce qu’il considère comme de la »mauvaise foi » de la part Ramzy. “Et les traces de cocaïne retrouvées dans votre véhicule, j’imagine que ce n’est pas vous non plus ?”

“ Non moi je suis un fumeur de résine de cannabis et d’herbe, mais pas de cocaïne », se justifie Ramzy en remontant ses petites lunettes rectangulaires, « J’ai sûrement fait monter des gens qui en consomment dans ma voiture”, argumente-t-il. 

Le président du tribunal préfère clore le sujet, voyant la résistance de Ramzy. Avant de passer la main à la procureure de la République, il s’assure que la cour n’a pas d’autres questions pour le prévenu. 

« Je ne suis pas un paria »

L’accusé en profite pour s’étirer. Courbé depuis le début de l’audience, la fatigue se fait ressentir. Décidée, la procureure se lève et commence son interrogatoire. Elle s’engage sur le sujet de l’argent, et plus spécifiquement sur l’origine des 4000€ que Ramzy aurait touché en sortant de ses sept années de prison. 

Celui-ci ne laisse pas la procureure achever sa question et répond : “C’est ma famille qui me l’a donné quand je suis partie en Tunisie, en sortant.” 

“Et donc votre famille vous a donné tout cet argent en espèces, ça fait beaucoup quand même”, rétorque-t-elle, ne cachant pas son doute face à la réponse du prévenu. 

“Vous croyez que je suis vu comme un paria par ma famille juste parce que je suis allé en prison” s’insurge Ramzy. La procureure est quelque peu désarçonnée par cette réponse intempestive.   

“Je n’ai plus d’autres questions” déclare-t-elle en se rasseyant sur son grand siège en cuir, surplombant les accusés. 

D’un ton désinvolte, le président donne la parole à l’avocat de Ramzy. Celui-ci se lève solennellement, se tourne vers son client et lui demande s’il est difficile de se retrouver à nouveau dans le box des accusés. Le prévenu hoche la tête, comme si, pour la première fois depuis le début de l’audience, on le comprenait enfin. “Quand tu sors de sept ans de prison, c’est dur de changer de vie” souffle-t-il dans le micro. Il semble enfin en confiance et parle d’une voix plus posée.


L’avocat de la défense revient sur quelques points abordés par le président et la procureure et laisse la parole à son client. “J’ai l’impression que depuis le début de la semaine on se comprenait plutôt bien Monsieur le juge, mais là vous avez fait beaucoup de fausses interprétations”. 

Le président enlève ses lunettes, un sourire en coin et conclut : “Ca me fait plaisir d’être jugé par vous Monsieur, la séance est suspendue jusqu’à 14h 15. Bon appétit à tous”

Aliénor de Matos

 

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Prendre rendez-vous en ligne : un nouvel obstacle à la régularisation des sans-papiers

Une cinquantaine de migrants ont porté plainte contre l’Etat mercredi matin. La raison? Les délais de plusieurs mois avant de pouvoir déposer son dossier de demande de titre de séjour. Une centaine de personnes étaient devant la préfecture de Bobigny pour dénoncer la dématérialisation des services en préfecture.

« Avoir un rendez-vous, pourquoi est-ce impossible? Est-ce un sujet tabou de devenir visible? » entonne la foule sur l’air de la chanson « C’est la mère Michelle ». Les associations de protection des migrants, présentes mercredi après-midi devant la préfecture de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour dénoncer la dématérialisation des services, ne manquent pas d’imagination. Le refrain « à l’air du clic » rappelle tout le paradoxe de la situation : internet est censé faciliter les démarches administratives, mais à l’inverse, ici, c’est presque impossible d’obtenir un créneau pour déposer un dossier de demande de titre de séjour.

C’est pourquoi une cinquantaine de migrants ont déposé mercredi matin des recours en référé contre l’État. Le délai légal de trois mois avant un rendez-vous ayant été dépassé, la préfecture se voit obligée, face à cette plainte, de les recevoir sous quinze jours. Mais beaucoup attendent d’être reçus depuis plus longtemps encore.

Difficile à croire a priori. Et pourtant, une association qui protège les droits des immigrés a mené l’enquête. Yohan Delhomme, responsable des questions de droit au séjour à la CIMADE en Île-de-France explique devant des manifestants abasourdis que de juillet à septembre 2019, 921 personnes ont été sondées pour savoir si oui, ou non, la préfecture leur délivrait une date pour déposer leur dossier. En février dernier par exemple, aucune des 122 personnes sondées n’a pu obtenir de créneau en préfecture. Cette association a également simulé une prise de rendez-vous via un algorithme. Résultat : sur 2 000 tentatives, seuls deux ont pu être pris en cinq mois.

Lorsqu’une personne souhaite prendre rendez-vous, elle se rend sur le site de la préfecture concernée et remplit un formulaire. Le site internet l’invite alors à choisir parmi les créneaux disponibles s’il y en a, ou lui indique qu’il n’y a plus de créneau disponible. (crédit: La Cimade)

En plus de la CGT, trois associations étaient mobilisées : la Ligue des droits de l’homme, la CIMADE et le Secours Catholique. Entouré d’une foule de demandeurs de titres de séjours, chaque porte-parole se passe le micro pour témoigner de la situation ubuesque et faire entendre le parcours difficile de nombreux ressortissants étrangers. « Le système qui a été mis en place est un véritable scandale », dénonce un porte-parole de la Ligue des droits de l’homme. « Dissimuler le problème n’est pas le résoudre » : Dominique Dellac, conseillère départementale communiste de Seine-Saint-Denis pointe elle aussi du doigt la dématérialisation des services en préfecture. A chaque revendication, les membres des associations acquiescent, surenchérissent : « cela fait cinq mois qu’il attend un rendez-vous! », lance une femme à travers la foule.

Sur le site de la préfecture, un message s’affiche: « Il n’existe plus de plage horaire pour votre demande de rendez-vous. Veuillez recommencer ultérieurement », un message que tous les demandeurs de titre de séjour connaissent par coeur.

Des mois à attendre pour déposer un dossier

Lassana Konate, originaire du Mali, est arrivé en France en 2010. Même s’il n’a toujours pas de titre de séjour, il vit et travaille au Bourget, dans un centre de recyclage de carton. « Mon patron me demande tous les jours où est ma carte. J’ai juste un récepissé provisoire, mais je n’arrive pas à prendre rendez-vous. » Après des essais acharnés – il a demandé plusieurs fois à des proches d’essayer d’en obtenir pour lui – Lassana Konate a du faire appel à une avocate pour l’aider à deposer son dossier.

Mariana Dambakate, une jeune maman congolaise, a elle aussi demandé à des amis et de la famille de la relayer sur le site de la préfecture. A chaque heure de la journée, elle essayait, mais le même message s’affichait: « Il n’existe plus de plage horaire pour votre demande de rendez-vous. Veuillez recommencer ultérieurement. » Mariana Dambakate est venue avec son amie Nathalie Ebale, une Sénégalaise qui connaît la même précarité. Toutes deux ont de jeunes enfants et ne reçoivent une aide financière que du Secours catholique: « Ils nous aident beaucoup. Ils payent la cantine de mes enfants. Mais ce n’est pas assez, moi je veux travailler. Je veux un titre de séjour », dit Nathalie Ebale, émue. Ces deux femmes célibataires sont lasses de ces procédures administratives sans fin.

Les associations n’ont qu’une revendication – ou presque : plus de moyens financiers aux préfectures afin d’offrir plus de plages horaires. En attendant, la CGT n’hésite pas à donner des conseils aux migrants salariés sans papiers : « Prenez-vous en photos au travail pour constituer un dossier béton! » Vers 16h30, la foule se disperse progressivement. Le mot de la fin sera pour cet homme, en France depuis 5 ans, toujours sans titre de séjour : « On vit ici, on bosse ici, on reste ici. »

Camille Kauffmann

 

 

 

 

Mort accidentelle d’une policière à Saint-Denis : son collègue présenté à un juge

L'auteur du coup de feu est présenté à un juge ce mercredi, à Bobigny. Crédit CC

L’auteur du coup de feu est présenté à un juge ce mercredi, à Bobigny. Crédit CC

Le 20 mars dernier, une policière de 25 ans avait été touchée par un tir accidentel à la tête au sein du commissariat de Saint-Denis. La jeune femme avait succombé à ses blessures après trois semaines de coma. L’auteur du coup de feu, un gardien de la paix de 33 ans, est présenté à un juge ce mercredi à Bobigny en vue d’une mise en examen. D’après Le Parisien, le parquet n’a pas demandé son placement en détention provisoire, mais un contrôle judiciaire assorti d’une interdiction d’exercer la profession de policier.

Victor-Isaac Anne

 

Aquaponie, hydroponie, culture sur couche chaude… késako ?

Concernant les techniques, l’agriculture urbaine est aujourd’hui un laboratoire à ciel ouvert. Et elle a son propre jargon. Explications. 

  • L’aquaponie et l’hydroponie sont deux méthodes de production hors sol. Les techniques se ressemblent mais se distinguent sur certains points. Par exemple, en hydroponie, les plantes poussent grâce à un engrais riche en nutriments alors qu’en aquaponie ce sont les déjections des poissons qui servent d’engrais pour le végétal cultivé.
  • La permaculture est une méthode qui vise à concevoir notamment des jardins en fonction de ce que les habitants ont besoin et de ce que la nature peut offrir. Le but de la permaculture est d’apprendre aux jardiniers en herbe comment entretenir leur potager. C’est ce que met en avant l’association Pépins productions.
  • La culture sur couche chaude ne vous dit peut-être rien mais elle est plus connue sous le nom de fumier. C’est une méthode qui utilise l’énergie produite par la décomposition du fumier de vache ou de cheval pour réchauffer le sol. Le but: accélérer la levée des semis ou encore permettre de planter des légumes qui ont besoin de chaleur pour se développer. La Prairie du Canal à Bobigny compte utiliser cette technique, en plus de la paille, pour cultiver le melon et les tomates notamment.
  • Le maraichage est la culture de légumes, de quelques fruits et de fines herbes en plein air ou sous abri, qui seront consommés ensuite. Ce qui différencie le maraichage du jardinage, c’est que le but ici est d’en dégager un profit.

 

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