La Pro D2, l’autre rugby à l’ombre de la Coupe du monde 

Alors que la deuxième journée de la Coupe du monde de rugby démarre ce jeudi soir avec le match de l’équipe de France contre l’Uruguay, d’autres matchs de rugby se sont tenus hier. A l’ombre des stars de la prestigieuse compétition, le championnat de Pro D2 trace sa route. 

29 joueurs de Pro D2 participent actuellement à la Coupe du monde de rugby (Photo by PHILIPPE DESMAZES / AFP).

Pays de Galles, Australie et Angleterre pour leurs coéquipiers. Valence-Romans, Nevers et Aurillac pour eux. Jusqu’au 28 octobre, date de la finale de la Coupe du monde de rugby disputée en France, les joueurs de Pro D2, la deuxième division du rugby professionnel, continuent d’arpenter les terrains. 4 journées, 32 matchs en tout, disputés à l’ombre du stade de France ou du stade Vélodrome. 

Chacune des 16 équipes du championnat compte au moins un joueur sélectionné pour la plus prestigieuse des compétitions de l’ovalie, ainsi que le recense la Ligue nationale de rugby (LNR). Vingt-neuf joueurs au total.

Une perte qui concerne souvent les meilleurs éléments des effectifs. “Quand on a des Géorgiens ou des Samoans dans nos équipes, on sait à l’avance qu’ils joueront la Coupe du monde. On s’adapte en conséquence, en préparant les effectifs et les joueurs”, explique Xavier Pameja, l’entraîneur de l’USON, le club de Nevers. Sans amertume, le dirigeant compte plutôt “profiter de l’expérience que les mondialistes ramèneront dans leurs valises”

« Une aubaine »

“Pour nous, c’est une aubaine. On profite tous de la Coupe du monde”, témoigne sur la même longueur d’onde Jean-Louis Louvel, président du Rouen Normandie Rugby (NMR), qui compte dans ses rangs un joueur sélectionné pour la Roumanie. L’opportunité d’accueillir une Coupe du monde en France est tellement belle que la perte de joueurs en vaut la chandelle”, ajoute-t-il.

Aussi, pour que la Coupe du monde se déroule sans anicroche, aucun doublon avec les matchs de Pro D2. Les matchs, qui se déroulent traditionnellement les vendredis, sont disputés en semaine. Le Top 14, sa grande sœur, s’est elle arrêtée. “Pour les joueurs, cela ne change rien. Le dimanche devient un mardi, le lundi un mercredi. Le temps se déplace”, raconte Xavier Pameja. Germain Burgaud-Grimart, troisième-ligne du club de Soyaux-Angoulême, acquiesce: “Jouer en semaine, on s’en fiche. Les jours d’entraînement changent, c’est tout. Cela nous permet même d’aller voir la Coupe du monde les week-end”, sourit-il, en pensant à ses deux coéquipiers qui disputent la compétition, un pour le Chili et l’autre avec le Portugal. 

Moins de monde dans les stades

La Pro D2 souffre cependant de la comparaison avec la Coupe du monde sur d’autres points. “En ce moment, faire venir des gens au stade est plus compliqué. Les matchs sont en semaine, et les familles ne viennent pas forcément les soirs. Et puis, la Coupe du monde offre une magnifique vitrine devant la télévision”, raconte Jean-Louis Louvel, pressé de voir les supporters revenir au stade Robert-Diochon. Le troisième-ligne angoumois Germain Burgaud-Grimart, est plus prosaïque: “En semaine, le rugby perd un peu de fête. Les fans vont moins boire de bières au stade entre copains”. 

Le joueur de Soyaux-Angoulême estime toutefois que l’ensemble du rugby professionnel profite de la Coupe du monde. « On voit que les petits s’intéressent, que les jeunes se licencient et regardent à la télé les grands joueurs. Tout cela va profiter à la Pro D2« , observe-t-il.

Un ruissellement version rugby acquiescé par Xavier Pameja. “A Nevers, ça bouge beaucoup. Il y a une fan zone, du monde dans les bars, on sent l’effet de la Coupe du monde. Même chez nos jeunes, on sent l’émulation, estime-t-il, avant de poursuivre : « quand on voit notre équipe de France, le bonheur qu’elle peut apporter, on se dit qu’après la compétition il y aura encore du public. Tout le monde aura envie d’être Antoine Dupont ! »  

Ulysse Llamas

 

O’Connell, l’Eire de son temps

Copyrith : Tom jenkins
Copyrith : Tom Jenkins

Victime d’une blessure musculaire au mollet, Paul O’Connell avait quitté le dernier Mondial sur une civière et avait mis fin à sa carrière internationale d’une façon qui ne correspondait pas à sa légende de guerrier. Il a définitivement raccroché les crampons ce mardi.

« C’est un gros coup dur de perdre un joueur de ce calibre. On voulait se reposer sur lui et finalement, c’est lui qui va se reposer. Malheureusement pour lui et pour nous. » Pour une fois Mourad Boudjellal, le président de Toulon est sur le registre de la litote. Le public de Mayol ne verra jamais Paul O’Connell en rouge et noir, victime d’une rupture de l’insertion du semi-membraneux et du biceps fémoral aux ischio-jambiers. Encore une mauvaise nouvelle pour le club varois décidément maudit cette saison côté blessures. Au delà de Toulon, c’est tout le monde du rugby qui voit sortir O’Connell par une porte bien trop petite pour sa stature de colosse.

« POC », (comme le bruit qu’il faisait en rentrant dans les côtes flottantes d’un fâcheux traînant au bord d’un ruck) était l’un des meilleurs seconde ligne du monde. D’un point de vue purement technique, O’Connell était un monstre physique, une sorte de tracteur vert qui ne reculait jamais. Une tour de contrôle en touche et un grand tacticien. Pour les Irlandais, il était plus qu’un bon joueur, il était le capitaine du XV du Trèfle. Il était LE combat, LA rigueur et L’exemplarité.

(Passez votre souris sur la photo pour découvrir qui était le monstre sacré des verts)

POC : un physique d’athlète, un palmarès impressionnant… et une santé fragile. Copyright : Laurence Griffith

O’Connell c’était l’incarnation terrifiante du fighting spirit irlandais. Un homme droit comme la justice et dur au mal. Le genre à vous ouvrir la tête comme un livre, tourner quelques pages puis vous embrasser comme un frère après.

Farewell Paul.

 

Antoine Etcheto

 

(Prolongation) : France Irlande, Tournoi des six Nations 2007, O’Connell suggère à ses coéquipiers de se comporter comme des « maniaques ».