Les 5 avantages et inconvénients d’étudier en France pour les maghrébins

Pour les jeunes maghrébins, étudier en France n’est pas simple comme changement de vie. Il y a des avantages et des inconvénients à quitter son pays pour se former ailleurs.

  • Les démarches administratives

Il y a une nette différence entre les étudiants qui viennent étudier dans des écoles d’élites et ceux qui réalisent leur cursus dans une université moins réputée. Pour les étudiants de grandes écoles, ce sont souvent les administrations qui s’occupent des visas et autre papiers pour que l’étudiant puisse venir étudier en France. Pour ceux qui sont dans des universités publiques, c’est à la charge de l’étudiant de s’occuper de son titre de séjour. Longues et compliquées, les démarches ne sont pas facilitées par l’administration française mais elle a tout de même quelques points positifs par rapport aux administrations maghrébines. « Tout peut se faire en ligne. Pas besoin de faire la queue pendant des heures, tous les services de l’administration française sont sur internet. Ce qui n’est pas le cas en Tunisie où les administrations sont ouvertes seulement de 8h à 11h » s’exclame Rostom Gharbi, étudiant en école d’ingénieur à Paris.

  • Les bourses

Au Maroc et en Tunisie, les étudiants se voient dotés de bourses pour aller étudier à l’étranger. En Algérie, certaines bourses existent mais très peu d’étudiants y ont accès. Autre exemple particulier : Karim Berrada est marocain et aujourd’hui trader au Credit Suisse à Paris. « L’Ecole Centrale de Paris a payé ma scolarité. Je n’ai donc rien déboursé, c’était l’idéal. » Certaines grandes écoles font venir des étudiants qui excellent dans un domaine et leur payent les études afin de faire valoriser leur filière.

  • Qualité de l’enseignement

Les étudiants maghrébins jugent les écoles et universités françaises de grande qualité par rapport à ce qu’ils ont dans leur pays. En Algérie et en Tunisie, les étudiants sont confrontés à des grèves et des absences d’enseignants suite au printemps arabe. Karim Berrada a été très satisfait de ses enseignants français : « Les professeurs sont très compétents et de grande qualité. On ne retrouve cela pas n’importe où. » Mohammed Andaloussi est diplômé d’un master en ingénierie à l’Université de Lorraine à Metz. « Je suis content de mon diplôme, c’est pour moi une valeur ajoutée. Je cherche du travail en France pour avoir une première expérience et trouver plus facilement du travail quand je rentrerai au Maroc. »

  • L’insertion professionnelle

Trouver un emploi est plus facile pour ceux qui sortent de grandes écoles. Les employeurs les repèrent lorsqu’ils sont encore dans l’école. Pour ceux qui sont diplômés d’une université, c’est moins évident. « L’Etat français impose des exigences quand on est étranger. Je dois obligatoirement obtenir un contrat à hauteur de mon niveau d’études. Mais c’est compliqué même pour un Français d’avoir directement une proposition de poste de cadre » déplore Mohammed Andaloussi.

  • Les jobs étudiants

L’insertion professionnelle est aussi compliqué durant les études. Certains étudiants ont besoin d’un petit boulot pour subvenir à leurs besoins. Mais leur origine peut être un obstacle à l’embauche. Lina, 24 ans, est algérienne et a postulé à plus de 53 jobs étudiants. Plusieurs employeurs refusent de la prendre pour des questions administratives. « Après m’avoir proposé un CDI, ils font marche arrière lorsqu’ils constatent que je suis algérienne. A leurs yeux, il y a trop de papiers à faire. » En effet, pour obtenir une autorisation de travail, l’employeur doit remplir un papier et le déposer à la Direction régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi. Une perte de temps aux yeux des employeurs.

Alice Pattyn et Elisa Centis

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Rostom et Yacine, étudiants ingénieurs en France, veulent assurer leur avenir

A la Maison du Maroc, Rostom Gharbi et Yacine Ben Baccar résident depuis trois mois à Paris pour compléter leurs études faites en Tunisie. Un véritable avantage pour leur avenir.

Rostom Gharbi et Yacine Ben Baccar sont deux Tunisiens qui logent dans la Maison du Maroc dans la cité universitaire internationale à Paris.

Cela peut paraître curieux mais chaque maison doit avoir un quota de nationalités étrangères pour éviter l’entre-soi. Dans cet écrin du Maroc en plein centre de Paris, il y a donc dix Tunisiens, des Chinois, un Mexicain et beaucoup de Marocains.

Les deux jeunes hommes de 22 et 23 ans sont arrivés en France il y a trois mois. Ils font leurs études non loin de là dans une des prestigieuses grandes écoles d’ingénieurs, Télécom ParisTech.

Rostom Gharbi n'a pas peur pour son avenir professionnelle, il sait qu'il trouvera rapidement du travail en France avec son diplôme.
Rostom Gharbi n’a pas peur pour son avenir professionnelle, il sait qu’il trouvera rapidement du travail en France avec son diplôme.

Recrutés en Tunisie

Ces deux jeunes étudiants ont été recruté par l’école parisienne lorsqu’ils étaient encore à Tunis. « Les dix premiers de notre promotion ont été tous recrutés par l’école. Il y a un partenariat entre les deux écoles. Télécom ParisTech s’est déplacé exprès en Tunisie pour nous rencontrer et nous faire passer des entretiens. Elle s’est occupée également de tous les papiers administratifs. Il n’y a eu aucun problème pour le visa » raconte Rostom. Une chance pour ces étudiants tunisiens car ce n’est pas le cas pour tous les étudiants étrangers d’autres filières. L’école s’est donné les moyens d’aller chercher l’élite tunisienne afin de garantir sa renommée.

Ces étudiants, plein d’ambition, trouvent que la Tunisie n’est pas à la hauteur de leurs espérances. Pour eux, venir étudier en France correspond mieux à leurs attentes pour leur future vie professionnelle. « En Tunisie, les gens se contentent de ce qu’ils ont. Tant qu’ils ont un peu d’argent pour vivre c’est suffisant. Mais depuis que je suis petit, je veux réussir dans la vie. J’ai eu une enfance difficile, j’ai été maltraité et j’ai envie de m’en sortir. J’ai bossé pour être là où je suis aujourd’hui. Je veux avoir des défis, résoudre des problèmes et en Tunisie, on se contente de ce qu’il y a. En France, il y a plus d’ambition et le niveau est beaucoup plus élevé, c’est intéressant de relever ces défis » s’exprime Rostom.

Un emploi assuré dans des grandes entreprises

Leur avenir leur semble plus propice en France ou ailleurs. Les anciens élèves sont très rapidement embauchés, à peine un mois après leur sortie selon les deux jeunes étudiants. « Les anciens élèves font partie de grandes boîtes de conseils comme EY ou encore Capgemini. » Pas d’inquiétude non plus au niveau du salaire : les employeurs promettent un salaire aux environs de 3000 euros par mois pour un premier travail. Une somme astronomique par rapport au SMIC tunisien qui s’élève à seulement 400 dinar soit environ 130 euros.

Rostom souhaite travailler en France après les deux années à Télécom ParisTech. Quant à Yacine il espère trouver un emploi en Australie ou en Grande Bretagne. Ils n’ont pas envie de retourner en Tunisie mais compte bien envoyer un peu d’argent à leur famille. « Si on envoie juste cent euros ça fera la différence pour eux au pays. Les conditions sont difficiles donc on doit les aider. Et puis plein de monde fait cela donc si tu ne le fais pas tu te sens l’obligation de le faire » explique Rostom.

Les deux étudiants n’ont pas le mal du pays pour le moment mais regrettent une seule chose : la chaleur tunisienne.

Alice Pattyn

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Élections au Liberia : Ellen Johnson Sirleaf, présidente sortante et controversée

Ellen Johnson Sirleaf, lors d'une visite à la Maison Blanche Crédits : Maison Blanche / David Bohrer
Ellen Johnson Sirleaf, lors d’une visite à la Maison Blanche
Crédits : Maison Blanche / David Bohrer

Ce mardi a lieu le premier tour pour remplacer Ellen Johnson Sirleaf  à la tête de la République du Liberia. Au pouvoir depuis douze ans, la présidente est appréciée sur la scène internationale, mais plus controversée dans son pays. Le fait qu’elle ait reçu le prix Nobel de la paix en 2011, avec deux autres femmes, a accentué sa position ambivalente, entre symbole international et chef d’État impopulaire.

Margaret Thatcher n’est pas la seule femme politique à être surnommée la Dame de fer. Ellen Johnson Sirleaf, qui sera bientôt remplacée par l’un des candidats à l’élection présidentielle, dont le premier tour se déroule ce mardi, est affublée du même nom, mais pour différentes raisons. Dans les années 1980, elle s’oppose à Samuel Doe, militaire auteur d’un coup d’État, qui instaure un régime de terreur. Elle est alors ministre des finances, et est emprisonnée à deux reprises avant de fuir vers les États-Unis. « Mama Ellen », comme la surnomment les Libériens, y mènera une carrière d’économiste.

En 1989, Charles Taylor et son parti d’opposition, le National Patriotic Front of Liberia (NPFL), lancent une attaque et réussissent à contrôler une grande partie du pays face à Samuel Doe. Seulement, l’un des principaux généraux de Taylor, Prince Johnson, se retourne contre son leader. Leurs troupes s’affrontent pendant sept ans. La guerre civile durera jusqu’en 1997, année durant laquelle Charles Taylor est finalement élu par scrutin. Ellen Johnson Sirleaf revient au Liberia cette année-là.

La première femme élue à la tête d’un État africain

Douze ans plus tard, en 2005, elle se présente à l’élection présidentielle libérienne pour le Parti de l’unité. Elle remporte le second tour en novembre, face à l’ancien footballeur George Weah, détenteur du Ballon d’or en 1995. Ellen Johnson Sirleaf devient alors la première femme élue démocratiquement à la tête d’un État africain. La lutte contre la corruption est l’un de ses principaux arguments de campagne.

Lors de son premier mandat, Ellen Johnson Sirleaf réussit à attirer plusieurs bailleurs de fonds étrangers pour reconstruire le pays et sa capitale, Monrovia. Cependant, son gouvernement n’arrive pas à diminuer le taux de chômage, qui s’élève à 80% de la population active. Le Liberia est encore classé à ce jour comme le neuvième pays le plus pauvre du monde.

En octobre 2011, quatre jours avant le premier tour de l’élection présidentielle à laquelle elle se représente, le prix Nobel est attribué conjointement à trois femmes, dont la Dame de fer, pour leur lutte pacifique pour la sécurité des droits des femmes. Madame Sirleaf est réélue.

Accusée d’avoir financé Charles Taylor

Si elle est très populaire sur la scène internationale, Ellen Johnson Sirleaf est très controversée au Liberia. L’attribution du prix Nobel à la présidente est justifié pour une partie de la population, mais beaucoup considèrent qu’elle n’a pas assez œuvré pour l’unité nationale ni contre la corruption. Un scandale de 2009 refait d’ailleurs surface à cette occasion et enlise sa popularité. Accusée d’avoir financé la rébellion armée de Charles Taylor à la fin des années 1980, elle est citée dans un rapport de la commission nationale Vérité et Réconciliation, mise en place à la suite des guerres civiles libériennes. Elle ne peut théoriquement plus exercer aucune fonction officielle pendant trente ans mais le parlement n’a jamais ratifié cette décision. Malgré ses efforts pour instaurer durablement la paix dans son pays, elle est une actrice indirecte de la guerre civile pour l’opinion publique.

Ce mardi, Ellen Johnson Sirleaf s’apprête à respecter la Constitution de son pays et à laisser sa place au terme de deux mandats. Vingt candidats se présentent au premier tour. Parmi eux George Weah, son opposant douze ans plus tôt.

Aline Bottin

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