Élections européennes : retour sur les temps forts de la campagne

Débutée officiellement le 27 mai 2024, la campagne des élections européennes arrive à son terme ce vendredi 7 juin au soir. L’occasion de passer en revue les temps forts qui ont rythmé le marathon vers Bruxelles, du discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe aux (nombreux) accrochages entre têtes de liste. On vous résume.

Un record de 38 listes candidates, un âge moyen des candidats qui n’a jamais été aussi bas…La campagne des élections européennes a apporté son lot de spécificités, de temps forts et de polémiques. À 48 heures du scrutin, que faut-il en retenir ?

À la Sorbonne, Emmanuel Macron parle d’Europe

Si la campagne des européennes s’est officiellement lancée le 27 mai, c’est bien plus tôt que la compétition des idées débute. Le 25 avril par exemple, le président Emmanuel Macron investit la Sorbonne pour le remake de son discours sur l’Europe. Il entreprend de dresser le bilan européen de ses sept années de mandat. Défense, politique migratoire, transition écologique…..le chef de l’État décline pendant près de deux heures sa vision d’une « Europe puissance », tout en alarmant sur le caractère « mortel » d’une Europe où les démocraties libérales sont « de plus en plus contestées ». De quoi faire réagir les partis d’opposition : s’agissait-il d’un simple discours institutionnel ou d’un discours de campagne ? C’est l’Arcom qui finit par trancher : l’intégralité de l’allocution présidentielle est bel et bien décomptée du temps de parole du camp Renaissance.

La figure Rima Hassan

En mars dernier, le nom de la juriste franco-palestinienne Rima Hassan est dévoilé sur la liste menée par l’eurodéputée sortante Manon Aubry. Un moyen pour LFI d’ancrer au cœur de sa campagne la lutte en faveur du peuple palestinien. « [Rima Hassan est] une figure qui incarne ce combat pour un cessez-le-feu à Gaza » avait alors estimé Matthias Tavel, le directeur de campagne. Réunions publiques, plateaux télés, manifestations… Pendant le mois de mai, la militante est particulièrement mise en avant par les Insoumis.

Le choc Bardella vs. Attal

Qui a remporté le duel ? La question fait le tour des médias au lendemain du débat entre Gabriel Attal et la tête de liste du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella, en tête dans les sondages. Le jeudi 23 mai, les deux jeunes rivaux de 35 et 28 ans s’affrontent pendant 1h15, le premier attaquant le second sur l’« incohérence » des revirements du RN sur la question du maintien de la France dans l’UE, sur les rapports du parti avec la Russie de Vladimir Poutine, ou encore sur la sortie du marché européen de l’électricité. « Quand est-ce que vous mentiez ?, insiste le protégé d’Emmanuel Macron. C’était à l’époque ou c’est maintenant ? » De son côté, Jordan Bardella attaque le bilan de la majorité en matière d’immigration : « Vous avez pulvérisé un à un tous les records d’immigration. »

La programmation du duel Bardella-Attal – ce dernier n’étant pas candidat au scrutin européen -, ne manque pas de faire réagir la tête de liste des Républicains, François-Xavier Bellamy. Sa phrase d’introduction « Je voudrais commencer par vous dire que j’ai hésité à venir ce soir », qu’il prononce sur France 2 après le duel, fait alors le tour des réseaux sociaux.

Glucksmann veut qu’on lui « lâche les baskets »

Le soir du 27 mai, c’est cette fois au tour des huit principales têtes de liste de débattre sur BFMTV. Manon Aubry consacre une partie de son temps de parole à attaquer son homologue du mouvement Place publique, Raphaël Glucksmann, qu’elle accuse d’ailleurs trois jours plus tard d’agir en « diviseur de la gauche ». L’eurodéputé finit par s’agacer : « Vous faites de moi votre cible principale. […] Concentrez-vous un peu sur l’extrême-droite, lâchez-moi un peu les baskets », lui répond-il. Une séquence qui témoigne des tensions ayant marqué la campagne au sein même de la gauche, alors que c’est la liste Parti socialiste – Place publique qui prétend concurrencer celle du parti présidentiel avec 13,5% des voix dans les derniers sondages, soit quatre points devant LFI.

 

Hayer dans l’ombre du Premier ministre ?

Si Valérie Hayer a plusieurs fois déploré une « polémique vaine », la scène a bien trop fait réagir pour ne pas être mentionnée. Il est 9 heures passées à la Maison de la Radio le lundi 3 juin, et la tête de liste Renaissance est en pleine interview au micro de la journaliste Émilie Tran-Nguyen. Le Premier ministre Gabriel Attal fait alors irruption sur la scène de l’Auditorium, et grignote deux minutes du temps de parole de sa collègue de Renaissance, notamment pour inviter les jeunes électeurs présents dans le public à se mobiliser.

En parallèle de cette polémique autour d’une Valérie Hayer dans l’ombre du Premier ministre, Jordan Bardella apparaît, lui, comme le candidat le plus exposé médiatiquement pendant la campagne, loin devant Raphaël Glucksmann. C’est le résultat d’une étude menée par la plateforme Tagaday pour le quotidien Ouest France.

C’est déjà fini ?

On ne parle pas ici de la campagne des européennes, mais bien du débat entre les « petites » têtes de listes qui commence aux environs de 23h le mercredi 5 juin, après le débat des huit « grands » candidats. « C’est la fin de l’émission, c’est ça ? », s’étonne Florian Philippot, tête de liste des Patriotes, au terme des 1h20 de discussions décousues. Soit quarante minutes de moins que le débat programmé en début de soirée. « On arrive au terme de l’émission, je suis désolée » répond la journaliste Caroline Roux. Jean Lassale, le numéro 1 d’Alliance rurale, n’économise pas non plus les critiques dans sa conclusion : « C’était un débat catastrophique absolument indigne de la France, de France Télévisions ! »

Emmanuel Macron, aussi en campagne ?

C’est une autre allocution d’Emmanuel Macron qui vient clôturer ce résumé : son interview aux JT de TF1 et de France 2 le jeudi 6 juin, jour de commémoration des 80 ans du Débarquement en Normandie. Il annonce notamment le projet d’équiper 4500 soldats ukrainiens et de les former sur le sol français. L’initiative déplaît fortement aux membres de l’opposition qui estiment qu’elle rompt avec le principe d’égalité des temps de parole. Le leader des Républicains, Eric Ciotti, avait d’ailleurs annoncé plus tôt dans la semaine saisir l’Arcom afin que « le temps de parole de M. Macron soit décompté. »


Sarah-Yasmine Ziani

Elections européennes 2024 : comment voter en France ?

Ce dimanche 9 juin 2024, les Français sont appelés à se rendre aux urnes pour les élections européennes. À quelques jours de cette échéance, petit rappel des conditions pour voter à cette élection.

Les élections européennes se tiennent en France ce dimanche 9 juin 2024. Pour ce scrutin, il suffit d’être âgé de 18 ans à la veille du vote, et d’avoir fait son recensement, ce qui inscrit la personne d’office sur les listes électorales. La date limite pour s’inscrire sur les listes électorales était fixée au vendredi 3 mai 2024.

Le vote par procuration

Pour les personnes qui n’ont pas la possibilité de se rendre sur place, elles peuvent toujours faire une demande de procuration, qui est un document qui permet à la personne de son choix de voter à sa place. Depuis 2022, le répertoire électoral est unique, donc il n’est plus nécessaire que la personne soit inscrite dans le même bureau de vote. En revanche, elle doit se rendre dans votre bureau de vote où la personne qui donne sa procuration est inscrite. Il n’y a pas de date limite pour faire la demande, et il n’est pas nécessaire de la justifier.

Les démarches se font en ligne, sur le site maprocuration.gouv.fr, en quatre étapes.

Après avoir déposé la demande, il suffit de se rendre dans une gendarmerie ou un commissariat afin de vérifier son identité. Il est possible de ne pas s’y rendre à condition que son identité numérique soit vérifiée. Pour l’obtenir, il faut avoir la nouvelle version de la carte d’identité, avoir l’application France Identité sur son téléphone et avoir certifier son identité dans une des mairies qui propose ce service.

La possibilité d’imprimer ses propres bulletins de vote

Cette année, 38 listes se présentent pour les élections européennes, mais elles ne peuvent pas toutes imprimer et distribuer leurs bulletins de vote. Les électeurs peuvent donc imprimer eux-mêmes leur bulletin. À condition de suivre des règles précises. Ils peuvent être téléchargés directement sur le site internet des partis.

La préfecture du département de la Moselle a annoncé dans un communiqué, publié le 3 juin, que « seules 21 listes candidates ont fourni, en quantité variable, des bulletins de vote à destination des bureaux de vote ». Il précise qu’il est toujours possible de « remettre directement les bulletins de vote aux maires la veille du scrutin ou aux présidents des bureaux de vote le jour du scrutin ».

Le Parti Pirate, par exemple, ne peut pas financer l’impression dans toutes les régions, et propose sur son site internet une carte qui répertorie les départements qui auront ou non des bulletins de vote ce dimanche 9 juin. Également, le parti Lutte ouvrière propose de télécharger le bulletin, et il sera envoyé par la poste aux adhérents.

Pour pouvoir imprimer le bulletin de vote, les règles sont expliquées en détail sur le site du ministère de l’Intérieur. L’impression doit être réalisée « avec un bulletin imprimé au format A4 en paysage (210 X 297 mm), en recto verso, en conformité avec le modèle produit par les candidats, uniquement sur papier blanc d’un grammage compris entre 70g/m2 et 80g/m2 et avec une encre d’une seule couleur », précise la préfecture de Moselle.

Noémie Julien

Guerre en Ukraine, Gaza, élections européennes…, ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron

Après avoir consacré sa journée à la mémoire du Débarquement, Emmanuel Macron a accordé une interview à TF1 et France 2, ce jeudi 6 juin 2024, en direct de Caen. L’occasion pour le président de la République d’aborder la guerre en Ukraine, Gaza et l’élection européenne.

En direct de l’Abbaye-aux-Hommes à Caen (Calvados), Emmanuel Macron a évoqué des sujets plus actuels dans une interview diffusée sur France 2 et TF1. À trois jours des élections européennes, les oppositions étaient pendues à ses lèvres pour guetter la moindre évocation du scrutin, les poussant jusqu’à saisir l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel.

Interrogé par Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau, le président de la République a commencé par revenir sur son choix de s’exprimer ce 6 juin 2024, évoquant la commémoration du 80e anniversaire du Débarquement comme justification. Il a d’ailleurs estimé être dans son rôle en parlant « de ce qui se passe en Russie (…), de ce qui se joue avec les élections européennes. »

4 500 soldats ukrainiens seront formés en France

Emmanuel Macron a profité de cet entretien pour justifier l’absence de la Russie par « une rupture en 2022 », avec l’offensive en Ukraine. L’occasion d’invoquer les menaces russes dans l’hexagone qu’il qualifie de « signe de fébrilité de la part de la Russie ».

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Dans la foulée, le président de la République a réitéré son soutien à l’entrée de l’Ukraine à l’Union européenne. Il a annoncé une « nouvelle coopération » avec Volodymyr Zelensky, président Ukrainien promettant l’envoie d’avions Mirage 2000-5 accompagné d’un « programme de formation des pilotes » et de la formation de « 4 500 soldats ukrainiens » en France.

Benjamin Netanyahou : « un interlocuteur pleinement légitime »

Une semaine après l’interview sur LCI de Benjamin Netanyahou, chef de gouvernement hébreux, qui avait provoqué de vives réactions après qu’un mandat d’arrêt ait été demandé à son encontre par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Emmanuel Macron y a réagit. Il a affirmé que le Premier ministre israëlien restait « un interlocuteur pleinement légitime » à ses yeux.

Il en a profité pour réitérer ses demandes de « cessez-le-feu » immédiat et au « respect du droit humanitaire » rappelant la nécessité de la « libération des otages ». Toutefois, au sujet de la reconnaissance d’un État palestinien, pas de changement. Le président français juge toujours que cela « n’est pas raisonnable de le faire maintenant » affirmant que « l’Autorité palestinienne doit passer par des réformes ».

Ne fermant pas complètement la porte à la reconnaissance d’un État Palestinien, il a précisé que la France le reconnaîtra « quand cela sera un élément d’un ensemble complet qui permet la paix et la sécurité de tous dans la région ».

L’importance d’aller voter dimanche

Revenant sur l’importance des élections européennes, Emmanuel Macron a appelé les français à aller voter ce dimanche 9 juin pour ne pas laisser « l’avenir du continent et de notre pays à d’autres ». Il faisait référence notamment au vote des électeurs britanniques, peu à se déplacer lors du vote sur le Brexit.

Les sondages annoncent la majorité présidentielle doublée par le Rassemblement national sur le scrutin des européennes. Emmanuel Macron a alerté sur le risque que l’extrême droite obtienne une grande part des sièges au Parlement européen et devienne « une minorité de blocage en Europe ». Cela n’a pas manqué de faire réagir Anne-Sophie Lapix. La journaliste a questionné le président de la République sur sa volonté initiale de limiter la montée de l’extrême droite, alors que le Rassemblement national ne cesse de monter en force ces dernières années dans les différents scrutins et sondages d’opinions.

Emmanuel Macron n’a pas souhaité réagir à la question sur les conséquences qu’il tirerait d’un résultat défavorable de son camp affirmant qu’il aimait bien « faire les choses dans le bon ordre ».

Inès Sauvaget

Le commando Kieffer, l’ancien grand oublié des commémorations

À l’occasion des 80 ans du Débarquement en Normandie, les vétérans ayant pris part à l’opération Overlord, sont célébrés. Cette année, malheureusement, pas un seul membre du commando Kieffer. Le dernier survivant, Léon Gauthier s’est éteint l’année dernière. Mais leur mise en avant lors de ces commémorations n’a pas toujours été la norme.

Il est 7h32, le 6 juin 1944. La première phase de l’opération Overlord, pensée par Dwight D. Eisenhower, rassemble plus de 156 000 soldats, parmi eux, 177 Français. Ce sont les membres du commando Kieffer, du 1er bataillon de fusiliers marins commandos, porté par leur commandant : Philippe Kieffer. Les Anglais ont laissé le privilège aux Français d’être les premiers à débarquer sur les plages normandes.

Aujourd’hui, les membres du commando Kieffer sont connus et reconnus par tous comme des soldats ayant joué un rôle dans la libération de la France. Certains se sont d’ailleurs engagé auprès des alliés suite à l’appel du Général Charles de Gaulle, le 18 juin 1940. Une fois la France libre, ils n’ont pas eu de reconnaissance.

Le Débarquement, ce « n’est pas une affaire française »

Le Général Charles de Gaulle refuse de les décorer pour avoir pris part au Débarquement. Selon lui, ce « n’est pas une affaire française ». Et ils ne correspondent pas à l’image du résistant, ce maquisard, cet homme qui a agi dans l’ombre pour libérer la France de l’occupation nazie. La raison d’un tel revers de la part du Général ? Il n’a pas été mis au courant de cette opération. Winston Churchill, premier ministre anglais, ne le mettra dans la confidence seulement quelques jours avant le Débarquement en Normandie. Les Alliés ont donc délibérément mis de côté le Général Charles de Gaulle, un affront qu’il ne pardonne pas.

Le commando Kieffer a combattu sous les couleurs anglaises, aux côtés des Alliés

Ces membres du commando n’ont pas tous eu la chance de Phillipe Kieffer, leur commandant, qui a été fait chevalier de la Légion d’honneur le 29 mai 1945. Par exemple, le plus jeune membre du commando Kieffer, René Rossey a reçu sa médaille militaire en 2003 et il est fait chevalier de la légion d’honneur en 2004. Léon Gauthier, le dernier survivant français du commando, décédé l’année dernière, a été fait grand officier de la légion d’honneur par décret le 31 décembre 2020. Son petit-fils, le réalisateur Cédric Condom, estime au micro de France Inter que son grand-père regrette que la plupart de ses anciens camarades soient morts sans avoir reçu de décoration, simplement parce qu’ils ont combattus sous les couleurs anglaises et non pas françaises.

« D-Day » 1964 : le Général Charles de Gaulle le grand absent

Au-delà de l’absence de décoration, telle que la médaille militaire ou la légion d’honneur, le Général Charles de Gaulle a ignoré les membres du commando Kieffer lors de sa venue dans la ville de Bayeux, le 14 juin 1944. Cela se poursuit également après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Lors du vingtième anniversaire du Débarquement, le Général se fait remarquer comme le grand absent de cette commémoration. Il préféra se rendre à la commémoration du Débarquement provençale, le 15 août 1964. Lors de cette opération, davantage de soldats français ont été mobilisés.

Les commémorations du Débarquement ont évoluées depuis 1945

Mais le « D-Day » n’a pas toujours connu les célébrations comme celles d’aujourd’hui. Il a été commémoré avant même la fin de la Seconde Guerre mondiale, dès 1945. Il faudra attendre 1954 pour que le Président de la République René Coty y participe, c’est alors la première fois que le chef de l’État s’y rend. En 1964, or l’absence du Général Charles de Gaulle, c’est la première fois que la commémoration est retransmise à la télévision. Avant 1984, ces commémorations étaient réservées aux militaires et aux élus locaux de Normandie. C’est le Président François Mitterrand qui rend la cérémonie mondiale, il convie plusieurs chefs d’États. Et c’est en 2004 que pour la première fois l’Allemagne sera invitée à participer à ces célébrations.

Noémie Julien