Ultra-violent et psychopathe : mais pourquoi aime-t-on tant le Joker ?

Depuis 75 ans, le joker est l’ennemi le plus célèbre de Batman.

Salué par les critiques, le film autour du meilleur ennemi de Batman sort ce mercredi en France. Pourtant, outre-atlantique, le Joker divise malgré un démarrage canon au box-office. En cause ? Le long-métrage inciterait à la violence.

C’est un film très attendu qui sort ce mercredi 9 octobre dans les salles de cinéma françaises : Joker met Joaquin Phoenix dans la peau du célèbre méchant de l’univers DC Comics. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le public français est impatient. « On n’a quasiment plus aucun produit autour du Joker, témoigne Enzo Le Guern, employé dans une boutique de figurines de cinéma près de République. Du coup, on est en train de réaliser d’importantes commandes pour la sortie du film. »

Chez Comics Corner, quelques pâtés de maisons plus loin, c’est la même frénésie. Un présentoir invite les clients à découvrir « les meilleurs albums du Joker ». « Il y a vraiment un véritable engouement autour du Joker, explique Jimmy Bismuth, le gérant de la librairie spécialisée dans les bandes dessinées de super-héros. C’est assez classique quand il y a une sortie de film mais c’est vraiment notable avec la sortie du Joker. D’abord, parce qu’ils ont fait une campagne de communication assez bien faite où ils n’ont pas trop dévoilé du film et surtout, parce que le film a été primé à la Mostra de Venise. A partir de ce moment, tout le monde s’est dit : « Le film promet d’être bon ». »

Un personnage « en marge du système »

Sorti le 4 octobre dernier aux Etats-Unis, le long-métrage des studios Warner était déjà en tête du box-office nord-américain ce week-end avec 93,5 millions de dollars de recettes, selon les chiffres provisoires publiés dimanche 6 octobre par la société spécialisée Exhibitor Relations. Une belle entrée en matière malgré des polémiques sur ses thématiques violentes, certains mettant en cause l’empathie dont ferait preuve le réalisateur Todd Phillips à l’égard de son personnage.

Dans ce cru 2019, le réalisateur remonte aux origines de ce super-vilain en nous présentant un célibataire vivant seul avec sa mère mythomane qui, abandonné dans une ville rongée par la misère et les injustices, sombre dans la folie. « Le Joker a différentes formes parce qu’il existe à travers l’auteur qui va l’incarner que ce soit au cinéma ou dans les comics, décrypte Thibault, grand fan de l’univers de Batman. La définition du Joker de base, c’est de dire : « il suffit d’une mauvaise journée, de la pire journée de la vie de quelqu’un, pour qu’il le rende complètement cintré ». »

Difficile cependant de ressentir quelconque empathie envers le personnage car comme le rappelle Jimmy Bismuth, « le Joker est un psychopathe, sadique, maniaque, manipulateur voire tueur en série. Il n’a aucun aspect qui pourrait nous donner de l’empathie pour lui. » Mais alors pourquoi est-il alors si apprécié du grand public ? « Une des raisons, poursuit le gérant de Comics Corner, c’est qu’on a affaire à un personnage en marge du système. Il ne fait pas ce qu’il fait par intérêt personnel : pas pour l’argent, pas pour le pouvoir ni même pour une cause politique… Il le fait parce qu’il peut le faire et parce qu’il trouve ça drôle. Et du coup, il y a un côté un peu barré, anti-système qui plait aux gens. »

Adrien Grange

L’actrice américaine Doris Day, interprète de « Que Sera, Sera », est décédée

La chanteuse et actrice américaine Doris Day est décédée ce lundi à l’âge de 97 ans. Elle souffrait d’une pneumonie.
L’actrice Doris Day dans « Le chouchou du professeur » du réalisateur George Seaton, sorti en 1958. / Crédit photo : Flickr

 

Icône d’Hollywood, Doris Day est morte à l’âge de 97 ans, a annoncé lundi 13 mai sa fondation, consacrée à la défense des animaux. Selon cette dernière, Doris Day, qui souffrait d’une pneumonie, est morte à son domicile en Californie, entourée de ses proches.

A la fois actrice et chanteuse, Doris Day a d’ailleurs une étoile pour chacune de ses passions sur le célèbre « Walk of fame », à Hollywood.

 

Star des comédies romantiques

Doris Day faisait partie des actrices les plus célèbres du box-office américain des années 1950. Elle était notamment à l’affiche de Romance Rio de Michael Curtiz (1948) et La Blonde du Far-West de David Butler (1954). En 1952, elle donne la réplique à Ronald Reagan dans The Winning Team, un film de Lewis Seiler. 

La blonde Américaine a 34 ans, en 1956, quand Alfred Hitchcock lui donne le rôle émouvant d’une mère dont l’enfant est enlevé par des espions venant du froid dans son classique L’Homme qui en savait trop. Dans le film, elle chante à deux reprises Que sera, sera (Whatever Will Be, Will Be), qui rencontrera rapidement un succès planétaire. Le titre, signé Jay Livingston et Ray Evans, obtient d’ailleurs l’Oscar de la meilleure chanson originale la même année.

Doris Day brille surtout dans le vaudeville, un genre qui culmine en 1959 avec Confidences sur l’oreiller, où elle tourne aux côtés de Cary Grant et Rock Hudson. 

Tout au long de sa carrière, Doris Day s’efforce de défendre son image d’Américaine propre sur elle, refusant même en 1967 le rôle de Mme Robinson dans Le Lauréat, jugeant trop osé ce rôle de mère de famille voulant séduire un jeune et innocent Dustin Hoffman. C’est finalement Anne Bancroft qui interprétera ce rôle.

« J’aime être gaie. J’aime m’amuser sur un tournage. J’aime porter de beaux vêtements et être belle. J’aime sourire et que les gens rient. C’est tout ce que je veux », résumait-elle lors d’une interview.

 

 

Adorée du public et militante pour les animaux

Des Oscars, Doris Day n’en décrochera pourtant aucun en son nom, malgré une quarantaine de films et l’adoration du public. De toute sa carrière hollywoodienne, elle devra se contenter d’un Grammy pour sa carrière de chanteuse, avec 650 titres et une vingtaine d’albums à son actif.

L’actrice est également connue pour sa vie personnelle mouvementée, et ses quatre mariages qui se solderont tous en échec.

Depuis qu’elle ne tournait plus, Doris Day était devenue une amie des animaux, qu’elle accueillait dans son hôtel de Carmel, en Californie. Elle avait d’ailleurs créé en 1977 sa propre œuvre caritative pour animaux, la Doris Day Pet Foundation.

Pour la critique de cinéma américaine Molly Haskell, elle est « l’actrice la plus sous-estimée, la moins bien reconnue qui soit jamais passée par Hollywood ». En 2004, le président George W. Bush lui remet la médaille de la Liberté, la plus haute récompense civile américaine, pour avoir « ravi les coeurs des Américains tout en enrichissant notre culture ».

 

Alice Ancelin avec AFP

Affaire Weinstein : Léa Seydoux, nouvelle victime

Dans un entretien au Guardian, l’actrice française Léa Seydoux accuse à son tour Harvey Weinstein d’agression sexuelle.

Léa Sedoux / Crédit : Hannah Mckay/Reuters

Le scandale continue d’enfler autour du producteur hollywoodien Harvey Weinstein. Chaque jour, de nouvelles actrices et personnalités hollywoodiennes révèlent avoir subi les agressions sexuelles du producteur, trois jours après la publication dans le New York Times d’une enquête révélant ses agissements. Après Rose McGowan, Gwyneth Paltrow, Emma de Caunes, Judith Godrèche et tant d’autres, c’est l’actrice Léa Seydoux qui témoigne avoir été victime d’agression sexuelle, mercredi, dans les colonnes du Guardian.

« J‘étais un morceau de viande« 

L’actrice française raconte sa première rencontre avec Harvey Weinstein, lors d’un défilé de mode. Décrit comme un homme « insistant » et « dominateur », la jeune femme accepte de le rencontrer dans un hôtel, avec en tête « un rendez-vous professionnel. Il me regardait comme si j’étais un morceau de viande. Il faisait comme s’il envisageait de me donner un rôle. Mais je savais que c’était des conneries. Je le savais, je pouvais le voir dans ses yeux. Il utilisait son pouvoir pour avoir des rapports sexuels », révèle l’actrice.

Harvey Weinstein / Crédit : Flickr

Le producteur invite Léa Seydoux à boire un verre dans sa chambre d’hôtel profitant de son statut de cinéaste renommé. Assis sur un canapé, l’homme se jette sur l’actrice française. « Il a essayé de m’embrasser. J’ai dû me défendre. Il est grand, et gros, alors j’ai dû résister vigoureusement », se remémore-t-elle. Un épisode traumatisant pour la trentenaire qui reste tout de fois fréquent dans le monde du cinéma. « Vous devez être désirable pour être aimée. Mais tous les désirs ne peuvent pas être assouvis, même si les hommes dans le milieu du cinéma croient le contraire ».

Garance Feitama

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« Detroit », le film qui résonne dans son époque

Le nouveau long-métrage de la réalisatrice oscarisée Kathryn Bigelow sort ce mercredi sur le grand écran. 

 

Capture d'écran youtube de la bande annonce de Detroit
Capture d’écran youtube de la bande annonce de Detroit

Le film s’appelle Detroit. Pas besoin de plus tant le nom de cette ville américaine évoque en lui-même le lourd passif raciste de l’Amérique. La métropole est la plus touchée par la ségrégation. Noirs et blancs sont divisés par la route 8 mile, la fameuse ligne évoquée par le rappeur Eminem dans son film semi-autobiographique.

Detroit s’ouvre en musique, dans une fête où des noirs s’amusent, flirtent et se détendent. Puis la police s’invite dans ce bar clandestin et commence à embarquer tout le monde arbitrairement. Autour, la foule se rassemble et le mécontentement gronde. Nous sommes en 1967, la guerre au Vietnam fait rage, le mouvement pour les droits civiques prend de l’ampleur. Deux ans plus tôt, les émeutes violentes de Watts ont secoué Los Angeles. L’ambiance est explosive. La scène du bar est un détonateur. Detroit s’embrase.

La violence policière et le racisme

« Tu as quitté une guerre pour une autre« , s’entend dire un soldat noir-américain, tout juste rentré du Vietnam. La réalisatrice Kathryn Bigelow se concentre sur un épisode qui cristallise l’histoire des relations des noirs avec la police : la nuit de l’Algiers Motel. Le déroulé des évènements est retracé de manière précise et documenté grâce aux recherches de Mark Bial, le scénariste et aux images d’archives.

Là encore, il est question de jeunes qui s’amusent et de policiers qui débarquent après avoir entendu de possibles tirs. Dans ce motel, la police va se déchainer contre des noirs américains à peine sortis de l’adolescence. Coups, intimidations, insultes, manipulation et meurtres… Dans ce huis clos, le sadisme atteint son paroxysme. Le racisme des forces de l’ordre se donne en spectacle, impunément puisque les policiers responsables de la tragédie du motel seront acquittés.

A l’instar de son traitement de la torture à Guantanamo, Kathryn Bigelow n’épargne aucune scène de violence au spectateur. Elle semble chercher à faire comprendre à tous ce qu’est être un jeune homme noir aux Etats-Unis en 1967… mais aussi 50 ans plus tard. Les images récentes de Trayvon Martin et Eric Garner, victimes noires parmi tant d’autres, de la violence policière, reviennent en mémoire devant le film.

La bande-annonce de Detroit :

Anaïs Robert

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