Fête nationale espagnole : l’unité nationale imposée en pleine crise catalane

L'aviation espagnole lors de la fête nationale espagnole. / Crédit : Inigo Sesé
L’aviation espagnole lors de la fête nationale espagnole. / Crédit : Inigo Sesé

La fête nationale espagnole se déroule cette année dans l’ombre de la crise d’indépendance catalane. L’occasion pour Madrid  de réveiller le patriotisme du peuple espagnol.

 

Des drapeaux espagnols ornent les balcons de Madrid ce jeudi 12 octobre. Ils décorent le parcours que suivront 3 900 militaires au cours de la journée lors de leur parade annuelle. Comme chaque année, l’Espagne fête son Día de la Hispanidad, jour de fête nationale. Et ce alors que le pays traverse sa crise la plus grave depuis des décennies. La Catalogne a jusqu’au 19 octobre pour revenir sur sa déclaration d’indépendance. Si la Catalogne ne cède pas, Madrid prendra le contrôle de la Catalogne comme le lui permet l’article 155 de la Constitution.

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Cette année, la célébration se fait sous le signe de l’unité nationale, avec pour slogan « fiers d’être espagnols ». Un cri de ralliement lancé par la ministre de la Défense María Dolores de Cospedal. C’est une démonstration de force que prévoit le gouvernement. Exceptionnellement, la police nationale est aussi conviée à défiler. Deux semaines plus tôt, celle-ci était accusée d’être intervenue trop durement lors du référendum d’autodétermination. Et, le ministère de la Défense a diffusé une vidéo montrant les prouesses militaires de Madrid, notamment des avions de combat.

 

« Ils ont plus peur du dialogue que de la violence »

 

« On demande le dialogue et on nous répond en mettant le 155 sur la table. Entendu », a réagi Carles Puigdemont mercredi soir, qui continue à défier Madrid. Dans un tweet, il a ajouté : « Ils ont plus peur du dialogue que de la violence ».

 

 


Le recours à la violence pour mettre un terme à la crise catalane n’est pas exclu, faisait savoir le ministre des Affaires étrangères espagnol Alfonso Dastis, interviewé ce jeudi par la chaîne CNews. « Nous espérons qu’il n’y aura pas besoin d’utiliser la force », a-t-il ajouté. Le ministre espère « ne pas devoir recourir à  » l’arrestation de Carles Puigdemont et de son entourage, dans le cadre d’une enquête judiciaire pour sédition.

 

– Jean-Gabriel Fernandez

Catalogne : comprendre la crise en quelques questions

Mardi 10 octobre, devant le parlement catalan, Carles Puigdemont a officiellement proclamé l’indépendance de la Catalogne avant d’en suspendre immédiatement l’application.  Il appelle le gouvernement espagnol à dialoguer avec l’exécutif catalan et demande une médiation internationale. Une option rejetée ce mercredi par Mariano Rajoy. Dès lors, que risque-t-il d’advenir ? Voici cinq questions pour mieux comprendre ce moment historique.

Carles Puigdemont et Mariano Rajoy (c) La Moncloa - Gobierno de España
Carles Puigdemont et Mariano Rajoy (c) La Moncloa – Gobierno de España

En proclamant mardi soir l’indépendance de la Catalogne avant de suspendre son effet et de prôner le dialogue, le président de la région autonome, Carles Puigdemont, a renvoyé la balle dans le camp des institutions fédérales, et européennes. « Nous sommes disposés à ouvrir le temps du dialogue (…) J’en appelle à la responsabilité de tous et je demande à l’UE de s’impliquer dans ce processus », a-t-il indiqué.

Le président de l’exécutif catalan a ensuite poursuivi, et argué qu’il s’agissait d’ »un geste de responsabilité ». Une façon de temporiser et de se protéger à la fois des critiques des partisans de l’indépendance – en dépit d’un désaveux des plus radicaux – et d’une probable réponse autoritaire de Madrid. Mais les possibilités d’un dialogue s’amenuisent. Voici cinq questions pour mieux comprendre ce moment historique.

  • Qu’a répondu Mariano Rajoy à Carles Puigdemont ?

Au sortir du conseil des ministres exceptionnels convoqué ce mercredi, Mariano Rajoy a, à son tour, renvoyé la balle dans le camp de Carles Puigdemont, et a exigé du gouvernement catalan « qu’il confirme s’il a déclaré l’indépendance de la Catalogne », sans accepter la proposition de dialogue que lui avait formulé Carles Puigdemont. Une annonce sous forme d’ultimatum. Dans cette déclaration, Mariano Rajoy menace de mettre en oeuvre l’article 155 de la Constitution, à savoir le retrait de l’autonomie de la province catalane.

  • Pourquoi Madrid refuse le dialogue ?

D’après Gérard Onesta, ancien-vice président du Parlement Européen, observateur lors du référendum de dimanche et spécialiste de la question Catalane, la réponse est dogmatique. « Pour eux (Mariano Rajoy et le Parti Populaire, NDLR), l’idée même que l’on puisse seulement imaginer qu’une région espagnole puisse acquérir son indépendance est insupportable ».    

Pour preuve, il invoque le précédent référendum catalan de 2006, « qui s’était déroulé sans encombres, alors que la participation était moindre que dimanche. Seulement celui-ci ne traitait pas d’indépendance, mais uniquement d’autonomie ».  Puis de conclure une première fois, « il ne reconnaîtra rien, il ne transigera sur rien, il ne négociera pas ». 

  • Que risque-t-il d’arriver à la Catalogne ?

Si l’exécutif catalan confirme avoir déclaré son indépendance, et fait donc sécession, l’article 155 de la Constitution permettrait à l’exécutif de « prendre les mesures nécessaires pour la contraindre à respecter ces obligations ou pour protéger l’intérêt général ». Toutefois, cette mesure serait longue à mettre en oeuvre. Le gouvernement espagnol devrait obtenir l’aval de Carles Puigdemont lui-même – ce qui est exclu – ou, à défaut, un vote à la majorité du Sénat, qui lui est favorable.

Le gouvernement pourrait aussi, afin d’aller plus vite, invoquer l’article 116 de la Constitution espagnole et proclamer l’état d’alerte en Catalogne, avec effet immédiat. Cela permettrait à l’exécutif fédéral de prendre le contrôle des institutions régaliennes de la Catalogne, comme la police et la justice. En septembre dernier, le gouvernement fédéral avait déjà pris en main les finances de la région. « Une décision qui n’a alertée aucune instance internationale », déplore Gérard Onesta.

Par la voix d’Alfonso Dastis, le chef de la diplomatie espagnole, le gouvernement espagnol a, quoi qu’il advienne, prédit une issue pessimiste aux futures décisions de Carles Puigdemont. Après le discours prononcé mardi soir devant le parlement catalan, M. Dastis a en effet prononcé la phrase suivante : « cette déclaration va engendrer des affrontements économiques et sociaux ». Un terme guerrier qui, dans la bouche d’un diplomate, ne devrait être sous-estimé.

  • La fin de l’autonomie de la Catalogne est-elle possible ?

Selon Gérard Onesta, Mariano Rajoy n’hésitera pas à mettre sa menace à exécution. Ce serait même son objectif : « la majorité politique sur laquelle repose le gouvernement de M. Rajoy est mince, comme sa côte de popularité. Il suffit de regarder les difficultés rencontrées lors des dernières élections législatives (les élus aux élections législatives de 2016 avait échoué à nommer un chef de gouvernement, une première, NDLR) ainsi que les récentes affaires de corruption dont pâtit son parti pour s’en convaincre ». D’après lui « engendrer une situation d’instabilité en Catalogne lui permettrait de revenir quelques mois plus tard en sauveur, après que la peur se soit installée. Il n’a, de toute façon, pas plus de 5 ou 6 % de sympathisants dans la région ».

Plus que tout, d’après l’ancien parlementaire européen, le gouvernement espagnol « ne veut pas laisser la résistance s’organiser ». D’après le journal El Pais, qui commente de récents mouvements de troupes dans la région, l’armée espagnole se prépare d’ailleurs à « soutenir la garde civile et le corps de police national dans leur mission de sécurité » si le gouvernement lui en donnait l’ordre. « Les militaires prendraient soin de la protection des ports, des aéroports, des centrales nucléaires, des dépôts de carburant et d’autres infrastructures critiques », conformément à une loi de défense nationale promulguée en 2005.

  • Quels rôles peuvent jouer les institutions européennes ?

Appelée par Carles Puigdemont à jouer le rôle de médiateur dans cette guerre de postures diamétralement opposées, ouverture contre fermeture, l’Union Européenne, à travers les déclarations de ses principales institutions, ne paraît pas moins clivée. Toujours de l’avis de Gérard Onesta, Carles Puigdemont placerait, en vérité, peu d’espoir en elles. « La Commission Européenne comme le Parlement Européen sont tous les deux dirigés par des membres du Parti Populaire Européen, l’équivalent du parti espagnol de Mariano Rajoy ». Il existerait tout de même un moyen pour Carles Puigdemont d’obtenir de l’influence : « le Conseil Européen, (formé des gouvernements nationaux, NDLR) est composé de nombreux pays ayant acquis leur indépendance à la suite de référendums d’initiatives populaires, comme la Lituanie ou la Slovénie. A une voix pour un pays au Conseil Européen, leur opinion pourrait peser ». 

 

Antoine Colombani

Catalogne: Rajoy demande des clarifications

Ce mercredi Mariano Rajoy a demandé à Carles Puigdemont de clarifier explicitement sa position sur l’indépendance de la Catalogne.

Manifestation pour l'indépendance en Catalogne ©Kippleboy
Manifestation pour l’indépendance en Catalogne ©Kippleboy

Le président du gouvernement espagnol réclame un éclaircissement. Ce mercredi, Mariano Rajoy a annoncé avoir formellement demandé au président régional Catalan, Carles Puigdemont, de s’exprimer clairement sur la situation catalane. « Le Conseil des ministres est convenu ce matin d’envoyer une réquisition formelle au gouvernement de la Generalitat (exécutif catalan) afin qu’il confirme s’il a déclaré l’indépendance de la Catalogne« , a annoncé M. Rajoy lors d’une brève allocution télévisée. Le chef du gouvernement a par ailleurs menacé de déclencher la procédure de suspension de l’autonomie si jamais l’indépendance était explicitement proclamée. 

 

« Au vu de la confusion en Catalogne, le conseil des ministres a approuvé de demander à la Generalitat d’éclaircir ses positions sur l’indépendance »

Le gouvernement espagnol s’était réuni en urgence pour réclamer des explications à Carles Puigdemont après sa « déclaration implicite » d’indépendance mardi. Au cours de son allocution, il avait soufflé le chaud et le froid, saluant la victoire du « oui » à l’indépendance avant de « suspendre les effets de la déclaration d’indépendance« .

Dorine Goth

Corée du Nord : nouveau missile en vue ?

La Corée du Nord célèbre aujourd’hui les 72 ans du Parti des travailleurs, le parti au pouvoir du dirigeant Kim-Jong Un. Selon des observateurs, le dictateur nord-coréen pourrait tirer parti de cette occasion pour lancer une énième provocation : un nouveau tir de missile à longue portée. C’est en tout cas ce qu’a affirmé un haut responsable américain à Washington, qui rappelle néanmoins que des prédictions similaires dans le passé se sont révélées inexactes.

Mais l’éventualité est renforcée par les déclarations de trois députés russes à l’agence de presse Ria. Ils ont visité le pays pendant cinq jours la semaine dernière et certifient que les Etats-Unis sont dans le viseur de Pyongyang. « Ils nous ont donné des calculs mathématiques qui prouvent, selon eux, que leurs missiles peuvent atteindre les côtes des Etats-Unis », affirme l’un d’eux. Un responsable du Korea Mission Center, créé cette année par la CIA à Washington pour faire face aux menaces posées par la Corée du Nord, a dit à ses équipes de se tenir prêtes.

 

Traduction : Le député russe Anton Morozov affirme que

« des missiles de longue portée plus puissants …

seront capables de frapper la côte ouest des Etats-Unis »

Douglas De Graaf