World Clean Up Day: un grand nettoyage opéré par les entreprises

Les volontaires ont ramassé des déchets le long du quai de la Tournelle.

Le World Clean Up battra officiellement son plein ce samedi 16 septembre. Des opérations de sensibilisation ont déjà été organisées dans toute la France ces derniers jours afin de mobiliser un large public à la collecte de déchets, comme à l’Institut du Monde arabe à Paris, ayant attiré les entreprises.

Chaque petit geste compte. Cette petite musique prend sens lors de la Journée Internationale du Nettoyage, organisée par l’association World Clean Up Day. Comme lors de sa précédente édition, qui a rassemblé près de 15 millions de participants dans le monde, 170 000 personnes sont attendues pour cet événement en France, dont une infime partie ce vendredi 15 septembre à l’Institut du Monde Arabe. Environ une centaine de personnes étaient présentes pour cette initiative publique, chapeautée par EcoTree.

 

Depuis trois ans, cette entreprise organise, en collaboration avec ses partenaires, clients, mais aussi avec des proches, des passants et des élèves, cet événement sur cette esplanade, piédestal à vitrine transparente aux arabesques orientales créé par Jean Nouvel, donnant sur la Seine.

Quête des mégots

Le soleil est au zénith à l’heure du déjeuner, au début de l’opération. Ce qui pousse les premiers volontaires arrivés à chercher refuge près des zones ombragées. Suzanne Sinniger, cadre au sein de l’entreprise EcoTree, les accueille près d’une simple table sur laquelle est disposée tout le matériel nécessaire pour cette action. «Ceux qui ont des sacs et gants, vous pouvez aller là-bas, près de l’arbre pour commencer. Revenez à 15h», conclut-elle après avoir donné des explications à un premier groupe. Un employé lui répond : «Nous attendons que tout le monde prenne des gants, puis nous y allons.»

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Durant trois heures, tous parcourent le quai de Tournelle et le quai Saint-Bernard à la recherche de mégots, de déchets et de détritus présents au sol. Près des alcôves en bord de Seine, bien connues des danseurs parisiens, Lisa, Ailis et Léa sont déjà à l’œuvre. Leur regard inspecte chaque interstice, chaque coin et chaque ligne du sol. Elles ne quittent pas ce sol de terre battue. «Nous faisons cela sans relâche. L’an dernier, nous avons ramassé trois sacs« , se rappellent deux d’entre elles. Pour Léa, c’est une première. «Je dois avouer que je suis arrivée ici un peu par hasard, mais très motivée», plaisante-t-elle.

Les deux femmes cherchent des mégots. 

C’est Charlotte Olagne qui organise cette opération au sein de son entreprise axée sur la préservation des forêts. «Cette pollution est visible en ville, alors qu’elle est complètement cachée dans les bois. Cela s’inscrit donc pleinement dans l’engagement et la mission de notre entreprise», explique-t-elle, décrivant ainsi pourquoi de nombreuses entreprises participent. EcoTree n’est pas la seule à être très active. La majorité des personnes présentes sont des salariés d’entreprises partenaires de l’événement : Leroy Merlin, Chevreux, Digital Realty.

Projet scolaire

Plus de la moitié des participants proviennent de ces entreprises. Tous portent des chasubles aux couleurs vives, appréciées des sportifs en entraînement, aux couleurs de leur entreprise. Une fois terminée, les sacs poubelles de la Mairie de Paris, arborant le slogan «Ensemble pour une ville plus propre», sont rapportés près de Suzanne, qui veille et prend en photo les salariés, une étape incontournable.

Les volontaires se retrouvent sur l’esplanade pour déposer leurs sacs.

Parmi ces cadres, un autre groupe s’attelle à la tâche de manière plus joyeuse. Il s’agit des élèves de l’école Sainte-Rosalie, dans le 5ème arrondissement de Paris, âgés de six à sept ans. Maxime Le Roch, professeur des écoles, a décidé de faire participer ces élèves à cette journée. «C’est l’un de nos projets scolaires de l’année, centré sur le thème du recyclage. Nous devons visiter la recyclerie, recycler des chaussettes pour les transformer en éponges, parrainer un lamantin… C’est un projet que j’ai préparé cet été. C’est un sujet sur lequel je n’étais pas sensibilisé à leur âge, cela me tient à cœur», résume-t-il.

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Contrairement aux adultes, les enfants ne portent pas de sacs transparents arborant le slogan éculé de la Mairie de Paris. Mais tous cherchent le plus gros déchet à prendre et à trouver. Les mégots sont recherchés et placés dans un sac à part. «C’est quoi ça ? Où ça va ? » demande un enfant à l’un des parents accompagnants.

30 sacs de 50 litres

Parmi les accompagnateurs, Tanguy Lahaye veille et informe les plus petits. Le responsable Île-de-France a un mot d’ordre : sensibiliser. «Un mégot, c’est 500 litres d’eaux pollués», explique-t-il à un homme en pause déjeuner, qui travaille dans la sécurité. «Je ne pensais pas que la cigarette polluait autant. Je pensais que le paquet était le problème. Je n’en reviens pas.»

Tanguy prend le temps d’expliquer aux passants et aux enfants. «Les gens sont sensibilisés grâce à cette initiative. C’est pour cela que je suis là. C’est l’une des plus grandes actions mondiales, selon l’ONU, respectant les Objectifs de Développement.» Lui préfère sensibiliser les plus jeunes. «Il est vrai qu’il y a beaucoup d’entreprises cette année. C’est le vendredi, une journée plus propice pour les entreprises en télétravail. Et puis il y a la législation désormais, qui oblige les entreprises à publier leur bilan carbone ». D’après la loi, tous les acteurs publics et privés, notamment en matière de Responsabilité Sociale et Environnementale, ont un rôle à jouer dans la lutte contre le changement climatique. À 15h, près de 30 sacs de 50 litres de déchets ont été collectés. Lors de l’édition 2022, 1002 tonnes de déchets ont été ramassés en France.

Adrien-Guillaume Padovan

Marches pour le climat, les raisons d’une mobilisation qui s’essoufle

Une « grève mondiale pour le climat » s’est tenue ce vendredi 15 septembre à Paris. La mobilisation a réuni 80 personnes, un chiffre bien éloigné des marches pour le climat de 2019. Les manifestants du jour expliquent cette désertion.

« Force est de constater que la grève n’a pas pris aujourd’hui« . Pablo Flye, porte-parole du mouvement Fridays For Future, fait le tour des manifestants pour les inciter à rejoindre la lutte contre le réchauffement climatique. Un tour assez vite effectué: ce vendredi, ils n’étaient qu’une centaine, place Saint-Augustin, à Paris, à avoir répondu à l’appel lancé par l’organisation Youth For Climate, impulsé par l’activiste suédoise Greta Thunberg. Un chiffre bien éloigné des dizaines de milliers de personnes qui déferlaient dans les rues de la capitale en 2019, mais aussi, selon l’AFP, des 12500 personnes présentes à Berlin.

Trois mois après le dernier rassemblement pour le climat, les pancartes en carton dessinées à la gouache sont de retour. La grève mondiale du jour était organisée avec un triple objectif. Pablo Flye résume: « C’est d’abord un événement international. On souhaitait mobiliser afin de commencer un nouveau cycle de luttes. Ensuite, on demande au gouvernement une sortie rapide et juste des énergies fossiles. Enfin, il y a la question de la rénovation thermique des bâtiments.« 

« Presque un après-midi entre copains »

Des jeunes étudiants parisiens, certains originaires d’Allemagne et de Corée, tentent de se faire entendre entre les voitures. Ils côtoient des roués des luttes, adhérents à Greenpeace, Extinction Rébellion ou d’autres mouvements écologistes. Dominique (1), retraité et militant à Greenpeace, les observe et se désole: « C’est famélique, mais ça ne m’étonne pas. Les jeunes qui étaient là en 2019 quittent progressivement les études, la transmission ne se fait pas, et les mobilisations ne sortent pas assez de leurs zones de confort. Ce sont toujours les mêmes slogans ! »

80 personnes se sont réunies ce vendredi 15 septembre à Paris pour lutter contre le réchauffement climatique. (Ulysse Llamas / CELSA)

Lou-Anne, jeune membre de Fridays For Future, trouve des raisons: « Pour moi, ça y est, les gens et sont sensibilisés au réchauffement climatique. Le sentiment d’urgence s’est banalisé, le climat est devenu un sujet quotidien. Et puis, il faut le dire, on ne parle pas vraiment aux gens. C’est presque devenu un après-midi entre copains… »

De la mobilisation collective au choc

L’étudiante évoque aussi le fait que les rassemblements de Youth For Climate coexistent avec d’autres modes de mobilisation. Elle cite les Soulèvements de la Terre et leurs actions contre les projets de méga bassines. Elle ajoute qu’après le rassemblement de l’après-midi, elle ira voir Thomas Brail, un militant écologiste qui fait la grève de la faim dans un arbre, devant le ministère de la Transition écologique. Des modalités plus radicales, qui alertent et suscitent vite des réactions. « Les rassemblements comme celui d’aujourd’hui sont une porte d’entrée à la prise de conscience écologiste, poursuit Pablo Flye. Elles sont complémentaires à d’autres formes de mobilisations, plus radicales, également nécessaires« .

Le député La France Insoumise (LFI) Maxime Leisney, venu soutenir la mobilisation, est moins pessimiste: « Le sujet du climat reste là, on l’a vu avec le mouvement des Soulèvements de la Terre cet été. Les étudiants sont à peine rentrés et ont pour la plupart autre chose dans la tête, le coût de leurs études par exemple. On les reverra.« 

 

À 19 ans, Pablo Flye se projette déjà vers la suite du mouvement: « Il faut relancer la dynamique, faire en sorte qu’on continue à parler du climat, alerter partout. » Pour cela, il exhorte les participants à « sortir les téléphones » pour filmer leur présence et la diffuser sur les réseaux sociaux. En parallèle de cette marche, des rassemblements ont eu lieu dans 24 autres villes en France.

Ulysse Llamas

(1) les interrogés n’ont pas tous souhaité donner leur identité complète.

Le Bol d’Or et le paradoxe des sports mécaniques tentant d’être plus respectueux de l’environnement

Disputée ce week-end, la 86e édition du Bol d’Or, l’une des courses de motos d’endurance les plus prestigieuses, met en lumière les tentatives des sports mécaniques d’être plus éco-responsables, dans un domaine qui semble peu compatible avec la situation mondiale actuelle.

Samedi à 15h00, la BMW N37 s’élancera en pole position du Bol d’Or, compétition qui vivra sa 86e édition ce week-end au Circuit Paul-Ricard du Castellet (Var). Cette course d’endurance vieille de plus de cent ans, où trois pilotes d’une même équipe se relayent pour rouler pendant vingt-quatre heures sur une moto, est une référence dans son domaine, mais aussi un symbole d’une catégorie de sport qui pollue.

Utilisation massive de carburant

Pendant vingt-quatre heures, quarante-sept motos vont rouler sur un circuit de 3,8 km, à une vitesse moyenne proche de 166 km/h (166,4 km/h en 2021). Sur cette période, ces motos vont libérer du dioxyde de carbone et consommer beaucoup de litres de carburant.

À titre d’exemple, l’équipe qui s’élancera en pole, dont fait partie le Français Jérémy Guarnoni, utilise une BMW M 1000 RR, qui a une consommation de 6,5 litres pour 100 km selon plusieurs sites spécialisés. Sachant que la moto qui l’a emportée en 2022 avait roulé 4000 km, 260 litres de carburant seraient donc consommés en une journée par un seul et unique modèle.

Une réglementation lente

À cela s’ajoute la lente transition des constructeurs pour s’émanciper des moteurs thermiques. Sa présence est même inscrite dans le règlement de l’EWC, la catégorie reine du championnat du monde d’endurance moto. Pour retrouver des moteurs hybrides ou électriques, que les constructeurs ne développent que depuis peu, il faut se tourner vers la catégorie « Experimental », dont les résultats ne comptent pas pour le classement du championnat.

Les fédérations, elles, ont fixé des objectifs de neutralité carbone, mais seulement pour l’horizon 2050. A cette date, la Fédération française du sport automobile (FFSA) et la Fédération française de motocyclisme (FFM) prévoient donc la neutralité, se laissant beaucoup de temps pour préparer l’avenir.

Des avancées techniques en cours

Malgré cette relative lenteur des instances pour transitionner vers une discipline plus verte, le sport mécanique, et en particulier la moto d’endurance, commence déjà à travailler sur des solutions pour une pratique plus durable de sa discipline. L’an dernier, pour le centenaire du Bol d’Or, la Yamaha R1 du team FMR34 a roulé uniquement avec du carburant biomasse.

Selon son fabricant TotalEnergies, ce carburant, constitué majoritairement de déchets de raisins, réduit de 65% les émissions de CO2. Fiable en termes de performances – il a permis au team FMR34 de terminer 31e sur 43 en 2022 -, il devrait être « obligatoire dès 2026 en EWC » selon Isabelle Hostin, membre de l’équipe de développement du carburant baptisé Excellium Racing 100.

Parallèlement à ces avancées sur le carburant, Michelin développe des pneus à partir de composants renouvelables et tente d’en augmenter la proportion au fur et à mesure des années. Ces pneus ne sont cependant utilisés que sur les compétitions de motos électriques, ne concernant donc pas les modèles de la catégorie EWC.

Des acteurs qui s’engagent

Conscients des enjeux relatifs à l’écologie, les acteurs de ce milieu tentent également de faire des efforts, à commencer par le Bol d’Or. En 2022, les organisateurs de la course ont signé la charte « Événement éco-responsable » mise en place par le Circuit Paul-Ricard où se déroule l’évènement. Cette charte a pour but d’aider les clients du circuit à réduire leur impact sur l’environnement en préparant et en organisant leurs manifestations.

Le circuit Paul-Ricard fait d’ailleurs partie des circuits automobiles les plus engagés sur ces questions environnementales. Le circuit possède un système de récupération des eaux de pluie, qui sont acheminées vers un lac artificiel, et a installé 20 000 m2 de panneaux photovoltaïques, qui servent aussi d’ombrage pour le parking.

Ces initiatives laissent penser que le sport mécanique et ses acteurs veulent faire des efforts et montrer l’exemple, même si l’organisation même de compétitions de ce type peuvent sembler incompatibles avec la volonté d’endiguer la crise climatique.

Louis Rousseau

Crédit image en Une : Oleksandr Pyrohov/Pixabay

400 morts estimés du fait de la canicule d’août

Presque 400 décès de plus que la normale ont été recensés en France pendant la canicule qui a frappé 52 départements du 11 au 26 août, selon les estimations de l’agence Santé publique France publiées mercredi, un bilan qui reste à consolider.

« Près de 400 décès en excès toutes causes confondues (+5,4%) ont été estimés durant cette canicule dans les départements concernés », a indiqué dans un communiqué l’agence Santé publique France.

Ce bilan suit l’épisode d’intenses chaleurs qui a touché 52 départements, entre le 11 et le 26 août. L’agence sanitaire précise que les personnes âgées d’au moins 75 ans constituent la classe d’âge la plus touchée.

Phénomène dont la fréquence est amplifiée par le réchauffement climatique, une canicule se définit par une période de chaleur prolongée sans interruption pendant plusieurs jours.

Deux régions particulièrement touchées

Les impacts sur la mortalité sont hétérogènes selon les départements du fait notamment de la durée (nombre de jours en canicule) et de l’intensité (températures) de l’épisode, mais aussi de la période de survenue et du type de population touchée.

Durant la période, les régions où les excès départementaux sont les plus élevés sont Auvergne-Rhône-Alpes avec 169 décès en excès (+7,3%) et Nouvelle Aquitaine avec 120 décès en excès (+ 9,5%).

Aucun accident du travail mortel n’a été notifié par la Direction générale du travail à Santé publique France pour cet épisode, précise encore l’agence sanitaire.

Des données encore incomplètes

Ces estimations sont encore préliminaires à plusieurs titres. Elles se basent, par exemple, sur des données de mortalité qui ne sont pas encore complètes.

Surtout, elles n’évaluent pas exactement les morts directement dues aux canicules. Elles ne permettent, pour l’heure, que d’indiquer à quel point l’ensemble des décès a dépassé la normale pendant cette période.

A l’automne, Santé publique France publiera un bilan consolidé de l’impact sanitaire des différentes canicules et plus globalement de l’exposition de la population française hexagonale aux fortes chaleurs durant toute la période estivale 2023.

Avec l’AFP.