La réalité des hackers derrière les clichés

Des hommes blancs, autodidactes, en sweat à capuche noir, en permanence derrière un écran, asociaux, travaillant depuis une chambre qu’ils quittent le moins possible, capables de pirater une banque en trois clics… La représentation des hackers dans les médias ou la fiction est en fait bien loin de la réalité.

Mr.Robot est une série américaine produite par USA Network et diffusée depuis 2015. (Flickr)

La quatrième saison de la série Mr.Robot a débuté le 6 octobre aux États-Unis. On y retrouve Elliot Alderson, officiellement ingénieur en cybersécurité, officieusement hacker hors pair. C’est un personnage déséquilibré, dépressif, paranoïaque, en marge de la société et très isolé. Il est toujours vêtu d’un sweat noir, capuche vissée sur la tête. En ce sens, Elliot correspond beaucoup à l’image du hacker telle qu’on la voit dépeinte dans les médias ou la fiction.

Néanmoins, le créateur de la série, Sam Esmail, a porté une attention toute particulière à la mise en scène des outils informatiques. Elliot utilise des techniques informatiques réelles et de vraies commandes dans ses lignes de code. “J’utilise les même dans mon travail” lance Jules, consultant en sécurité informatique. Les méthodes de Mr.Robot sont crédibles et les explications logiques : cette représentation est “plus juste que ce que l’on peut habituellement voir à la téléestime Edward Snowden, l’informaticien lanceur d’alerte à l’origine des Wikileaks.

Dans Mr.Robot, Elliot n’est pas toujours armé de bonnes intentions. D’ailleurs, la fiction et les médias associent souvent les hackers aux pirates qui mènent des activités criminelles. En plus, il y a un côté un peu mystique dans l’image qu’on dépeint du hacker. De par sa supposée personnalité, mais aussi à cause des outils qu’il utilise :

“Dans l’imaginaire collectif, c’est un peu un Robin des bois qui se défie de la loi et de l’ordre. C’est une figure romantique de l’anti-héros, du rebelle. D’autant qu’il fait des choses un peu obscures, il utilise des outils que monsieur Tout-le-monde ne sait pas utiliser” explique Agar, rédacteur en chef du magazine spécialisé Canard PC.

Il suffit d’ailleurs de taper le mot-clé “hacker” dans une banque d’image pour avoir une idée de l’image qu’il véhicule.

Capture d’écran des résultats de recherche pour le mot « hacker » sur la banque d’image Shutterstock.

Pourtant, “un hacker ce n’est pas forcément quelqu’un qui fait des attaques informatiques” précise Jules. “Hacker un système, c’est juste arriver à comprendre comment son code est fait” insiste le jeune informaticien. La suite dépend de son objectif !

Ce sont juste des gens qui bidouillent des objets” 

Selon lui, les hackers sont bien trop souvent caricaturés, que ce soit dans les médias, le cinéma ou les séries. “On les voit comme étant nocifs, méchants, mais ce sont juste des gens qui bidouillent des objets… Ça peut être positif” précise-t-il.

Il existe trois catégories, trois “chapeaux” pour désigner les hackers : les blancs, les gris et les noirs. Les “black-hats” sont ceux qui hackent avec une intention criminelle. À l’inverse, les “white-hats” assurent la sécurité et ne profitent jamais des vulnérabilités qu’ils trouvent. Enfin, les “grey-hats” oscillent entre les deux catégories et sont parfois des activistes. Ces termes renvoient en fait aux westerns dans lesquels le chapeau noir était l’apanage du “méchant” alors que le blanc était celui du “gentil”.

Il y a, surtout dans les films, cette idée selon laquelle le hacker est un génie absolu de l’informatique” analyse Agar. En fait, pour les “black-hats”, la majeure partie du hacking consiste à faire du social engineering, c’est à dire à se jouer des failles humaines. Dans ce cas, il ne s’agit plus de s’en prendre au système informatique, mais de manipuler l’utilisateur pour le mettre en confiance et récupérer des informations.

Souvent, dans la fiction, le hacker est un jeune autodidacte. Dans la vraie vie, nombre d’entre eux sont en fait ingénieurs en informatique. L’ancien hacker Ian Reynolds confie au Guardian qu’il n’y a pas de profil-type : “Pour le social engineering par exemple, la personnalité idéale est quelqu’un d’avenant, capable de pousser les utilisateurs à faire une tâche ou dévoiler leurs identifiants et mots de passe”. Bien loin du cliché du garçon asocial et désaxé.

Les retraités réclament une augmentation de leurs pensions

Plusieurs centaines de personnes ont défilé à Paris, de Montparnasse aux Invalides, pour demander une augmentation des pensions et l’annulation totale de la hausse de la CSG pour tous les retraités.

« Augmentation des pensions, droit à la santé et aux loisirs ». C’est le message qu’on pouvait lire sur les pancartes des manifestants en début d’après-midi, dans le quartier Montparnasse à Paris. Sous une pluie battante, les retraités étaient dans la rue, parapluie à la main, pour faire entendre leurs revendications. A savoir : l’augmentation des pensions et la suppression de la hausse de la CSG. 

En milieu de cortège, Martine Soret fait part de ses inquiétudes. A 70 ans, cette ancienne secrétaire indique toucher 560 euros de retraite par mois. « Heureusement que mes deux enfants m’aident à payer les factures », témoigne cette adhérente à la CGT et au Parti communiste.

Si le montant de sa pension est faible, c’est parce que Martine Soret a cotisé pendant 20 ans, au lieu de 43 pour avoir une retraite à taux plein. Selon elle, le gouvernement devrait augmenter les retraites, gelées depuis plusieurs années.

Revaloriser les salaires

Casquette CGT sur la tête et banderoles à la main, Martine Soret n’a pas manqué une seule manifestation depuis 1968. Elle aimerait par ailleurs bénéficier d’une retraite minimale à 1000 euros par mois. Une option envisagée par Emmanuel Macron, mais seulement pour les carrières complètes.

Pour Didier Le Reste, conseiller PCF de Paris, il faut agir en revalorisant les salaires des actifs, car ce sont eux qui payent les cotisations sociales, et donc les pensions de retraite. Selon lui, le gouvernement doit abandonner le système à points, car « il va faire baisser le niveau des pensions ». Puis de conclure : « Il faut s’opposer à cette réforme, qui en réalité concerne tous les retraités ».

Alexandre Cool

La « rébellion » des militants écologistes continue à Paris

Depuis lundi 7 octobre, les militants du collectif « Extinction Rébellion » occupent la place du Châtelet en plein cœur de Paris. Ils se sont associés avec de nombreuses associations écologistes pour organiser une semaine de mobilisation ancrée dans l’esprit de la désobéissance civile.  Le temps du débat est dépassé, il s’agit maintenant pour ces militants de prendre les commandes.

 

 

De nombreuses tentes ont étés installés à même le sol sur le carrefour de la place du Châtelet. / Crédit : Thomas Coulom

Paul Feutra, 19 ans, est l’un de ces militants. Étudiant en design à Toulouse, il sèche les cours toute la semaine pour suivre “Extinction Rébellion” et occuper la place du Châtelet.

Paul Feutra, étudiant Toulousain venu à Paris occuper la place du Châtelet.
/crédit : Thomas Coulom

Assis à l’abri sous une bâche il raconte : “ C’est un truc de fou ce qu’on vit ici. J’ai fait le déplacement dimanche avec un ami, j’avais prévu de rester seulement lundi et mardi mais maintenant que je suis là, je veux occuper la place toute la semaine.  C’est ma première vraie action militante. J’étais sensibilisé à la question mais c’est vraiment “Extinction Rébellion” qui m’a interpelé. Notamment le fait qu’ils soient radicaux et non-violents. Mon but c’est de tenir toute la semaine ici”, argue le jeune homme tout sourire.

Lundi 7 octobre, il participait à une action nommée “le plastique nous intoxique” organisée par le collectif écologiste. Accompagné de plusieurs militants ils ont proposé aux clients d’un supermarché avoisinant de troquer leurs emballages plastiques contre des bocaux et des sacs en tissus. Ils prévoient de stocker ces déchets dans de grands filets de pêche puis de les renverser sur un des “lieux de pouvoir” de Paris. Interrogé sur les conditions de vie sur le campement éphémère, le toulousain se remémore une nuit difficile : “J’ai somnolé une heure à peu près, dormir comme ça dans la rue, surtout avec la pluie c’est difficile… Mais l’ambiance générale fait que ça passe. J’ai rencontré beaucoup de monde avec qui je sympathise depuis hier.”

Urgence climatique

“On est plus chauds, chauds, chauds que le climat !” Malgré la pluie, les militants du collectif écologiste “Extinction Rébellion” chantent en chœur et tentent de se réchauffer sous les bâches. Ils sont plusieurs centaines à continuer d’occuper ce mardi 8 octobre la place du Châtelet à Paris. La veille, ils dormaient dans des tentes aux abords des points stratégiques de blocage. Extinction Rébellion se définit comme un “mouvement international de désobéissance civile non-violente.” Leur but : “opérer un changement radical afin de minimiser le risque d’effondrement écologique.” Avec cette action ils espère faire entendre leurs voix et sensibiliser le public aux risques liés au réchauffement climatique. Toutes les causes écologistes sont les bienvenues, mais les militants ne visent pas un point de tension en particulier. Il s’agit surtout pour eux de communiquer sur « l’urgence » et la « nécessité » d’agir rapidement pour le climat.

Des militants tendent la corde qui maintient en place les bâches ou s’abritent les manifestants. / Crédit : Thomas Coulom

Une cause universelle

Si la mobilisation touche en majorité les plus jeunes, toutes les tranches d’âge sont présentes place du Châtelet. Hélène Clavereul, 40 ans, formatrice dans le domaine médico-social n’a pas hésité à “poser des jours de congés pour être présente aujourd’hui.” Une habitude qu’elle a prise depuis longtemps : “Ce n’est pas la première fois que je milite contrairement à beaucoup qui sont présents ici. La cause du climat est tellement importante qu’il ne faut pas hésiter à joindre des actions comme celles-ci.” Elle voit dans l’occupation pacifique d’”Extinction Rébellion”, une filiation avec les actions de “Nuit Debout” et des “Indignés” : “Sur certains points on est assez similaires, notamment de par nos organisations en assemblées citoyennes. On remet en question la démocratie aujourd’hui.”

 

Un militant prend la parole lors de l’assemblée générale du mouvement / Crédit : Thomas Coulom

Sur l’ensemble des points de blocages les militants s’organisent en assemblée pour proposer des actions diverses. Au programme, ateliers de cuisine ou encore formations juridiques avec la “legal team” (équipe juridique) du mouvement. Les militants précisent aussi leurs actions pour les journées à venir. Jeudi 10 octobre, le collectif organisera un nouveau blocage non violent en soutien aux migrants. Vendredi 11 octobre, ils entendent défiler à vélo sur les routes de la capitale pour freiner le trafic, symbolisant pour eux la consommation effrénée de nos sociétés. Les prises de parole se succèdent, chacun y va de sa petite idée, un militant blagueur propose de “créer une cagnotte pour acheter des lunettes à Ségolène Royale” en référence à sa prise de parole au micro de France-Inter dans laquelle elle demandait à ce que l’on “réprime très rapidement” le mouvement “Extinction Rébellion.” Les militants souhaitent apparemment par là lui rappeler le fondement non-violent du groupe.

Une action qui ne fait pas consensus

Dans le quartier, tous ne partagent pas les convictions de ces militants. Thomas est restaurateur place du Châtelet. Excédé par le blocage des militants il s’interroge sur le fondement de leurs actions : “J’aimerais bien voir comment ces gens agissent pour l’environnement au quotidien. Je suis actif personnellement, je m’approvisionne uniquement en circuit court et je choisis moi-même mes produits. C’est une cause importante mais il y a d’autres manières de faire que d’emmerder les gens.” Pour le restaurateur qui a fermé boutique le temps des blocages, il faudrait : “viser les vrais responsables et pas les gens qui travaillent. Pourquoi ils vont pas devant l’assemblée nationale?”

Ces “gens qui travaillent”, la gérante du kiosque de place du Châtelet en fait partie. Elle a fait le choix de rester ouverte, alors qu’elle réside au centre des points de blocage. “ça affecte mon commerce, c’est une certitude mais je suis d’accord avec ces actions. Je les voit de manière positive mais j’espère surtout qu’elles seront suivies par des actes politiques.”

Des actions sont prévues tout au long de la semaine à Paris, mais aussi simultanément dans d’autres grandes villes du monde comme Sydney, New York ou encore Londres. Les responsables du mouvement “Extinction Rébellion” parlent de plus de 700 militants déjà arrêtés dans le monde suite aux actions de blocages autour du globe.

Thomas Coulom

Manifestation des travailleurs en Ehpad : « On n’en peut plus »

Presque deux ans après le mouvement de grève national dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, la grogne persiste chez le personnel.

 

Les travailleurs dans les Ehpad et aides à domicile manifestaient ce matin devant le ministère de la Santé. Ils réclament une hausse des salaires, et l’ouverture de 40.000 postes sur tout le territoire. (Crédit : Alice Ancelin/CELSA)

 

Ils étaient une centaine à se mobiliser ce mardi matin devant le ministère de la Santé. Syndicats, directeurs d’Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), aides-soignant(e)s, et aides à domicile réclament au gouvernement plus de moyens financiers et humains. Une mobilisation qui s’inscrit dans un mouvement de grève nationale de tous les travailleurs du « grand âge » aux quatre coins du pays. « Depuis près de deux ans, on tire la sonnette d’alarme concernant la prise en charge des personnes âgées, à domicile et en établissements, et le gouvernement reste sourd à notre demande, constate Jean-Paul Zerbib, représentant national de la CFE-CGC sur cette problématique. L’urgence, c’est la création de postes. »

Pourtant, la semaine dernière, le ministère d’Agnès Buzyn annonçait dans son Projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2020 (PLFSS) la création de 5.200 postes en Ehpad sur tout le territoire, ainsi qu’une enveloppe de 50 millions d’euros pour les aides à domicile. Des mesures largement jugées « insuffisantes » par l’intersyndicale, qui réclame la création de 40.000 postes, soit l’équivalent « d’une ou deux personnes de plus par établissement en France », selon Jean-Paul Zerbib. 

 

Un ratio de 6 soignants pour 10 résidents

S’ils réclament l’ouverture de postes, les manifestants interpellent aussi le gouvernement sur la nécessité de rendre attractif un corps de métier aujourd’hui à bout de souffle. « Et l’attractivité, ça passe par l’augmentation des salaires, c’est la première chose à faire si l’on veut que les choses évoluent, affirme Eric Fregona, directeur adjoint de l’AD-PA (Association des Directeurs au service des Personnes Âgées). En France, on a un ratio de 6 aides-soignants pour 10 résidents. Alors que pour s’occuper d’eux dignement, il en faudrait 8, minimum ».

Un manque de personnel que constate aussi Roger, résident de 81 ans à l’Ehpad de Saint-Maur-les-Fossés (94). « Il ne sont pas assez, c’est terrible, assure-t-il. Moi ça va, je suis encore assez autonome. Mais ce qui me chagrine, ce sont ceux en fauteuil, les plus dépendants, qui ne sont pas très bien assistés ». Mais Roger ne blâme pas pour autant les soignants. « La preuve, je suis venu manifester avec eux aujourd’hui, et je les soutiens totalement », souligne-t-il, bras dessus bras dessous avec une des aides-soignantes de son Ehpad. 

 

Martine,aide-soignante dans un Ehpad du Val-d’Oise : « J’ai l’impression de mal faire mon travail » (Crédit : Alice Ancelin/CELSA)

 

“On perd notre vocation”

 

Martine travaille dans un Ehpad du Val-d’Oise depuis près de 20 ans. « On fait tout vite : les toilettes, les repas, le coucher. C’est l’usine. Et c’est épuisant, on perd notre vocation, avoue-t-elle. J’ai 48 ans, et j’ai déjà été arrêté plusieurs fois pour des problèmes de dos à force de courir partout tout le temps ». Comme elle, nombreux sont les travailleurs en Ehpad qui ont des accidents de travail, et les arrêts à rallonge sont réguliers. « J’ai une collègue qui a fait un burn-out l’année dernière », ajoute Martine. Certains vont même jusqu’à quitter leur emploi, pour se reconvertir. « Les soignants sont en réelle souffrance, appuie Karine Halgrain, membre du syndicat UNSA Santé. Ils sortent des écoles avec une certaine éthique, mais sur le terrain ils n’arrivent pas à appliquer ce qu’on leur prodigue en formation ». Un avis que confirme Martine : « j’adore mon métier, mais j’ai l’impression de mal faire mon travail ».

Le Ministère de la Santé reste pour l’instant inactif face aux revendications des travailleurs en Ehpad et aides à domicile. « Un dialogue est installé, mais on nous répète qu’il n’y a pas d’argent, déplore Karine Halgrain. Jusqu’où devra-t-on aller pour se faire entendre ? ».

 

Alice Ancelin