Pourquoi les producteurs de lait sont à bout de souffle ?

Les dirigeants de la grande distribution avaient rendez-vous ce lundi matin à Matignon avec Manuel Valls, Emmanuel Macron et Stéphane Le Foll pour parler de la crise agricole. Une réunion qui intervient après plusieurs jours de mobilisation.

Entre 150 et 200 producteurs laitiers de Loire-Atlantique déversent des centaines de litres de lait, le 01 avril 2010, sur une place du centre de Nantes, pour manifester contre le prix du lait. "Un avertissement" car "on ne passera pas l'année 2010 comme on a vécu l'année 2009", a assuré un responsable de l'Association des producteurs de lait indépendants (APLI) de Loire-Atlantique, qui appelait à la manifestation. AFP PHOTO FRANK PERRY / AFP / FRANK PERRY
Entre 150 et 200 producteurs laitiers de Loire-Atlantique avaient déversé des centaines de litres de lait, le 1er avril 2010, à Nantes. (Photo AFP / FRANK PERRY)

Opérations escargot, barrages, routes bloquées, transport en commun perturbés… Depuis près de 10 jours, une partie de la France est paralysée par des manifestations agricoles. Les producteurs laitiers, porcins, bovins ou de canards protestent contre la chute des prix d’achat. Tous réclament l’instauration d’un tarif minimum et une transparence sur la détermination des prix. Ils en appellent au gouvernement.

Parmi les manifestants, les producteurs laitiers sont de ceux qui donnent le plus de la voix. Et pour cause : depuis avril 2015, les 70 568 exploitations laitières en France tournent au ralenti, les producteurs ne rentrent plus dans leurs frais, les prix du lait dégringolent. Les producteurs laitiers souffrent d’une crise que rien ne semble pouvoir freiner. Les raisons de la crise sont multiples mais cinq d’entre elles semblent néanmoins plus importantes que les autres.


1. La fin des quotas laitiers européens

Pendant trente et un an, les producteurs laitiers des 28 états membres de l’Union européenne (UE) ont été soumis à un système de régulation très stricte. Les producteurs ne pouvaient pas vendre autant de lait qu’ils le souhaitaient. Le but était de contenir un souci de surproduction. Mais le 1er avril 2015, le robinet de lait européen s’est rouvert. Les quotas ont été supprimés,  la concurrence entre États membres a repris. Autorisés à produire plus, les acteurs de la filière laitière inondent le marché de lait. Mais l’offre ne suit pas la demande : les producteurs sont obligés de vendre moins cher, voire à perte, pour ne pas jeter leur stock.

2. Des subventions mal distribuées

A cela s’ajoute la question des subventions européennes. L’Europe a longtemps distribué des aides, sans forcément tenir compte des niveaux de productions. Les années de vache maigre comme celles d’opulence, les agriculteurs ont obtenu les mêmes aides financières. Mais à l’heure des premières restrictions budgétaires, et face aux divergences de vues des différents États membres, l’Europe revoit ses subventions à la baisse. Une baisse à l’impact significatif quand on sait que les subventions européennes représentent jusqu’à 20% du chiffre d’affaires des agricultures en 2012. Les États ont donc dû compenser en ajoutant de l’argent sur la table. Un plan d’aide accordé initialement aux éleveurs a été mis en place par Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture. Au total, plus de 825 millions d’euros sont distribués aux agriculteurs. Une somme qui ne résoudra pourtant pas la crise.

3. Le scandale chinois

La Chine, grande consommatrice de lait, souffre depuis plus de sept ans d’une crise de confiance. En 2008, un scandale du lait de vache frelaté éclate. Certains lots de lait produits en Chine (notamment le lait infantile) auraient contenu pendant 10 mois de la mélamine toxique afin de les faire apparaître plus riches en protéines. Depuis, les Chinois ont considérablement diminué leur consommation de lait, même européen. Les importations peinent à augmenter. Plus de 94 000 Chinois souffriraient aujourd’hui d’une maladie liée à la contamination du lait.

4. L’embargo russe

En août 2014, Vladimir Poutine décrète un embargo sur les produits agro-alimentaires en réponse aux sanctions européennes contre des secteurs de l’industrie russe dans le cadre du dossier ukrainien. Un an et demi plus tard, la filière laitière européenne en souffre toujours. En 2015, les ventes de produits transformés à base de lait ont reculé de 78 %, soit une perte de 29 millions d’euros pour la filière laitière. Les cours du beurre et du lait en poudre ont également chuté de 30 %.

5. L’illusion 2014

L’année 2014 est synonyme de dérèglement climatique en Nouvelle-Zélande. Le premier producteur laitier mondial subit les foudres du climat. Le réchauffement inhabituel des eaux du Pacifique-Est (+ 4 à 6°C), nommé El Niño, a provoqué une baisse de la production laitière néo-zélandaise. La Chine, l’un des plus grands importateurs de lait, se tourne alors vers l’Europe. Les exportations montent en flèche. Les cours du lait augmentent : les 1000 litres de lait sont vendus 400 euros, contre 300 euros actuellement. Les producteurs européens investissent à tour de bras dans de nouveaux équipements, persuadés de voir leur carnet de commandes exploser. Mais l’utopie ne dure qu’un temps. La Chine, qui a beaucoup stocké, ne commande plus et la Nouvelle-Zélande se remet de sa crise climatique.

Une crise conjoncturelle et structurelle qui pourrait bien perdurer. En plus des conditions de travail qui se dégradent, les agriculteurs doivent faire face à une crise des vocations. Le métier d’éleveur, perçu comme ingrat et mal payé, n’attire plus. Depuis 2000, le nombre d’exploitations laitières a diminué de 34% par rapport à 2000. Un chiffre qui devrait augmenter si aucune solution n’est trouvée à la crise actuelle. Mais derrière la crise laitière, se joue une autre bataille. Celle des marges imposées par la grande distribution.

Nivin Potros

Le Qatar, ce pays qui veut devenir une grande puissance grâce au sport

 

La 15ème édition du Tour du Qatar s’ouvre aujourd’hui à Dukhan, petite ville située  à 60 km de Doha, la capitale. L’occasion de revenir sur les investissements massifs réalisés par ce petit État de la péninsule arabique dans le sport dans le but de peser sur la scène internationale.

Dimension Data team leader, Britain's Mark Cavendish, celebrates on the podium after receiving the golden jersey from the President of the Qatari Cycling Federation, Sheikh Khaled bin Ali al-Thani (R) on February 8, 2016, at the end of the first stage of the 2016 Tour of Qatar between Dukhan and Al Khor Corniche, north of the Qatari capital Doha. Cavendish, the former world road race champion, took the gold jersey and covered the 175 kilometres from Dukhan to the Al Khor corniche in 3hrs 28.31secs, eight seconds in front of Modolo and 11 seconds ahead of Guardini. / AFP / ERIC FEFERBERGCavendish débloque son compteur 2016 au Tour du Qatar Crédit / AFP

 

Omniprésent. Le Qatar est devenu en l’espace de trente ans un acteur incontournable du sport. Cyclisme, football ou encore tennis, le pays a investi toutes les disciplines sportives. La preuve? En 2018, le pays sera l’hôte du mondial de gymnastique. Un an plus tard, il accueillera le mondial d’athlétisme et en 2022, consécration ultime ou presque, le Qatar organisera la Coupe du monde de football. Mais le Qatar ne s’arrête pas là, et vise l’accueil d’un Grand Prix de formule 1 dans les prochaines années ainsi que l’organisation de Jeux Olympiques, organisation, qui lui a échappée à deux reprises.

Cette omniprésence dans le domaine du sport est le fruit d’une politique volontariste menée depuis la fin des années 1980 par le cheikh dirigeant d’alors, Hamad Ben Khalifa Al Thani et poursuivie par son fils Tamin Ben Hamad Al Thani, au pouvoir depuis 2013. Fer de lance de cette politique, le Fond d’investissement qatarie, “Qatar Investment Authority” lancé en 2005 et qui s’occupe des achats sportifs du pays.“ Les qataris ont très tôt compris qu’ils ne pouvaient uniquement compter uniquement sur les hydrocarbures et qu’ils devaient diversifier leur économie. Le sport a été jugé suffisamment stratégique car il permet la promotion rapide d’un pays”, explique Sébastien Abbis chercheur à l’Iris, intérrogé par le Celsa lab.

Un avis que partage l’économiste du sport, Frédéric Bolotny: “En étant l’hôte d’ évènements sportifs majeurs, le Qatar espère attirer des médias ainsi que le regard des spectateurs du monde entier sur le pays.” En organisant par exemple une coupe du monde de football, le Qatar espère donc faire d’une pierre deux coups: d’abord attirer l’attention du monde et surtout peaufiner son image de marque. “En misant sur le sport, le pays s’associe de facto à des valeurs positives comme le dépassement de soi ou le fair play”, estime l’économiste interrogé par le celsa lab.

 

– Investissement tous azimuts –

 

Mais le Qatar ne s’arrête pas en si bon chemin. Le pays n’est pas seulement l’hôte de grandes compétitions internationales, il a également investi plusieurs millions de dollars dans l’achat et le sponsoring de différents clubs de football. En France, le Qatar est propriétaire depuis 2008 du prix de l’Arc de triomphe renommé dans la foulée Qatar Prix de l’arc de triomphe. En 2011, il a racheté le club de football parisien, Paris Saint Germain. Un an plus tard, c’est au tour du club de handball parisien de passer sous pavillon qatarien. Rien ne sembler combler l’appétit du Qatar. Pas même l’émoi provoqué dans l’opinion par le rachat de clubs faisant partie de la ‘marque France’ à l’international. La France qui n’est d’ailleurs pas l’unique terrain de jeu du Qatar. En 2010, le pays a jeté son dévolu sur le club de football espagnol de Malaga.

A défaut de pouvoir s’offrir le FC Barcelone qui appartient a ses 153,000 “socios”, le Qatar s’est lancé dans une opération de sponsoring en vue d’être associé à la marque Barca. Le pays a investi 150 millions d’euros pour avoir le droit d’apparaître sur le maillot de l’équipe catalane. Car le FC Barcelone comme sa devise l’indique, “més que un club”,  est beaucoup plus qu’un club de football. Selon différentes études de marché, le club catalan – n’en déplaise au Real madrid – est  le plus connu au monde  et compte 300 millions de fans dans le monde entier. En s’associant à des marques mondialement connues, le pays espère gagner en notoriété.

Mais selon Sébastien Abbis, à travers ces opérations, le Qatar ne peaufine pas seulement son image de marque: “ Il y’a une volonté du Qatar d’acquérir des partenariats qui soient en mesure d’aider et de protéger le pays. Pour le Qatar, il est plus économique d’acheter le PSG que de construire une armée.” Car si le pays est certes riche de ses hydrocarbures, il n’a selon le chercheur pas les moyens de se constituer une armée suffisamment forte.

Autre stratégie développée par le Qatar: celle de compter sur des sportifs de renom.Zinedine Zidane,champion du monde de football 1998 a servi de prête nom et de vitrine à la candidature qatarie lors de l’organisation de la coupe du monde de 2022: “ Ils apportent le prestige et la lumière nécessaire à une nation” estime Frédéric Bolotny.

 

Alexandra del Peral

 

 

 

 

 

Manifestation anti-migrants : le procès du général Piquemal reporté pour raison de santé

Le procès du général Christian Piquemal, qui devait passer en comparution immédiate après sa participation à une manifestation anti-migrants samedi à Calais, a été reporté « à cause de son état de santé », a affirmé ce lundi le procureur Jean-Pierre Valensi.

French Army Corps General Christian Piquemal gestures as he addresses supporters of the Pegida movement (Patriotic Europeans Against the Islamisation of the Occident) during a banned demonstration in Calais, northern France, on February 6, 2016.  Around 20 anti-migrant protesters were arrested in the French port of Calais after scuffles with police at a banned rally in support of a Europe-wide initiative by the Islamophobic Pegida movement. / AFP / PHILIPPE HUGUEN
L’ancien général Christian Piquemal adresse un discours lors du rassemblement anti-migrants à Calais, samedi 6 février. (Photo AFP / PHILIPPE HUGUEN)

 

Ce matin, « le général s’est plaint, il est allé à l’hôpital de Calais et le médecin légiste a indiqué que son état de santé était incompatible avec une comparution immédiate devant le tribunal correctionnel », a-t-il ajouté.

L’ancien patron de la légion étrangère est soupçonné par les autorités d’avoir eu « le rôle principal » dans la manifestation organisée à l’appel du mouvement islamophobe Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident). Il est poursuivi pour « participation à un attroupement qui ne s’est pas dissout après sommation ». Quatre autres personnes sont poursuivies pour « port illégal d’armes ».

Christian Piquemal, 75 ans, avait annoncé sa présence à la manifestation interdite par voie de communiqué, malgré l’annonce faite par Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, d’interdire toutes les manifestations susceptibles de provoquer « des troubles à l’ordre public à Calais ».

L’ancien général avait été interpellé par la police samedi dernier.


 Son procès est reporté au 12 mai 2016 à 13h30, selon l’avocat du général, Maître Denis Tailly-Eschenlohr.

GR

Affaire Cahuzac : Le report du procès au centre du débat

Le procès de l'ancien ministre du Budget , Jérôme Cahuzac, lundi 8 février AFP PHOTO KENZO TRIBOUILLARD
Le procès de l’ancien ministre du Budget , Jérôme Cahuzac, lundi 8 février AFP PHOTO KENZO TRIBOUILLARD

Jérôme Cahuzac et son ex-femme sont jugés ce lundi 8 février devant le tribunal correctionnel de Paris. L’ancien ministre du Budget comparait pour fraude fiscale et blanchiment. Il est accusé d’avoir détenu un compte en Suisse et de l’avoir dissimulé au fisc français.

La séance est maintenant levée, sans réaction de la part de Jérôme Cahuzac. Le procès reprendra mercredi dès 9h et sera annoncé un report ou non du procès.

Retrouvez le déroulé du procès :

  • 17h05 – Cahuzac refuse de s’exprimer. La séance est levée et reprendra mercredi à 9h
  • 17h – Maître Jean Veil se dit « horrifié » par ce qu’il a entendu

  • 16h30 : Le parquet réclame, sans surprise, le rejet des QPC

le parquet national financier demande le rejet de ces QPC et s’étonne que Jérôme Cahuzac ne se soit jamais exprimé contre les doubles poursuites fiscales et pénales quand il était ministre du Budget. Le procureur rappelle les peines encourues. Fiscalement, quelqu’un qui ne paierait pas l’impôt sur la fortune connaîtra une majoration qui représentera au maximum 1,44% du patrimoine. Mais pénalement, la personne risque jusqu’à 7 ans de prison, 1 million d’euros d’amende et une privation des droits civiques. Le procureur estime donc que la sanction fiscale est d’une autre nature que la sanction pénale.

  • 15h30 – L’avocat de la direction générale des finances publiques,  partie civile, termine sa plaidoirie

Selon l’avocat, les premières sanctions dans ces deux affaires où les QPC sont passées avaient des montants suffisamment importants, contrairement à l’affaire Cahuzac. Selon lui, les QPC présentées ne remplissent pas les critères nécessaires. 

  • 15h – C’est au tour de Patricia Cahuzac, l’ex-épouse du ministre, de défendre ses QPC

Son avocat commence par expliquer que sa cliente n’est pas «une femme de lumière» et que ce procès est une «épreuve» pour elle.

  • 14h45 –  Jérôme Cahuzac a déjà « accepté un redressement fiscal » rappelle Jean Veil.

Maître Jean Veil, le deuxième avocat de Jérôme Cahuzac, défend la deuxième QPC portant sur l’impôt sur le revenu. L’avocat rappelle que son client a déjà payé un certain nombre de sommes au fisc et précise que « même s’il a un droit de recours, il ne l’utilisera pas ».

 

  • 14h40 – Présentation de la première QPC : Les mêmes faits ne peuvent pas amener à des sanctions pénales et fiscales

Selon l’article 8 de la Déclaration des droits de l’Homme, une personne ne peut pas être jugé pour les mêmes faits, avec des sanctions de gravité équivalente. Maître Jean-Alain Michel plaide ainsi la première QPC. Il s’adonne à des comparaisons et rappelle que Liliane Bettencourt « n’a pas eu de poursuites pénales » pour ses fraudes fiscales »

  • 14h30 – Cahuzac veut être « jugé le plus vite possible » selon son avocat

L’affaire Cahuzac débute en décembre 2012. Le site d’information Médiapart révèle que Jérôme Cahuzac possède un compte caché en Suisse, puis à Singapour. En janvier 2013, une enquête judiciaire s’ouvre et confirme ses propos. Le ministre du budget nie en bloc avant de finalement avouer. Jean-Alain Michel dément les accusions de vouloir retarder le procès déclarant que Cahuzac veut être jugé « aussi vite que possible » et connaître « le sort que votre tribunal va lui réserver ».

  • 14h10 – le procès Cahuzac pourrait tourner court

Grande inconnu de ce procès : deux questions prioritaires de constitutionnalité portant sur la question du cumul des peines fiscales et pénales. Autrement dit, Jérôme Cahuzac conteste son procès s’appuyant sur le principe que « nul ne peut être poursuivi ou puni pénalement à raison des mêmes faits ». Si le tribunal les reçoit, le procès sera reporté de plusieurs mois, comme c’est arrivé récemment au marchand d’art Guy Wildenstein, également jugé pour fraude fiscale et blanchiment. La procureure Eliane Houlette regrette que ces QPC arrivent le premier jour du procès, qui doit se poursuivre jusqu’au 18 février.

  • 14h – Présentation des différents partis : Cahuzac se présente comme retraité

A 63 ans, l’ancien ministre est devenu paria dans le milieu politique.

  • 13h40 – Début du procès de Jérôme Cahuzac

Jérôme Cahuzac arrive au tribunal correctionnel de Paris au milieu d’une foule de journaliste. Dans la salle du procès, il rejoint son ex-femme, Patricia Ménard et ses deux conseillers le banquier suisse François Reyl et l’ex-avocat Philippe Houman. Ils risquent une peine allant jusqu’à sept ans de prison et un million d’euros d’amende.