Le Var doit-il se préparer à de plus en plus d’inondations ?

 

Une pelleteuse enlève les débris charriés par les violentes pluies de la nuit du 10 Octobre (Photo Valery HACHE / AFP)
Une pelleteuse enlève les débris charriés par les violentes pluies de la nuit du 10 Octobre, à Fréjus (Var) 
(Photo Valery HACHE / AFP)

 

En quelques heures, il est tombé l’équivalent de 47 jours de pluie sur le département du Var. Au moins deux personnes sont mortes après avoir été emportées vers la mer par la montée de la rivière Garonnette, à Sainte-Maxime. En 8 ans, le Var compte à lui seul près de 40 décès suite à des inondations. Faut-il s’habituer à vivre de plus en plus d’inondations dans le Sud de la France ? 

 

Depuis 2010, cela fait 6 fois que le Var est soumis à de violentes inondations, 6 fois que ces inondations se soldent pas des décès. Au total, ce sont près de 40 morts qui sont à décompter sur cette période de huit ans. Seuls les années 2011 et 2012 n’ont pas connues d’inondations meurtrière. Ces événements semblent de plus en plus fréquents.

Le changement climatique, une facteur déterminant ?

« On ne peut pas le nier, sur les dernières décennies, les épisodes pluvieux sont plus nombreux, surtout, plus intenses confirme Loïc Spadafora, prévisionniste météo chez Agate Météo. Sur les dix dernières années on note la recrudescence de phénomènes ultralocalisés, des orages diluviens qui frappent surtout les littoraux.  » Des phénomènes pluvieux, plus intenses, avec des orages qui se stabilisent sur un territoire, saturant les sols et les rivières. Ce sont les « crues éclaires », et ce sont elles qui sont responsables des récents épisodes en Provence Alpes Cote d’Azur.

Pour autant, ces précipitations amènent-elles forcément plus d’inondations ? « Les couches d’incertitudes demeurent nombreuses » tempère Pierre Javelle, hydrologue à l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (ISTREA). Pour l’hydrologue, si l’intensification des précipitations est une certitude, impossible de savoir s’il y a plus d’inondations qu’avant, ou non. » Des événements extrêmes comme celui de cette nuit, il y en a déjà eu. Par contre, il faut arriver à caractériser s’ils reviennent plus souvent ou pas. Il nous manque encore 10 ou 15 ans d’observation pour déterminer si c’est le cas ou non » explique le spécialiste de l’ISTREA.

En analysant le nombre de communes varoises (voir graphique ci-dessous) ayant été reconnues comme victimes de « catastrophe naturelle » suite à une inondation, on voit bien qu’il y a depuis 2008 une tendance à la concentration de tels phénomènes. On remarque cependant entre 1992 et 1996 une séquence similaire dans laquelle de nombreuses communes ont été reconnues catastrophes naturelles.

 

Mais cet état de catastrophe naturelle est notamment décrété afin de permettre le remboursement des personnes touchées par l’inondation. Ici, le principal critère de décision n’est donc pas la hauteur d’eau . Il s’agit des dégâts causés, matériels ou humains.

 

Une vulnérabilité nouvelle face aux inondations

Après la question des précipitations se pose la question de la vulnérabilité face à celles-ci. » Il y a une pression urbaine de plus en plus forte, explique Pierre Javelle. on construit dans des zones ou l’on ne construisait pas avant. Dans ces territoires, on met des choses qui peuvent potentiellement être détruites.  » C’est ce que les spécialistes appellent l’exposition.  » Il y a beaucoup plus d’enjeux exposés en zone inondable qu’avant » poursuit-il.

 

« il y a tout de même beaucoup de choses qu’on peut faire en matière d’aménagement du territoire » explique Pierre Javelle . Réduire les dégâts est aussi une question d’aménagement du territoire. Les bons gestes et bons réflexes, déplorent les spécialistes, sont encore trop peu répandus, que ce soit du côté des particuliers, ou des communes qui peuvent tardent à donner l’alerte.

Plus d’inondations ? Impossible de le dire donc pour l’instant. Mais des phénomènes pluvieux qui ont changé: plus soudains, avec des événements plus concentrés. Et si la nature du risque a changé, la préparation à celui-ci n’a que peu évolué, expliquant peut-être la recrudescence des inondations constatée ces dernières années.

 

Gaël Flaugère 

 

Liban. Le plus vieux quotidien du pays publie une édition vierge pour dénoncer la classe politique

Les lecteurs du quotidien libanais An-Nahar ont été surpris ce jeudi matin car les huit pages de l’édition du jour étaient blanches. La directrice de ce journal arabophone, Nayla Tuéni, a expliqué que ce geste visait à dénoncer la situation politique du pays et la crise de la presse qui touche la presse libanaise. 

Les copies blanches du quotidien an-Nahar sur un stand de journaux de la ville de Byblos (Photo par JOSEPH EID / AFP)
Les copies blanches du quotidien an-Nahar sur un stand de journaux de la ville de Byblos (Photo par JOSEPH EID / AFP)

Des pages blanches contre le vide de la classe politique libanaise 

Le quotidien, fondé en 1933, a publié huit pages vierges, et mis en ligne des blocs vides sur la page d’accueil de son site internet pour dénoncer cette situation. Le compte Twitter du journal a également publié une image blanche jeudi matin.

Lors d’une conférence de presse, Nayla Tuéni a exprimé son inquiétude quant à la situation politique du Liban : « La plume est une arme, et les pages blanches du Nahar aujourd’hui sont notre arme. L’objectif de notre plume est de transmettre la douleur du peuple. Et le peuple est fatigué. Le Nahar est fatigué de reproduire vos promesses non tenues« . La directrice fait référence à l’absence de gouvernement à la tête du pays. En effet, depuis les législatives qui se sont tenues en mai dernier, le Premier Saad Hariri n’a toujours pas réussi à désigner de nouveaux ministres.

Cette difficulté est dû au régime politique multi-confessionnel qui exige de répartir les sièges politiques en fonction de la répartition des confessions présentes au Liban.

 

La presse libanaise tire la sonnette d’alarme

Les quotidiens libanais traversent une crise économique. La plupart des titres sont financés par les partis politiques et les titres indépendants peinent à survivre. Ainsi, le journal As-Safir a dû arrêter sa publication en décembre 2016. Le groupe de presse Dar as-Sayyad a aussi fermé ses portes récemment.

Concernant An-Nahar, Nayla Tuéni se veut rassurante : « Bien sûr, nous allons continuer à imprimer notre journal en version papier, et la version électronique continuera aussi« . Elle insiste également sur le lien entre cette crise de la presse et la crise plus générale que traverse ce pays du Proche-Orient : « Le pays connaît une grande crise, et nous devons tous nous mobiliser. Que deviendra le Liban sans la presse ? Nous voulons un pays sain, une économie saine, ne plus craindre les maladies et la dégradation de l’environnement, ou l’exil de nos enfants. Chaque secteur dans ce pays est en crise« .

Le 1er octobre dernier, le président Michel Aoun avait lui-même déploré la situation que traverse la presse au Liban.

A.D.A

Au Mondial de la moto, on mise sur la sécurité 2.0

En France, le nombre de motards tués sur la route a augmenté en 2017. Reportage à Porte de Versailles où prévention et sécurité sont omniprésents.

Plusieurs startups française allie nouvelles technologies et prévention routière. Ici le feu connecté de Cosmo Connected. ©Hugues Garnier

Plusieurs startups française allie nouvelles technologies et prévention routière. Ici le feu stop pour casque de Cosmo Connected. ©Hugues Garnier

“On verra quand j’aurai 18 ans.” Pour le moment, Léo joue les curieux. Avec ses camarades de classe, ce lycéen passe la journée au Mondial de l’auto… et de la moto. C’est la première fois cette année que les deux salons se tiennent au même endroit au même moment. Même si la voiture vole la vedette au deux-roues, ce dernier a droit à son propre pavillon Porte de Versailles.

Là encore, les constructeurs se sont donné rendez-vous : Honda, Kamasaki, Yamaha… les motos japonaises sont de sortie. Tout comme les emblématiques marques américaines Triumph ou Harley Davidson. Les stands adoptent des couleurs vives et fluos, diffusent des playlists rock et country et proposent moult goodies et animations. Objectif : séduire la future clientèle. Mais les plus jeunes sont réticents à l’idée de conduire plus tard en deux-roues. “A la maison mes parents sont stricts : pas de motos pour mon frère et moi!”, explique Léo, non sans une certaine incompréhension.

669 motards tués en 2017

Trop risqué, trop vulnérable, trop dangereux. Ici au pavillon 3 les familles sont moins nombreuses, les visiteurs sont majoritairement des hommes, aussi bien âgés que jeunes. Si le marché de la moto se porte relativement bien en France, le nombre de morts sur deux-roues a augmenté de 9% l’année dernière. Avec 669 motards tués sur les routes l’année dernière, les motocyclistes ont représenté près de 20% des morts sur la route. Un chiffre énorme alors que les deux-roues ne constituent que 2% du trafic motorisé en France selon la Sécurité Routière. L’une des raisons : l’absence d’équipements.

Les stands de prévention et de sécurité se sont multipliés depuis quelques années. Equipements motos, gilets airbags… même les assurances ont leur propre emplacement. Parmi ces dernières le leader AMV qui propose à tous les visiteurs du salon de remporter des dorsales, unique protection contre les lésions de la colonne vertébrale en cas d’accident. Bien qu’indispensables, elles ne sont pas obligatoires contrairement au port des gants.

Feu stop connecté et écran GPS oculaire

Plusieurs startups françaises se sont penchés sur la sécurité des motards. R-Pur et son masque antipollution, le gant connecté de Liberty Racer… Des accessoires faciles à adopter et qui fonctionnent via une application sur son smartphone. C’est le cas notamment de Cosmo Connected. Cette jeune boîte française a lancé l’année dernière un feu de stop facile à attacher derrière son casque. “Dès que le motard ralentit ça s’allume. Comme c’est sur le casque c’est à hauteur des yeux des automobilistes qui sont derrière lui. C’est le comme le principe d’un troisième feu stop d’une voiture”, précise Alexandra Weil, responsable du stand. Outre sa fonction d’allumage, l’accessoire possède également une fonction de détecteur de chute et alerte des proches ou des secours en cas d’accident.

Pour l’avant du casque, il y a Eyelights. Un application qui récupère votre vitesse, la distance qui vous sépare de la prochaine intersection et prochainement les zones de dangers et de radars fixes. De nombreuses informations qui sont ensuite envoyées directement à votre lunette GPS. “Cela vous évite de regarder constamment votre guidon et votre compteur, vous avez les yeux sur la route”, explique la startup. Une sécurité additionnelle qui a tout de même un prix : 650 € pour ce GPS oculaire. 

H.G. 

Trottinettes : « Le trottoir tout entier leur appartient ! »

Les trottinettes sont de plus en plus nombreuses en ville, les accidents liés à leur usage aussi. Entre 2016 et 2017, la Sécurité routière a enregistré une hausse de 23% du nombre de blessés. Sont pointés du doigt, notamment, des incivilités et un manque de respect des consignes de sécurité de certains “trottinettistes”.

Les accidents de trottinettes et de rollers ont fait 284 blessés et 5 tués en 2017
Les accidents de trottinettes et de rollers ont fait 284 blessés et 5 tués en 2017. Crédit : RSCT

 

Cheveux dans le vent et sacoche sur le dos, ce jeudi 11 octobre, Jules trace sa route au volant de sa trottinette électrique. Quatre mois qu’il en est l’heureux propriétaire, et ce trentenaire est complètement conquis. Plus écologique que la voiture, plus pratique que le vélo et plus rapide que la marche à pied, Jules ne tarit pas d’éloges sur son « petit bijou ». Pour lui, c’est simple, sa “trot”, « c’est le nec plus ultra » pour ses petits trajets du quotidien.

Un mode de déplacement bien pratique qui ne serait pourtant pas sans danger : selon Le Parisien, le nombre d’accidents de trottinettes et de rollers (bien que la pratique du second soit en nette perte de vitesse) a fortement augmenté en 2017. Chiffres de la Sécurité routière à l’appui, le journal recense 284 blessés et 5 tués dans des accidents de trottinettes, contre 231 blessés et 6 tués un an plus tôt. Soit une augmentation de 23% de blessés.

Port du casque boudé

Si Jules «regrette» le nombre croissant d’accidents dénombrés, pour lui, le problème ne vient pas de la monture, mais de son cavalier. « Ce sont des petits bolides qui vont vite, donc ça peut vite mettre des étoiles dans les yeux des gens et faire oublier les règles les plus basiques de sécurité. A partir du moment où on fait attention aux piétons autour de nous, il n’y a pas de problème. » Et si Jules ne s’embarrasse pas du port d’un casque – recommandé, mais non obligatoire pour les adultes et les enfants de plus de 12 ans -, ce n’est pas par manque de prudence, mais plutôt, selon lui, parce que ce n’est “ pas vraiment utile” : « Je roule majoritairement sur la rue, du coup aucun risque de me faire accrocher par une voiture. Et puis, je ne vais pas très vite. Je dépasse rarement les 10 km/h. »

Ce dédain face au port des équipements de sécurité serait plutôt commun parmi les usagers de trottinette, modèle standard comme électrique. C’est en tous cas la conclusion à laquelle est arrivé cet employé du magasin de sport Décathlon de La Défense, à Paris : « On vend des casques et des protections pour trottinettes, mais ça ne part pas très bien. Les parents en achètent pour leurs enfants, mais pas pour eux. »

Oscar, 12 ans, en a un, lui, justement, de casque. C’était la condition sinequanone pour pouvoir utiliser sa trottinette électrique, reçue en cadeau d’anniversaire cet été. Et s’il préférerait ne pas avoir à le porter, il se plie aux ordres sans trop rechigner. Une parade victorieuse devant son école au volant de son mini-bolide vaut bien une coupe de cheveux un peu défaite. Il faut dire qu’au collège Danton, à Levallois-Perret, où étudie le jeune homme, la popularité des trottinettes n’est plus à faire. Des roses, des bleues, des noires et des personnalisées, la rue annexe à l’établissement est submergée par une armada de patinettes. Mais, comme le fait remarquer Oscar fièrement, ils ne sont qu’une poignée d’élèves à disposer du modèle électrique. Pas vraiment surprenant quand on sait qu’un enfant n’a légalement pas le droit de conduire une trottinette électrique avant ses 14 ans, mais Oscar l’affirme, ce n’est pas l’âge qui compte, c’est le « talent du rider (ndlr : du conducteur) ».

Ras-le-bol des piétons

Si Jules comme Oscar assurent redoubler de sécurité avec leur trottinettes dans l’espace public, plusieurs piétons, eux, ne cachent pas leur énervement. « Pour eux, le trottoir tout entier leur appartient ! » râle Manon. Poussette à bout de bras, cette mère d’un petit de huit mois explique craindre qu’une trottinette percute un jour le landau de son bébé. « Les trottinettes sont dangereuses, mais les électriques, c’est pire ! C’est rapide et silencieux, on ne les entend pas arriver. Mais une fois qu’ils vous tombent dessus, c’est le piéton qui risque le plus de dégâts. »

Un ras-le-bol partagé par Malik, qui redoute à chaque coin de rue de tomber nez contre guidon avec une trottinette électrique. « C’est arrivé à un ami. Le type sur la trottinette n’a pas fait attention en tournant » raconte-t-il, avant de trancher : « On devrait interdire leur usage en ville, tout simplement ».

Christiane, elle, n’est pas aussi catégorique. Si la retraitée reproche aux “trottinettistes” des comportements pouvant mettre en danger « les personnes âgées et les jeunes enfants », instaurer des règles claires quant aux « devoir de sécurité » des trottinettes lui semble être l’objectif le plus pressant. Avec en premier lieu l’interdiction de rouler sur les rues piétonnes, et, surtout, « l’obligation du port du casque » pour tous les usagers.

 

Capture d’écran 2018-10-11 à 17.25.06

 

 

Axelle Bouschon