Violences policières: l’ACAT sort un rapport éclairant

Depuis quelques semaines, la polémique a éclaté sur la question des abus de la force par les policiers. Violences policières, brutalités envers les policiers; les deux camps s’affrontent à coup de communiqués et de vidéos amateurs. Pour essayer de faire la lumière sur des faits mal répertoriés, l’Association des Chrétiens contre la torture (ACAT) a publié en mars 2016 un rapport sur les violences policières. Alors que la plupart des association de lutte contre ces violences sont composées d’anciennes victimes souvent virulentes, l’ACAT essaie d’adopter une attitude plus modérée. Mais les revendications de l’association restent nombreuses. Continuer la lecture de « Violences policières: l’ACAT sort un rapport éclairant »

Colère des scientifiques contre les coupes budgétaires dans la recherche

Une tribune signée par huit scientifiques de renom déplore un projet de coupes budgétaires pour la recherche. La communauté scientifique est en émoi.

Sept prix Nobel et une médaille Fields dénoncent dans une tribune publiée dans le Monde des coupes budgétaires dans la recherche. Présenté en commission des finances de l’Assemblée Nationale mercredi 18 mai, un projet de décret vise à supprimer une enveloppe budgétaire de 265 millions d’euros pour  la recherche et l’enseignement supérieur.

Mais ce matin encore, François Hollande invité sur France Culture, a assuré que l’action en recherche & développement restait une priorité.

Les principaux organismes de recherche sont particulièrement touchés comme le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), le Centre national pour la recherche scientifique (CNRS) l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) ou encore  l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) pour une annulation globale de 134 millions d’euros. Selon Martine Cohen-Salmon, chargée de recherche au CNRS en biologie, c’est un coup dur « une baisse de budget c’est une baisse de niveau de recrutement .»

Le budget du CNRS de plus de 3 milliards d’euros est constitué de 2,1 milliards de masse salariale. Cette annonce nourrit ainsi des inquiétudes sur l’avenir du centre de recherche: « le niveau de recrutement des jeunes chercheurs est déjà catastrophique. Seuls un ou deux postes sont créés chaque année en premier grade, explique-t-elle, or les candidats ont un niveau équivalent au poste de directeur de recherche.»


une baisse de budget c’est une baisse de niveau de recrutement


Un phénomène à l’effet boule de neige « il y a moins d’étudiants aujourd’hui en biologie car il n’y a plus de débouchés, analyse Martine Cohen-Salmon, et c’est compréhensible, pourquoi s’engager dans une voie de garage! » Une menace de décrochage de la recherche en France amplifiée par la mondialisation de la concurrence « la plupart partent en tant que post doctorant à l’étranger où ils sont embauchés.  C’est d’autant plus avantageux pour les centres de recherche étrangers qui recrutent des chercheurs déjà formés. »

L’ANR n’a financé que 8% des projets en 2015

La ministre de l’Education Najat Vallaud-Belkacem et son secrétaire d’Etat Thierry Mandon, ont assuré via un communiqué que ces suppressions de crédits visent à « mobiliser en particulier leurs fonds de roulement disponibles et leurs trésoreries. Mais pour le CNRS cet argument n’est pas valable « un projet en biologie expérimentale et une étude en Histoire n’impliquent pas les mêmes moyens. »

Depuis 2005, l’Agence nationale de la recherche (l’ANR) créé pour remplacer deux dispositifs de financement, le fonds national pour la science (FNS) et le fonds pour la recherche technologique (FRT), est l’unique fonds public qui décide les budgets. Mais en 2015, seuls 8% des projets déposés par des chercheurs français ont été acceptés par l’ANR. Le 14 mars, lors de l’inauguration de l’Institut Pierre-Gilles-de-Gennes à Paris, François Hollande avait annoncé que l’ANR accepterait davantage de projets cette année.  Reste à voir sur quels critères les enveloppes seront réparties.

Des attentes politiques en contradiction avec la recherche

Pourtant, selon un classement établi par Thomson-Reuters  en mai 2016, le CEA, le CNRS et l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) figurent parmi les dix premiers organismes de recherche en termes d’innovation dans le monde. Une dynamique dont les chercheurs craignent l’essoufflement.

« Il y a vingt ans les laboratoires étaient subventionnés par l’organisme de tutelle auquel ils étaient rattachés. Un financement complété par le privé si besoin. Aujourd’hui c’est l’inverse. » déplore Martine Cohen-Salmon.  Des restrictions budgétaires publiques qui vont de pair avec un autre problème « pour qu’un projet soit validé par l’ANR, il faut le tourner vers le développement. Or c’est totalement contradictoire avec la recherche qui ne peut pas donner de garantie, on ne sait pas ce que l’on va trouver à l’issue d’une recherche. »

Depuis sa création le budget de l’ANR est passé de 710 millions d’euros (M€) en 2005  à 535 M€ en 2014. Bien qu’il l’un des budgets les plus importants en Europe, elle est constante régression. En Allemagne les dépenses de recherche et développement ont augmenté de 75% en dix ans.

Sonia Ye

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Les droits des trans à l’international

Si en France les droits des personnes transgenres et transsexuelles restent encore l’objet de mille précautions, d’autres pays n’ont pas hésité à autoriser les personnes transgenres et transsexuelles à modifier leurs documents d’identité pour y faire figurer le genre auquel elles s’identifient. Tour d’horizon.

 

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L’Espagne est l’un des pays pionniers sur la question des droits des transgenres et transsexuels. Elle a autorisé en 2007 à toutes les personnes majeures de changer leur identité mais aux conditions que celles-ci aient subi d’abord un examen psychologique et aient une preuve médicale de leur changement de sexe. Toutefois, la loi a été assouplie puisque cette année un jeune garçon de 4 ans a réussi à changer son prénom Luken (masculin) en Lucía pour refléter l’identité féminine dans laquelle il se reconnaît depuis sa naissance.

(Lucia, une jeune fille transgenre de quatre ans, n’est plus Luken. C’est la deuxième fois que cela arrive au Pays Basque).

Peu de temps après, en 2012, l’Argentine adopte une loi plus complète encore : il est interdit d’exiger toute expertise médicale, psychiatrique, tout traitement hormonal, ou stérilisation au moment des démarches. Celles-ci sont accessibles même aux enfants.

 

En 2015 Malte suit le même chemin: l’île dispose d’une des législations les plus souples sur le sujet au monde. Les trans ont le droit de changer d’identité après un bref passage chez le notaire, sans âge minimum ni période de réflexion. Celles qui ne souhaitent pas que leur sexe soit mentionné sur leurs papiers d’identité peuvent également choisir d’y mettre un « X ». L’Irlande et la Colombie ont reconnu la même année les droits des trans, dès l’âge de 16 ans dans le premier cas. La Pologne adopte les mêmes résolutions en 2015, avec plusieurs restrictions toutefois : il faut être célibataire et bénéficier d’un certificat médical pour attester que la personne ne s’identifie pas dans le genre de naissance.

 

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Des droits toujours en suspens dans certains pays

Enfin, d’autres pays sont, comme la France, en train de débattre d’un projet de loi pour défendre les droits des trans. Ainsi, en Bolivie les transsexuels pourront bientôt modifier leurs papiers d’identité malgré une forte contestation de l’Église catholique. Cette démarche reste toutefois soumise à certaines conditions : être majeur, avoir subi un examen psychologique et posséder une preuve médicale de changement de sexe, ce qui laisse de côté les transgenres. Le Canada, à travers le premier ministre Justin Trudeau, s’est prononcé en faveur de l’adoption de lois luttant contre les discriminations contre les transgenres le plus rapidement possible.

 

Toutefois, tous ces pays restent des exceptions : au total, 79 pays considèrent l’homosexualité et la transsexualité comme illégales, voire un crime. Aussi la Russie a récemment interdit la conduite aux personnes transgenres. Preuve est faite que les droits des minorités sexuelles restent largement bafoués à l’international.

 

Myriam Mariotte

Carte : Léa Broquerie

Une bonne pression et un peu d’air? Bienvenue au festival Pint of science!

Démystifier la science, c’est le pari du festival annuel associatif Pint of Science qui a ouvert ses portes hier soir. Le principe : déguster une bonne bière dans différents bars de Paris tout en écoutant des conférences scientifiques. Une manière de vulgariser un domaine parfois jugé obscur. 

Vincent Lemaire avec le micro présente Augustin Colette avant son intervention.
Vincent Lemaire avec le micro présente Augustin Colette avant son intervention.

Il est 19h30 au Lieu-Dit, bar du XXe arrondissement de Paris, quand la conférence commence. Une vingtaine de personnes de tous âges est rassemblée pour écouter, une pinte de bière à la main, Augustin Colette, jeune chercheur à l’Institut national de l’Environnement Industriel et des Risques. Dans le cadre de la première soirée de Pint of Science, il est venu parler de pollution et de qualité de l’air. Le festival, créé en Angleterre il y a cinq ans par des chercheurs en neurosciences soucieux de vulgariser leur domaine, cherche à créer un cadre convivial pour parler de sujets scientifiques. Chaque année, partout dans le monde, des chercheurs et des étudiants doctorants viennent transmettre leurs recherches dans des bars qui proposent toute la nuit des pintes de bière. Des jeux comme des quizz ou des concours rythment la soirée pour gagner des goodies portant le délicieux logo de l’évènement : une bière moussue à lunettes.

Logo de Pint of Science en France

Un public mélangé, entre novices et scientifiques

Vincent Lemaire est doctorant dans le domaine de la géophysique. Il travaille sur les effets du changement climatique sur la qualité de l’air. C’est lui qui a invité Augustin Colette, son directeur de recherche, le sachant habitué à parler régulièrement dans des conférences. Il s’investit dans l’organisation de Pint of science depuis l’année dernière. Même s’il y a de nombreuses thématiques, c’est plutôt celle concernant la Terre qui l’intéresse.

« On a choisi de centrer nos trois soirées autour de la qualité de l’air et du changement climatique, puisque c’est d’actualité avec la COP 21, des insectes et des pesticides. Il faut trouver des titres accrocheurs et résumer le thème sur le site pour donner envie de venir voir. Il y a beaucoup de soirées Pint of science avec d’autres thématiques partout dans Paris pendant trois soirs. C’est important de se démarquer des autres. »

D’où un concours de dessin bien particulier pour terminer la soirée. Le but : imaginer la nouvelle machine du futur anti-pollution. Quentin Berché vient de gagner le concours. Il est venu avec sa compagne Elsa Lecoq par curiosité. Il travaille dans le bâtiment donc a priori dans un domaine assez éloigné des sciences.

« Je vois quand même dans mon métier les problèmes de perdition de chaleur et tout ce qui est nocif à l’environnement. »

Quentin Berché et Elsa Lecoq dégustent leurs bières tout en écoutant la conférence.
Quentin Berché et Elsa Lecoq dégustent leurs bières tout en écoutant la conférence.

Des jeunes gens novices mais quand même conscients des enjeux du changement climatique. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont choisi cette soirée-là. Marion, 23 ans, professeure de français dans un collège, aurait même aimé en entendre un peu plus. Elle reste sur sa faim.

« C’est difficile de doser entre des scientifiques qui viennent à Pint of science écouter les conférences et des personnes qui ne connaissent pas grand-chose aux thématiques. Il faut parler à tout le monde » explique Vincent Lemaire.

Un joyeux mélange donc entre néophytes et érudits pour faire découvrir un monde scientifique bien vaste!

Florence Dauly.

Pint of Science, c’est ici.