Le dessinateur de bande dessinée F’murr est mort

Auteur du célèbre « Génie des alpages », le dessinateur de bande dessinée, Richard Peyzaret, alias F’murr est décédé mardi, à l’âge de 72 ans. 

Crédits : CC
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« Si je fais ce métier, expliquait F’murr au magazine Bédéka en 2004, c’est parce que c’est une activité que je peux exercer sans avoir plein de gens autour de moi, et rêver un peu. ». Le dessinateur originaire de la capitale était un poète utopiste, à l’image des personnages qu’il avait créés. En 1973, F’murr lance sa série Le Génie des alpages, une oeuvre bucolique dans laquelle il met en scène Athanase Percevale, un berger solitaire accompagné d’un chien sans nom, doté d’un QI hors norme. Un fidèle compagnon comme Milou, l’ami de toujours de Tintin, que F’murr admirait tant.

Une carrière aux côtés des plus grands

Très tôt déjà, le jeune Richard Peyzaret se passionne pour le travail de l’école belge, et particulièrement pour Hergé (Les Aventures de Tintin) et Franquin (Spirou, Le Marsupilami, Gaston Lagaffe). Après une tentative dans le dessin d’humour, qui s’est soldé par un échec, il intègre l’Ecole supérieure des arts appliqués Dupérré, avant de rejoindre l’atelier de Raymond Poïvet, dessinateur qui lancera notamment les carrières d’Uderzo, Cabu et Gigi. F’murr travaille à ses côtés pour les magazines humoristiques Pif et Pilote. C’est dans ces publications que paraissent les premières planches de Le Génie des alpages. 

La série rencontre un succès immédiat auprès des lecteurs, grâce à l’humour décalé de F’murr. En 1988, pour les 50 ans de Spirou (Franquin), Spirella mangeuse d’écureuils, il réalise une histoire où l’on peut voir Spirou travesti en femme et accompagné d’un écureuil baraqué, dans un univers loufoque, style typique du dessinateur.

Le “génie des alpages“, mais pas que…

Passionné d’histoire, F’Murr affichait également un goût prononcé pour le Moyen-Âge qu’il revisitait avec des oeuvres tels que Attila le Hun, Jehanne d’Arque, Robin (des Boîtes), et l’archange Gabriel dans Porfirio & Gabriel. Toujours dans le même genre,  Le Pauvre Chevalier raconte la triste et brève histoire d’un chevalier sans-le-sou. Des oeuvres humoristiques qui parodient les personnages moyenâgeux de la BD.

 

Camille Bichler

Cinq raisons d’aller voir le spectacle « Carmen(s) »

José Montalvo, chorégraphe et metteur en scène français, signe un spectacle de danse sur le personnage de Carmen, une bohémienne andalouse symbole de la liberté. En dépit de quelques longueurs et de gestes imprécis, voici cinq raisons pour lesquelles ce spectacle vaut le détour…

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1. Un spectacle politique

Liberté. Le personnage de l’opéra de Bizet incarne l’émancipation féminine, l’indépendance d’une bohémienne qui préfère mourir plutôt que de céder aux avances de son ex-amant. Car « l’amour est enfant de bohème, qui n’a jamais jamais connu de lois… » Mais cette liberté n’est pas réservée aux femmes : les hommes peuvent s’identifier à l’héroïne, comme ce danseur qui dira pendant le spectacle : « Carmen, c’est moi. »

Les seize danseurs balancent ainsi entre sensualité et force de caractère, et c’est là une originalité de l’oeuvre de José Montalvo : dévoiler la personnalité de chaque danseur, notamment lors d’une séquence où leurs témoignages sont projetés sur la scène. Fiers, touchants, les artistes disent ce que Carmen signifie pour eux, tandis que, seuls sur le plateau, ils meuvent leur corps librement et dans leur style respectif.

Support d’un discours sur la sexualité libre, Carmen évoque aussi l’exil. Chaque migrant est une Carmen, ce qui explique encore une fois le pluriel apposé au titre du spectacle. Et là encore, la danse vient libérer ces danseurs, qui viennent de France, d’Espagne ou de Corée.

2. Un classique revisité

On réécoute l’opéra de Bizet, ses morceaux orchestrés ou humés, chantonnés, frappés par les danseurs. Danse classique, claquettes, flamenco ou hip-hop s’harmonisent en un métissage rappelant le thème de la migration. De quoi enrichir cette oeuvre dont le thème semblait fait pour accueillir ce mélange de cultures.

3. Du bon usage de la vidéo

José Montalvo met aussi à profit ses compétences de vidéaste. Derrière les danseurs, un grand panneau projette des scènes qui viennent parfois faire partie intégrante du spectacle, comme lors de la séquence de témoignages dont nous avons parlé, ou quand une des danseuses joue avec un taureau… C’est aussi un moyen d’approcher les comédiens qui sortent de l’anonymat produit par la distance de la scène. On découvre leur personnalité, leur visage, leur style vestimentaire au quotidien… L’écran nous rappelle l’inscription politique de Carmen et brise la frontière du théâtre.

4. De la danse… et du chant

Les danseurs ont aussi des qualités de musicien. Ils se saisissent de percussions, d’une flûte exotique ou d’une cornemuse revisitée. Ils chantent, aussi, avec leur accent asiatique, anglophone ou hispanique. A capella, et avec justesse.

5. De l’humour

Le spectacle invite enfin au rire. Comme avec cette danseuse espagnole au caractère bien trempé et dont l’énergie est contagieuse. Elle est d’autant plus attachante que le public est parfois directement interpellé. Des scènes miment des bagarres échevelées aux accents ninja, d’autres se moquent du sexisme. Le tout est distillé de petites pointes d’humour. Et comble du plaisir : les danseurs, visiblement, s’éclatent.

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Fanny Guyomard

Paris : les urgentistes manifestent pour dénoncer leurs conditions de travail

Les urgentistes du CHU de Strasbourg s’étaient donné rendez-vous, mercredi 11 avril, devant le ministère de la Santé. Rejoints par des collègues venus de toute la France, ils souhaitaient alerter sur la situation des urgences. Ils sont ressortis « déçus » de leur visite au ministère, Agnès Buzyn n’était pas là pour les recevoir.

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Devant le ministère de la santé, mercredi 11 avril. Crédits : Camille Sarazin

En grève depuis le 20 mars, le personnel des urgences du CHU de Strasbourg dénonce des conditions de travail dégradées et la mauvaise prise en charge des patients qui en résulte. Rejoint par des collègues venus de Lille, Creil, Angers ou encore Aix-en-Provence, ils manifestaient devant le ministère de la santé, mercredi 11 avril. Objectif : tirer la sonnette d’alarme sur la situation des urgences en France.

« Les conditions de prise en charge sont intolérables. Les professionnels, en sous-effectif permanent, sont arrivés à bout. » 

Christian Prud’homme, représentant de FO à Strasbourg, à l’AFP.

« Il y a de moins en moins de personnel, les temps d’attente sont de plus en plus longs, il y a de plus en plus d’incidents… » M. Bodersa, du CHU de Lille.

Suppression de lits, manque de personnel, épuisement au travail… Les urgentistes ont le sentiment de ne pas pouvoir faire leur travail correctement. Et ce sont les patients qui en pâtissent. Une sexagénaire est morte d’une crise cardiaque le 6 mars dernier aux urgences de Reims. Elle attendait depuis 2h30. M. Bodersa évoque une situation similaire à Lille : « C’est une mort qui aurait pu être évitée. »

La délégation, reçue par la direction générale de l’offre de soins (DGOS), est ressortie déçue. « Ils nous écoutent, ils comprennent« , mais « la ministre n’étant pas là, personne ne prend de décision », a expliqué Jean-Claude Matry, président de la CFTC au CHU de Strasbourg, à L’Express.

Camille Sarazin

Qu’est-ce que Webedia, le premier groupe digital en France?

Après avoir absorbé plusieurs poids lourds du web, Webedia, premier groupe digital en France, compte s’attaquer à la production de jeux vidéo et de films. Portrait d’une entreprise qui a soif d’investissements.

Le siège de Webedia à Levallois-Perret. Photo : Constance Cabouret
Le siège de Webedia à Levallois-Perret. Photo : Constance Cabouret

« Webedia « , cela ne vous dit probablement rien. Mais cette filiale du groupe Fimalac se présente pourtant comme le « premier groupe internet Français dédié aux thématiques du loisir et du divertissement ». Depuis 2007, l’entreprise a absorbé plus de 50 marques : Allociné, Purepeople, Jeuxvidéo.com ou encore Mixicom, l’agence des Youtubeurs Norman, Cyprien ou Squeezie. Une boulimie de rachats qui a permis à Webedia d’atteindre près de 302 millions de chiffre d’affaires, selon le Figaro. Marc Ladreit de Lacharrière, le fondateur de Fimalac, revendique depuis deux ans le titre de licorne française, c’est-à-dire une société valorisée à plus d’un milliard de dollars.

Ce que Webedia détient en France.
Ce que Webedia détient en France.
Un acteur international

Webedia ne s’est pas contenté du marché français. L’entreprise s’est largement développée à l’international. Elle se targue d’avoir une audience de 188 millions de visiteurs uniques par mois dans le monde. Aujourd’hui, ce n’est pas la France qui compte le plus grand nombre de visiteurs, mais le Brésil. En décembre dernier, ils étaient près de 49 millions à cliquer sur les articles d’AdoroCinéma, version brésilenne d’Allociné, ou IGN Brasil, site dédié aux jeux vidéo et à la pop culture.

« Un petit Disney pour Millenials »

Marc Ladreit de Lacharrière ne compte pas s’arrêter là. Dans une interview accordée au Figaro, il a indiqué vouloir devenir « un acteur de la production de contenus ». Webedia devrait s’attaquer dans les prochaines années à la production de jeux, films, dessins animés et séries. Le lancement d’une chaîne centrée sur l’e-sport est aussi en projet. « L’argent n’est pas un problème pour Webedia« , affirme Marc Ladreit de Lacharrière. Ce dernier s’intéresse aussi au e-commerce : après ses box dédiées à la cuisine et à la culture geek, Webedia devrait développer le merchandising autour de ses « talents », les Youtubeurs de Mixicom. Le patron de Fimalac a un objectif : faire de Webedia une entreprise spécialisée dans le divertissement d’envergure mondiale. « Une sorte de petit Disney pour Millenials » explique-t-il.

Le succès de Webedia n’empêche pas le groupe et ses marques d’être fortement critiqués. Allociné a été accusé par les internautes de manipuler les notes et les commentaires donnés à certains films, comme Les nouvelles aventures d’Aladin, réalisé par Arthur Benzaquen et sorti en 2015. Le site a démenti ces informations. Plus récemment, Webedia s’est trouvé en mauvaise posture après des milliers de messages d’insultes et de menaces visant le « numéro anti-relous » et la journaliste Nadia Daam d’Europe1, provenant notamment d’un forum de Jeuxvidéo.com. Si l’argent n’est « pas un problème« , il faudra voir si ces polémiques à répétition ne vont pas impacter le groupe, tôt ou tard.

Constance Cabouret