À l’occasion des 80 ans du Débarquement en Normandie, les vétérans ayant pris part à l’opération Overlord, sont célébrés. Cette année, malheureusement, pas un seul membre du commando Kieffer. Le dernier survivant, Léon Gauthier s’est éteint l’année dernière. Mais leur mise en avant lors de ces commémorations n’a pas toujours été la norme.
Il est 7h32, le 6 juin 1944. La première phase de l’opération Overlord, pensée par Dwight D. Eisenhower, rassemble plus de 156 000 soldats, parmi eux, 177 Français. Ce sont les membres du commando Kieffer, du 1er bataillon de fusiliers marins commandos, porté par leur commandant : Philippe Kieffer. Les Anglais ont laissé le privilège aux Français d’être les premiers à débarquer sur les plages normandes.
Aujourd’hui, les membres du commando Kieffer sont connus et reconnus par tous comme des soldats ayant joué un rôle dans la libération de la France. Certains se sont d’ailleurs engagé auprès des alliés suite à l’appel du Général Charles de Gaulle, le 18 juin 1940. Une fois la France libre, ils n’ont pas eu de reconnaissance.
Le Débarquement, ce « n’est pas une affaire française »
Le Général Charles de Gaulle refuse de les décorer pour avoir pris part au Débarquement. Selon lui, ce « n’est pas une affaire française ». Et ils ne correspondent pas à l’image du résistant, ce maquisard, cet homme qui a agi dans l’ombre pour libérer la France de l’occupation nazie. La raison d’un tel revers de la part du Général ? Il n’a pas été mis au courant de cette opération. Winston Churchill, premier ministre anglais, ne le mettra dans la confidence seulement quelques jours avant le Débarquement en Normandie. Les Alliés ont donc délibérément mis de côté le Général Charles de Gaulle, un affront qu’il ne pardonne pas.
Le commando Kieffer a combattu sous les couleurs anglaises, aux côtés des Alliés
Ces membres du commando n’ont pas tous eu la chance de Phillipe Kieffer, leur commandant, qui a été fait chevalier de la Légion d’honneur le 29 mai 1945. Par exemple, le plus jeune membre du commando Kieffer, René Rossey a reçu sa médaille militaire en 2003 et il est fait chevalier de la légion d’honneur en 2004. Léon Gauthier, le dernier survivant français du commando, décédé l’année dernière, a été fait grand officier de la légion d’honneur par décret le 31 décembre 2020. Son petit-fils, le réalisateur Cédric Condom, estime au micro de France Inter que son grand-père regrette que la plupart de ses anciens camarades soient morts sans avoir reçu de décoration, simplement parce qu’ils ont combattus sous les couleurs anglaises et non pas françaises.
« D-Day » 1964 : le Général Charles de Gaulle le grand absent
Au-delà de l’absence de décoration, telle que la médaille militaire ou la légion d’honneur, le Général Charles de Gaulle a ignoré les membres du commando Kieffer lors de sa venue dans la ville de Bayeux, le 14 juin 1944. Cela se poursuit également après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Lors du vingtième anniversaire du Débarquement, le Général se fait remarquer comme le grand absent de cette commémoration. Il préféra se rendre à la commémoration du Débarquement provençale, le 15 août 1964. Lors de cette opération, davantage de soldats français ont été mobilisés.
Les commémorations du Débarquement ont évoluées depuis 1945
Mais le « D-Day » n’a pas toujours connu les célébrations comme celles d’aujourd’hui. Il a été commémoré avant même la fin de la Seconde Guerre mondiale, dès 1945. Il faudra attendre 1954 pour que le Président de la République René Coty y participe, c’est alors la première fois que le chef de l’État s’y rend. En 1964, or l’absence du Général Charles de Gaulle, c’est la première fois que la commémoration est retransmise à la télévision. Avant 1984, ces commémorations étaient réservées aux militaires et aux élus locaux de Normandie. C’est le Président François Mitterrand qui rend la cérémonie mondiale, il convie plusieurs chefs d’États. Et c’est en 2004 que pour la première fois l’Allemagne sera invitée à participer à ces célébrations.
Pour les 80 ans du débarquement, la Normandie s’attend à un déferlement de touristes, venus visiter les lieux de mémoire emblématiques de la Seconde guerre mondiale. Un secteur lucratif, que la région ne manque pas de développer.
Chaque année, ils sont 5,5 millions de touristes – dont 42% d’étrangers – à visiter les sites emblématiques de la mémoire : le mémorial de Caen, le cimetière américain ou encore les plages du débarquement. Ce chiffre ne fait qu’augmenter. Depuis une vingtaine d’années, la région Normandie mise sur le développement du tourisme mémoriel et investit massivement, soutenue par le gouvernement.
Les 78 millions d’euros mis sur la table ces dix dernières années par les acteurs du patrimoine ont permis de réaménager et rénover de nombreux lieux de mémoire : parcours fléchés, mémorial de Caen (600 000 visiteurs par an), construction du mémorial de Ver-sur-Mer. Tous les lieux de mémoire français sont regroupés sur le site « Les Chemins de la mémoire ».
Le tourisme mémoriel, un fer de lance de l’économie normande
Au-delà de faire perdurer la mémoire d’un héritage français douloureux, le tourisme mémoriel est au cœur des investissements de la région Normandie. Les investissements et les campagnes massives de publicité faites depuis les années 2000 rapportent environ 3 milliards d’euros par an à la France. Le gros des recettes se concentre en Normandie qui concentre 40% du tourisme mémoriel dans le pays.
Ainsi, les revenus sont fructueux, avoisinant les 700 millions d’euros en 2022 pour la région Normandie. Et si certains dénoncent la capitalisation sur une mémoire collective douloureuse et une marchandisation de l’histoire, ce tourisme est essentiel pour la région Normandie. De fait, 80% des visiteurs de la région s’y rendent pour visiter un lieu de mémoire. Le tourisme mémoriel nourrit également le secteur de l’emploi, avec 8500 emplois directs et indirects qui découlent de ce secteur.
Au fur et à mesure que les années passent, le tourisme augmente. Une cinquantaine de sites ouverts ont été aménagés pour l’occasion, les produits dérivés abondent et tout cela contribue à faire vivre l’économie de la région. Cette mercantilisation du D-Day n’est pas près de s’arrêter et certains la déplorent, notamment des locaux et des vétérans de la Seconde Guerre mondiale. D’ici 2026, la facture s’allongera de 100 millions d’euros pour la construction du Normandy Memory, une reconstitution immersive de la bataille de Normandie.
Et le tourisme mémoriel ne se cantonne par seulement à la Normandie. Il s’empare largement de l’Hexagone. Sur le champ de bataille de Verdun, ce sont 500 000 curieux qui affluent chaque année. À Saint-Nazaire, la Base sous-marine a été rénovée spécialement pour accueillir l’office du tourisme en plus des visiteurs.
De gros chiffres attendus pour les 80 ans
Cette année, les chiffres attendus seront conséquents : les recettes liées au tourisme mémoriel devraient dépasser les 3 milliards d’euros habituels, avec un effet « anniversaire » particulièrement sensible : déjà pour les 75 ans du débarquement, la région avait accueilli 6 millions de touristes au lieu des 2 millions habituels. Avec l’effervescence des 80 ans du débarquement et la visite de plusieurs chefs d’Etat, les hôtels et les campings ont été pris d’assaut. Dans un périmètre de 50 kilomètres autour des plages du débarquement, 95% des logements sont déjà réservés pour la première quinzaine de juin.
Il y a 80 ans, le 6 juin 1944, la plus grande opération amphibie de tous les temps débutait. Des dizaines de milliers de soldats, majoritairement américains, canadiens et britanniques foulaient les plages du Calvados sous le feu nourri des batteries allemandes du mur de l’Atlantique. Baptisée Neptune, cette opération est le début de la bataille de Normandie, vaste opération visant à ouvrir un front à l’Ouest pour faire tomber le IIIe Reich.
Ce direct est terminé, merci à tous de nous avoir suivis.
Au soir du 6 juin 1944 : Malgré une opération réussite, les objectifs prévus par les Alliés seront rarement atteints et les jonctions entre les plages ne seront pas effectives.
156 000 soldats auront cependant réussi à poser le pied sur la terre de France. Sur l’ensemble des troupes, l’état-major américain recense plus de 6000 pertes, 3000 chez les Anglais et environ 900 pour les Canadiens. 10 hommes du commando Kieffer sont tués durant ce « jour le plus long ». Chez les Allemands, on compte 6500 morts.
Caen et Bayeux, les deux villes stratégiques du Calvados ne sont pas prises. Vers Omaha Beach, la zone conquise est loin des objectifs prévus pour la fin de journée. Sur l’ensemble des plages où les Alliés ont débarqué, Omaha est la plus sanglante avec 2500 tués et blessés. Vers Gold Beach, les Britanniques sont aux portes d’Arromanches-les-Bains et Bayeux. À Juno, les Canadiens n’arrivent pas encore à prendre l’aéroport de Carpiquet, aérodrome stratégique, proche de Caen. Les troupes vont rapidement se heurter à l’arrivée de renforts, dont la 12e division SS Hitlerjugend. Enfin, vers Sword Beach, le pont de Bénouville est pris, mais l’avancée vers Caen va s’avérer compliquée dans les semaines à venir.
L’opération Neptune n’a été que le début que la bataille de Normandie, opération militaire d’envergure qui va durer jusqu’au 25 août 1944, permettant ainsi, la création du front de l’Ouest pour prendre en étau les forces du régime nazi qui capituleront le 8 mai 1945.
17h30 : « La bataille suprême est engagée », annonce le général de Gaulle dans son discours diffusé par la BBC. Enregistré peu après 12h, le commandant des Forces françaises libres (FFL) est tenu au courant à quelques heures de l’opération Neptune par Churchill.
16h20 : Différentes contre-attaques allemandes sont à recenser dans le bocage normand. Dès 16h, la 21e Panzer Division parvient à ralentir les Anglais vers Sword Beach et coupe toute réunion avec les Canadiens de Juno Beach. Au fil des minutes, la division blindée allemande se renforce au nord de Caen.
15h30 : Vers Sword Beach, les Britanniques prennent le port de Ouistreham. Les troupes se rendent ensuite vers le « Pegasus Bridge » afin d’y apporter une aide stratégique.
15h00 : À la prison de Caen, sous les bombardements et sur ordre de la Gestapo, environ 80 résistants français sont froidement abattus, à défaut d’avoir pu être déplacés. Le premier groupe est abattu dès le matin du 6 juin.
14h58 : Vers Omaha Beach, alors que la situation reste toujours très tendue, le 352e régiment d’artillerie annonce que le village de Colleville-sur-Mer vient de retomber aux mains des Allemands.
14h35 : Le général Keller, commandant de la 3e divison d’infanterie canadienne donne une conférence de presse vers Bernières-sur-Mer. En ce début d’après-midi, plusieurs hameaux sont sous contrôle des Britanniques et Canadiens vers Juno et Sword Beach. Dans la même zone géographique, plus à l’est, le pont de Bénouville, le Pegasus Bridge, tenu depuis la nuit par les soldats de la 6e division aéroportée britannique sert de lieu stratégique pour les soldats.
14h00 : Les défenses allemandes tombent les unes après les autres sur les plages. Sur Omaha Beach, les derniers soldats de la Wehrmacht quittent leurs positions. Pour les Alliés, l’heure est aux préparatifs pour créer une tête de pont, alors que les combats font toujours rage sur quelques zones côtières, mais aussi à quelques encablures des plages.
13h30 : Possédant un aérodrome stratégique, Caen se fait pilonner par les bombardiers. Malgré les assauts répétés de l’aviation alliées, Caen ne sera libérée que quelques semaines plus tard, en grande partie détruite.
6 juin 1944 : bombardement aérien du quartier Saint-Jean vers 13h00. Photo : US National Archives
13h00 : Menant le 2e bataillon de rangers sur la pointe du Hoc, le colonel Rudder apprend par message qu’aucun renfort n’est disponible. Les rangers se retrouvent isolés et le seront pendant de longues heures. Le 7 juin au matin, seuls 90 hommes étaient encore en état de combattre sur les 225 soldats.
12h00 : Winston Churchill prononce son discours à la Chambre des communes (Londres) sur l’opération en cours en Normandie. Pendant ce temps, les combats continuent, les soldats avancent dans les dunes afin d’effectuer des jonctions entre régiments.
11h00 : Dans l’arrière-pays, les bombardements alliés se succèdent afin d’affaiblir les positions allemandes pour permettre aux troupes d’avancer dans les terres. Les premiers villages commencent à être libérés : c’est le cas de Sainte-Mère-Eglise (Manche), libérée depuis 4 heures du matin grâce aux parachutistes de la 82e division aéroportée.
10h00 : 30 minutes après l’annonce au micro de la BBC, Hitler est enfin réveillé et apprend ce qu’il se déroule en France. Le Führer ne semble pas vraiment croire à un débarquement massif des troupes pour créer un front à l’ouest depuis la Normandie. Celui-ci est convaincu qu’il s’agit d’un leurre afin de détourner l’attention du IIIe Reich. Pour Hitler, les Alliés devraient attaquer depuis le Pas-de-Calais.
9h30 : « Peuples de l’Europe occidentale, les troupes des forces expéditionnaires alliées ont débarqué sur les côtes de France ». Alors qu’Erwin Rommel, principal acteur du renforcement du mur de l’Atlantique apprend le débarquement sur les plages normandes, Eisenhower annonce l’opération en cours sur les ondes de la BBC.
9h00 : Au niveau de la pointe du Hoc, point stratégique en haut des falaises entre Omaha et Utah Beach, les 225 Américains luttent contre l’artillerie et les renforts allemands. Plus de la moitié seront tués avant l’arrivée de nouvelles troupes alliées sur-place le 8 juin.
7h45 : 21 400 soldats canadiens touchent enfin le sol français sur Juno Beach pour libérer Courseulles-sur-Mer. Pendant ce temps, le IIIe Reich ne prend pas encore l’ampleur de l’opération qui se déroule sur les plages du Calvados. À Berlin, Adolf Hitler n’est pas encore levé, ses plus proches collaborateurs ayant reçu l’ordre de ne pas le réveiller.
7h30 : C’est au tour des Britanniques de débarquer sur Gold et Sword Beach vers Arromanches-les-Bains et Colleville-Montgomery. Ils sont plus de 50 000 soldats. Sur Sword, les Britanniques sont aidés par les 177 membres du commandos Kieffer de la France libre.
6h30 : C’est le début de l’opération sur les plages de Normandie pour les troupes alliées. Sur les 135 000 soldats, 23 000 soldats américains sortent des péniches qui viennent s’échouer sur le sable d’Utah Beach. Un peu plus à l’est, 34 000 troupes foulent le sol d’Omaha Beach. Face à eux, les batteries allemandes défendent leurs positions.
C’est le jour J : Nous sommes au petit matin du 6 juin 1944, le temps est gris. L’aube n’a pas encore pointé le bout de son nez que des centaines de bâtiments militaires se dirigent vers les plages du Calvados.
Dans la nuit, les premières troupes aéroportées sont larguées au-dessus du bocage normand dans des zones stratégiques à capturer. D’autres zones sont bombardées par les chasseurs de la Royal Air Force. Tout ne se passe pas comme prévu à cause de la météo. De nombreux parachutistes loupent leur zone d’atterrissage. Le plus connu, le soldat John Steele, se retrouve suspendu au clocher dans le village de Sainte-Mère-Eglise. Juste avant le lever du soleil, la flotte alliée prend le relais et pilonne les positions allemandes, beaucoup de frappent échouent.
Lors des préparations, cinq lieux sont choisis pour débarquer les troupes : Utah et Omaha pour les Américains, Gold, Sword et Juno pour les Britanniques, Canadiens et pour les 177 membres du commando Kieffer.