Procès du 13-Novembre : la médecine légale à la barre

Ce jeudi, se tient le onzième jour du procès des attentats du 13-Novembre. Au programme, le témoignage du professeur Bertrand Ludes de l’institut médico-légal (IML) de Paris, vivement critiqué pour sa gestion du processus d’identification des victimes.

Le témoin d’un cafouillage médical se tiendra à la barre, ce jeudi, à 12 h 30, en cette onzième journée du procès des attentats du 13-Novembre. Après l’ancien patron de la BRI, mercredi, Bertrand Ludes, professeur à l’institut médico-légal de Paris, détaillera le processus d’identification des victimes dont ses équipes ont eu la responsabilité en 2015. Un processus jugé inefficace par les proches des défunts.

Le Dr Georges Salines, également président de l’association 13 Novembre : Fraternité et Vérité, en sait quelque chose : il apprend le décès de sa fille via des proches, qui l’ont eux-mêmes lu sur Twitter. Ce couac est d’autant plus surprenant que, dès le 14 novembre, et fortes de son expérience lors des attentats de janvier 2015, les autorités judiciaires sont pleinement mobilisées. Un double objectif : identifier au plus vite le corps des victimes et, ensuite, prévenir la famille.

La gendarmerie nationale ignorée

Dans cet objectif, l’identification des corps est centralisée à l’institut médico-légal de Paris pour faciliter les démarches. Cette décision, bien que justifiée par ses « capacités humaines et matérielles », comme le confie le professeur Ludes, en 2016, dans La Revue de la médecine légale, n’en est pas moins encore aujourd’hui critiquée. Car si l’IML dispose « d’une chambre froide permettant d’accueillir jusqu’à 200 corps », elle ne possède en revanche que trois tables d’autopsie.

L’Institut de Recherches criminelles de la gendarmerie nationale de Pontoise, mieux pourvu en matériels, est curieusement négligé. A la place, décision est prise de ne pas pratiquer d’autopsies sur tous les corps : les victimes sans aucune identité présumée ou décédées à l’hôpital sont, notamment, privilégiées. Les autres ne feront l’objet que « d’examens externes approfondis ». Le professeur Bertrand Ludes devra faire la lumière sur le processus d’identification des victimes afin de déterminer si, oui ou non, des corps auraient pu être identifiés plus rapidement.

L’Éducation Nationale en grève pour de meilleures conditions de travail

Alors que la rentrée des classes a eu lieu il y a à peine trois semaines, les enseignants du primaire et du secondaire sont appelés à la grève le 23 septembre partout en France. Leurs revendications : une meilleure protection contre l’épidémie dans les écoles, une hausse des effectifs et une revalorisation des salaires.

Il y a un véritable « déni de réalité » de la part du gouvernement. Quatre syndicats, CGT, FO, FSU et Sud Education, ont lancé un appel national à la grève ce jeudi 23 septembre. Les cortèges défileront dans l’après-midi partout en France pour dénoncer, entre autres, le manque de personnel dans les établissements scolaires et l’impréparation critique face au coronavirus lors de la rentrée de septembre 2021.

« Nos organisations appellent la profession à se mobiliser afin d’exiger un plan d’urgence pour le service public d’Éducation » ont écrit conjointement les syndicats dans un communiqué d’appel à la grève. D’après eux, le système éducatif manque à la fois cruellement de moyens et de mains parmi les métiers comme professeurs, CPE ou encore surveillants.

Hausse des salaires

Une des revendications centrales qui sera défendue lors de cette journée de mobilisation : la revalorisation des salaires. Un sujet très discuté dernièrement dans l’actualité, alors que la candidate du Parti Socialiste à la présidentielle 2022, Anne Hidalgo, a proposé le doublement des salaires des jeunes professeurs.

Le salaire moyen des enseignants en France se situe en effet dans la moyenne basse des pays de l’Union européenne et des Etats de l’OCDE. Après quinze ans d’expérience, les enseignants du primaire et secondaire touchent en moyenne 35 000 euros par an, ce qui fait de la France le 21ème pays de l’OCDE sur ce critère. De son côté, Jean-Michel Blanquer a fixé pour objectif qu’aucun professeur ne gagne moins de 2000 euros par mois d’ici 2024.

Lutte contre l’épidémie

Les syndicats appellent également le gouvernement à mieux les protéger dans l’exercice de leur métier. Depuis le début de la crise sanitaire, les écoles sont restées très majoritairement ouvertes sur le territoire, exposant de fait les salariés de l’Éducation nationale au virus de manière importante. D’autant que la couverture vaccinale des jeunes de moins de 18 ans en France est encore relativement faible à l’heure actuelle.

Certes, les syndicats se réjouissent « que les élèves bénéficient sans rupture de la socialisation et de l’enseignement-apprentissage dans un cadre scolaire non virtuel » , peut-on lire dans le communiqué de la CGT. Mais pour autant, ils réclament des protections sanitaires supplémentaires : « capteurs de CO2, purificateurs d’air, masques FFP2, masques gratuits pour les élèves, matériel de protection spécifique pour les AESH, campagnes de test dans les écoles et établissements ».

Maintien du baccalauréat

Autre revendication : celui du maintien du baccalauréat en tant qu’examen. Cela fait deux années consécutives, en juin 2020 et juin 2021, que l’examen du baccalauréat n’a pas lieu de manière conventionnelle, mais en grande partie par contrôle continu.

Les syndicats réclament la fin de la généralisation du contrôle continu comme évaluation des terminales pour valider leur bac. Ils veulent, en outre, le retour des épreuves nationales en présentiel et anonymes.

 

Joséphine Boone

5 questions pour comprendre les enjeux du budget 2022

Le projet de loi finance 2022 entre mercredi au Conseil des ministres. Un passage obligé qui annonce des négociations houleuses : le gouvernement est accusé de toute part de dépenser à tour de bras. En parallèle, les solutions qu’il propose pour compenser le déficit laissent planer le doute dans la sphère politique.

Un avant-goût prononcé de la campagne présidentielle. Le projet de loi de finances publiques (PLF) a fait son entrée mercredi en discussion au Conseil des Ministres. Cette loi détermine comment le gouvernement prévoit de financer ses dépenses en 2022. Elle doit ensuite être approuvée par les parlementaires.

Le gouvernement de Jean Castex est déjà très critiqué sur le sujet. Il prévoit un déficit à hauteur de 4,8 % sur l’année prochaine. Cependant, cette estimation ne comprend pas le revenu d’engagement jeunes, ni le plan d’investissement « France 2030 » promis par le président Emmanuel Macron, qui devrait coûter entre 20 et 30 milliards d’euros. Un panier percé, donc.

Le Ministre de l’Economie Bruno Le Maire a expliqué de son côté qu’il n’y aurait « pas de hausse d’impôts » pour compenser l’augmentation des dépenses de l’Etat. En attendant cette proposition de loi, la majorité est vertement critiquée à droite comme à gauche. Alors comment l’Etat compte-t-il financer son budget 2022 ?

  • Le PLF, qu’est-ce que c’est ?

Le projet de loi de finances est voté chaque année à l’automne par les parlementaires. Il passe d’abord en Conseil des ministres, puis il est présenté devant l’Assemblée Nationale et le Sénat pour être amendé et approuvé.

Concrètement, il permet au gouvernement d’expliquer point par point les recettes et les dépenses de l’Etat pour l’année suivante. Ces dépenses concernent par exemple les aides aux entreprises, les primes pour différents secteurs, ou encore les dépenses de santé et de justice.

Chacune des dépenses listées doit – en théorie – être compensée par des revenus pour obtenir l’équilibre budgétaire. En pratique, cela fait depuis 1974 que l’Etat français présente un déficit budgétaire. Ce déficit s’est fortement aggravé avec la crise du covid.

  • Pourquoi le budget est-il hautement politique ?

Le PLF 2022 crispe les opinions, à seulement six mois de l’élection présidentielle. Alors que le Président Emmanuel Macron n’est pas en campagne officielle, de nombreuses figures politiques lui reprochent d’utiliser les dépenses publiques pour séduire les électeurs. A l’instar d’Alexis Corbière, député de Seine Saint-Denis et porte-parole de Jean-Luc Mélenchon.

A droite, le Président est fustigé pour des dépenses excessives et une hausse de la dette sans précédent. Une critique classique chez cette frange politique. Xavier Bertrand, candidat à droite pour l’élection présidentielle, a publié mercredi une tribune dans les Echos, intitulée « Emmanuel Macron est le Président de la dette », exprimant lui aussi son opposition au prolongement du « quoi qu’il en coûte » d’Emmanuel Macron.

  • Comment l’Etat finance-t-il ses dépenses ?

Il existe de nombreuses manières pour l’Etat de financer ses dépenses. Cela passe notamment par les taxes sur la consommation, comme la TVA, qui s’applique à l’ensemble de la population. Il engrange aussi des revenus par d’autres activités, notamment ses entreprises nationales, ses infrastructures ou encore par les impôts sur le capital et les impôts sur le revenu. Cette dernière catégorie est la plus importance ressource budgétaire en France.

Dans le PLF 2022, le gouvernement expose différents axes de hausse des dépenses. 1,7 milliard d’euros supplémentaires pour la Défense, 1,7 milliard d’euros pour l’Éducation, 1,4 milliard d’euros pour le Ministère de l’Intérieur. Autant de pôles coûteux qui maintiennent un taux de déficit élevé : les oppositions se demandent où l’Etat trouvera l’argent pour financer ces projets.

  • Peut-on financer le budget de l’Etat sans augmenter les impôts ?

Le Ministre de l’Economie, des finances et de la relance, Bruno Le Maire, a bien insisté sur le fait qu’il ne souhaitait pas une hausse des impôts pour les Français. Il s’est targué d’avoir, depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron en 2017, baissé les impôts de 50 milliards d’euros. En 2017, le taux de prélèvement obligatoire s’élevait à 45,1 % ; il sera en 2022 d’environ 43,5 % d’après le projet de loi.

Lorsque l’Etat ne récolte pas assez de moyens pour financer ses dépenses, ce qui est le cas tous les ans, il doit contracter de la dette. Cependant, la dette de la France a explosé avec la crise sanitaire et le gouvernement a lui-même expliqué vouloir amortir le poids de l’endettement une fois la crise passée.

  • Sans hausse d’impôts, que propose le gouvernement pour financer le budget ?

Mécaniquement, si le taux de prélèvement est plus bas en 2022, le gouvernement doit trouver des ressources pour financer ses dépenses supplémentaires.

Le gouvernement met particulièrement en valeur une solution pour compenser les dépenses en 2022 : la relance. D’après le PLF 2022, l’activité économique, repartie à la hausse grâce au plan de relance, permettra à l’Etat de récolter davantage de recettes fiscales sur l’activité des entreprises cette année et l’année prochaine. L’Insée planche sur une croissance de 6 % sur l’année 2021 et de 4 % en 2022.

Mais le Haut Conseil des finances publiques, chargé d’examiner le projet de finances avant son arrivée au Conseil des Ministres, a noté des manquements. Il reproche au gouvernement un plan auquel il manque des éléments majeurs pour l’évaluer en toute connaissance de cause.

 

Joséphine Boone

Au Printemps Haussmann, grande première pour la seconde main

Le dernier étage du Printemps Haussmann, 1300 m2 dédiés à la seconde main.

Plus écologique, plus économique, mais pas moins branché, le vintage a conquis nos dressings et nos fils d’actualité Instagram. Aujourd’hui, 1300 m2 d’un grand magasin parisien, le Printemps Haussmann, lui sont dédiés. On y trouve un public amateur de belles pièces à prix cassés … mais pas données ! Découvrons ensemble cette friperie de luxe, sobrement appelée “7ème Ciel”.

Première matinée d’ouverture au public pour le nouvel étage du Printemps Haussmann (Paris 9ème), entièrement dédié à la mode de seconde main. Après plusieurs mois de travaux, on peut enfin découvrir les 1300 m2 du projet “7ème ciel”. Situé en haut du bâtiment, cet ancien auditorium a été réaménagé en deux pièces : une grande friperie de luxe, le “Pont d’Argent”, ainsi qu’un espace accueillant une dizaine de stands de marques éco-responsables (la “Coupole Binet »). Prix d’entrée de gamme au « Pont d’Argent » : 250 euros pour un accessoire.

“Ce ne sont que des pièces “coup de coeur””

Entre midi et deux, les premiers clients affluent déjà. Parmi eux, Zineb Drissi, cadre bancaire et déjà adepte de la seconde main, a profité de sa pause déjeuner pour découvrir ce nouvel espace. Une fourrure Chloé sur les épaules, elle semble conquise par le concept … mais repartira les mains vides : “si j’avais 800 euros, je la prendrais”, explique-t-elle. 

Et on la comprend ! Le “7ème Ciel” n’est pas une friperie classique où vous dénicherez un sweat-shirt des Lakers à cinq euros, une jupe en cuir à dix ou une salopette en velours à vingt euros. Le standing du Printemps oblige, le luxe s’allie ici avec l’économie circulaire. Sac Fendi à 580 euros, veste Yves Saint Laurent à 750 euros : “vous ne trouverez que des pièces coups de coeur”, justifie une vendeuse auprès de Zineb Drissi. 

En effet, chaque pièce vendue – “exposée” a-t-on envie d’écrire – au “Pont d’Argent” a été triée sur le volet. Parmi les élus, on trouve par exemple un sac Gucci de 1984 à 590 euros. Une pièce de collection d’après l’un des sélectionneurs, qui en extirpe même un mini-catalogue d’époque. 

Malgré un panier moyen élevé, le client – et la planète – restent gagnants : des prix deux à trois fois moins cher que le neuf, et un impact écologique réduit. Un argument de taille lorsque l’on sait que l’industrie de la mode est la deuxième plus polluante, après celle du pétrole. 

Coup de projecteur sur la mode responsable 

Si les passages en caisse se font rare sous le “Pont d’Argent”, à la « Coupole Binet », plus chaleureuse et plus intimiste, les clients semblent plus facilement tentés. Et pour cause : ici, on trouve des corners de marques exclusivement de seconde main, aux prix nécessairement plus doux. Exemple chez Bonâge, marque pour enfants : on y trouve un blazer Bonpoint à 28 euros, une cape métallisée Petit Bateau à 20 euros.

Ce sont les prix que je retrouve sur Vinted” confirme la maman d’une petite fille de 5 ans, séduite par le 7 ème Ciel. Cette récente experte de la slow fashion (la “mode lente”, par opposition à la surconsommation) a découvert les applications de seconde main pendant le confinement. Elle se réjouit de voir aujourd’hui ses articles coups de cœur se matérialiser sur des portants. “Je trouve plus facilement ce que je cherche, et je peux attester par moi-même de la qualité”. Plus de risque, en effet, d’être dupé par un “Très bon état” un peu idéaliste, les clients peuvent tâter, lisser, soupeser à souhait avant d’acheter.

Et ce au plus grand bonheur de jeunes marques de seconde main, jusqu’alors exclusivement sur internet ou dans des boutiques éphémères. Sophie Actis, la fondatrice de Bonâge, a déjà réalisé plus de dix ventes depuis ce matin. “Et j’aurais pu en faire plus si je n’avais pas à courir en réserve toutes les deux minutes !” lance-t-elle, presque essoufflée. “C’est un véritable lieu de prestige, un atout pour ma communication” ajoute-elle en balayant la pièce de la main, des étoiles dans les yeux. Face au succès, la fondatrice prévoit de recruter au moins une personne à temps plein. 

Eléana Bonnasse