Ambiance Rocky’n’roll au Studio Galande

Chaque vendredi et samedi soir, à 22h, le célèbre Studio Galande à Paris organise une soirée spéciale Rocky Horror Picture Show. 


Rock’n’roll avec le Rocky horror au Studio Galande par malinge-margaux

Dans le quartier latin de Paris, le film burlesque et totalement décalé des années 70 qu’est le Rocky Horror Picture Show refait surface toutes les semaines. Dans la salle du Studio Galande – qui ne compte que 83 places – le film est projeté sur grand écran tandis que des comédiens font leur propre « show » sur scène. Cette troupe c’est celle des No Good Kids, auparavant appelés les Irrational Masters. Si la tradition du Rocky existe depuis 35 ans, c’est la même troupe qui se charge de cet événement depuis une dizaine d’années.

Dans la salle d’art et essai, d’habitude, on trouve des films de toute sorte. Nasser, le chef de cabine, explique que « contrairement aux idées reçues, il n’y a pas que le Rocky qui compte dans les recettes du Studio Galande. Notre public est très varié et beaucoup de seniors du quartier aiment se poser dans ce cinéma le soir pour regarder un film. » Dans leur programmation, des vieux films, quelques œuvres grand public et bien sûr des films classés art et essai.

Et le concept des soirées Rocky, qu’est-ce c’est ? L’idée est simple : rendre le film d’origine encore plus déjanté et drôle qu’il ne l’est en ajoutant sur scène des comédiens. Ils commentent chaque tirade avec humour et multiplient gestes et grimaces grotesques pour faire croire qu’ils interagissent avec les acteurs projetés sur écran. Ils viennent même piocher des victimes dans le public pour quelques numéros improvisés. Leur mot d’ordre : s’amuser. « On est avant tout une bande d’amis. L’amitié passe avant le spectacle.

Ce vendredi 9 avril, dès 21h30, la foule commence à se presser devant la porte d’entrée du studio. Comme presque à chaque fois, le cinéma fait salle comble. Comme Chloé, 17 ans, beaucoup viennent parce qu’ils restent des fans inconditionnés du film « On est venus pour s’éclater ! Le film est complètement déjanté et les chansons sont vraiment super cool. » Et alors que les Parisiens se pressent devant l’entrée, on peut aussi apercevoir quelques têtes de touristes qui ont entendu parler de ce phénomène hebdomadaire par-delà les frontières. Exemple avec Greta, américaine, en voyage en France avec sa famille. « C’est la première fois que je vois ce film. Là je suis à Paris et je veux tester des choses complètement nouvelles. »

Durant le show, blagues scabreuses et déhanchés sexy à souhait. Une chose de sûre au Studio Galande, il est nécessaire de laisser tomber toute gêne. Alors que la plupart des salles de cinéma exigent le silence, ici on incite sans arrêt le public à participer. Quitte à hurler des obscénités en pleine projection. De quoi faire penser à l’ambiance des vieux théâtres où lancer des projectiles sur scènes ne choquait personne.

C’est entre autres l’idée de deux scènes mythiques. Tandis que le film s’ouvre avec un mariage les spectateurs ont comme tradition de lancer du riz dans la salle. Autre moment tout aussi emblématique : la scène de l’orage. Pistolets à eau et parapluies sont alors de sortie.

Vous l’aurez compris, le Studio Galande et le Rocky Horror Picture Show, c’est une histoire d’amour et d’humour, là où tout est permis. Blagues obscènes ou humour noir charbon, personne ne s’en offusque, ici c’est la tradition. Et histoire de faire participer le public une dernière fois, les comédiens proposent aux spectateurs d’aller boire un verre au bar d’en face à l’issue de la séance. « Il y a des gens qu’on retrouve de séance en séance. On fait énormément de rencontres sympas avec le Rocky. 95% des gens nous disent qu’ils adorent parce que c’est très original. C’est quelque chose qu’ils n’ont vu nulle part ailleurs. »


Margaux MALINGE

Contrepoint : l’avis de Julie Delrue, conseillère immobilière à l’agence Regencia depuis quatre ans, à Levallois-Perret (92)

Quelle évolution constatez-vous sur les prix de l’immobilier à Paris et dans sa périphérie ?
« Le marché locatif n’a pas tellement évolué sur ces dernières années. Les prix sont toujours beaucoup plus élevés à Paris intramuros qu’aux abords de la capitale. Pour vous donner un exemple, un deux pièces de 51 mètres carrés à Aubervilliers coûte 832 euros par mois quand un 43 mètres carrés à Levallois-Perret est à 1300 euros. Les deux appartements sont dans un immeuble de standing, mais vous conviendrez que ce n’est pas le même environnement et que la distance joue également. »

Comment des personnes à faibles revenus peuvent-elles accéder à un logement ?
« Si la personne ou le couple ne gagne pas trois voire quatre fois le montant du loyer, on demandera une caution solidaire équivalente à deux ans de loyer pour les baux meublés, six ans pour les baux vides. Une personne de leur choix, pas forcément de la famille, devra signer un document dans lequel elle s’engage en tant que garant. Dans le cas d’un couple dont l’une des personnes n’a pas de revenus réguliers (intermittent, intérimaire par exemple), leurs revenus seront étudiés mais la plupart du temps une caution sera exigée. »

Que pensez-vous de la réglementation récente sur les loyers, notamment de la loi ALUR ?
« Avec cette loi, on ne peut plus augmenter les loyers. La seule augmentation possible, c’est de suivre l’indice de référence des loyers (IRL) publié par l’INSEE. Mais le problème selon moi, c’est que le système en vigueur défend trop les locataires. A force de les protéger, c’est lui qui les empêche d’accéder au logement. Les locataires sous-estiment les nombreuses petites dépenses à côté du loyer, c’est pourquoi en tant qu’agence on ne peut pas se permettre de ne demander que deux fois le loyer lors du dépôt du dossier. Il y a eu plusieurs cas d’impayés lorsque l’on avait essayé d’abaisser le seuil de revenus minimum, il a donc fallu qu’on le révise à la hausse. »

Propos recueillis par Louis Mondot

L’Etat français condamné par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour son non-respect du droit au logement

La Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) n’est pas facile d’accès. On ne peut la solliciter que lorsque toutes les voies de recours en justice interne ont été épuisées.

Elisabeth Tchokontio Happi vit avec sa fille et son frère à Paris dans un logement jugé insalubre. En 2010, elle obtient un jugement du tribunal administratif pour que la préfecture de la région Ile-de-France les reloge au plus vite. La préfecture verse les astreintes de 700 euros par mois de retard sans trouver de solution pour la famille de cette quadragénaire, pourtant jugée prioritaire au nom du droit au logement opposable (Dalo). Cette condamnation européenne se base sur le motif du “droit à un procès équitable”. La Cour estime que la France ne présente aucune justification valable pour n’avoir pas relogé cette famille. Le manque de ressources de l’Etat en matière de logement n’est pas recevable pour les juges européens.

Si la législation française a tenté de contrer le manque de logements sociaux[1], ces lois peinent à être appliquées dans la réalité : de nombreuses stratégies d’évitement sont mises en place par les communes. De façon parallèle, les municipalités invoquent un manque d’argent pour subvenir aux coûts de construction de ces logements sociaux.

 

Cette décision est une première pour la CEDH qui condamne la France en matière de logement. En 2008, le Conseil de l’Europe avait considéré par deux fois que la France faisait défaut à la Charte des droits sociaux aux vues de “l’insuffisance manifeste” de l’offre de logements sociaux.  Selon l’association DAL (Droit au Logement), 51 000 familles sont considérées prioritaires DALO et seraient en attente d’un logement depuis plus de six mois ! Cette situation touche particulièrement l’Ile-de-France.

Le Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées, bras du gouvernement pour l’application du DALO, en compte 59 000. Son secrétaire général, René Dutrey, précisait à l’AFP qu’en 2014, “8519 personnes prioritaires DALO s’étaient rendues devant la justice. Entre 2008 et 2013, l’Etat a versé 65 millions d’euros pour non-relogement de bénéficiaires DALO.” Le délai d’attente d’un logement pour une période dite prioritaire se situe actuellement entre 6 et 7 ans. Parfois plus…

 

A Toulouse, à l’heure où la municipalité UMP a annoncé augmenter ses impôts locaux de 15% pour contrer le manque d’argent dans les caisses, Isabelle Bricaud, ancienne responsable des enfants de Don Quichotte, témoigne : « C’est tout un système qu’il faut remettre en cause. Il faudrait plafonner les loyers à 10% de ce que la personne gagne. Même les logements sociaux sont trop chers. A Toulouse, c’est aussi un problème de construction puisqu’il y a très peu de logements pour les personnes qui ont de petits revenus. Bien sûr il y a du logement social mais pas pour les bonnes classes. En fait, il y a un manque de mixité même dans le logement social. »

Depuis le 31 mars 2015, l’association Droit Au Logement occupe la place de la République à Paris[2] pour forcer les pouvoirs publics à trouver une solution pour les 250 familles prioritaires en attente d’un toit.   

Amanda Jacquel

 

[1] Voir les repères

[2] Voir les photos du campement place de la République. Légende : 250 dossiers seront mis en avant si les pouvoirs répondent à l’association DAL. « Nous partirons une fois que le ministère aura enfin proposé des solutions de relogement qui nous conviennent » a préveu Jean-Baptiste Eyrault dit « baba », tête de file de l’association. Certaines personnes qui avaient pu être relogées l’année dernière grâce à la même action sont encore présentes aujourd’hui, pour dire bonjour et apporter leur soutien à cette lutte sans fin.)