Rénovation de la Gare du Nord : l’origine d’un fiasco

La SNCF a mis fin, mardi 21 septembre, au projet de rénovation de la Gare du Nord, porté notamment par Ceetrus, une filiale d’Auchan. Loin de faire l’unanimité, le projet était critiqué de toutes parts. En cause, son coût exorbitant et sa logique marchande.

Lorsqu’elle est missionnée par la mairie de Paris, en janvier 2020, pour examiner le projet de rénovation de la Gare du Nord, l’architecte Caroline Poulin n’en revient pas. « Un projet avec aussi peu de qualités, à ce point-là, c’est rare ! ». La nouvelle de l’annulation du contrat géant passé entre SNCF Gare et Connexions et Ceetrus, filière d’Auchan, est donc, selon elle, une « très bonne » nouvelle.

Aujourd’hui mal aimé, le « StatioNord » – le nom du projet de rénovation made by Auchan – n’en était pas moins prometteur lorsque les travaux ont été lancés, en juillet 2020. Un budget ne dépassant pas les 500 millions d’euros, entre 175 et 180 nouveaux commerces, une inauguration juste à temps pour la Coupe de Monde de rugby de 2023 et les Jeux Olympiques de Paris en 2024. Un véritable relooking à la hauteur de la première gare d’Europe.

Une rénovation à 1,5 milliard d’euros

Un an et demi plus tard, la désillusion est totale : une facture s’élevant à 1,5 milliard d’euros, des riverains mécontents, une inauguration prévue… pour 2030. Plus qu’un fiasco, le projet StatioNord était, dès son origine, mal pensé. Serge Rémy, président de l’association Retrouvons le nord de la gare du Nord, opposée au projet dès sa création, le sait bien : « Nous avons toujours dit qu’il fallait rénover cette gare, mais pas la changer en centre commercial ! ».

A l’origine du coût exhorbitant, selon lui, le contrat passé avec la filiale d’Auchan et la logique marchande du projet. « Pourquoi un géant de la distribution se chargerait de la rénovation d’une gare ? », questionne Serge Rémy. « C’est l’Etat qui a dit qu’il ne verserait pas un sous dans la rénovation de la gare. La SNCF est donc allée chercher Auchan pour trouver de l’argent ».

« Qui va à la gare pour acheter des pantalons ? »

Résultat : une rénovation taillée sur mesure pour les intérêts marchands de la grande surface. Et un parcours jonché de commerces, retardant de trois à quatre minutes le temps de trajet pour les usagers. « Qui va à la gare pour acheter des pantalons ? », s’emporte le président de l’association. « Il y a effectivement une logique aéroportuaire », admet Caroline Poulin, se référant à la multiplication des magasins de luxe dans les aéroports, où les voyageurs ont l’habitude d’attendre plusieurs heures avant d’embarquer.

Le centre commercial prévu par StatioNord, au-delà de doper le coût du projet, obérait le patrimoine de la Gare du Nord. « La gare historique n’était plus qu’une sortie, puisque l’entrée se faisait par le faubourg Saint-Denis », analyse Caroline Poulin. Un gâchis, comme le rappelle Serge Rémy : « On vient du monde entier pour voir les gares parisiennes ! ».

Un manque de transparence

Comment expliquer un tel échec, à la fois économique, logistique et patrimonial ? Il est le fait d’un « manque de transparence démocratique », diagnostique le président de l’association, pour qui un tel projet « ne peut se décider dans le secret d’un cabinet ministériel, de la direction de la SNCF ou de la mairie de Paris ». Aussi propose-t-il d’inclure tous les acteurs concernés, « usagers et commerçants locaux compris », pour un projet « sobre ».

Sobriété budgétaire avant tout, admet Serge Rémy, pour qui la Gare du Nord « peut être rénovée à hauteur de 200 millions d’euros seulement ». Loin des 50 millions du nouveau projet que le gouvernement vient tout juste de demander à la SNCF, ce mercredi, après l’annulation. Un montant qui, de l’aveu de Caroline Poulin, ne peut garantir qu’un modeste ravalement de façade à la gare parisienne. Le changement de « structuration » en profondeur, dont rêve l’architecte et que l’association appelle de ses vœux, devra encore attendre.

 

 

Elections fédérales allemandes : comment fonctionne le mode de scrutin ?

Scrutin uninominal ou proportionnel, coalition des partis, élection du chancelier… On vous explique comment marchent les élections fédérales en Allemagne qui auront lieu le 26 septembre prochain.

© Maheshkumar Painam

Angela Merkel s’apprête à tirer sa révérence après seize années passées à la tête de l’Allemagne. Le 26 septembre prochain, les Allemands se rendront donc aux urnes pour élire un nouveau chancelier ou une nouvelle chancelière à la tête de leur pays ainsi que de nouveaux députés. Mais, comment ça marche, les élections allemandes ? Explications.

Commençons par les bases. La République fédérale d’Allemagne est un Etat organisé en démocratie parlementaire et composé de 16 Länder, c’est-à-dire des Etats fédéraux. Le pays est ainsi dirigé par un chancelier fédéral. Le pouvoir législatif outre-Rhin est, comme en France, exercé par deux assemblées : le Bundesrat et le Bundestag.

Pour qui s’apprêtent à voter les électeurs en Allemagne ? Ils éliront dimanche les députés du Bundestag, l’équivalent de l’Assemblée nationale en France, pour une législature de quatre ans au scrutin uninominal et proportionnel par compensation. Was ?

Deux voix pour un bulletin

Les législatives allemandes, c’est deux voix pour un bulletin : le jour du scrutin, l’électeur allemand coche donc deux cases. Dans la colonne de gauche, il doit choisir un candidat qui se présente dans sa circonscription. Celui qui arrive en tête remporte nécessairement un siège au Parlement fédéral, le Bundestag, donc. C’est la moitié des représentants allemands qui sont élus par cette voix, dite majoritaire.

Colonne de droite à présent : avec sa seconde voix, l’électeur vote cette fois-ci pour le parti de son choix avec une liste prédéfinie. Il s’agit de la même pour tout le pays. La tête de file est alors appelée à devenir chancelier ou chancelière et c’est une règle de proportionnalité qui détermine la part de sièges qui revient à chaque parti. Achtung : seuls les partis obtenant plus de 5% des suffrages à l’échelle nationale peuvent faire entrer leurs députés au Bundestag.

Coalition nécessaire

Pour gouverner, un parti doit nécessairement avoir plus de la moitié des sièges au Parlement. Mais le mode de scrutin allemand rend la chose improbable : c’est pour cela que les partis arrivés en tête des élections doivent s’allier avec un ou plusieurs autres partis. C’est ce qu’on appelle une coalition.

Les partis politiques allemands ont deux mois pour parvenir à s’entendre à compter de la date des élections. S’ils n’y parviennent pas, les élections sont annulées, s’ensuivent alors de nouvelles élections. Lorsqu’ils y arrivent, ils doivent alors s’entendre pour désigner le futur chancelier. Ce dernier se présente alors devant le nouveau Bundestag qui doit l’élire officiellement.

Qui pour succéder à Mutti (comme les citoyens allemands prénomment Angela Merkel) ? Si les sociaux-démocrates d’Olaf Scholz sont donnés gagnants dans les sondages, ils devront former une coalition avec d’autres partis. Et si une alliance avec les écologistes est plus que probable, les deux partis auront sans doute à s’unir à un autre pour obtenir une majorité. Ce serait alors la première fois en Allemagne que trois partis doivent former un gouvernement.

Lola Dhers

Sophie La Girafe, la nouvelle « madeleine de Proust » du musée Grévin

Sophie La Girafe fait son entrée au musée Grévin. La reproduction du célèbre jouet pour bébé a été inaugurée mercredi soir aux côtés des autres personnages de l’univers enfantin et est visible du public depuis ce jeudi matin. Un moyen de replonger les visiteurs dans de lointains souvenirs.

Crédits : Inès Mangiardi

« Oh, c’est Sophie! J’en ai eu des girafes à la maison! » Dans la salle de « L’imaginaire » au musée Grévin, la vue du fameux jouet pour bébé, en taille humaine, a de quoi raviver des souvenirs. Les discussions à voix basse vont bon train devant la statue. « Moi, j’avais inscrit les prénoms sur les girafes car je gardais deux bébés qui avaient presque le même âge. Je ne voulais pas qu’ils les confondent. », se remémore Catherine, 69 ans, auprès de son amie. Si elle trouve que « ça nous rajeunit », Sophie, elle, a bien grandi.

Mettre en avant le savoir-faire français

Le premier jouet des bébés fête cette année ses 60 ans. Pour l’occasion, il a fait son entrée, ce jeudi 23 septembre, dans le célèbre musée des statues de cire. Une demande de la société Vulli, qui produit le jouet depuis 1961 en Haute-Savoie, qu’a immédiatement acceptée l’établissement. « Le musée Grévin est une vitrine de l’esprit français. Et Sophie La Girafe, c’est un savoir-faire français », s’enthousiasme Yves Delhommeau, directeur général du musée. Malgré quelques mois de retard à cause du Covid, Sophie trouve aujourd’hui parfaitement sa place dans l’univers des enfants, entre Le Petit Prince et Gaston Lagaffe.

Même si elle n’attire pas encore les foules, se faisant parfois voler la vedette par Scrat, l’écureuil de L’Age de glace qui s’anime, elle n’en demeure pas moins attractive. « Elle est magnifique, on va l’envoyer aux enfants », sourit Murielle, 70 ans, smartphone à la main, pendant que son mari prend un seflie avec la statue.

Pari réussi pour le musée, dont le but est de « créer des émotions à tous âges, surtout aux parents », selon Yves Delhommeau. La girafe représente pour lui une véritable « madeleine de Proust », puisque « tous les foyers français ont eu une Sophie », certifie-t-il. « C’est la fameuse girafe que j’ai achetée à mes enfants! », s’extasie justement Catherine, 61 ans, avant d’ajouter avec nostalgie: « C’est un retour en arrière de 40 ans. »

1m70 de silicone

En plus d’avoir pris de l’âge, Sophie a aussi pris quelques centimètres. La statue, qui trône devant un papier peint bleu pastel, mesure 1,70m, contre les quelques 18cm du jouet qui tient dans les mains de bébé. La taille choisie n’est pas un hasard: « Pas trop grande, pour que les enfants puissent l’enlacer », résume Yves Delhommeau. Il s’agit en effet d’un privilège qu’auront les visiteurs. Sophie est faite pour être caressée et câlinée, contrairement aux autres statues.

C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle a été réalisée en silicone, et non pas en cire comme la majorité des autres personnages du musée. « Il fallait qu’elle soit résistante et lavable », explique Marie Vercambre, documentaliste du musée. Un défi pour le sculpteur, Stéphane Barret, qui n’avait « jamais fait de pièce aussi grosse en silicone ». Après quatre mois et demi de travail et d’ « angoisse », le résultat semble être au rendez-vous. « La ressemblance est frappante », s’étonne Catherine.

Une statue qui couine

Surtout, la matière choisie permet de reproduire le plus fidèlement possible l’effet latex, le matériau avec lequel est fabriqué le jouet. « Ça y ressemble vraiment », constate Murielle, en touchant la statue. Mais un couinement vient perturber son analyse. « Ah, elle crie en plus! », s’exclame-t-elle en sursautant. Elle ne sera pas la seule à faire des bonds. Le célèbre « pouet pouet » caractéristique du jouet est imité à chaque passage devant la girafe, grâce à un détecteur de mouvements. « Le bruit fait partie de l’expérience », précise Yves Delhommeau.

Signe de son arrivée toute fraîche, la girafe n’a pas encore son nom gravé sur une plaque dorée comme ses voisins. Un détail qui devrait être réglé « incessamment », d’après Marie Vercambre, qui a déjà hâte du week-end pour voir les enfants apprécier la nouvelle venue.

Inès Mangiardi

Cinquante salariés du secteur de l’aide à domicile rassemblés devant le ministère de Solidarités

Près de cinquante salariés du secteur du soin et de l’aide à domicile ont manifesté jeudi 23 septembre devant le ministère des Solidarités à Paris. Ils affirment être les « oubliés » du Ségur de la santé. 

Les « oubliés » du Ségur de la santé : les salariés du secteur de l’aide à domicile estiment avoir été exclus des mesures mises en place par le gouvernement pour aider le secteur du soin. Jeudi 23 septembre, une cinquantaine de professionnels se sont rassemblés devant le ministère de la Santé pour manifester leur mécontentement.

Les deux principales revendications du mouvement : une hausse des salaires et l’amélioration des conditions de travail. Les travailleurs de l’aide et du soin à domicile n’ont pas touché la prime de 183 euros accordée aux soignants. Ils estiment pourtant la mériter, invoquant la précarité de leur métier.

Des augmentations « insuffisantes » selon les syndicats

« Leurs indemnités kilométriques sont faibles, et le temps de transport et d’attente entre les logements des différents bénéficiaires n’est pas pris en compte », indique l’initiateur de ce rassemblement, Stéphane Fustec, de la CGT, rappelant qu’une grande partie des salariés de ce secteur vivent sous le seuil de pauvreté.

Début avril, le gouvernement a approuvé une augmentation de 13 à 15% des rémunérations à partir du 1er octobre. Selon le syndicaliste Stéphane Fustec, cela est encore « insuffisant« .

A.G.