Dans la troisième circonscription des Hauts-de-Seine, l’heure est au renouvellement

Bastion de la droite, la troisième circonscription des Hauts-de-Seine (Courbevoie, Bois-Colombes, La Garenne Colombes), pourrait être emportée par la vague En Marche !. A l’élection présidentielle, le candidat qui incarne le renouvellement y était largement arrivé en tête dès le premier tour. Un air de changement, alors que le député-maire sortant, Jacques Kossowski (LR) a décidé de ne pas briguer de cinquième mandat.

La troisième circonscription des Hauts-de-Seine tente de renouveler son paysage médiatique, même si les partis traditionnels restent très présents.  Crédit photo : Dorine Goth
La troisième circonscription des Hauts-de-Seine tente de renouveler son paysage médiatique, même si les partis traditionnels restent très présents.
Crédit photo : Dorine Goth

La troisième circonscription des Hauts-de-Seine pourrait bien se mettre En Marche !. La circonscription, regroupant les villes de Courbevoie, Bois Colombes et la Garennes Colombes et traditionnellement acquise à la droite pourrait bien transformer l’essai de la présidentielle. Dès le premier tour, le candidat Emmanuel Macron est largement arrivé en tête des trois villes, avec plus de 30% des voix. En 2012, Nicolas Sarkozy y avait obtenu près de 40% des voix au premier tour.

Coup de neuf dans les partis traditionnels

Le député Les Républicains sortant, Jacques Kossowski (LR), à la tête de la circonscription depuis 1997, a décidé de ne pas briguer de cinquième mandat. Il incombe à son dauphin, Jean Spiri (LR) d’inverser la tendance. « Il est difficile de dire pourquoi Emmanuel Macron a pris le dessus sur la droite lors de la présidentielle, même s’il est certain que le côté renouveau lui a rapporté une forte adhésion », analyse Camille Marsaud, communicante digitale pour le candidat. Bien qu’adoubé par l’actuel député-maire de Courbevoie et soutenu par les maires des deux autres communes, il souhaite surfer sur la vague du renouvellement pour reconquérir son électorat. « Jean Spiri appartient à une nouvelle génération de décideurs, le fait qu’il ait 35 ans joue en sa faveur. L’idée de faire participer la société civile n’est pas l’apanage d’En Marche !, il porte lui aussi l’idée de faire participer le citoyen comme lorsqu’il a créé le conseil consultatif de la jeunesse à Courbevoie », poursuit-elle.

Le message est lancé. La principale adversaire est Christine Hennion, la candidate de La République en marche (LRM). Ingénieure et enseignante en Master achat dans différentes écoles depuis 2013, celle qui n’était adhérente d’aucun parti s’est engagé auprès du comité en Marche ! de Courbevoie, en octobre 2016. Une novice en politique, pointée du doigt par la communicante du candidat des Républicains.  « Les candidats de La République en marche n’ont pas d’expérience politique. C’est en étant un élu local que Jean Spiri a acquis une vraie connaissance des rouages qui le rendent capable d’écrire des lois applicables », critique Camille Marsaud.

Du côté du Parti socialiste, c’est aussi l’heure du changement. Le départ de Courbevoie du candidat PS d’opposition Jean-André Lasserre a laissé une place vacante. Le parti a décidé d’investir Isabelle Dahan, conseillère municipale à Bois-Colombes. Adhérente au Parti socialiste depuis une dizaine d’années, elle est également membre de l’association Bois-Colombienne « Changeons d’èRe » fondée pour « proposer une alternative cohérente et novatrice à la politique actuelle sans s’inscrire forcément dans le carcan clivant et restreint d’un parti national ».

Des citoyens conquis bien que perdus

Une rénovation de la classe politique, à laquelle les électeurs de la troisième circonscription n’était plus habitués. Quand on interroge les passants, accoutumés à 20 ans de mandature Kossowski, l’information concernant son départ n’est pas toujours arrivée jusqu’à leurs oreilles. « Ce ne sera plus Kossowski ?! Je suis un peu perdue pour cette élection. Avant, on voyait toujours les mêmes têtes, on les connaissait. Visiblement, il faut que je me renseigne un peu plus sur les candidats », déclare Annie, retraité à La Garenne Colombes. Cette vieille dame apprêtée pour le marché, avoue dans un demi-sourire qu’elle est «bien incapable de citer le nom d’un seul candidat ».

Chez les plus jeunes, ce renouvellement reçoit un accueil chaleureux. « Ca fait du bien de voir de nouveaux visages. Il est temps de donner un coup de jeune à toute la classe politique », se réjouie Lola, 27 ans, résidant à La Garenne Colombes. A côté, Louis, son compagnon approuve ce coup de jeune même si celui-ci n’influencera pas son vote. « Je vote plus pour le parti que pour le candidat. Si ça avait été Kossowski, j’aurais voté pour lui. Là, du coup, ce sera Jean Spiri. Qu’il soit plus jeune est un plus, mais ce que je souhaite, c’est réellement donner du poids aux Républicains au sein de l’Assemblée nationale. », explique-t-il. Pour Thomas, graphiste freelance, c’est la candidate d’En Marche ! qui recevra son vote. S’il ne connait pas le nom de la candidate, il « ne voit pas l’intérêt de voter pour Macron à la présidentielle si ce n’est pas pour lui donner la majorité à l’Assemblé par la suite. Il faut aller jusqu’au bout de l’idée de renouvellement ».

Ni Dieu, ni croquettes ?

Nouveau venu en politique, le Parti animaliste vit également ses premières élections. Représenté par Emilia Denoo dans la circonscription, le parti entend « proposer de véritables alternatives et un changement de notre rapport à l’animal ». Novice en politique, cette chargée de recrutement de 33 ans ne s’était jamais reconnu dans les partis traditionnels. « J’ai toujours eu un regard sceptique sur les partis politiques. Comme de nombreux Français j’ai en tête les nombreux scandales et les promesses non tenues de nos élus, tous bords confondus. Lorsque le Parti animaliste a été créé, j’ai lu son programme et pour la première fois, j’ai adhéré à la totalité d’un projet ! », explique-t-elle. Un programme nouveau, qui trouve un écho au sein de la population. « J’ai eu la bonne surprise de voir que les citoyens sont très réceptifs dans l’ensemble ! », s’enthousiaste-t-elle. Consciente de la difficulté de tirer son épingle du jeu face à 18 autres candidats, elle entend surtout faire connaître le parti.

Face au poids lourds de la politique, les jeunes profitent de la tendance actuelle pour donner de la voix. Les candidats de la troisième circonscription des Hauts-de-Seine comptent parmi eux une des candidates les plus jeunes des législatives. Solène Allanic a 18 ans et est candidate sous l’étiquette Allons Enfants, « un parti politique jeune, transpartisan et participatif, géré par des étudiants et jeunes actifs de 18 à 25 ans. ». « Je me suis engagée parce qu’il donne aux jeunes la possibilité de reprendre la politique, souvent réservée à une partie de la population. A part Marion Maréchal Le Pen, aucun député a moins de 30 ans. Je dois être la seule candidate qui passe le bac ! » explique-t-elle alors qu’elle est actuellement en terminale ES. Ancienne militante socialiste, engagée au sein du Mouvement des jeunes socialistes, elle a rejoint Allons Enfants après avoir été déçue de l’organisation du parti socialiste. « On nous donnait seulement la possibilité de faire campagne pour les grands », regrette-t-elle. Quant à la critique du manque d’expérience, elle l’a balaye d’une main : « On disait la même chose aux femmes avant qu’elles ne s’engagent en politique ».

La troisième circonscription des Hauts-de-Seine compte 18 candidats :

Floriane Deniau (FN), Jean-Marie Parry (LO), Virginie Kenler (La France insoumise), Joëlle Paris (EELV), Christine Hennion (En Marche !), Grégoire François-Dainville (Les Indépendants), Jean Spiri (LR), Christophe Bressy (SE), Julien Banchet (Parti pirate), Isabelle Dahan (PS), Richard Mugerin (DLF), Emilia Denoo (Parti animaliste), Eugénie Dumont (UPR), Patricia Doré (Alliance écologiste indépendante), Solène Allanic (NP), Cloé Courmont (NP), Arnaud Fournet (NP), Stéphane Gaultier (NP).

Dorine Goth et Anaïs Robert

Législatives : Suresnes-Nanterre, l’éclatement du bastion de gauche

carte 4e circo La quatrième circonscription des Haus-de-Seine comprend Suresne et Nanterre.
(Crédit : Google image)

Longtemps inscrite très à gauche, la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine pourrait perdre sa couleur historique rouge lors des prochaines législatives (11 et 18 juin). Le départ imprévu de Jacqueline Fraysse, députée sortante, provoque un morcellement des candidatures.

« Le problème à Nanterre c’est que la gauche est morcelée« . Depuis vingt ans, la députation est entre les mains de Jacqueline Fraysse, représentante du Front de Gauche pour la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine, regroupant Suresnes et Nanterre. Mais aujourd’hui, le bastion de gauche est éclaté. Pour Christelle François, qui soutient la France insoumise, le constat est amère. « Nanterre est très populaire et métissée mais la gauche est désunie. À cause de cela, nous risquons de perdre la place de député « , déplore la Nanterrienne depuis 1997.

Une relève difficile à assurer

« Grande dame » ou encore « maire courage » – comme on l’a surnommée en 2002 lors de la tragédie de Nanterre – Jacqueline Fraysse sera difficilement remplaçable. La députée depuis deux décennies a marqué sa circonscription par son engagement à l’Assemblée nationale : « Elle a combattu dès qu’elle l’a pu les décisions ultra-libérales« , poursuit Christelle François, plutôt satisfaite des mandats de l’élue. Mais aujourd’hui la gauche bat de l’aile. Difficile de trouver un nom aussi connu que celui de la députée sortante. D’autant que les partis se multiplient : Lutte Ouvrière, Parti communiste ou encore France insoumise. Les électeurs de gauche ont de quoi être désorientés.

Même constat au sein des partis. Zahra Boudjemaï a été choisie par les communistes de Nanterre lors d’une assemblée générale le 1er février, avec le maire de la ville comme suppléant (63/66 voix). Mais deux semaines plus tard, la France insoumise a désigné une autre candidate, Rossana Morain. « Il s’est passé quelque chose de mystérieux », dénonce Zahra Boudjemaï. « Au début, je pensais qu’ils s’étaient trompés. A mon avis, certaines personnes influentes sont intervenues sans passer par l’investiture« . « C’est dommage que ces partis de gauche n’aient pas réussi à trouver d’entente« , regrette Christelle François.

Christelle François, elle votera pour la France insoumise aux prochaines législatives

Nanterre_-_Place_Gabriel_Péri_-_2Centre-ville historique de Nanterre. La ville compte 92 227 habitants.
(Crédit : Google Image)

Cet éclatement de la gauche profite à ceux qui espéraient voir la droite représenter leur circonscription depuis de longues années. C’est le cas d’Yvette P., 76 ans, habitante de Nanterre depuis plus de trente ans. « J’aimerais que la ville change de couleur politique. Ce serait bien que les Républicains passent cette année, Camille Bedin me plaît pas mal« , déclare-t-elle en promenant son chien. La candidate LR-UDI de 31 ans est élue municipale. Engagée depuis ses 19 ans à l’UMP puis aux Républicains, elle se présente pour la première fois aux élections législatives. Candidate de l’opposition, elle compte bien faire basculer la circonscription vers la droite.

1200px-Mairie_Nanterre_Immeuble_PyramideL’Hôtel de ville a été construit en 1973.
(Crédit : Google image)

Ce basculement serait bien vu par Yvette P. même si la retraitée regrette le manque d’intérêt des politiques pour les retraités : « Quand on demande des actions pour les personnes âgées, on obtient rarement satisfaction« . Si certains, comme la septuagénaire, ont encore espoir que la politique change avec de nouveaux candidats, d’autres sont totalement désabusés et font le choix de ne pas participer à ces élections. « La politique ne m’intéresse pas car c’est basé sur le mensonge« , lance Lucie C., 58 ans, qui n’a pas voté depuis l’âge de 18 ans. « Je ne doute pas de la bonne foi des hommes mais les mandats sont mal faits. Ils n’ont pas le temps d’appliquer de réels changements dans la société« , poursuit-elle en regardant son petit-fils courir dans l’aire de jeux du parc des Anciennes Mairies.

Mais alors que la circonscription était présentée à l’automne dernier comme prenable par la droite républicaine, Camille Bedin aura aussi face à elle Isabelle Florennes, maire-adjointe centriste de Suresnes, investie par La République en marche et qui veut croire à une victoire. Emmanuel Macron est arrivé en tête à Suresnes au premier tour de la présidentielle (34%), cinq points devant François Fillon, et second à Nanterre (28%) derrière Jean-Luc Mélenchon (33%).

Face aux divisions, de nouveaux mouvements émergent

Autre difficulté pour les partis installés, l’arrivée de nouveaux mouvements transpartisans comme « Allons Enfants« . Il met à l’honneur les jeunes avec ses candidats âgés de 18 à 25 ans. « C’est une opportunité pour les jeunes de s’impliquer dans la vie politique et de ne pas être que des faire-valoir comme par exemple les Jeunes avec Marine ou avec Juppé », explique Joey Robin, 20 ans, candidat d’Allons Enfants pour la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine. Leur programme mise sur quatre points principaux : l’écologie, l’éducation, le numérique et l’Europe. « On met l’accent sur les énergies renouvelables, la revalorisation de l’enseignement professionnel et le développement de l’identité européenne. Et pour nous le numérique c’est l’avenir, notre génération baigne dedans depuis toujours », poursuit le jeune homme. Il estime que les jeunes apportent à la politique un regard neuf : « On nous accuse de faire du jeunisme mais c’est faux. Notre politique est faite par les jeunes mais elle s’adresse à tout le monde. » A l’image du programme très axé sur les nouvelles technologies, le mouvement est présent sur les réseaux sociaux pour attirer les plus jeunes.

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Lou Portelli, Blanche Vathonne et Ambre Lepoivre