Crise des sous-marins : Boris Johnson veut « rétablir la coopération » avec la France

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a téléphoné à Emmanuel Macron vendredi pour apaiser les relations diplomatiques dans l’affaire des sous-marins, crise diplomatique qui dure depuis plus d’une semaine.

Une tentative d’apaisement dans la crise diplomatique des sous-marins australiens. Lors d’un échange téléphonique avec Emmanuel Macron vendredi, le Premier ministre britannique Boris Johnson a expliqué qu’il souhaitait « rétablir la coopération » avec la France. Cette conversation a eu lieu à la demande de Boris Johnson, qui espère « une coopération conforme à des valeurs et des intérêts communs ».

Boris Johnson cherche ainsi à aplanir les tensions. Depuis une semaine, la France montre un fort mécontentement suite au revirement de l’Australie sur un contrat à plus de 50 milliards d’euros pour l’achat de sous-marins français, construits par la société NavalGroup. L’Australie a finalement choisi de mettre fin à ce contrat pour se procurer des sous-marins à propulsion nucléaire américains, dans le plus grand secret.

« Coup de poignard dans le dos »

L’affaire a été négociée entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Australie, provoquant l’ire de l’Union européenne et plus particulièrement de la France. Cette dernière assimilant cet événement à « un coup de poignard dans le dos ».

Emmanuel Macron a répondu à son homologue britannique qu’il « attendait ses propositions ». Mercredi, le Président français a brièvement échangé avec le chef d’Etat américain Joe Biden à propos de cette affaire, décidant d’envoyer à nouveau les ambassadeurs français aux Etats-Unis après les avoir rappelés à Paris.

Cette semaine, Boris Johnson a appelé la France au calme après plusieurs jours d’échauffement diplomatique. Mais cette prise de bec a porté les relations entre Londres et Paris à leur plus haut niveau de tension depuis le Brexit en 2016, lorsque le Royaume-Uni a lancé sa procédure de sortie de l’Union européenne. Pour autant, les relations entre les deux Etats a été maintenue depuis le début de l’affaire.

 

Joséphine Boone

Elections en Allemagne : l’Union européenne dénonce de possibles cyberattaques russes

Le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borell, a fortement condamné le rôle présumé de l’Etat russe dans une série de cyberattaques dirigées vers l’Allemagne. A deux jours du scrutin législatif qui désignera le successeur d’Angela Merkel, l’Union soupçonne la Russie de vouloir interférer dans les élections allemandes et de propager de fausses informations par le biais de hackers. 

A deux jours des élections législatives allemandes, l’Union européenne tape du poing sur la table. L’organisation a condamné vendredi ce qu’elle considère comme des cyberattaques associées à l’Etat russe, à l’approche du scrutin du 26 septembre qui désignera le successeur de la chancelière Angela Merkel.

« Certains États membres ont observé des cyberactivités malveillantes, désignées collectivement sous le nom de « Ghostwriter », et les ont associées à l’État russe », a déclaré Josep Borrell, responsable de la politique étrangère. Des activités qualifiées d’ « inacceptables », car cherchant à « menacer l’intégrité, la sécurité et les valeurs démocratiques » de l’Union.

Le responsable européen a demandé instamment à la Russie d’adopter un comportement plus responsable dans le cyberespace. Si cela n’est pas fait, l’Union européenne pourrait prendre des mesures supplémentaires à son égard.

Berlin a dénoncé à plusieurs reprises au cours du mois de septembre ce que le gouvernement a qualifié de « tentatives russes d’influencer l’élection d’un nouveau parlement ». Le groupe informatique « Ghostwriter », spécialisé dans la diffusion de la désinformation, est notamment pointé du doigt.

Les services de renseignement allemands pensent que les hackers ont tenté d’accéder aux comptes de messagerie privés de députés fédéraux et régionaux. D’après les autorités outre-Rhin, le service de renseignement militaire russe GRU est à l’origine de ces attaques, qui ont ciblé notamment des membres du parti chrétien-démocrate (CDU) et social-démocrate (SPD). Une enquête pour « suspicion d’espionnage » a été ouverte par les procureurs fédéraux.

 

Joséphine Boone

De la Guerre des Sables à la fermeture des frontières aériennes : 60 ans de conflit entre Maroc et Algérie

Depuis mercredi 22 septembre, plus aucun avion marocain n’est autorisé à voler dans l’espace aérien algérien. Afin de comprendre les enjeux d’une telle décision, revenons sur l’évolution du conflit entre Maroc-Algérie, en cinq dates clés.

 

 

Mercredi 22 septembre, l’Algérie porte un coup supplémentaire à la diplomatie du Maghreb. En joute, son rival frontalier depuis 60 ans, le Maroc, désormais privé de faire voler de son accès à l’espace aérien algérien. Cette lourde décision fait suite à une série d’incidents diplomatiques, particulièrement rapprochés depuis la mi-juillet : découverte de l’utilisation par le Maroc d’un logiciel israélien pour espionner les dirigeants algériens, soutien officiel du Maroc aux mouvements indépendantistes kabyles, lui-même en réponse au soutien que l’Algérie apporte aux indépendantistes sahraouis, privant le Maroc d’un territoire convoité. Par des jeux de ricochet, les deux plus grandes puissances du Maghreb se disputent le pouvoir. Afin de comprendre les enjeux de ces tensions, retraçons en cinq dates clés 60 ans de conflit entre Maroc et Algérie.

 

  • 1963, la Guerre des Sables : « On passe de l’alliance à la guerre« 

1962, l’Algérie gagne son indépendance. Parmi les modalités négociées avec la France, les colonisateurs cèdent aux colonisés un territoire de 2 millions de km² dans le Sahara. Territoire historiquement lié au Maroc, et ainsi convoité par ce dernier, qui réclame également sa part de désert.

En 1963, un conflit armé éclate, appelé la Guerre des Sables. 850 morts sont à déplorer dans les rangs algériens – selon leurs estimations – bien que leurs frontières demeurent inchangées in fine. Mais pour l’historien Pierre Vermeren, il s’agit là du « crime originel, d’où tout découle ensuite« . L’Algérie « se vengera » dès 1975 de ce qui est vécu comme une « trahison« , une « humiliation » énonce Pierre Vermeren.

Les bases du conflit Maroc-Algérie sont posées : conquête du Sahara, rivalités territoriales et « volonté hégémonique« , ajoute l’historien.

  • 1976, première rupture diplomatique entre Maroc et Algérie

En 1975, un territoire clef fait son apparition sur l’échiquier diplomatique : le Sahara Occidental. Jusqu’alors colonisée par les Espagnols, cette vaste terre désertique se retrouve aux mains du Maroc – qui contrôlait déjà 80% de la zone. L’occasion pour Alger de rendre enfin la pareille, après la tentative marocaine de conquérir leur part du désert en 1963.

Et c’est par un jeu de soutien indirect qu’elle y parvient. L’acteur clef ? Le Front Polisario, parti revendiquant l’indépendance du Sahara Occidental, et, par définition, opposé à l’occupation marocaine.

L’Algérie soutient donc le Front Polisario, encourage la proclamation en 1976 de la République arabe Sahraouie démocratique, soutient sa crédibilité auprès des instances internationales.
Non contente de faire face à un adversaire supplémentaire dans sa bataille pour le Sahara Occidental, Rabat accuse l’Algérie d’être « partie prenante réelle du conflit » et ne tarde pas à riposter : en 1976, c’est la première rupture diplomatique entre Maroc et Algérie.

  • 1994, fermeture définitive des frontières

Après une accalmie dans les années 1980, les années 1990 sont marquées par une des ruptures majeures du conflit Maroc-Algérie : la fermeture de leurs frontières communes, toujours en cours aujourd’hui.

En effet, l’Algérie s’est mise à représenter un danger pour le Maroc : révolution et montée en puissance des islamistes en 1988, puis début de la guerre civile en 1992. « Les Marocains ont eu peur d’être contaminés« , explique Pierre Vermeren. Ils utiliseront donc l’attentat de l’Hôtel Asni à Marrakech, perpétré par deux algériens, comme « prétexte » pour durcir l’entrée des algériens au Maroc : un visa est désormais nécessaire.

Une mesure perçue comme une « trahison » par les Algériens selon l’historien : « au lieu de se sentir aidés par leur voisin ils se sont sentis enfermés« .
La réponse algérienne est radicale et, jusqu’alors, toujours de mise : les frontières terrestres avec le Maroc sont fermées.

  • 2017, le Maroc réintègre l’Union Africaine

A partir des années 1990, l’Algérie perd en portée diplomatique à mesure que le Maroc en gagne. D’un côté, une puissance affaiblie par une guerre civile en 1992, et dont la figure diplomatique forte, le président Abdelaziz Bouteflika, se retire de la vie politique après un accident cardiaque en 1993; de l’autre, un pays en position d’outsider mais qui travaille en profondeur ses relations internationales… et en récolte les fruits ! Après 30 ans d’absence, le Maroc réintègre l’Union Africaine en 2017.

« Le Maroc a occupé cette place vide laissée par l’Algérie en marquant des points auprès de l’Union Africaine, des Occidentaux, et récemment auprès d’Israël« , analyse Pierre Vermeren. En effet, en décembre 2020, le Maroc accepte de normaliser ses relations avec Jérusalem.

La monnaie d’échange ? Le Sahara Occidental, une fois de plus. Les États-Unis ont donc ensuite reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire désertique, court-circuitant ainsi le Front Polisario, et l’Algérie qui le soutient.

  • 2021, l’Algérie ferme son espace aérien au Maroc

Depuis la mi-juillet, les incidents diplomatiques du Maroc à l’encontre de l’Algérie se sont faits plus nombreux et plus rapprochés.
D’abord, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, a clairement exprimé la volonté de son pays d’être aux kabyles ce que l’Algérie est au sahraouis lorsqu’il écrit « le vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination ».

De plus, une enquête publiée par un consortium de médias, dont Le Monde, accuse le Maroc d’avoir utilisé un logiciel d’espionnage israélien à l’encontre de l’Algérie.

Alors, dans un élan que Pierre Vermeren qualifie de « politique du pire » et « d’aveu de faiblesse« , l’Algérie a finalement fermé son espace aérien au Maroc, après avoir rappelé son ambassadeur et officiellement rompu ses relations diplomatiques avec Rabat un mois plus tôt.

La prochaine étape ? « Ils ne leur reste qu’à asphyxier économiquement le Maroc » énonce Pierre Vermeren. En effet, l’Algérie aurait la possibilité de bloquer l’oléoduc produisant 25% de l’électricité au Maroc. Une hypothèse néanmoins peu probable selon l’historien.

 

Eléana Bonnasse

 

Elections fédérales allemandes : comment fonctionne le mode de scrutin ?

Scrutin uninominal ou proportionnel, coalition des partis, élection du chancelier… On vous explique comment marchent les élections fédérales en Allemagne qui auront lieu le 26 septembre prochain.

© Maheshkumar Painam

Angela Merkel s’apprête à tirer sa révérence après seize années passées à la tête de l’Allemagne. Le 26 septembre prochain, les Allemands se rendront donc aux urnes pour élire un nouveau chancelier ou une nouvelle chancelière à la tête de leur pays ainsi que de nouveaux députés. Mais, comment ça marche, les élections allemandes ? Explications.

Commençons par les bases. La République fédérale d’Allemagne est un Etat organisé en démocratie parlementaire et composé de 16 Länder, c’est-à-dire des Etats fédéraux. Le pays est ainsi dirigé par un chancelier fédéral. Le pouvoir législatif outre-Rhin est, comme en France, exercé par deux assemblées : le Bundesrat et le Bundestag.

Pour qui s’apprêtent à voter les électeurs en Allemagne ? Ils éliront dimanche les députés du Bundestag, l’équivalent de l’Assemblée nationale en France, pour une législature de quatre ans au scrutin uninominal et proportionnel par compensation. Was ?

Deux voix pour un bulletin

Les législatives allemandes, c’est deux voix pour un bulletin : le jour du scrutin, l’électeur allemand coche donc deux cases. Dans la colonne de gauche, il doit choisir un candidat qui se présente dans sa circonscription. Celui qui arrive en tête remporte nécessairement un siège au Parlement fédéral, le Bundestag, donc. C’est la moitié des représentants allemands qui sont élus par cette voix, dite majoritaire.

Colonne de droite à présent : avec sa seconde voix, l’électeur vote cette fois-ci pour le parti de son choix avec une liste prédéfinie. Il s’agit de la même pour tout le pays. La tête de file est alors appelée à devenir chancelier ou chancelière et c’est une règle de proportionnalité qui détermine la part de sièges qui revient à chaque parti. Achtung : seuls les partis obtenant plus de 5% des suffrages à l’échelle nationale peuvent faire entrer leurs députés au Bundestag.

Coalition nécessaire

Pour gouverner, un parti doit nécessairement avoir plus de la moitié des sièges au Parlement. Mais le mode de scrutin allemand rend la chose improbable : c’est pour cela que les partis arrivés en tête des élections doivent s’allier avec un ou plusieurs autres partis. C’est ce qu’on appelle une coalition.

Les partis politiques allemands ont deux mois pour parvenir à s’entendre à compter de la date des élections. S’ils n’y parviennent pas, les élections sont annulées, s’ensuivent alors de nouvelles élections. Lorsqu’ils y arrivent, ils doivent alors s’entendre pour désigner le futur chancelier. Ce dernier se présente alors devant le nouveau Bundestag qui doit l’élire officiellement.

Qui pour succéder à Mutti (comme les citoyens allemands prénomment Angela Merkel) ? Si les sociaux-démocrates d’Olaf Scholz sont donnés gagnants dans les sondages, ils devront former une coalition avec d’autres partis. Et si une alliance avec les écologistes est plus que probable, les deux partis auront sans doute à s’unir à un autre pour obtenir une majorité. Ce serait alors la première fois en Allemagne que trois partis doivent former un gouvernement.

Lola Dhers