Le quotidien catholique La Croix a déclaré lundi soutenir le candidat d’En Marche!. Dans son édito du 1er mai, « Présidentielle, notre choix », le directeur du journal Guillaume Goubert, prévient que « face à ce qui risque d’advenir avec Marine Le Pen, l’abstention ne suffit pas ».
Il justifie cette prise de position par le contexte d’une gravité exceptionnelle :
« Parce que l’enjeu est considérable pour la France et l’Europe, parce que trop de responsables politiques ont adopté une position sibylline, parce qu’il y a le risque d’un résultat acquis par inadvertance, il nous paraît nécessaire de dire clairement ce que nous jugeons préférable. Avant qu’il ne soit trop tard. »
Malgré des désaccords avec l’ancien ministre de l’Économie, dont le programme ne peut recueillir la « pleine adhésion » du quotidien catholique, ils décident de le soutenir. « Ce candidat a fait un choix de rassemblement et de confiance dans l’avenir », précise Guillaume Goubert.
C’est la deuxième fois que le journal la Croix se prononce en faveur d’un candidat. Seul précédent en 2002, lorsque le quotidien avait appelé à voter Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen.
Manuel Valls au sein d’une future majorité En Marche! ? Telle est la suggestion d’Emmanuel Macron, formulée ce mardi matin sur BFM-TV-RMC. Celui-ci propose que l’ancien Premier ministre, qui a déclaré voter pour lui dès le premier tour, prenne l’étiquette En Marche! pour les législatives.
— Jean-Jacques Bourdin (@JJBourdin_RMC) 2 mai 2017
Quelques heures plus tôt, au micro d’Europe 1, Manuel Valls se prononçait justement pour un Parti socialiste (PS) au sein d’une « majorité présidentielle forte et cohérente », autour d’Emmanuel Macron. Il a affirmé son désir de voir le PS clarifier sa « position » et de ne pas mener une «campagne autonome ».
Cependant, le candidat à Évry (Essonne) précise qu’il « n’abandonne aucune étiquette ».
« On n’efface pas une vie politique en quelques heures, en quelques jours (…) J’ai été désigné par le PS et personne ne peut m’enlever cette étiquette », insiste l’ancien Premier ministre.
L’ancienne garde des Sceaux Christiane Taubira a appelé à voter pour Emmanuel Macron en fin de matinée, dans une tribune publiée par Le Monde. Elle avait déjà apporté son soutien au candidat, dimanche 30 avril au soir, sur Twitter.
Ni doute ni atermoiement, évidemment nous voterons Macron. Puis nous mènerons le combat pour les idées de vrai progrès aux législatives
ChT
Cent-quarante signes ne suffisaient pas à Christiane Taubira pour justifier son vote. Dans sa tribune, elle rappelle ses désaccords idéologiques avec le candidat d’En Marche!. Elle dénonce avec virulence le comportement des membres du Front national avant d’expliquer son choix.
« Nous en appelons à ce que nous nous devons et ce que nous devons aux autres. (…) Ne pas renforcer les dérives d’autocrates, leur indigence politique, leur absence d’éthique, leurs huées fanatiques, leurs incapacités économiques. » a-t-elle déclaré. Sans s’intégrer à un front républicain, l’ancienne ministre appelle les électeurs de gauche à voter pour ce en quoi ils croient en contrant Marine Le Pen. « Ce sera le meilleur rempart pour la République « , a-t-elle conclu.
Emmanuel Macron a tenu son dernier grand meeting intitulé « Ensemble la République ! », lundi 1er mai au Paris Event Center, Porte de La Villette devant 12 000 personnes. Dans une ambiance festive, les militants veulent croire à la victoire de leur champion.
Deux heures avant la prise de parole de leur favori, ils sont plusieurs milliers à attendre sur le trottoir boulevard de La Villette devant le hall d’exposition où doit s’exprimer leur candidat. A l’intérieur, les chaises sont prises d’assaut, obligeant les retardataires à écouter le discours debout au fond de la salle.
Mahame, militant d’En Marche ! depuis la création du mouvement, a tenu à venir avec ses enfants pour son premier meeting politique. « C’est important pour moi qu’ils soient là, parce qu’ils sont l’avenir », déclare le père de famille vêtu d’un t-shirt rose pastel à l’effigie du mouvement, sous les yeux intrigués de son fils cadet âgé de 10 ans. Le militant croit dur comme fer à la victoire d’Emmanuel Macron. « Il dépasse les clivages, il prend tout ce qui est bon à gauche, et tout ce qui est bon à droite, c’est ça l’avenir ! », ajoute-t-il
Romain, 22 ans, étudiant à la Webschool Factory à Paris, assiste également à son premier meeting. Venu seul, il agite des drapeaux européen et français avant l’arrivée de son favori. Ce qui lui plait chez l’ancien ministre de l’Economie, c’est « son optimisme, sa jeunesse et le fait qu’il soit pro-européen… On en a besoin! », déclare l’étudiant.
Anna Koret, habitante du 19ème arrondissement à Paris suit le candidat En Marche ! depuis son ascension. Non adhérente au parti, elle se définit comme « une militante au quotidien ». « Je ne m’attendais pas à voir un public aussi divers, ça me rassure », déclare la parisienne en regardant la foule qui se déhanche sur des airs de musique électro. « Ca me fait penser aux Etats-Unis », raconte celle qui a vécu sur le continent américain pendant deux ans. « Regardez, son équipe a des badges autour du cou sur lesquels il est écrit « Helpers » et non pas bénévoles, ça fait très américain tout ça !»
Malgré l’atmosphère festive, certains militants craignent la défaite de leur candidat, qui recule dans les intentions de vote.
Edmond Kitt, électrotechnicien résidant en Seine-Saint-Denis, invite Emmanuel Macron à multiplier les déplacements pendant sa dernière semaine de campagne. « Il faut qu’il continue à aller dans les quartiers, sinon, pendant ce temps là, Marine Le Pen elle fait du chiffre là-bas», avance-t-il. Agacé par ceux qui voient en lui le « fils spirituel de François Hollande », il leur répond sur un ton virulent. « Il a quitté le gouvernement pour former son propre mouvement, il y a des choses avec lesquelles il n’a pas été d’accord, alors je souhaiterais qu’on arrête de le qualifier ainsi ! »
Debout sur une chaise, Nabil 34 ans, responsable financier dans une entreprise en est à son troisième meeting. Il tracte régulièrement dans le 18ème arrondissement. « J’essaye de convaincre ceux qui veulent voter blanc en leur disant qu’il y a un gros risque que Marine Le Pen arrive à l’Elysée. » Conscient que l’écart entre les deux candidats finalistes se resserre, Nabil garde espoir mais pense « qu’il faut continuer à rester mobilisé .» Il invite les déçus du premier tour à rejoindre Emmanuel Macron et aurait souhaité que Jean-Luc Mélenchon appelle ses militants à voter pour lui. « C’est un mauvais perdant», peste le militant.
Après plus d’une heure trente de discours, la foule est tout sourire, loin d’avoir été lassée. « C’était son meilleur discours », commente Emilie, juriste qui en est à son troisième meeting. « Il a été plus précis que d’habitude », déclare la jeune femme en se prenant en photo avec un drapeau européen, la scène du meeting en arrière plan.
Joseph Noone, directeur des ressources humaines d’une entreprise parisienne est également charmé par le discours de son favori. « C’est évident, je suis convaincu par l’ensemble des thèmes qu’il a abordés ce soir. » Irlandais, il n’a pas la nationalité française et ne peut donc pas voter à l’élection présidentielle mais a tenu à être présent. « Ca fait trente ans que j’habite en France, l’Europe m’a beaucoup apporté. Marine Le Pen, elle veut casser l’Europe », dit-il.
Alors que les derniers spectateurs quittent le hall d’exposition, des pancartes et des drapeaux sous le bras, une femme d’origine africaine vêtue d’un traditionnel boubou chante une comptine à la gloire de son candidat favori. Elle danse pour donner du courage à Emmanuel Macron, entourée par des dizaines de personnes qui l’acclament.
Le chant de la victoire fonctionnera-t-il? Réponse dimanche prochain.