Dimanche sur BFMTV, François Bayrou a exprimé sa déception face aux réformes entreprises par le président, autrefois son allié politique.
Un « escamotage » de la réforme constitutionnelle, c’est ce qu’a fustigé François Bayrou lundi sur BFMTV. L’éphémère ministre de la Justice a estimé que celle-ci ne va pas assez loin, notamment sur la dose de proportionnelle insérée dans le mode de scrutin des élections législatives : Bayrou et Macron avaient conclu à l’époque de leur alliance une dose de 25 %. Elle ne sera que de 15 % si la loi constitutionnelle est votée.
D’ici 2019, je pense que le texte des institutions doit encore évoluer et porter les espoirs de ceux qui font confiance au Président de la République. #BFMpolitique
Désormais, François Bayrou semble jouer la carte de l’allié déçu. Mais avec ses 47 députés Modem dans la majorité présidentielle, Bayrou est pragmatique et, s’il se laisse un droit de critique sur les réformes du gouvernement, il en approuve et soutient certaines, notamment celle controversée de la SNCF.
L’absence de réforme risque de faire mal à la #SNCF voire de la condamner. #BFMpolitique
Le problème de François Bayrou est le faible poids de son parti au sein de la majorité, 47 face aux 311 députés LREM qui disposent à eux seuls de la majorité absolue. Il s’agit désormais pour le maire de Pau de s’affirmer au sein de cette majorité et de s’inscrire dans une tendance politique définie.
Dimanche à Aubervilliers s’est tenu le congrès du Parti socialiste. Olivier Faure, gagnant de la primaire, a été officiellement investi devant les militants.
Lors d’un discours d’une heure et demie pour son investiture à la tête du PS, Olivier Faure, fraîchement nommé, a réitéré son opposition à la politique gouvernementale. Une opposition ferme, même si le positionnement du PS dans le paysage politique reste encore à établir et se révèle délicat après sa défaite historique à la dernière élection présidentielle.
Olivier Faure a donc tout un parti à reconstruire, celui-ci étant déclaré mort par ses détracteurs et certains de ses anciens membres, comme Manuel Valls. Le PS est à réinventer, de sa base électorale à son siège.
Un premier défi avec les européennes 2019
La première échéance électorale va arriver très vite avec les élections européennes de 2019. Et c’est là le premier défi du nouveau secrétaire général du parti, et il est de taille, car le PS va devoir rassembler ses troupes, lancer sa campagne et constituer ses listes de candidats aux sièges d’euro-députés. Olivier Faure s’est d’ailleurs défini comme un « euro-socialiste », tout comme le commissaire européen Pierre Moscovici qui a profité du congrès de dimanche pour manifester son envie d’être de la partie.
Combien de socialistes accéderont à des responsabilités, c’est tout l’enjeu de la survie du parti qui sombre, mais ne coule pas encore. Depuis la fuite de ses membres après l’élection présidentielle de 2017, le parti peine à exister et ce n’est un secret pour personne. Les élections européennes seront donc l’opportunité pour le PS de se réinsérer dans le jeu politique, ou pas.
Emmanuel Macron donnera une interview dimanche soir sur BFMTV, RMC et Mediapart, selon un communiqué commun des trois médias. Lors d’une émission spéciale diffusée en direct à 20h35, le président de la République répondra aux questions de Jean-Jacques Bourdin pour BFMTV et RMC, et d’Edwy Plenel pour Médiapart. Moins d’un an après son entrée à l’Elysée, Emmanuel Macron voit ses réformes contestées par des mouvements sociaux de la part des cheminots et des étudiants.
Le monument de mémoire aux enfants juifs déportés a été inauguré au cimetière du Père-Lachaise jeudi 12 octobre par la maire de Paris. Un moment plein d’émotions. L’importance de transmettre la mémoire de cet événement aux jeunes générations a été soulignée. Il s’agit du premier monument dédié à ces 11 450 victimes.
Au fond du cimetière du Père-Lachaise, allée du mur des fédérés, la foule est plus nombreuse que prévue. Les chaises manquent pour accueillir les 300 personnes venues assister à cet événement sous surveillance militaire. La moyenne d’âge dépasse les 70 ans. Survivants de la déportation, représentants des associations de mémoire, enseignants et élus ont été invités à l’inauguration du monument aux enfants juifs déportés entre 1942 et 1945.
A 14h55, la Maire de Paris Anne Hidalgo arrive, en même temps que quelques gouttes de pluie. Cependant, les parapluies se referment bien vite, alors que Frédérique Calandra, maire du XXe arrondissement prend la parole. « Parmi ces 11 000 enfants, plus de 1 000 viennent du XXème arrondissement, rappelle-t-elle avant de poursuivre, émue. Beaucoup, n’avaient pas un an. Il est de notre devoir, de notre responsabilité de se souvenir de ce crime auquel la France a participé. »
Chaque discours se termine par un morceau de musique, interprété au violoncelle et/ou en chœur par les étudiants du lycée Jean de la Fontaine. Ainsi, la jeunesse d’aujourd’hui se mêle à celle d’hier. Pour André Panczer, président du Conseil national pour la mémoire des enfants juifs déportés, c’est par l’éducation des jeunes que doit passer la mémoire des abominations passées. « Les enseignants ont le devoir de faire passer cette mémoire pour que les jeunes soient prémunir contre la haine et le rejet de l’autre », souligne-t-il.
Cet homme a dédié sa vie au devoir de mémoire envers les enfants juifs. L’émotion n’est donc pas feinte. Après un silence, il décrit la statue, toujours recouverte d’un voile blanc. « Chaque visage devenu transparent sur ce monument, permet de voir le visage d’un enfant que nous avons connu et qui a disparu dans la fumée, raconte l’homme qui avait huit ans pendant la guerre lorsqu’il est parti se réfugier en Suisse sans ses parents. 11 450, ce n’est qu’un nombre, mais chacun représente un enfant de chair et d’os. Ils ne sont plus que cendres. » Enfin, il s’adresse à Anne Hidalgo pour lui témoigner sa gratitude : « grâce à ce travail de mémoire, votre nom et ceux de vos adjoints resteront dans l’Histoire. »
La maire lui répond d’un signe de tête. Mais l’Histoire n’est pas la seule raison d’ériger ce monument. Anne Hidalgo affirme sa volonté de faire barrage à la haine d’hier comme à celle d’aujourd’hui : « tous ceux qui sont tentés par le racisme, l’antisémitisme doivent savoir qu’ils trouveront toujours Paris sur leur route. »
Soixante-douze ans après la Shoah, tous les intervenants ont mis en évidence un parallèle avec l’époque actuelle et ses nouveaux défis. Des enfants de migrants mourants aux portes de l’Europe, à la montée du racisme, de l’antisémitisme et de la violence. Cette haine transparaît dans les propos tenus sans honte sur internet mais aussi par le nombre croissant d’attentats à caractère antisémite. Ces craintes rendent cet hommage d’autant plus important pour Frédérique Calandra : « c’est assez effarant. Aujourd’hui il y a des gens qui dans leur tête permettent le retour de ces actes. Et il y a des gens pour leur trouver des excuses. Ce monument est important car la mémoire fait partie de la culture, et ce sont toujours l’éducation et la culture qui permettent d’empêcher les drames de ce type. Les enfants de France doivent apprendre cette histoire, aussi dure soit-elle. »
De même, la Maire de Paris compare « les petits parisiens d’aujourd’hui » aux disparus auxquels elle rend hommage. Avant de conclure sur un message de paix « d’autant plus important lorsqu’il est difficile à proférer ».
Pour conclure la cérémonie, le monument de style moderne est révélé. Dix-sept enfants et adolescents sont représentés par des silhouettes métalliques, penchées les unes vers les autres. Dix-sept ombres pour représenter 11 450 individus dont certains avaient moins d’un an. « C’est vrai qu’il est beau. C’est moderne, mais c’est beau ! » glisse l’une des invitées à sa voisine en prenant le monument en photo avec son téléphone.
C’est la première fois qu’un monument en France rend mémoire à ces 11 450 enfants.