Harvey Weinstein : quand le pouvoir étouffe les peurs

Les témoignages pleuvent contre le « monstre » du cinéma Harvey Weinstein. Harcèlement, violences, viols : deux actrices françaises racontent l’emprise du producteur sur leur jeune carrière. Décrit par certaines comme un « prédateur », Harvey Weinstein a bénéficié de la complicité d’une partie de son entourage. Derrière cette affaire, se pose la question du harcèlement sexuel en milieu professionnel et de la difficulté d’en parler.

Judith Godrèche est l'une des deux actrices ayant témoigné avoir été harcelée par le producteur américain Harvey Weinstein. (Georges Biard/CC)
Judith Godrèche est l’une des deux actrices ayant témoigné avoir été harcelée par le producteur américain Harvey Weinstein. (Georges Biard/CC)

1996. Judith Godrèche, 24 ans, rencontre Harvey Weinstein au Festival de Cannes. Le producteur vient tout juste d’acheter les droits du film « Ridicule », dans lequel joue l’actrice. Dans une enquête publiée par le New York Times, Judith Godrèche raconte comment ce prétexte a permis au producteur de l’isoler, avec lui, dans sa chambre d’hôtel. Weinstein se serait « collé » à elle, avant qu’elle prenne la fuite. « J’étais si naïve, je ne m’y attendais pas », avance l’actrice, vingt ans après les faits. A l’époque, Judith Godrèche affirme avoir appeler un membre de l’équipe de production pour lui signaler l’incident. L’équipe lui avait prié de ne rien dire. « Ils avaient mis mon visage sur l’affiche, explique l’actrice. C’est Miramax, on ne peut rien dire du tout ».

« Je sentais que plus j’avais peur et plus il était excité »

Autre journal, autres révélations. Dans une enquête fouillée, le New Yorker a révélé hier de nouvelles accusations concernant le producteur. En 2010, l’actrice Emma de Caunes accepte un déjeuner au Ritz, à Paris. Weinstein lui parle d’un rôle important, pour un film adapté d’un livre. Il invite l’actrice à monter dans sa chambre, pour lui montrer l’ouvrage. Une fois passé la porte, Weinstein file dans la salle de bain et en ressort entièrement nu. « J’étais pétrifiée, raconte Emma de Caunes, mais je ne voulais pas qu’il voit cette terreur parce que je sentais que plus j’avais peur et plus il était excité ». L’actrice affirme que dans le milieu hollywoodien, les frasques du producteur ne sont pas un secret. « Il ne se cache pas vraiment. Je veux dire, la manière dont il le fait, qui implique plusieurs personnes, qui deviennent autant de témoins potentiels. Mais tout le monde était trop terrorisé pour parler ».

La loi du silence

Cette peur, Franck Bénéï la connaît bien. À la Fédération Nationale des Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des familles, il déplore le silence des femmes harcelées sexuellement au travail. « La loi est pourtant très claire sur le sujet, elle protège les femmes de ce genre de prédateur. Mais trop nombreuses sont les femmes qui ignorent leurs droits, affirme Franck Bénéï. Certains hommes en profitent. Le cas Weinstein est spectaculaire parce qu’il règne sur le 7e art et qu’il est proche du Parti démocrate aux Etats-Unis, mais cette affaire cache une réalité plus large, loin du monde des célébrités et du scandale. Le nombre de femmes victimes de viol est chaque année plus alarmant, or le sujet reste trop peu abordé dans les médias« .

Pour l’heure, plus de vingt femmes ont affirmé avoir été agressées par Harvey Weinstein, à divers degrés. Suite aux premières révélations du New York Times, le producteur a été licencié de la Weinstein Company. Hier soir, sa femme Georgina Chapman a annoncé qu’elle le quittait. « Mon cœur se brise pour toutes les femmes qui ont souffert d’une peine énorme à cause de ces actions impardonnables », a-t-elle déclarée dans un communiqué.

Les internautes expriment depuis leur colère sur les réseaux sociaux via le hashtag #HarveyWeinstein. Plusieurs personnalités politiques américaines proches d’Harvey Weinstein ont également dénoncé le comportement du producteur, dont Barack Obama et Hillary Clinton.

Léa DUPERRIN

« Detroit », le film qui résonne dans son époque

Le nouveau long-métrage de la réalisatrice oscarisée Kathryn Bigelow sort ce mercredi sur le grand écran. 

 

Capture d'écran youtube de la bande annonce de Detroit
Capture d’écran youtube de la bande annonce de Detroit

Le film s’appelle Detroit. Pas besoin de plus tant le nom de cette ville américaine évoque en lui-même le lourd passif raciste de l’Amérique. La métropole est la plus touchée par la ségrégation. Noirs et blancs sont divisés par la route 8 mile, la fameuse ligne évoquée par le rappeur Eminem dans son film semi-autobiographique.

Detroit s’ouvre en musique, dans une fête où des noirs s’amusent, flirtent et se détendent. Puis la police s’invite dans ce bar clandestin et commence à embarquer tout le monde arbitrairement. Autour, la foule se rassemble et le mécontentement gronde. Nous sommes en 1967, la guerre au Vietnam fait rage, le mouvement pour les droits civiques prend de l’ampleur. Deux ans plus tôt, les émeutes violentes de Watts ont secoué Los Angeles. L’ambiance est explosive. La scène du bar est un détonateur. Detroit s’embrase.

La violence policière et le racisme

« Tu as quitté une guerre pour une autre« , s’entend dire un soldat noir-américain, tout juste rentré du Vietnam. La réalisatrice Kathryn Bigelow se concentre sur un épisode qui cristallise l’histoire des relations des noirs avec la police : la nuit de l’Algiers Motel. Le déroulé des évènements est retracé de manière précise et documenté grâce aux recherches de Mark Bial, le scénariste et aux images d’archives.

Là encore, il est question de jeunes qui s’amusent et de policiers qui débarquent après avoir entendu de possibles tirs. Dans ce motel, la police va se déchainer contre des noirs américains à peine sortis de l’adolescence. Coups, intimidations, insultes, manipulation et meurtres… Dans ce huis clos, le sadisme atteint son paroxysme. Le racisme des forces de l’ordre se donne en spectacle, impunément puisque les policiers responsables de la tragédie du motel seront acquittés.

A l’instar de son traitement de la torture à Guantanamo, Kathryn Bigelow n’épargne aucune scène de violence au spectateur. Elle semble chercher à faire comprendre à tous ce qu’est être un jeune homme noir aux Etats-Unis en 1967… mais aussi 50 ans plus tard. Les images récentes de Trayvon Martin et Eric Garner, victimes noires parmi tant d’autres, de la violence policière, reviennent en mémoire devant le film.

La bande-annonce de Detroit :

Anaïs Robert

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Violences faites aux femmes : la une des Inrocks ne passe pas

L’hebdomadaire culturel Les Inrocks a choqué ce mercredi en mettant en une l’ex-chanteur de Noir Désir, Bertrand Cantat, condamné en 2004 à huit ans de réclusion criminelle pour l’homicide involontaire de sa compagne Marie Trintignant. De nombreuses personnalités ont critiqué ce choix, dénonçant la banalisation de la violence faite aux femmes orchestrée par l’hebdomadaire. 

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La une des Inrocks sorti en kiosque ce mercredi matin, mettant à l’honneur Bertrand Cantat, l’ancien leader de Noir Désir, condamné en 2004 à huit ans de réclusion criminelle pour l’homicide involontaire de sa compagne Marie Trintignant, ne passe pas. L’hebdomadaire culturel présente la reconstruction de l’artiste, lui qui avait frappé l’actrice à coups de poings.

La secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, s’est insurgée dans un tweet.

Comme elle, de nombreuses personnalités, journalistes et blogueurs ont exprimé leur désaccord face à cette une. Notamment la journaliste Nadia Daam qui a rappelé dans un tweet les faits qui l’avaient mené en prison.

De son côté, la bloggeuse féministe Crêpe Georgette a rappelé dans un post que ce choix de une n’est pas sans conséquence dans un pays où une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint.

« Les Inrocks en mettant cet homme à la Une, nous envoient un message clair. On peut en France tuer une femme et faire la une d’un journal comme si de rien n’était, comme si tout cela était de vieilles histoires sur lesquelles on peut bien tirer un trait. Une femme meurt tous les trois jours en France sous les coups de son conjoint. Les chiffres ne baissent pas. Cette couverture envoie le signal clair qu’on peut commettre un féminicide et continuer sa vie tranquillement. Cela envoie comme souvent en ce qui concerne les auteurs de violences faites aux femmes, le signal d’une impunité totale. »

Comme pour ajouter à l’insulte, Les Inrocks joignent à leur numéro un CD promotionnel incluant une chanson du rappeur Orelsan, souvent critiqué pour ses textes violents à l’égard des femmes. L’ancienne ministre des Familles, de l’enfance et des droits des femmes, Laurence Rossignol, a fustigé ce choix sur son compte Twitter.

 

Clara Charles

Télévision : les séries à ne pas louper cet automne

Cillian Murphy incarne Thomas Shelby (au centre) dans la série Peaky Blinders.
Cillian Murphy incarne Thomas Shelby (au centre) dans la série Peaky Blinders. (source)

#Séries L’automne est là, le vent la pluie, et le froid aussi. C’est donc la période idéale pour vous draper dans votre plaid avec une tasse de thé bien chaud et surtout, devant une bonne série télé. Pour ce faire, voici un petit tour d’horizon des séries qui ont repris ou vont reprendre, pour tout ceux qui se seraient perdus en cours de route.

 

1) Ça commence

Suburra

C’est la série évènement de ce début d’année, produite par le géant Netflix. Elle est inspirée du film du même nom réalisé par Stefano Sollima, sorti en 2015 (lui-même inspiré d’un roman). Au programme : une plongée dans les dessous du pouvoir à Rome, dans le quartier de Suburra connu pour sa mauvaise réputation. La mafia, l’État italien et le Vatican s’affrontent dans un mélange de sexe, drogues et violence (ce qui n’est pas sans rappeler le pitch de Marseille, une autre production de Netflix tourné en France).

La première saison de la série comptera dix épisodes. Le premier a été diffusé le 6 octobre sur la plateforme de streaming. Pour vous mettre l’eau à la bouche, voici la bande-annonce de la saison 1.

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 The Cell

Cette série raconte la vie de Gaspard, un employé d’une compagnie d’assurance à l’existence ennuyeuse, jusqu’au jour où il se retrouve accusé d’un crime qu’il n’a pas commis. Enfermé dans une cellule en compagnie de dangereux criminels il se met à voyager à travers l’espace et le temps !

Le casting de cette production française promet de bons moments de rigolade : Julien Pestel (un habitué des Very Bad Blagues du Palmashow), Jérôme le Banner (hilarant dans Fatal de Michaël Youn), Davy Mourier, Frédérique Bel (méchamment drôle dans Vilaine) et Nicolas Meyrieux ( jeune talent du stand-up) sont réunis dans cette série au scénario improbable mais propice aux rebondissements hilarants. Vous l’avez compris : The Cell va vous faire marrer, et ça a commencé le 5 octobre sur studio 4.

2)  Ça reprend

Narcos

35122468443_3e51cdba7c_zPedro Pascal incarne le rôle de Javier Peña, un agent américain de la lutte anti-drogue. (source)

Au cas où vous n’auriez pas vu Narcos (et pour ne pas vous spoiler), sachez que le très puissant baron de la drogue colombien que nous suivions au début de la série est mort. Mais rien n’est fini pour autant : Si le cartel de Medellín est affaibli, celui de Cali est plus puissant que jamais.

L’intrigue de Narcos se focalise désormais sur la lutte commune de la Colombie et des États-Unis contre les plus puissants narcotrafiquants d’Amérique Latine. Narcos a également le mérite de vous faire travailler votre espagnol tout en expliquant des passages clés de l’Histoire des États-Unis. Si ce n’est pas encore fait, ruez-vous sur cette série passionnante qui entame sa quatrième saison sur Netflix.

Engrenages

Passionnante, addictive, Engrenages est LA série qui fait taire les mauvaises langues sur la qualité supposée moyenne de nos productions nationales (comparées aux séries américaines). Engrenages est saluée en France mais aussi à l’étranger où elle s’exporte et suscite des critiques enthousiastes.

Pour sa sixième saison, la série policière commence fort : un tronc humain est retrouvé dans le 20e arrondissement de Paris. C’est le début d’une longue et complexe enquête pour le personnage principal, la capitaine de police Laure Berthaud (Caroline Proust).

La saison 6 est diffusé depuis mi-septembre sur Canal +.

3)  Attention, ça va reprendre

Peaky Blinders

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Dans les années 1920, après la 1ère Guerre Mondiale, Thomas Shelby (Cillian Murphy) et ses frères sont à la tête du gang des Peaky Blinders, basé à Birmingham. Thomas Shelby gère les affaires d’une main de fer et a implacablement recours à la violence lorsque que cela est nécessaire.

Aucune date précise n’a été donnée pour la sortie de la 4ème saison de Peaky Blinders, mais celle-ci débarquera très certainement à la fin de l’automne, au vu de l’intensification des campagnes publicitaires sur les réseaux sociaux. On a vraiment hâte de retrouver le très (très) beau Thomas Shelby, qui a réussi à s’enrichir et à quitter les banlieues malfamées de Birmingham durant les trois saisons précédentes.

Scandal

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Olivia Pope, le personnage principal de Scandal. (crédits : Disney / ABC Television Group)

Olivia Pope (Kerry Washington) est de retour : nous avions laissé la « gestionnaire de crise » à la fin de la saison 6 sur un immense succès, puisque sa protégée Mellie Grant a été élue présidente des États-Unis. Mais les problèmes ne sont jamais bien loin pour la jeune femme, toujours au centre de complots et des convoitises…

Scandal est repartie pour une 7ème et dernière saison (la production de la série l’a confirmé). Il reste donc une dizaine d’épisodes avant la fin de cette série qui explore les dessous de la politique américaine et ses innombrables secrets inavouables. Si vous aimez les intrigues sombres où les plans sont toujours plus machiavéliques, Scandal est faite pour vous. Trois épisodes ont déjà été diffusés aux États-Unis. Pas de date de diffusion pour la France pour le moment mais cela ne saurait tarder ; il faudra être à l’affût.

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Asmaa Boussaha