À Radio France, Vincent Meslet succède à Laurence Bloch

Sybile Veil, présidente générale de Radio France, a dévoilé jeudi 6 juin le nouveau directeur des antennes de la stratégie éditoriale de Radio France, Vincent Meslet, créateur de Plus belle la vie. Il prendra la suite de Laurence Bloch.

À compter du 1er juillet, le poste de Laurence Bloch sera repris par Vincent Meslet, déjà passé sur les bancs du service public. Chez France Télévisions, il est surtout remarqué pour sa direction des programmes de France 3 avec le lancement du feuilleton Plus belle la vie. Après un passage chez Arte puis chez France 2 en tant que patron, Vincent Meslet devient directeur général de la société de production Newen, filiale de TF1, depuis 2021. Pour la première fois, cet habitué du service public passera de la télévision à la radio.

Une succession pour « la Reine mère »

Laurence Bloch quitte la direction des antennes et de la stratégie éditoriale de Radio France. Cela faisait presque 50 ans que l’ancienne directrice de France Inter travaillait pour les antennes des radios du service public. À 71 ans, cette figure incontournable de la Maison Ronde a annoncé sur X qu’elle prenait sa retraite. Et les remerciements, en réponse à son départ, ne se sont pas fait attendre.

Chez Radio France, Laurence Bloch est devenue la première femme à la direction de France Inter entre 2014 et 2022. C’est sous sa houlette que la radio du service public a pris la première place des radios françaises, devant RTL. « Elle aura donné 50 années de carrière – à servir cette maison et à incarner un amour infini de la radio, une certaine idée du service public et le visage parfait du talent et de l’audace » a salué Sybile Veil après avoir annoncé la nouvelle dans un mail interne.

Eléonore Claude

Intelligence artificielle : Microsoft se met au service du devoir mémoriel

L’intelligence artificielle s’empare de l’héritage mémoriel : alors que les vétérans de guerre se font de plus en plus rares et que le patrimoine se dégrade, des entreprises comme Microsoft misent maintenant sur l’IA générative et la réalité augmentée pour transmettre le souvenir.

Quelque soixante vétérans participent aujourd’hui aux commémorations du 6 juin 1944. Ils sont les derniers sur plusieurs milliers de soldats débarqués ce jour-là sur les plages de Normandie. Au fil des années, les témoins de la guerre se font rares, et avec eux, les témoignages et les souvenirs de la guerre. L’intelligence artificielle pourrait-elle changer la donne ? C’est en tout cas le projet de Microsoft, avec le Fil de la mémoire, une exposition immersive sur le débarquement en Normandie, développée en partenariat avec La Mission Libération et Iconem, start-up spécialisée dans la numérisation 3D de sites du patrimoine.

 

Une expérience immersive

Installée au Pôle Hippique du Haras national de Saint-Lô (Manche), mais également accessible en ligne, l’exposition propose une expérience immersive dans laquelle l’intelligence artificielle « aide le passé à prendre vie ». À base d’animations de photos d’archives, enrichies d’effets sonores 3D, Microsoft entend proposer une visite grandeur nature et ludique. Les visiteurs peuvent aussi formuler leur demande à l’intelligence artificielle, qui propose une variété d’archives et de documents pour guider la visite. Une carte interactive qui permet de superposer les différents lieux géographiques actuels à ce qu’ils étaient il y a 80 ans est également accessible. Derrière, la start-up Iconem, qui grâce à l’intelligence artificielle de Microsoft, peut assembler des milliers de photos en modèles pour reconstituer les monuments et les sites historiques du débarquement.

Au-delà de participer à la préservation du patrimoine, Microsoft ambitionne également de mettre la puissance de calcul de son intelligence artificielle au service de la recherche et des historiens : grâce à une capacité d’analyse des images et des données fournies par les archives, l’intelligence artificielle peut enrichir les légendes des photos exposées.

L’intelligence artificielle à grande échelle

En position privilégiée depuis son investissement dans Open AI, Microsoft tente à présent de maintenir son avance dans la course à l’intelligence artificielle. Et ce, en déployant l’intelligence artificielle à toutes les échelles du quotidien,à l’image du Fil de la mémoire : « Nous sommes passés des discours sur l’IA à une application de cette technologie à grande échelle », soulignait Satya Nadella, PDG de Microsoft, en début d’année.

« En intégrant l’IA à tous les niveaux de notre pile technologique, nous avons gagné de nouveaux clients, en même temps que nous contribuons à générer de nouveaux avantages et des gains de productivité dans tous les secteurs. ». Une stratégie qui a porté ses fruits depuis l’investissement de Microsoft dans l’intelligence artificielle en 2023 : au dernier trimestre de l’année dernière, Microsoft a déclaré un chiffre d’affaires de 62 milliards de dollars – une augmentation de 18 % par rapport à l’année précédente.

Noa Jacquet

Le D-Day en première ligne du tourisme mémoriel

Pour les 80 ans du débarquement, la Normandie s’attend à un déferlement de touristes, venus visiter les lieux de mémoire emblématiques de la Seconde guerre mondiale. Un secteur lucratif, que la région ne manque pas de développer.

Chaque année, ils sont 5,5 millions de touristes – dont 42% d’étrangers – à visiter les sites emblématiques de la mémoire : le mémorial de Caen, le cimetière américain ou encore les plages du débarquement. Ce chiffre ne fait qu’augmenter. Depuis une vingtaine d’années, la région Normandie mise sur le développement du tourisme mémoriel et investit massivement, soutenue par le gouvernement.

Les 78 millions d’euros mis sur la table ces dix dernières années par les acteurs du patrimoine ont permis de réaménager et rénover de nombreux lieux de mémoire : parcours fléchés, mémorial de Caen (600 000 visiteurs par an), construction du mémorial de Ver-sur-Mer. Tous les lieux de mémoire français sont regroupés sur le site « Les Chemins de la mémoire ».

Le tourisme mémoriel, un fer de lance de l’économie normande

Au-delà de faire perdurer la mémoire d’un héritage français douloureux, le tourisme mémoriel est au cœur des investissements de la région Normandie. Les investissements et les campagnes massives de publicité faites depuis les années 2000 rapportent environ 3 milliards d’euros par an à la France. Le gros des recettes se concentre en Normandie qui concentre 40% du tourisme mémoriel dans le pays.

Ainsi, les revenus sont fructueux, avoisinant les 700 millions d’euros en 2022 pour la région Normandie. Et si certains dénoncent la capitalisation sur une mémoire collective douloureuse et une marchandisation de l’histoire, ce tourisme est essentiel pour la région Normandie. De fait, 80% des visiteurs de la région s’y rendent pour visiter un lieu de mémoire. Le tourisme mémoriel nourrit également le secteur de l’emploi, avec 8500 emplois directs et indirects qui découlent de ce secteur.

Un secteur en développement

Au fur et à mesure que les années passent, le tourisme augmente. Une cinquantaine de sites ouverts ont été aménagés pour l’occasion, les produits dérivés abondent et tout cela contribue à faire vivre l’économie de la région. Cette mercantilisation du D-Day n’est pas près de s’arrêter et certains la déplorent, notamment des locaux et des vétérans de la Seconde Guerre mondiale. D’ici 2026, la facture s’allongera de 100 millions d’euros pour la construction du Normandy Memory, une reconstitution immersive de la bataille de Normandie.

Et le tourisme mémoriel ne se cantonne par seulement à la Normandie. Il s’empare largement de l’Hexagone. Sur le champ de bataille de Verdun, ce sont 500 000 curieux qui affluent chaque année. À Saint-Nazaire, la Base sous-marine a été rénovée spécialement pour accueillir l’office du tourisme en plus des visiteurs.

De gros chiffres attendus pour les 80 ans

Cette année, les chiffres attendus seront conséquents : les recettes liées au tourisme mémoriel devraient dépasser les 3 milliards d’euros habituels, avec un effet « anniversaire » particulièrement sensible : déjà pour les 75 ans du débarquement, la région avait accueilli 6 millions de touristes au lieu des 2 millions habituels. Avec l’effervescence des 80 ans du débarquement et la visite de plusieurs chefs d’Etat, les hôtels et les campings ont été pris d’assaut. Dans un périmètre de 50 kilomètres autour des plages du débarquement, 95% des logements sont déjà réservés pour la première quinzaine de juin.

Eléonore Claude