L’infante Cristina de retour devant la justice

Débuté le 11 janvier dernier au matin, le procès de l’infante Cristina d’Espagne, de son mari et de 16 autres personnes reprendra demain matin. Accusée de fraude fiscale elle encourt jusqu’à 8 ans de prison.

Spain's Princess Cristina (L) and her husband, former Olympic handball player Inaki Urdangarin (R) leave after a hearing at the courtroom in the Balearic School of Public Administration (EBAP) building in Palma de Mallorca, on the Spanish Balearic Island of Mallorca on January 11, 2016. Spain's Princess Cristina, the sister of King Felipe VI, and her husband, former Olympic handball player Inaki Urdangarin, will go on trial on today for corruption in a high stakes case that risks inflicting further damage to the image of the Spanish monarchy. AFP PHOTO/ JAIME REINA / AFP / JAIME REINA

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Déchue de son titre de duchesse par son frère Felipe VI, humiliée et bannie de la famille royale, l’infante Cristina comparaîtra demain devant la justice espagnole pour fraude fiscale. Un procès qui s’annonce histo­rique car Cris­tina est le premier membre de la famille royale espa­gnole à appa­raître sur le banc des accu­sés depuis le retour de la monar­chie en 1975.

Accusée de fraude fiscale, L’infante a toujours soutenu qu’elle faisait une confiance aveugle à son mari. Son avocat, Miquel Roca, un des pères de la Constitution espagnole de 1978, mais aussi le parquet, représentant l’Etat, avaient demandé l’annulation de la mise en examen de l’infante. Sans succès. Elle encourt une peine pouvant aller jusqu’à 8 ans de prison. Son mari, Iñaki Urdan­ga­rin, encourt lui une peine beau­coup plus lourde. Accusé d’avoir détourné 6 millions de fonds publics à travers la fondation Noos, mais aussi de  fraude fiscale, trafic d’influence, escroque­rie et blanchiment d’argent, sa peine pour­rait atteindre 19 ans de prison. Du jamais vu dans l’histoire de la famille royale espagnole.

– Felipe  VI dans l’oeil du cyclone –

Même si ce procès n’est pas celui du palais, cette affaire de corruption à mis à mal l’institution monarchique. D’abord parce qu’il a été prouvé que l’époux de l’infante, Inaki Urdangarin utilisait le carnet d’adresse de son épouse pour faire des affaires avec les administrations publiques régionales de Valence et des Baléares. Ensuite parce que le refus du parquet de poursuivre l’infante a été perçu par beaucoup d’espagnols comme une manoeuvre politique pour lui éviter d’être jugée. C’est d’ailleurs cette affaire qui a contribué à la chute de popularité de Juan Carlos et à sa décision d’abdiquer en 2014. 

Soucieux de ne pas commettre les mêmes erreurs que son père, le roi Felipe VI , s’est engagé lors de son couronnement le 10 juin 2014 à restaurer le prestige de la Couronne espagnole, promettant «une conduite honnête et transparente». Lors de la mise en examen de l’infante le palais royal a publié un communiqué prenant acte de la décision des juges et affirmant ne pas se mêler des décisions judiciaires. Figure du renouveau, son rôle dans l’élaboration d’un nouveau gouvernement à été salué par la presse comme par les hommes et femmes politiques de tous bords confondus.

 

Alexandra del Peral

 

 

Primaires américaines : pourquoi l’élection dans le New Hampshire est importante

Mardi 9 février se tiendra le deuxième rendez-vous électoral de la course à la présidentielle aux Etats-Unis. Après l’Iowa, c’est au tour de l’Etat du New Hampshire (côte est des Etats-Unis) de choisir ses candidats. CelsaLab vous explique en cinq points pourquoi ce scrutin est primordial pour les candidats encore en lice.

 

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L’état du New Hampshire accueille le deuxième rendez-vous électoral des primaires américaines 2016. (Photo AFP / Jewel Samal)

 

  • C’est le premier scrutin ouvert à tous

Le New Hampshire est le premier État à organiser une primaire. A la différence du caucus de l’Iowa, organisé indépendamment par les partis républicain et démocrate, et où seuls les électeurs affiliés aux partis organisateurs peuvent voter, la primaire du New Hampshire est mise en place par les États. Elle est ouverte à tous les votants, c’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire d’être lié à un parti pour pouvoir voter. Ces électeurs non déclarés peuvent choisir, à l’issue de leur vote classique dans l’isoloir, d’être affilié au parti du candidat pour lequel ils ont voté, ou de demeurer indépendant.

  • Le corps électoral est plus important

Parce qu’il est ouvert, ce scrutin permet a priori d’attirer beaucoup plus de votants. En Iowa, seuls 1406 électeurs affiliés au parti démocrate ont voté, ce qui est évidemment infime au regard des plus de 2 millions d’habitants en âge de voter. Dans le New Hampshire, les électeurs indépendants représenteraient 40% du total des votants de l’État. Une cible majeure pour tous les candidats à l’investiture, qu’ils soient démocrates ou républicains.

  • Une étape importante pour le dynamisme des campagnes

Première vraie primaire et deuxième rendez-vous électoral de la course à la présidentielle, l’élection du New Hampshire attire une attention médiatique bien plus importante que la plupart des autres votes. Les résultats, relayés ad nauseam par les médias américains, peuvent faire et défaire la popularité des candidats. Si les favoris enregistrent une mauvaise performance dans le New Hampshire, leur leadership pourrait être remis en cause. Inversement, si un petit candidat fait un meilleur score que ce à quoi il pouvait prétendre, cela pourrait relancer sa campagne. En 2008, après avoir perdu le caucus dans l’Iowa, Hillary Clinton remporte la primaire démocrate dans le New Hampshire à la surprise générale, et sa campagne gagne clairement en dynamique.

  • Un scrutin qui permet de faire le ménage

Quatre candidats se sont déjà retirés des primaires après leurs faibles résultats lors du caucus de l’Iowa : Rick Santorum, Mike Huckabee et Rand Paul côté républicain, Martin O’Malley chez les démocrates. Ces nouveaux résultats devraient encore un peu plus écrémer les rangs républicains. Les républicains Chris Christie, John Kasich et Jeb Bush ont choisi de rester dans la course, mais leurs résultats dans le New Hampshire seront déterminants dans la poursuite de leurs campagnes. En Iowa, Jeb Bush n’a obtenu qu’un délégué, tandis que ses deux adversaires n’ont rien gagné du tout.

  • Des résultats différents de l’Iowa

Il est peu probable que les vainqueurs du New Hampshire et ceux de l’Iowa soient les mêmes, tout du moins côté républicain. Principalement parce que le New Hampshire est un État bien moins religieux que l’Iowa. Les électeurs devraient a priori être moins tentés par les candidats soutenus par les membres du Tea Party ou les évangélistes. Ted Cruz, qui a multiplié les références bibliques dans ses meetings et reçoit un soutien très important de la communauté chrétienne, n’arriverait que troisième dans les sondages avec 12% d’intentions de vote, alors que sa stratégie s’était avérée payante dans l’Iowa. Des candidats moins conservateurs, comme John Kasich, également crédité de 12% des intentions de vote, pourraient donc tirer leur épingle du jeu à l’occasion de cette primaire.

 

Si les deux Etats sont en très grande majorité blancs (97% pour le New Hampshire, 95% pour l’Iowa), les habitants de l’État de la côte est sont globalement plus riches que ceux du Midwest, un facteur qui pourrait entrer en compte dans les votes.

 

Historiquement, aucun candidat républicain n’a remporté à la fois l’Iowa et le New Hampshire. Lors de la dernière élection en 2012, Mitt Romney remportait le New Hampshire après avoir perdu en Iowa. Le même constat s’impose aussi chez les démocrates : Hillary Clinton avait laissé la victoire à Barack Obama dans l’Iowa, avant de lui ravir le New Hampshire.

Une portée électorale limitée

Si le vote et ses résultats seront symboliquement très importants pour les candidats aux primaires républicaine et démocrate, le nombre de délégués à la clé est faible. Les électeurs du New Hampshire sont invités à en élire 55 : 23 côté républicain et 32 côté démocrate, soit pour chaque camp moins de 1% du nombre total de délégués à élire. Parmi eux, on trouve 8 « superdélégués » : une fois élus, contrairement à la plupart des autres délégués, ils ne sont pas tenus d’apporter leur soutien au candidat pour lequel ils ont été élus.

Lisa Boudet

Primaire républicaine : Jeb Bush, le flambeur

Après des mois de campagne, la course aux primaires américaines a pris son envol dans l’Iowa, lundi soir. A la surprise générale, le candidat Ted Cruz est arrivé en tête du scrutin avec 27,7% des voix. Un chiffre qui surprend compte tenu de son budget de campagne, peu élevé par rapport à celui de son principal rival : Jeb Bush. 

Plus de 80 000$ pour un meeting, plus d’un million pour des appels téléphoniques… Ted Cruz, grand vainqueur du « cancus » dans l’Iowa n’a pas lésiné sur les moyens pour convaincre. Préféré à Donald Trump (24,3%) et à Marco Rubio (23,1%), Ted Cruz s’impose comme le nouvel homme fort du clan républicain. Une victoire significative puisque les électeurs de l’Iowa sont les premiers à se prononcer dans le pays.

Un test grandeur nature pris très au sérieux par les 12 candidats républicains. Tous l’avaient préparé avec attention, n’hésitant pas à organiser plusieurs meetings dans l’Iowa. Avec 293 évènements, Rick Santorum est le candidat républicain a avoir passé le plus de temps dans l’état, suivi de près par Mike Huckabee et Martin O’Malley. Faute d’y avoir passé du temps, certains candidats ont dépensé des sommes folles pour y gagner des voix. Plus de 14 millions dépensés pour Jeb Bush, 11 pour Marco Rubio, 7 pour Ted Cruz. Un investissement pas forcément rentable compte tenu des résultats obtenus.3Au-delà du budget consacré au « caucus » de l’Iowa, c’est toute la campagne américaine qui est gangrenée par des sommes d’argent considérables. Les candidats, soutenus par des grands lobbies ou par des célébrités, brassent plusieurs millions de dollars. Grands meetings, spots publicitaires, tracts… Tout est bon pour convaincre les Américains de se rendre dans les urnes. Ainsi, les quatre candidats républicains les plus médiatisés ont dépensé à eux quatre, plus de cent million de dollars.

Capture d’écran 2016-02-04 à 10.23.29

Mais même à l’échelle nationale, le rapport entre la somme d’argent injectée dans la campagne et le nombre de voix obtenus n’est pas proportionnel. Dépenser beaucoup n’apporte pas plus de voix. Avec plus de 55 millions de dollars déboursé, Jeb Bush n’est arrivé que cinquième dans l’Iowa, avec 2,3% des voix. Chacune de ses voix lui a donc coûté 10 000$, contre 119$ pour Donald Trump, arrivé deuxième. Capture d’écran 2016-02-03 à 16.32.40

Jeb Bush : dépenser pour convaincre

Signe que l’argent ne fait pas le scrutin, Jeb Bush et ses 55 millions de dollars de budget, est loin d’être le candidat favori chez les républicains. Le frère et fils des anciens Présidents est au plus bas dans les sondages, avec moins de 6% des intentions de votes. Le candidat Bush n’a pas su convaincre lors des débats avec les autres candidats républicains, décevantes quand elles n’ont pas été carrément ratées. Sa sortie sur la tuerie dans l’Oregon (« ces choses-là arrivent« ) l’a achevé. Moins 10 points dans les sondages. Il reconnait lui-même être dans « une mauvaise passe« . Alors pour y remédier, Jeb Bush flambe, au point d’inquiéter les membres de son équipe.  Son budget a explosé alors que ses dons baissent. Il utilise pour l’instant les fonds de son « Super PAC », un comité indépendant des comptes de campagne. Sans effet pour l’instant sur l’opinion.

Des finances dans le rouge, des points de désaccords avec les membres de son clan sur la peine de mort et l’immigration, un manque de visibilité… Jeb Bush ne sera donc probablement pas le candidat républicain à la présidentielle des États-Unis. Mais sa candidature aux primaires aura a servi à une chose : prouver que même au pays où l’argent est roi, on achète difficilement des voix.

Nivin POTROS.

Combien coûterait un Brexit ?

David Cameron marche sur la corde raide. Mercredi 3 février, devant le parlement britannique il s’est efforcé de convaincre les députés qu’un accord avec l’UE était indispensable. La sortie de l’Union divise profondément l’opinion et même le propre parti du premier ministre. Entre les eurosceptiques de l’Ukip et les pro-Europe, chacun y va de sa propre prédiction quant aux conséquences d’une telle rupture. Entre apocalypse économique annoncée et promesse d’un renouveau britannique, difficile d’y voire clair.

Si le Royaume-Uni sort de l’Union européenne à l’horizon 2018, quel horizon peut-on entrevoir pour les années à venir ?

Trois scénarios sont possibles.

  • Selon le Bertelsmann stiftung, un think tank allemand (pro Europe), en sortant de l’Union européenne, le Royaume-Uni pourrait perdre jusqu’à 14% de son PIB arrivé en 2030. C’est l’équivalent de 313 milliards d’euros. Selon Open Europe (libéral), la perte du PIB atteindrait seulement – 2,2%.
  • Deuxième scénario : si le Royaume-Uni signe des accords de libre-échange avec l’UE, lui permettant de maintenir le marché unique établi jusqu’ici, son PIB pourrait varier de +0,8 à -0,6% de son PIB, toujours selon Open Europe.
  • Troisième cas de figure, le plus optimiste : le Royaume-Uni pourrait gagner 1,55% de son PIB à condition d’établir, une fois la sortie de l’UE négociée, des accords commerciaux avec le reste du monde, principalement l’Asie.

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