Alors que la 5G se déploie doucement sur le globe, avec Google qui veut étendre la cinquième génération de standards de la téléphonie mobile à l’aide de drones, les électrosensibles tentent de se faire entendre. 1 à 3% des Français souffriraient de la pathologie. CelsaLab leur donne la parole.
Expliquez-nous… l’électrosensibilité par FranceInfo
Il y a quelques jours, Google annonçait être en train d’expérimenter un système de drones solaire pour étendre le réseau 5G aux Nouveau-Mexique. Un projet respectable sur la plan technologique, mais qui fait fi des conséquences humaines. En France, les effets de la surexposition aux ondes commencent à interpeller l’opinion. Ce jeudi à l’Assemblée Nationale se tient un colloque pour la reconnaissance de l’électrosensibilité, une forme d’allergie aux champs électromagnétiques.
« Je n’avais même plus la force de porter la fourchette à ma bouche », se souvient Catherine Castaing. Cette mère au foyer a connu les pires moments de l’EHS (éléctrosensibilité) il y a un an. Pendant plusieurs mois, cette quinquagénaire été alitée, sans pouvoir dormir, tant ses douleurs, migraines et sentiments d’étouffement étaient importants. « Vous faites de la spasmophilie », expédiait son médecin.
Après des mois de calvaire cloîtrée dans sa maison oisienne, Catherine Castaing pousse la porte du Professeur Belpomme, un des seuls en France à reconnaître l’électrosensibilité*. « Coupez tous vos objets connectés, alerte le professeur, sinon pour vous c’est Alzheimer ». De retour chez eux, Catherine et son mari débranchent télévision, décodeur, téléphone, wifi, volet roulant, micro-ondes et même télécommande du garage. Pendant trois semaines, la famille coupe même tout courant, et vit à la bougie.
Licenciée pour ne pas supporter le wifi
Emeline aussi, souffre d’électrosensibilité. En un an, elle a déménagé trois fois. Dans le second logement, la famille s’est brouillée avec les voisins, qui refusaient de couper le wifi régulièrement. Depuis un an, elle a arrêté d’utiliser son téléphone portable comme le préconisait le professeur Belpomme. Mais la grosse difficulté, c’était l’environnement professionnel. Impossible de couper la wifi au bureau. Emeline enchaîne les malaises (que ces précédents médecins attribuaient à une banale agoraphobie). Après huit semaines d’arrêt maladie, Emeline perd son emploi d’ingénieur territorial.
Si Emeline et Catherine vont mieux aujourd’hui, pour l’une comme pour l’autre, les perspectives professionnelles son nulles. Et leur vie sociale est bouleversée. « Impossible d’aller chez des amis, ou de faire mes courses », déplore Catherine. Et leur nouveau mode de vie a un coût : en plus des consultations du professeur Belpomme (un centaine d’euros, pas toujours remboursée par la sécurité sociale), Catherine a investit dans un baldaquin en fibre de cuivre pour stopper les ondes : 1300 euros. Indispensable aussi, une housse pour les téléphones portables, mais aussi veste et casquette de protection, qui peuvent aller de 50 à 500 euros. Sans compter les compléments alimentaires à base de ginkgo biloba notamment, qui coûtaient presque 150 euros par mois à Emeline.
Pour tous les électrosensibles, la reconnaissance de la pathologie comme handicap est urgente. En Suède, en Autriche et en Allemagne, les maux attribués aux ondes sont reconnus comme « maladie ». L’OMS répertorie l’EHS depuis 2005. Première en France, en août dernier, la justice a accordé à un femme de 40 ans le statut d’handicapée à cause de son électrosensibilité. Un espoir pour les électrosensibles, alors qu’en 2016, le territoire français ne devrait plus connaître aucune zone blanche.