Biden à Tulsa, théâtre d’un massacre d’Afro-américains longtemps oublié

Joe Biden est attendu ce mardi 1er juin à Tulsa, en Oklahoma, pour commémorer les 100 ans d’un des plus grands massacres de l’histoire américaine, longtemps passé sous silence. Les survivants et les descendants d’Afro-américains assassinés ou forcés à fuir demandent aujourd’hui réparation.

Joe Biden Tulsa massacre
Les Afro-américains ont joué un rôle clef dans l’élection de Joe Biden. © CC

« Je veux juste qu’il ressente notre douleur », exprime Kristi Williams, activiste et descendante d’une des 300 victimes du massacre de Tulsa, survenu dans la nuit du 31 mai au 1er juin 1921. Elle souhaite que Joe Biden « rende justice » aux victimes de ce drame, par une reconnaissance financière et mémorielle.

Le massacre de Tulsa est resté longtemps tabou. Le 31 mai 1921, le quartier de Greenwood, surnommé le « Black Wall Street » est une des communautés noires les plus riches du pays. On y trouve notamment deux cinémas, un hôpital et deux sièges de journaux. Le lendemain, tout le quartier est rayé de la carte.

Un lynchage pour une fausse accusation

Au départ, un incident entre Dick Rowland, un cireur de chaussures noir, et Sarah Page, une liftière blanche, dans l’ascenseur d’un immeuble du centre-ville. Celle-ci accuse Rowland de l’avoir agressée. Plus tard, elle écrira une lettre l’exonérant.

Pendant le procès, une foule blanche se rassemble à l’extérieur du tribunal. Des vétérans afro-américains de la Première Guerre mondiale se rendent sur place pour empêcher son lynchage. Un coup de feu est tiré. La foule, armée et vindicative, décide alors de marcher en direction de Greenwood.

« Ils essayaient de tuer tous les noirs qu’ils voyaient »

Un déchaînement de violence frappe alors « Black Wall Street ». Les historiens s’accordent sur les chiffres de 300 morts et 10 000 habitants devenus sans-abri. « Ils essayaient de tuer tous les Noirs qu’ils voyaient », explique George Monroe, survivant du massacre, dans un documentaire de 1999. Il avait 5 ans ce soir-là.

Les maisons sont pillées et brûlées. Des avions lâchent des bombes de kérosène et de térébenthine. Le lendemain, le quartier n’est plus qu’une ruine. Nul n’est tenu responsable à l’époque. Les demandes de remboursement sont refusées par les assurances. Après le massacre, un silence s’installe sur la nuit du 31 mai.

Un procès intenté contre la ville de Tulsa

« J’ai vécu au travers du massacre tous les jours ». Viola Fletcher, l’une des dernières survivantes, âgée aujourd’hui de 107 ans, témoignait la semaine dernière devant la Chambre des représentants américaine.

Les survivants intentent actuellement un procès contre la ville de Tulsa. Ils accusent notamment la police de la ville d’avoir missionné et armé les habitants blancs de Tulsa afin de piller et brûler le quartier de Greenwood, et d’assassiner ses occupants.

Des fouilles sont actuellement entreprises pour trouver les fosses communes où ont été enterrées les victimes noires du massacre. Le travail de mémoire se poursuit, pour la reconnaissance des dommages causés.

Jean Cittone

Covid-19 : la dette commune européenne approuvée par les 27

Tous les pays de l’Union européenne ont désormais accepté les conditions de l’émission de dette commune. Pour un montant total de 750 milliards d’euros, elle doit permettre aux Etats de relancer l’économie, essoufflée par la crise sanitaire. 

Les 27 pays membres ont lancé un plan historique d’endettement commun à hauteur de 750 milliards d’euros. © Christian Lue/Unsplash

« Next Generation EU » : c’est ainsi qu’a été baptisé le plan d’endettement commun de l’Union européenne et de ses Etats membres pour relancer les économies fortement ralenties par la crise du Covid-19.

Les 27 ont officiellement notifié leur accord pour entamer la procédure commune à partir du 1er juin, comme l’a annoncé le Conseil européen dans un communiqué diffusé le 31 mai. L’Autriche et la Pologne ont ratifié le 27 mai ce plan, permettant de lancer la procédure de dette commune.

« L’Union européenne est désormais en mesure d’obtenir le financement nécessaire », s’est réjoui le Premier ministre portugais, Antonio Costa, qui assure la présidence tournante de l’Union depuis janvier.

670 milliards d’euros pour la relance des économies européennes

Sur un plan d’emprunt de 750 milliards d’euros, plus de 670 milliards iront aux différents pays de l’Union européenne selon leurs besoins. Ce plan d’endettement commun est inédit pour les 27 et incarne la solidarité continentale face à la crise du Covid-19 qui fait rage depuis mars 2020.

 

Dans une interview au journal Les Echos, le secrétaire d’Etat français chargé des Affaires européenne Clément Beaune expliquait : « Concrètement, la Commission lance ce 1er juin le processus d’émission de dette en réunissant des grandes banques internationales et européennes, et l’émission de titres aura lieu ce mois-ci. »

La première émission de dette européenne s’élèvera à un montant de 10 milliards d’euros auprès des banques, qui bénéficieront de « taux d’intérêt très favorables » d’après Clément Beaune.

Le lancement de la dette commune est un signal important de la part des Etats européens : la procédure était très critiquée dernièrement pour ses lenteurs institutionnelles. Le plan a été le fruit de négociations difficiles l’été dernier, avant d’être finalement conclu en juillet 2020.

Financer la relance et la transition écologique

Les fonds transmis depuis cette dette commune serviront aux États pour relancer leurs économies, parfois exsangues des suites de la crise sanitaire. « L’objectif est d’atténuer les conséquences économiques et sociales de la pandémie de Covid-19 et de rendre les économies et les sociétés européennes plus durables, plus résilientes et mieux préparées aux défis posés par les transitions écologique et numérique », d’après la Commission européenne.

L’idée est de financer en particulier des projets de rénovation thermiques de bâtiments, des projets ferroviaires, des bornes de recharge pour les voitures électriques, des réseaux de télécommunication et des infrastructures pour le stockage de données à travers l’Europe.

Les autres champs d’utilisation de cette dette commune seront notamment le domaine de la santé, de la recherche et de l’innovation, la modernisation des exploitations agricoles dans le cadre de la Politique Agricole Commune et la lutte en faveur de l’égalité femme-homme.

Joséphine Boone

Le Niger prête 100 000 doses de vaccins anti-Covid à la Côte d’Ivoire

Le Niger a accordé un prêt de 100 000 doses de vaccins AstraZeneca à la Côte d’Ivoire pour lui permettre de poursuivre « sans interruption » sa campagne de vaccination contre le coronavirus, selon les autorités sanitaires nigériennes.

Le Niger prête 100 000 doses du vaccin AstraZeneca à la Côte d’Ivoire. © Daniel Schludi

La Côte d’Ivoire va recevoir 100 000 doses du vaccin AstraZeneca contre le coronavirus de la part du Niger. Un prêt qui devrait permettre au pays de poursuivre sa campagne de vaccination, entamée en février.

« C’est dans le cadre de la solidarité que nous prêtons ces 100 000 doses de vaccins et des consommables à la Côte d’Ivoire », a expliqué Hassane Abdoul-Nasser, un responsable du ministère nigérien de la Santé. Le Niger et la Côte d’Ivoire entretiennent en effet des relations de coopération depuis des décennies.

Les deux pays ont organisé une cérémonie de remise des vaccins pour l’occasion. Elle s’est déroulée dimanche 30 mai en présence de Victor Akpro Akessé, le consul de Côte d’Ivoire au Niger, ainsi que des membres d’une délégation du ministère ivoirien de la Santé, selon le service de presse du ministère.

Intensification de la vaccination en Côte d’Ivoire

Avec plus de 25 millions d’habitants, la Côte d’Ivoire, enregistre aujourd’hui environ 47 000 cas pour plus de 300 décès. Elle a reçu en février quelque 500 000 doses de vaccin AstraZeneca fournies par Covax, le mécanisme mondial de groupement des achats pour les vaccins contre le Covid-19. La validité de ces vaccins expire en juin alors que le rythme des vaccinations s’accélère.

« Ces vaccins vont nous permettre de continuer la vaccination sans interruption. Nous allons restituer (au Niger) ces 100 000 doses de vaccins dès que la Côte d’Ivoire recevra » d’autres vaccins AstraZeneca, a assuré le chef de la délégation ivoirienne.

Le Niger a quant à lui reçu 780 000 doses de vaccin. Une partie des doses d’AstraZeneca provient du programme Covax destiné à fournir des vaccins aux pays à faible revenu, une autre a été fournie par un don indien. La majorité des doses, offertes par la Chine, proviennent du vaccin Sinopharm.

Le pays n’a pour l’instant vacciné que 160 000 Nigérians, soit plus de trois fois moins que la Côte d’Ivoire, alors que les deux pays ont un nombre d’habitants similaire : 23 millions pour le Niger et 25 millions pour le Côte d’Ivoire. Mais le Niger a reçu 180 000 doses de plus que la Côte d’Ivoire qui a commencé sa campagne plus tôt.

Plus de 170 000 personnes vaccinées au Niger

Le Niger a lancé le 29 mars à Niamey, la capitale du pays, des opérations de vaccination contre le coronavirus qui se sont depuis étendues à tout le pays. Selon la radio publique nigérienne, « plus de 170 000 personnes ont été vaccinées contre le coronavirus en deux mois ».

Bien que le Niger soit relativement peu touché par l’épidémie de coronavirus, avec 5 410 cas dont 192 décès selon un bilan officiel, les autorités avaient pris, dès l’apparition des premiers cas en mars 2020, des mesures drastiques pour stopper sa propagation. Entre autres, la fermeture des frontières, l’état d’urgence, le couvre-feu, ou encore la fermeture des lieux de culte et des écoles.

Lise Cloix

Greenpeace dénonce la surpêche en Afrique de l’Ouest

Un rapport de Greenpeace publié ce mardi 1er juin met en cause la surpêche en Afrique de l’Ouest à destination des industries européennes et asiatiques : l’exportation de farine et d’huile de poisson priverait les populations d’une part importante de leur alimentation.

En 2019, plus de 70% de l’huile de poisson produite en Mauritanie a été destinée à l’UE » explique Greenpeace. © Jo-Anne McArthur

500 000 tonnes de poissons, transformés en huile et farine pour l’exportation vers l’Europe et l’Asie, pourraient servir à nourrir 33 millions de personnes, dénonce un rapport de Greenpeace publié mardi. Les espèces principalement pêchées, la sardinelle et l’ethmalose (sardine des estuaires, ou bonga), sont « surexploitées ». Elles constituent également une source vitale de protéines animales pour les populations de la région côtière, mais également continentale.

 

Les farines et huiles exportées servent à l’aquaculture ou l’agriculture de l’Union européenne principalement : « En 2019, plus de 70% de l’huile de poisson produite en Mauritanie a été destinée à l’UE. » Cela fait plusieurs années que Greenpeace alerte sur la surpêche dans cette région.

Le rapport dénonce également l’augmentation de la production de farine et d’huile de poisson dans cette région, passée de 13 000 tonnes en 2010 à 170 000 tonnes en 2019.

Gaëlle Sheehan