Bis, la boutique qui rend la solidarité tendance

Offrir une seconde vie aux vêtements et une deuxième chance aux employés, c’est l’objectif que Bis Boutique Solidaire s’est fixé. Des vêtements de marque à prix bradés, des partenariats avec différentes associations pour aider les plus démunis et un tremplin pour les salariés : en conjuguant mode et réinsertion, Bis propose un nouveau concept solidaire qui séduit les clients. Une deuxième boutique a d’ailleurs ouvert cette année dans le 9ème arrondissement.

Il est 15 heures et la boutique située au 7 faubourg du Temple est en effervescence. Serge Bassetto, le responsable de 53 ans, s’affaire pour récupérer la livraison quotidienne de vêtements. De nombreux présentoirs défilent, remplis de pièces colorées de toutes tailles. Les employés déchargent d’énormes sacs bleus Ikea, pleins à craquer. Des jupes, des pantalons, des manteaux, des sacs ou des chaussures… Tous les jours, la boutique reçoit entre 500 et 600 pièces afin de proposer un large choix à la clientèle. Quelques curieuses parcourent déjà les nouveaux vêtements qui attendent d’être rangés, avant d’être arrêtées par le responsable : « Désolé mesdames, ceux-là ne sont pas tout de suite en rayon. Il faut bien qu’il en reste pour demain ! », plaisante-t-il.

Il faut dire que le succès est au rendez-vous pour la boutique solidaire. Des clients de tous âges viennent chiner les vêtements de seconde main, séduits par les petits prix et le concept. Loin de l’image de la friperie en bazar, remplie de pièces quelquefois en mauvais état, Bis se présente comme un magasin chic, proposant une gamme très sélective de prêt-à-porter. Les vêtements sont propres, repassés et triés par taille sur les portiques. Des lampes design au plafond, des pièces lumineuses et des cadres au mur : au premier abord, on est loin de se douter que cette boutique n’est pas comme les autres.

Un large choix de vêtements est proposé aux clients, et présenté comme dans un magasin traditionnel.
Comme dans un magasin traditionnel, un large choix de vêtements et de tailles est proposé aux clients. Des collections pour femmes, hommes, enfants : il y en a pour tous les goûts.

Un tremplin pour l’avenir des employés en réinsertion

Bis Boutique se différencie par son engagement et sa volonté d’agir comme tremplin pour les employés en réinsertion. Ils sont une quinzaine à être embauchés pour un contrat d’un an qui leur permet de se remettre sur le chemin du travail. Serge Bassetto est lui-même passé par le contrat de réinsertion chez Bis, avant de devenir responsable un an plus tard. Après trois ans dans cette entreprise, il est convaincu que c’est un concept d’avenir. « On veut juste que les gens soient impliqués dans leur futur, le but est aussi qu’ils se re-sociabilisent. La priorité, c’est les employés ». Ils ont des origines et des parcours différents – Bis rejette toute forme de discrimination et a d’ailleurs pour objectif d’employer le plus de profils différents possibles. En tant que boutique solidaire, l’aval de l’État et de Pôle Emploi est obligatoire. Des quotas doivent aussi être respectés pour garantir l’équité et la parité dans l’équipe : « On doit embaucher deux femmes, deux personnes au RSA, deux chômeurs, par exemple », ajoute Serge Bassetto. Les employés en réinsertion travaillent quatre jours par semaine et sont payés au SMIC. Bis leur offre également 50 euros de vêtements tous les mois.

Sur la façade de la boutique, le concept solidaire de Bis est expliqué aux clients.
Sur la façade de la boutique, le concept solidaire de Bis est expliqué aux clients.

Sonny, un jeune employé de 21 ans, travaille à la boutique depuis le mois de janvier. « Je suis arrivé ici après pas mal de petites galères. Mais je m’y plais, l’équipe est sympa et on soutient une bonne cause. Je pense que c’est vraiment un bon tremplin pour rebondir sur autre chose », confie-t-il. Et à l’avenir, Sonny projette de repasser son bac et de reprendre ses études dans le commerce à la fin de son contrat de réinsertion. A la caisse, Jamel accueille chaleureusement les clients et discute avec eux. Après un an passé à Bis Boutique, son contrat est sur le point de se terminer. Cette expérience lui a fait découvrir un concept solidaire où les employés sont à l’écoute de leurs clients, et regrette qu’il n’existe pas plus de magasins comme celui-ci : « C’est très différent d’une boutique lambda, on n’est pas derrière le client à vouloir faire du chiffre. L’ambiance est très décontractée et familiale ». A 39 ans, il souhaite maintenant continuer sa carrière dans le textile et le prêt-à-porter.

Un partenariat aidé qui s’engage à la fois pour les employés et pour les associations. Chaque année, environ 400 tonnes de vêtements sont envoyés à l’atelier où un tri est effectué, et à peine 40 tonnes sont gardées. Le reste est revendu à une plateforme de recyclage ou donné gratuitement à des associations pour les plus démunis. Rémi Antoniucci est à l’origine de ce concept. S’il s’occupe maintenant majoritairement des démarches à l’atelier, il souhaite pérenniser ce système pour continuer à le développer. Sa première boutique a ouvert il y a trois ans, et la seconde en mars dernier. « On aimerait ouvrir une nouvelle boutique tous les deux ou trois ans, explique Serge Bassetto, mais pour l’instant on reste sur Paris pour bien asseoir le concept d’abord ».

Les vêtements sont étiquetés avec le logo de Bis Boutique Solidaire dans l'atelier de tri, avant d'être acheminés vers les deux boutiques parisiennes.
Les vêtements sont étiquetés avec le logo de Bis Boutique Solidaire dans l’atelier de tri, avant d’être acheminés vers les deux boutiques parisiennes.

La friperie nouvelle génération

Un concept dans lequel les employés comme les clients se retrouvent. Michèle, 70 ans, est une habituée de la boutique solidaire. Elle connaît bien les employés et leur apporte même des petits cadeaux quelquefois. Avec des prix allant de 1 à 30 euros, elle trouve toujours une pièce qui lui fait plaisir parmi le choix de vêtements. « Je ne vais jamais dans des boutiques traditionnelles, j’aime bien que l’argent que je dépense arrive à des gens qui en ont besoin. J’étais tombée sur cette boutique par hasard la première fois, et j’ai tout de suite aimé le principe. Ce n’est pas juste de la consommation pure », explique-t-elle. Plus loin, une cliente drômoise de 30 ans s’est laissée séduire en passant devant la boutique. « J’ai remarqué l’aspect solidaire de la boutique comme c’était écrit sur la façade. Je suis entrée en pensant que c’était comme Emmaüs », raconte-t-elle, en fouillant parmi les portes-manteaux. Agréablement surprise par la présentation des vêtements et l’ambiance de la boutique, elle n’est pas déçue de s’être arrêtée et se prépare pour des essayages en cabine: « Cela ne ressemble vraiment pas à une vieille friperie. Les vêtements sont clean et vraiment pas chers. En plus tout est classé par taille. Je vais en parler à mes copines en rentrant ! ».

En entrant chez Bis Boutique Solidaire, Michèle se laisse toujours tenter par un nouveau vêtement.
En entrant chez Bis Boutique Solidaire, Michèle se laisse toujours tenter par de nouveaux vêtements.

Avec deux boutiques parisiennes qui ne désemplissent pas, et de véritables perspectives pour les employés, Bis Boutique Solidaire a encore un bel avenir devant elle.

Marie-Hélène Gallay

Les familles des victimes des attentats du 13 novembre face aux juges

Six mois après les attentats de Paris, les proches des victimes sont reçus à partir d’aujourd’hui par les juges chargés de l’enquête. C’est une première rencontre avec la justice que les familles redoutent « frustrante » alors que le suspect-clé Salah Abdeslam refuse pour l’instant de collaborer, gardant son droit au silence.

Ces rencontres avec les six juges d’instruction chargés de l’enquête vont durer trois jours. Les parties civiles espèrent que cette réunion officielle avec la justice permettra « la manifestation de la vérité » et marquera le début du « processus de deuil ». Pour toutes les familles, les autorités ont prévu un dispositif de soutien psychologique.

 

Lara Roques

La question des corps des terroristes palestiniens divise en Israël

La paix n’est décidément pas pour tout de suite entre Israël (où Manuel Valls s’est rendu hier) et les territoires palestiniens. Le conflit divise même au sein de la nation israélienne. Le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan a annoncé aujourd’hui avoir interdit à la police de « restituer les corps de terroristes palestiniens » tués. Pour lui, leurs funérailles constituent en effet « des incitations à la violence et au soutien des terroristes »

Cette déclaration survient après l’enterrement lundi soir d’Alaa Abou Jamal, qui avait tué un rabbin israélien en octobre à Jérusalem-ouest. Conformément aux recommandations de la Cour suprême israélienne (ayant appelé au début du mois à rendre les corps à leurs familles avant le Ramadan, début juin), la police avait accepté de restituer le corps, à condition que l’enterrement se fasse de nuit, en présence de 40 personnes au maximum et sans aucune manifestation. Des conditions respectées selon la police, mais pas selon le ministre Gilad Erdan : à l’extérieur du cimetière, des centaines de Palestiniens ont en effet crié des slogans anti-Israël.

En désaccord avec le ministre, les responsables militaires qui ont la responsabilité des corps des Palestiniens (au nombre de neuf selon des sources palestiniennes) estiment néanmoins que ne pas les restituer aux familles serait contre-productif et alimenterait les violences.

Gilad Erdan, ministre israélien de la Sécurité
Gilad Erdan, ministre israélien de la Sécurité

 

Richard Duclos (avec AFP)

 

 

Le secteur du vin baigne dans la félicité

Le plus grand salon mondial du vin s’est ouvert mardi à Hong-Kong et Bordeaux. Vinexpo qui présente environ 1300 exposants va voir 195 000 bouteilles débouchées en l’espace de trois jours.

Le salon débute dans l’optimisme, au vu de la reprise de la consommation chinoise. Celle-ci a augmenté de 171,6% durant l’année 2015.  Une progression qui rassure après la crise traversée par le secteur depuis 2012.

Sarah Rozenbaum