O’Connell, l’Eire de son temps

Copyrith : Tom jenkins
Copyrith : Tom Jenkins

Victime d’une blessure musculaire au mollet, Paul O’Connell avait quitté le dernier Mondial sur une civière et avait mis fin à sa carrière internationale d’une façon qui ne correspondait pas à sa légende de guerrier. Il a définitivement raccroché les crampons ce mardi.

« C’est un gros coup dur de perdre un joueur de ce calibre. On voulait se reposer sur lui et finalement, c’est lui qui va se reposer. Malheureusement pour lui et pour nous. » Pour une fois Mourad Boudjellal, le président de Toulon est sur le registre de la litote. Le public de Mayol ne verra jamais Paul O’Connell en rouge et noir, victime d’une rupture de l’insertion du semi-membraneux et du biceps fémoral aux ischio-jambiers. Encore une mauvaise nouvelle pour le club varois décidément maudit cette saison côté blessures. Au delà de Toulon, c’est tout le monde du rugby qui voit sortir O’Connell par une porte bien trop petite pour sa stature de colosse.

« POC », (comme le bruit qu’il faisait en rentrant dans les côtes flottantes d’un fâcheux traînant au bord d’un ruck) était l’un des meilleurs seconde ligne du monde. D’un point de vue purement technique, O’Connell était un monstre physique, une sorte de tracteur vert qui ne reculait jamais. Une tour de contrôle en touche et un grand tacticien. Pour les Irlandais, il était plus qu’un bon joueur, il était le capitaine du XV du Trèfle. Il était LE combat, LA rigueur et L’exemplarité.

(Passez votre souris sur la photo pour découvrir qui était le monstre sacré des verts)

POC : un physique d’athlète, un palmarès impressionnant… et une santé fragile. Copyright : Laurence Griffith

O’Connell c’était l’incarnation terrifiante du fighting spirit irlandais. Un homme droit comme la justice et dur au mal. Le genre à vous ouvrir la tête comme un livre, tourner quelques pages puis vous embrasser comme un frère après.

Farewell Paul.

 

Antoine Etcheto

 

(Prolongation) : France Irlande, Tournoi des six Nations 2007, O’Connell suggère à ses coéquipiers de se comporter comme des « maniaques ».

Pourquoi les théories du complot plaisent-elles tant ?

Najat Vallaud-Belkacem présentait aujourd’hui un nouveau plan de lutte pour réagir face aux théories du complot visant les jeunes. La ministre de l’Éducation s’alarmait en janvier 2014 qu’un jeune sur cinq adhère aux théories du complot. Plus largement, le think thank Counterpoint déclarait en 2014 que près de la moitié des Français adhéreraient, à différentes échelles, aux théories du complot. Tristan Mendès-France, spécialiste des nouvelles cultures numériques et du conspirationnisme explique pourquoi ces théories ont de plus en plus de succès.

  • Comment naît une théorie du complot ? 

Tristan Mendès-France : Le terreau des théories conspirationnistes, c’est une actualité très forte avec un impact significatif sur la population comme les attentats ou les crashes d’avion. Il suffit d’utiliser quelque chose de visuel, comme une vidéo, apportant des preuves de sa théorie et de la diffuser un maximum. Les réseaux sociaux jouent donc un rôle majeur. Si le contenu fait le buzz, il aura des chances de paraître sur des sites complotistes influents comme Egalité et Réconciliation. Mais beaucoup utilisent aussi Twitter pour interpeller les gens individuellement. En persuadant quelqu’un, cette personne relaiera certainement la théorie à son tour, et pourra convaincre sa communauté.

  • Pourquoi y adhère-t-on ?

Pas mal de gens ont du mal à accepter l’actualité anxiogène dans laquelle ils sont plongés. Dans le cas des attentats commis par l’Etat islamique, la logique derrière leurs actions n’est pas claire. On ne comprend pas où sont les bénéfices à tuer des civils. Ce n’est pas comme s’ils gagnaient du terrain lors d’un conflit militaire. Du coup, les gens ont du mal à rationaliser une action presque irrationnelle et se persuadent alors qu’il y a une explication derrière.

Mais il y a des publics plus fragiles que d’autres. Certains, par égocentrisme, diront « on ne me la fait pas à moi ». Eux seront convaincus d’avoir découvert la vérité dans la myriade d’informations qui les entoure. D’autant plus qu’il y aura un « effet mouton » ensuite. Il intègrera une communauté qui le confortera dans ses idées.

Évidemment, les jeunes sont une proie facile. Ils sont à un âge où ils sont emplis d’animosité envers le monde entier et en quête de leur identité. Cela les rend plus influençables. D’autant plus que les complotistes affichent clairement l’envie de viser l’audience de demain avec des vidéos percutantes.

  • Qu’est ce qui explique que le nombre d’adeptes soit de plus en plus important ?

Internet est le monde de tous les possibles. Or, les sites qui publient des informations à contre-courants, piquantes, engagées, plairont toujours. Surtout que souvent les versions des faits paraissent plus excitantes que les versions officielles. Par nature, l’alternative attire le regard. Et aujourd’hui, quelqu’un de mal averti peut facilement se faire avoir. Nous avons accès à l’ensemble des médias du monde. Quelqu’un qui cherche des informations sur Internet pourra tomber aussi bien sur Le Monde que sur Russia Today. Dans les deux cas, il pensera que l’information est fiable venant de médias nationaux. Pourtant Russia Today relaie régulièrement des théories du complot. Du coup, plus de personnes adhèrent aux théories complotistes car elles sont plus visibles. Mais, au fond, ce n’est que le ventre mou du conspirationnisme. Au coeur, il n’y a toujours qu’un faible nombre de personnes.

Propos recueillis par Cyrielle Cabot

 

 

Accident de trains en Allemagne: au moins neuf morts

Des hélicoptères ont été dépêchés sur place pour venir en aide aux blessés. Sven Hoppe / dpa / AFP

Deux trains  régionaux sont entrés en collision ce matin sur la ligne reliant Rosenheim et Holzkirchen en Allemagne. L’accident est survenu à 6h48, près de Bad Aibling située à une soixantaine de kilomètres au sud-est de Munich. Le choc « frontal » s’est produit sur une ligne à une voie », a déclaré sur la chaîne allemande n-tv Rainer Scharf, de la police de Bavière. Le bilan provisoire fait état de neuf morts, cent-huit blessés dont dix-huit graves, et de deux disparus. La nationalité des victimes n’a pas encore été communiquée.

Les secours — police, pompiers et secours d’urgence — étaient présents en masse sur le terrain.  Le site de la collision étant difficile d’accès, des hélicoptères ont du effectuer de nombreux allers-retours pour secourir les blessés. Selon la compagnie ferroviaire Méridian, les deux trains seraient « imbriqués l’un dans l’autre » et auraient « partiellement déraillé ». Une enquête est en cours pour déterminer l’origine de cette collision. Deux boites noires ont été retrouvées sur les lieux de l’accident; leur étude devrait permettre d’obtenir des réponses. La piste d’un problème technique et celle d’une erreur humaine sont à l’étude, a annoncé Alexander Dobrindt, le ministre bavarois des Transports. La piste terroriste est quant-à elle écartée.

Plus d’informations à venir.

V.H.M. & L.B (avec AFP)

Coupe de France : quand foot amateur et professionnel font jeu égal

Les huitièmes de finale de la Coupe de France commencent ce soir, et comme chaque année, cette compétition fait s’affronter des clubs amateurs et des clubs professionnels. Bien souvent, cette compétition offre son lot de surprises, mais cette incertitude tend à disparaître à mesure que le fossé  se creuse entre clubs de Ligue 1 et clubs amateurs. 

 

Ils sont tous réunis, et éclatent de joie. Les joueurs de Trélissac (CFA) sont tout heureux d’affronter l’Olympique de Marseille en huitièmes de finale de Coupe de France. Un enthousiasme paradoxal quand on sait que quatre divisions séparent les deux clubs. En toute logique, il n’y pas match. L’OM, champion d’Europe il y a 22 ans, ne devrait faire qu’une bouchée du petit club de la banlieue de Périgueux (Dordogne).

 

https://www.youtube.com/watch?v=hC4iYL-61Wg

 

Mais la Coupe nationale nous a habitués à des retournements de situations inattendus. En huitièmes de finale de l’édition 2015-2016, cinq clubs amateurs sont encore en lice pour passer le prochain tour. Un bon total, étant donné que 11 clubs professionnels sont encore présents.

Pas de recette miracle

Les exploits réalisés par les clubs amateurs ne se rangent pas forcément tous derrière un complexe de supériorité des favoris. « Depuis une vingtaine d’années, les équipes amateurs n’en sont plus vraiment. Elles s’entraînent presque comme des pros, la plupart du temps au moins quatre fois par semaine. Techniquement, physiquement, l’écart de niveau s’est extrêmement réduit », explique Alfred Wahl, historien du football, à 20 minutes. Les méthodes d’entraînement professionnelles inspirent les amateurs. D’autant plus que de nombreux joueurs amateurs sont issus des mêmes centres de formation que leurs adversaires d’un soir. Esprit de revanche, agressivité et combativité sont souvent de la partie.

Malgré cela, les clubs amateurs n’ont pas de recette miracle pour battre les « gros ». Qu’y-a-t-il de commun entre l’épopée de Calais en 2000, qui atteint la finale, et les trois victoires d’affilées contre des écuries de Ligue 1 de Chambéry en 2011 ? Pas grand chose sinon de la gnaque, une tactique tenue à la lettre et qui met en échec les plus chevronnés des footballeurs français. Des exploits qui permettent des allers-retours entre monde amateur et foot pro. En 2009, un jeune amateur du club de Besançon brille contre l’Olympique de Marseille. Une prestation qui, si elle se solde par une défaite, attire l’œil de clubs professionnels. Le jeune footballeur, formé au FC Sochaux, en même temps qu’un certain Jérémy Menez, international français, signe en Ligue 2, au Stade Lavallois. Romain Hamouma est aujourd’hui à Saint-Etienne. Sans ce révélateur de la Coupe de France, ce joueur serait passé entre les mailles du filet des recruteurs.

Romain Hamouma a réussi sa carrière professionnelle en brillant chez les amateurs en Coupe de France © AFP

Le cas de Régis Brouard est aussi significatif. L’entraîneur de l’US Quevilly a réussi l’exploit d’emmener ses troupes en demi-finale, en 2010 et 2012. Un moyen de signaler que les clubs amateurs ont souvent des ressources insoupçonnées. Et que les clubs professionnels respectent cette réussite, en puisant dans ce vivier méconnu.

Regis Brouard a été récompensé par ses exploits en Coupe de France
Regis Brouard a été récompensé par ses exploits en Coupe de France © AFP

 

À la fin, ce sont toujours les professionnels qui gagnent

Si les « petits Poucets » brillent régulièrement, ils ne gagnent quasiment jamais. En 98 éditions (avant celle en cours), seuls deux clubs de niveau inférieur à la Ligue 1 l’ont emporté (Guingamp en 2009 et Le Havre en 1959). Des statistiques, qui montrent, malgré les exploits, l’écrasante supériorité des clubs professionnels. Mais qui passionne les foules et permet, le temps d’un match, de rêver à la victoire de David contre Goliath. « C’est la célébration des footballeurs ouvriers qui aiment le travail bien fait, les ‘petites patries’ de France dont on ne parle jamais, ça permet de montrer cette autre France, estime Paul Dietschy, historien du football, dans une interview au site francetvinfo. Encore aujourd’hui, on retrouve dans la Coupe de France cette notion d’égalitarisme qui travaille la société française : chacun a sa chance sur un match. »

Une chance qui s’amenuise, avec les investissements colossaux faits dans le foot professionnel. Le Paris Saint-Germain en est l’exemple parfait. Au niveau national, le PSG est intraitable, et ne laisse aucune bouchée à ses concurrents, et encore moins aux amateurs. Au stade des huitièmes de finale, le fossé entre les deux extrêmes, Granville (CFA2) et le PSG, qui s’affronteront peut-être au prochain tour, les statistiques montrent que les deux clubs ne rivalisent absolument pas :

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Pour beaucoup d’observateurs, ce creusement entre foot professionnel et amateur, entre la base et l’élite est dommageable pour la santé du sport, qui se coupe de ses valeurs. « On oublie souvent à quelque point le terme même de professionnel a pu fonctionner comme une insulte dans l’univers sportif, écrivent Florence Weber et Yvon Lamy dans la revue Genèse consacrée au thème du professionnalisme. Transformer une activité qui reposait sur une éthique du désintéressement en profession (…) ne s’est pas fait sans heurts et sans difficulté. » Mais la Coupe de France demeure une compétition qui permet de rêver et de croire en les chances du petit Poucet. Et nul doute que cette édition ne dérogera pas à la règle.

 

Clément Brault