PSG : la patte Blanc

À une semaine du choc contre Chelsea en Ligue des Champions, le Paris-Saint-Germain a prolongé mercredi le contrat de son entraîneur Laurent Blanc jusqu’en 2018. Un signe fort, qui montre la confiance de Nasser el-Khelaïfi pour le Président, dont le club marche sur l’eau en Championnat.

(FILES) This file photo taken on January 19, 2016 shows Paris Saint-Germain's French head coach Laurent Blanc smiling during the French Cup football match Paris Saint-Germain (PSG) vs Toulouse (TFC) on January 19, 2016 at the Parc des Princes stadium in Paris. Paris St-Germain coach Laurent Blanc has extended his contract with the French champions until 2018, the club said in a statement on February 11,
Laurent Blanc a le sourire : son équipe vogue tranquillement vers un nouveau quadruplé national. ©2016 AFP / KENZO TRIBOUILLARD.

Après trois ans, l’accent gardois de Laurent Blanc ne se remarque presque plus dans le club de la capitale. Après avoir fait valser les Kombouaré et autre Ancelotti, le PSG version qatarie semble avoir trouvé son rythme de croisière, avec à la barre l’ancien libéro de l’équipe de France, qui vient de signer pour deux ans de plus. Une première pour Blanc, qui n’a jamais réussi à rester en poste plus de trois ans (de 2007 à 2010 à Bordeaux, puis de 2010 à 2012 à la tête de l’équipe de France). Il faut dire que depuis son arrivée en 2013, tout va pour le mieux à Paris, qui accumule les records de points et de victoires. Dernier en date : celui du plus grand nombre de matches sans défaite (33 matches), ravi à l’équipe de Nantes de la saison 1994-1995. Triple tenant du titre de champion de Ligue 1, les Parisiens s’acheminent tranquillement vers un quatrième sacre qui ne devrait pas leur échapper, si l’on en croit les vingt-quatre points qui les séparent de Monaco, le dauphin.

À une marche de Luis Fernandez

Vainqueur de huit titres nationaux sur neuf possibles, Laurent Blanc est déjà devenu l’entraîneur le plus titré de l’histoire du club, avec deux fois plus de trophées que Luis Fernandez lors de ses deux passages sur le banc parisien (1994-1996 et 2000-2003). S’il va au bout de ses cinq ans de contrat, Blanc battra même le record de matches de ce dernier (244 matches). L’équipe du coach cévenol n’aura pas beaucoup de difficulté à retenter le quadruplé cette année, étant déjà qualifiée pour la finale de la Coupe de la Ligue et pour les quarts de finale de la Coupe de France. Mais un titre manque au palmarès de celui qu’on surnomme toujours le Président : un sacre européen, en Ligue des Champions si possible. Un sacre qui, dans le cœur des supporters parisiens, lui permettrait définitivement de remplacer le grand Luis, vainqueur de la Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupes (C2) en 1996. Laurent Blanc reste toutefois le seul entraîneur parisien à avoir emmené son équipe trois fois d’affilée en quarts de finale de la Ligue des Champions.

 

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Mais Laurent Blanc n’a pas tout changé à Paris d’un coup de touillette magique : si le PSG impose une telle hégémonie sur le football français, ce n’est pas simplement à cause de son entraîneur et ses bonnes inspirations. Le club de la capitale remercie surtout ses Blaise Matuidi, Marco Verratti, Thiago Silva, Zlatan Ibrahimovic ou encore Angel Di Maria. Mis à part deux ou trois faux espoirs (Javier Pastore, Alex, Edinson Cavani), le recrutement impressionnant de ces trois dernières années a tenu ses promesses. Complices, complémentaires, les Rouge et Bleu font preuve d’une cohésion d’équipe remarquable sur et en dehors du terrain, à tel point que l’on se demande quel rôle peut bien avoir Laurent Blanc auprès de ses joueurs. Peut-être les laisse-t-il simplement s’exprimer, au point de dominer outrageusement le classement des buteurs (Zlatan, 21 buts, et Cavani, 11 buts) et des passeurs (Di Maria, 10 passes, encore Zlatan, 8 passes).

 

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Reste que malgré sa réputation, Zlatan n’est pas éternel et quittera probablement le PSG à la fin de la saison. À 33 ans, le capitaine suédois veut un baroud d’honneur, en forme de victoire de la Ligue des Champions, une compétition qu’il n’a jamais remportée (et dans laquelle, il faut bien le dire, il n’a jamais brillé). La tâche sera ardue pour lui comme pour Laurent Blanc, alors que le PSG recevra Chelsea mardi 16 février, en huitièmes de finale de la C1. Une équipe que l’entraîneur parisien connaît bien puisqu’il l’a déjà affrontée deux fois en deux saisons, et qu’il avait éliminée l’an dernier au bout du suspense (1-1, 2-2). Pour l’instant, Laurent Blanc garde la tête froide, mais il suffirait d’une défaite pour faire vaciller la confiance de sa direction.

 

Paul Verdeau

Coupe de France : quand foot amateur et professionnel font jeu égal

Les huitièmes de finale de la Coupe de France commencent ce soir, et comme chaque année, cette compétition fait s’affronter des clubs amateurs et des clubs professionnels. Bien souvent, cette compétition offre son lot de surprises, mais cette incertitude tend à disparaître à mesure que le fossé  se creuse entre clubs de Ligue 1 et clubs amateurs. 

 

Ils sont tous réunis, et éclatent de joie. Les joueurs de Trélissac (CFA) sont tout heureux d’affronter l’Olympique de Marseille en huitièmes de finale de Coupe de France. Un enthousiasme paradoxal quand on sait que quatre divisions séparent les deux clubs. En toute logique, il n’y pas match. L’OM, champion d’Europe il y a 22 ans, ne devrait faire qu’une bouchée du petit club de la banlieue de Périgueux (Dordogne).

 

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Mais la Coupe nationale nous a habitués à des retournements de situations inattendus. En huitièmes de finale de l’édition 2015-2016, cinq clubs amateurs sont encore en lice pour passer le prochain tour. Un bon total, étant donné que 11 clubs professionnels sont encore présents.

Pas de recette miracle

Les exploits réalisés par les clubs amateurs ne se rangent pas forcément tous derrière un complexe de supériorité des favoris. « Depuis une vingtaine d’années, les équipes amateurs n’en sont plus vraiment. Elles s’entraînent presque comme des pros, la plupart du temps au moins quatre fois par semaine. Techniquement, physiquement, l’écart de niveau s’est extrêmement réduit », explique Alfred Wahl, historien du football, à 20 minutes. Les méthodes d’entraînement professionnelles inspirent les amateurs. D’autant plus que de nombreux joueurs amateurs sont issus des mêmes centres de formation que leurs adversaires d’un soir. Esprit de revanche, agressivité et combativité sont souvent de la partie.

Malgré cela, les clubs amateurs n’ont pas de recette miracle pour battre les « gros ». Qu’y-a-t-il de commun entre l’épopée de Calais en 2000, qui atteint la finale, et les trois victoires d’affilées contre des écuries de Ligue 1 de Chambéry en 2011 ? Pas grand chose sinon de la gnaque, une tactique tenue à la lettre et qui met en échec les plus chevronnés des footballeurs français. Des exploits qui permettent des allers-retours entre monde amateur et foot pro. En 2009, un jeune amateur du club de Besançon brille contre l’Olympique de Marseille. Une prestation qui, si elle se solde par une défaite, attire l’œil de clubs professionnels. Le jeune footballeur, formé au FC Sochaux, en même temps qu’un certain Jérémy Menez, international français, signe en Ligue 2, au Stade Lavallois. Romain Hamouma est aujourd’hui à Saint-Etienne. Sans ce révélateur de la Coupe de France, ce joueur serait passé entre les mailles du filet des recruteurs.

Romain Hamouma a réussi sa carrière professionnelle en brillant chez les amateurs en Coupe de France © AFP

Le cas de Régis Brouard est aussi significatif. L’entraîneur de l’US Quevilly a réussi l’exploit d’emmener ses troupes en demi-finale, en 2010 et 2012. Un moyen de signaler que les clubs amateurs ont souvent des ressources insoupçonnées. Et que les clubs professionnels respectent cette réussite, en puisant dans ce vivier méconnu.

Regis Brouard a été récompensé par ses exploits en Coupe de France
Regis Brouard a été récompensé par ses exploits en Coupe de France © AFP

 

À la fin, ce sont toujours les professionnels qui gagnent

Si les « petits Poucets » brillent régulièrement, ils ne gagnent quasiment jamais. En 98 éditions (avant celle en cours), seuls deux clubs de niveau inférieur à la Ligue 1 l’ont emporté (Guingamp en 2009 et Le Havre en 1959). Des statistiques, qui montrent, malgré les exploits, l’écrasante supériorité des clubs professionnels. Mais qui passionne les foules et permet, le temps d’un match, de rêver à la victoire de David contre Goliath. « C’est la célébration des footballeurs ouvriers qui aiment le travail bien fait, les ‘petites patries’ de France dont on ne parle jamais, ça permet de montrer cette autre France, estime Paul Dietschy, historien du football, dans une interview au site francetvinfo. Encore aujourd’hui, on retrouve dans la Coupe de France cette notion d’égalitarisme qui travaille la société française : chacun a sa chance sur un match. »

Une chance qui s’amenuise, avec les investissements colossaux faits dans le foot professionnel. Le Paris Saint-Germain en est l’exemple parfait. Au niveau national, le PSG est intraitable, et ne laisse aucune bouchée à ses concurrents, et encore moins aux amateurs. Au stade des huitièmes de finale, le fossé entre les deux extrêmes, Granville (CFA2) et le PSG, qui s’affronteront peut-être au prochain tour, les statistiques montrent que les deux clubs ne rivalisent absolument pas :

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Pour beaucoup d’observateurs, ce creusement entre foot professionnel et amateur, entre la base et l’élite est dommageable pour la santé du sport, qui se coupe de ses valeurs. « On oublie souvent à quelque point le terme même de professionnel a pu fonctionner comme une insulte dans l’univers sportif, écrivent Florence Weber et Yvon Lamy dans la revue Genèse consacrée au thème du professionnalisme. Transformer une activité qui reposait sur une éthique du désintéressement en profession (…) ne s’est pas fait sans heurts et sans difficulté. » Mais la Coupe de France demeure une compétition qui permet de rêver et de croire en les chances du petit Poucet. Et nul doute que cette édition ne dérogera pas à la règle.

 

Clément Brault