Guerre en Ukraine : l’Union européenne annonce une nouvelle vague de sanctions contre la Russie

Les 27 membres de l’Union ont décidé d’infliger une volée de nouvelles sanctions à la Russie, notamment un gel d’avoirs et une interdiction d’entrer sur le sol européen. L’annonce suit de quelques jours l’abattage par la Pologne de plusieurs drones russes ayant pénétré son territoire.

L’Union européenne a pris la décision, vendredi matin, de prolonger ses sanctions contre les entités russes qu’elle accuse de soutenir Moscou dans sa guerre contre l’Ukraine. Cette initiative concerne plus de 2 500 personnalités, entreprises et autres organismes russes, dont le président Vladimir Poutine en personne.

La décision doit être renouvelée tous les six mois, avec le concours unanime des 27 États membres de l’UE. Elle prévoit une interdiction d’entrer sur le territoire européen pour les particuliers, ainsi que le gel des avoirs russes dans l’Union. La mesure s’inscrit ainsi dans la continuité des sanctions imposées à la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Les avoirs bloqués par l’Europe comprennent d’une part 210 milliards d’euros d’actifs de la Banque centrale de Russie, d’autre part 24,9 milliards d’euros d’avoirs privés.

L’UE bénéficie du soutien de ses alliés

D’autres alliés de l’UE ont pris des mesures de rétorsion. À commencer par le Royaume-Uni, qui continue de punir la flotte fantôme russe, soit les navires qui mènent des exportations illégales de pétrole russe. Les Britanniques détiennent d’ailleurs le record du plus grand nombre de vaisseaux russes sanctionnés. L’ex-membre de l’UE s’est également attaqué à 30 firmes et individus accusés de fournir à la Russie du matériel électronique, chimique et militaire. De son côté, le Japon a déclaré son intention de geler les avoirs de 14 personnalités russes et 51 organisations russes ou pro-russes, ainsi que de baisser le plafond du prix du pétrole russe afin de limiter les revenus de sa vente.

Le renforcement des sanctions envers la Russie intervient après l’incursion de drones russes dans l’espace aérien polonais, dans la nuit du 9 au 10 septembre. Avec le soutien militaire de l’Otan, la Pologne a annoncé avoir abattu les engins incriminés et a accusé la Russie d’un “acte d’agression”, que l’UE a pris très au sérieux.

Taïwan : le ministère de la Défense demande une enveloppe budgétaire record de 22 à 28 milliards d’euros

Confronté à la menace militaire chinoise et aux pressions des États-Unis de Donald Trump, le gouvernement taïwanais prévoit de faire exploser son budget consacré à la défense. Un projet sur le long terme, alors que Pékin poursuit ses exercices aux abords de l’île.

À Taïwan, le ministère de la Défense envisage de requérir un budget d’une valeur de 22 à 28 milliards d’euros. Un montant record, qui excèderait largement l’enveloppe de 2024, d’environ 17,1 milliards. D’après un membre du Parlement chargé des questions de sécurité interrogé par l’AFP, ce nouveau budget viserait à renforcer la protection de l’île en cas d’attaque chinoise.

La Chine, qui revendique sa souveraineté sur le territoire taïwanais, mène régulièrement des exercices militaires aux environs de l’île. Vendredi matin, la marine chinoise a mis en ligne un communiqué sur le réseau social WeChat, annonçant que le dernier porte-avions chinois en date, le Fujian, avait franchi le détroit de Taïwan. Le but officiel : “procéder à des tests de recherche scientifique et des missions d’entraînement”, d’après la publication.

Néanmoins, l’initiative « semble relever de la symbolique visant à montrer l’ascension de la Chine en tant que puissance militaire forte et, de surcroît, grande puissance maritime », analyse auprès de l’AFP Collin Koh, spécialiste des questions navales à la S. Rajaratnam School of International Studies de Singapour.

Taïwan sous pression américaine

Sous Donald Trump, les États-Unis, principal rival de la Chine, poussent Taïwan à intensifier ses efforts en matière de défense, pouvant expliquer l’augmentation du budget alloué. D’autant que Taipei négocie actuellement avec Washington une vente d’armes susceptible d’être intégrée au montant final.

Alors que le vice-ministre de la Défense taïwanais Po Horng-huei avait déploré, en janvier dernier, “le gel budgétaire le plus grave de l’histoire du ministère”, Taipei a annoncé, fin août, vouloir porter son effort défensif à 3,3% de son PIB dès l’année prochaine, puis à 5% en 2030.

Assassinat de Charlie Kirk : l’Amérique prise dans la spirale de la violence politique

L’assassinat de l’influenceur pro-Trump Charlie Kirk lors d’un rassemblement dans une université de l’Utah, mercredi 11 septembre, renforce le climat de violences politiques qui sévit aux États-Unis depuis quelques mois. Marie-Christine Bonzom, politologue spécialiste des États-Unis, estime que cette violence ne peut que s’amplifier.

150 attaques à motivation politiques ont été recensées aux États-Unis, pour le premier semestre 2025, selon Reuters, soit deux fois plus que l’an dernier sur la même période, affirme l’agence de presse britannique. Entre les deux tentatives d’assassinat qui ont visé Donald Trump, respectivement les 13 juillet et 15 septembre 2024, et l’assassinat de Charlie Kirk, militant politique américain et fervent défenseur de Donald Trump, ce mercredi 10 septembre, la société américaine a subi une nouvelle escalade de violences politiques en l’espace de quelques mois.

Pour Marie-Christine Bonzom, politologue spécialiste des États-Unis, c’est la faute à “une hyperpolarisation de la société américaine, alimentée par les deux partis américains. Les républicains et les démocrates n’arrivent plus à convaincre leur électorat par les idées et adoptent donc une rhétorique agressive, qui participe clairement à la montée des tensions et des violences”.

Diviser pour mieux régner, un mantra particulièrement d’actualité outre-Atlantique, et qui n’a pas attendu l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche pour s’imposer. “Depuis l’élection de Bill Clinton en 1993, les candidats américains n’arrivent plus l’emporter avec une franche majorité. Ils n’ont alors qu’un seul choix pour gouverner : intensifier la charge émotionnelle concernant les grands enjeux de société. Ils doivent diviser”, estime l’ex-journaliste de la BBC à Washington.

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“La violence en politique américaine ne date pas d’hier”

Si les actions violentes envers des politiciens se sont multipliées ces dernières semaines, la violence en politique aux États-Unis n’est pas affaire récente. “La politique américaine est violente au moins depuis le début de la guerre de sécession en 1861, elle ne date pas d’hier. Il ne faut pas oublier que 4 présidents ont été assassinés en à peine 100 ans”, rappelle-t-elle.

“Ce qui a changé, c’est la typologie des agressions en politique américaine. Avant, c’était beaucoup d’hommes que l’on pouvait considérer de gauche, comme Martin Luther King, depuis quelques années, ces attaques ciblent davantage des membres du parti républicains.”, affirme la politologue.


Un apaisement difficile à envisager

À l’annonce du décès de Charlie Kirk, Donald Trump s’est empressé d’accuser “l’extrême gauche” lors d’une prise de parole. Une déclaration qui intervient sans attendre l’enquête, et qui ne ressemble pas à un appel à l’apaisement. “Je ne sais pas jusqu’où ça peut aller, mais ce qui est sûr, c’est que ça ne va aller en s’améliorant”, affirme Marie-Christine Bonzom. Pour elle, il n’y a pas de doute, “Trump va jouer le jeu de la division”.

Concernant le camp démocrate, la politologue ne se fait pas d’illusions : “Kamala Harris et Barack Obama ont déploré l’événement, et bien que je ne doute pas de leur sincérité, ils retourneront à leur rhétorique habituelle dans quelques jours. C’est une déclaration de bonne volonté mais ils reviendront rapidement à ce qui participe à ce climat délétère.”

Hugo Duport

 

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Tout comprendre sur les arrestations de travailleurs Sud-Coréens aux États-Unis

Depuis l’arrestation de 300 travailleurs sud-coréens sur le chantier d’une usine aux États-Unis, la tension monte entre Séoul et Washington. En Corée du Sud, l’affaire choque et fait douter de l’allié américain.

Que s’est-il passé ?

Ce mercredi, un vol charter a quitté Séoul pour les États-Unis afin de rapatrier les travailleurs sud-coréens arrêtés dans l’État de Géorgie le 4 septembre. 475 personnes, dont 300 citoyens sud-coréens avaient été arrêtées par la police de l’immigration américaine, sur le chantier d’une usine de batteries électriques Hyundai, dans la ville d’Ellabel.

Les ressortissants sud-coréens avaient été placés en détention, et Séoul avait envoyé du personnel diplomatique aux États-Unis dès le 5 septembre pour entamer des négociations.

Pourquoi cette arrestation ?

Selon les autorités américaines, les Sud-Coréens étaient en situation illégale sur le territoire américain. Au lendemain de l’arrestation, Steven Schrank, un agent du ministère américain de l’Intérieur, avait affirmé que ce raid était le résultat d’une « enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales ».


Interrogé par la presse dans l’après-midi, Donald Trump a qualifié les travailleurs d’ « étrangers en situation d’illégalité » et a affirmé que la police de l’immigration « faisait simplement son travail ». Il s’agit, selon les autorités américaines, de l’opération la plus importante jamais réalisée sur un seul site dans le cadre de la campagne d’expulsions orchestrée par l’administration Trump.

De quelle usine s’agit-il ?

L’usine où l’arrestation a eu lieu est codétenue par les coréens Hyundai Motor et LG Energy Solution. Sa construction s’inscrit dans une politique d’investissements de la Corée du Sud aux États-Unis, car elle doit permettre d’y créer 8 500 emplois d’ici à 2031, dans la construction de véhicules électriques et hybrides.

Le 30 juillet, Séoul promettait d’investir 350 milliards de dollars aux États-Unis en échange d’une réduction des droits de douane, passés de 25 à 15%. En mars, Trump avait personnellement félicité Hyundai Motor pour ses promesses d’investissements, à hauteur de 21 milliards de dollars sur quatre ans.

Sous le mandat de Joe Biden, Samsung, Hyundai et LG avaient promis de débourser des dizaines de milliards pour construire des méga-usines aux Etats-Unis, notamment pour fabriquer des semi-conducteurs et des batteries. Ces secteurs nécessitant une main d’oeuvre qualifiée, Hyundai, LG et leurs sous-traitants ont fait venir leurs travailleurs pour terminer la construction de l’usine d’Ellabel.

Quelles sont les réactions en Corée du Sud ?

L’affaire préoccupe la classe politique. Le ministre des Affaires étrangères sud-coréen, Cho Hyun, s’est rendu lundi à Washington et a qualifié la détention des ressortissants sud-coréens de « situation grave ».

Le raid américain a également fait la une des médias en Corée du Sud. Le quotidien de gauche Hankyoreh s’interroge : «Est-ce ainsi que les Etats-Unis traitent un allié ?», tandis que le quotidien conservateur Chosun Ilbo évoque une « rupture de confiance ».

Enfin, une vingtaine de manifestants se sont rassemblés mardi devant l’ambassade américaine à Séoul, pour demander la libération des détenus et dénoncer la politique migratoire violente des États-Unis.

À quoi s’attendre pour la suite ?

Si l’avion de rapatriement a bien décollé mercredi matin, aucune heure de retour n’a été communiquée pour l’instant. Les autorités sud-coréennes ont averti que le vol de retour serait retardé « en raison de la situation du côté américain », sans donner plus de détail.

Le 10 septembre, un avion de la compagnie Korean Air a décollé depuis Séoul pour rapatrier les 300 travailleurs arrêtés aux États-Unis. Crédits : YONHAP / AFP.

Pour Séoul, un des enjeux de la négociation serait d’obtenir que les travailleurs quittent les États-Unis dans le cadre d’un départ volontaire plutôt que d’une expulsion. Un point que le ministre Cho Hyun devait aborder mercredi matin avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio.

De son côté, Donald Trump a publié lundi un message sur son réseau Truth Social pour rassurer les entreprises étrangères : «Vos investissements sont les bienvenus, et nous vous encourageons à faire venir LÉGALEMENT vos collaborateurs les plus brillants, dotés d’un grand talent technique, afin de créer des produits de classe mondiale.»

Anna Esnault-Carcuac