Les salles d’art et essai ne sont pas prêtes de mourir !

On pourrait penser qu’elles sombrent face à l’avancée des multiplexes, et pourtant non. Les cinémas d’essai se portent plutôt bien. La preuve à travers cette enquête.

Des lustres historiques, des activités pour les enfants et bon nombre de festivals : un cocktail qui fait fonctionner le Studio 28, salle d’art et d’essai implantée à Montmartre depuis près de cent ans. A voir les touristes et autres curieux qui se pressent devant les portes, on peut voir que oui, le cinéma d’art et d’essai se porte bien, merci pour lui. En dix ans, la fréquentation a même augmenté de 0,2% lorsque le reste des salles généralistes a vu son public baisser de 0,1%. “Les cinémas d’art et d’essai se maintiennent bien face aux multiplexe” se félicite Dorothée Duval, chargée de mission pour le classement art et essai au CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée). “Le nombre de salles labellisées reste constant d’année en année. C’est une très bonne chose.”

Mais ne crions pas victoire trop vite. Pour lutter contre le rouleau compresseur des grands groupes d’exploitations tels que UGC et Gaumont-Pathé, les salles indépendantes doivent redoubler d’efforts pour se réinventer au quotidien.

L’esthétique avant tout

Face aux grandes salles impersonnelles des multiplexes, un espace agréable à l’oeil fait toute la différence. C’est justement au Studio 28 que l’on peut admirer les lustres dessinés par Cocteau. Il disait d’ailleurs que c’était “la salle des chefs d’oeuvre et le chef d’oeuvre des salles.” De Capra à Brel, les plus grands se sont succédés dans ses murs. Candélabres et ciel étoilé sont suspendus au-dessus des têtes des spectateurs, aussi impressionnés par la décoration de la salle que par les films eux-mêmes.

Autres exemples tout aussi sublimes : les murs du cinéma Pagode, un ancien salon d’aristocrates. Insolite, il cache derrière ses murs une salle japonaise et son jardin assorti. Des lieux classés monument historique depuis les années 80. Construite en 1896, la Pagode ne s’ouvre au public que dans les années 30. Le salon est alors transformé en salle de projection et devient lieu de rendez-vous pour les cinéphiles du 7e arrondissement.

Photo des Cinémas Etoile
Photo des Cinémas Etoile

Le Balzac, lui, naît en 1935. Dans sa rue du même nom, il devient vite le cinéma à se pas râter aux Champs-Elysées. Pour les spectateurs, le confort est là : une immense salle ronde inspirée directement de l’art déco.

Cinema-le-Balzac-002
Photo de Frédéric Reglain

 

L’attrait esthétique est un aspect qu’espère développer Phillipe Coquillaud, directeur du cinéma le Méliès à Pau. “Nous voulons nous agrandir et repenser entièrement notre espace, pour l’instant austère. Le cinéma devrait être un lieu de rencontres où les gens viennent passer un moment agréable, pas simplement pour voir un film.

L’ouvreuse du Studio 28 nous révèle ses secrets. Reportage Estelle Walton.

Des activités variées et enrichissantes

Mais si le cinéma de quartier persiste et perdure, ce n’est pas uniquement grâce à son décorum. Les gérants de salles multiplient animations et débats divers autour des films projetés. Michel Ferry, secrétaire général de l’AFCAE (Association française du cinéma d’art et essai), expliquait dans une interview donnée à France musique en janvier dernier : ”Il faut renouveler en permanence le public. Une salle art et essai, c’est 5-6 débats par semaine. »

Au coeur du quartier latin, le Reflet Médicis, organise différents événements qui rythment la vie du cinéma, comme le festival du film russe ou encore celui du film finlandais. Experts, réalisateurs et musiciens rejoignent  les fauteuils rouges donner vie aux films.

Et pour plus de fun niveau animations, reportage ici au Studio Galande avec le Rocky Horror Picture Show.

L’animation est un critère que défend l’AFCAE depuis sa création en 1955. Elsa Piacentino, chargée de communication de l’association le confirme. “Pour recevoir le label art et essai, il faut que le lieu soit valorisé, il ne faut pas que ce soit uniquement un lieu de projection. L’idée : créer des animations, des débats, des activités jeune public.” C’est ce qu’a choisi de faire Nolwenn Turbin, animatrice du cinéma art et essai le Beaulieu à Nantes. “Diffuser un film en lien avec l’actualité, s’ouvrir aux faits de société et accompagner la séance d’un débat, ça dope la fréquentation.”

Attiser la curiosité des nouvelles générations

Et avec les jeunes ? C’est parfois un public difficile. Pour René Salsa, directeur du Saint-Denis à Lyon, le public ne va pas en-dessous des 35 ans. Alors qu’au Chaplin Denfert, le directeur Eric Gozzi s’est relié à l’université de Nanterre pour y accueillir les jeunes investis dans le festival de court-métrages. Ce cinéma a justement établi un partenariat avec Enfance de l’art, une association qui sélectionne des films mettant en valeur la création cinématographique au-delà des dessins animés grand public diffusés dans les multiplexes.

Un point important pour Frédéric Gimello-Mesplomb, enseignant à l’université d’Avignon et spécialiste du cinéma art et essai. “Il existe beaucoup de dispositifs pédagogiques pour éduquer les enfants et les jeunes sur l’art et essai. Par exemple, des intervenants ou réalisateurs se rendent dans les établissements. Débats et rencontres sont organisés pour leur faire découvrir ce type de cinéma méconnu.” A Nantes, les salles favorisent la rencontre entre bambins et cinéma. Au Beaulieu, des séances sont proposés aux plus petits. Dès deux ans, ils peuvent participer aux goûters et ateliers artistiques qui accompagnent les projections.

Renouveler le public, un défi relevé pour le cinéma l’Ecran à Saint-Denis en région parisienne. Boris Spire, directeur du cinéma depuis 10 ans, pratique ce qu’il appelle “le festival permanent”: de l’événementiel et des séances dans les écoles pour attiser la curiosité des jeunes publics.

A Paris 8, les étudiants aussi mettent la main à la pâte. Dans le cadre de leur formation, le master Politiques et gestion de la culture en Europe participe chaque année au festival Cinéma du réel. Sélection, contact avec le réalisateur, programmation, gestion de la communication,  ces jeunes s’occupent du processus de A à Z. Le résultat : un documentaire colombien, une salle bien remplie, et une discussion avec le réalisateur en prime. Pour Héloïse Proy, partie prenante du projet, cette expérience a été très formatrice: “Je n’aurais jamais pensé à m’intéresser au genre documentaire de cette manière. Être dans les coulisses, a complètement changé ma conception de la programmation. Quand on a vu la salle presque pleine, on était pas seulement heureux, on était fiers.” Pourtant, engouement d’un soir n’est pas toujours synonyme de public fidèle. “Peu d’étudiants viennent régulièrement” regrette le directeur de la salle. “Ils ne vivent pas sur le campus et ne restent pas sur place après les cours. Il est donc d’autant plus difficile de les fidéliser”.

Des films qu’on ne trouve pas (ou plus) ailleurs

Pour le cinéma le Mélies à Pau, c’est la clé du succès : des films éclectiques, de genres, programmés plus longtemps. “Un film reste facilement 5 à 6 semaines à l’affiche, nos habitués le savent. A terme, on peut faire plus d’entrées qu’un multiplexe”, explique Philippe Coquillaud, directeur de la salle.

A Paris, le Chaplin Denfert continue à diffuser les films qu’on ne peut plus trouver ailleurs. Eric Gozzi, directeur, explique : “Dans les grands cinémas, les films restent à l’affiche deux semaines maintenant ! Les spectateurs peuvent donc venir dans les salles de quartier pour voir les films qu’ils n’ont pas eu le temps de visionner.” Au CNC, la singularité de la programmation est un atout évident. « Dans les salles d’art et essai, c’est un autre style de films, bien différents des productions grand public diffusées en multiplexes. »

Revoir les films de patrimoine est aussi un point que les cinémas ont à coeur. A Nantes, les vieux films sont à l’honneur. Des bénévoles passionnés viennent avant la projection deux fois par mois pour présenter ces classiques à voir et à revoir.

Un contact humain essentiel

Le public est bien souvent constitué de fins connaisseurs. A la Filmothèque par exemple, cinéma d’art et d’essai du quartier latin, on s’adresse à un public ô combien savant, capable de pointer du doigt les erreurs de projection. “Quand on se trompe de format, ils gueulent. Ils voient tout de suite que le film n’est pas diffusé dans son format initial” explique Philippe Mazel, le chef de cabine.” Une stratégie développée pour un public précis :“Il faut pas se leurrer, la majorité de nos spectateurs sont des petits vieux soixante-huitards, nostalgiques de l’âge d’or des années soixante dix, et lecteurs de Télérama” rappelle le directeur de la salle de Saint Denis.

“Quand vous allez au Pathé ou au Gaumont, vous êtes totalement anonyme” note René Salsa, directeur du Saint-Denis à Lyon. “Ici, on discute avec les gens au guichet et quand il y a la queue, on attend que tout le monde ait payé sa place avant de lancer le film.”

“Techniquement, il n’y a pas de public propre aux salles d’art et essai.” explique Frédéric Gimello-Mesplomp. “Ce n’est pas parce que les gens vont dans les cinémas art et essai qu’ils ne se rendent pas dans les multiplexes. Par contre la salle va construire son public, elle va proposer une programmation plus pointue. C’est le public qui conditionne la salle et pas l’inverse.”

Faire face aux menaces

Malgré tous leurs efforts, les salles d’art et essai subissent les effets du XXIe siècle. Les multiplexes toujours plus grands et confortables, attirent un public de plus en plus large grâce à une programmation très diversifiée. Avec ses 37 films simultanés à l’affiche et sa VO quasi systématique, l’UGC ciné cité des Halles à Paris fait de l’ombre aux salles intimistes. “Entre des salles vieillottes et bruyantes et des écrans flambants neufs et des sièges tout confort, mon choix est vite fait.” Explique Hubert Prolongeau, journaliste et cinéphile depuis son plus jeune âge. “L’idée d’opposer le cinéma d’art et essai aux salles commerciales ne veut plus dire grand chose.”

Cette menace, l’Utopia Saint Siméon à Bordeaux la vit au premier plan. Installée dans une ancienne église, cette salle entièrement indépendante est ancrée dans les habitudes bordelaises. Mais pour Stephan Bolato, programmateur dans la salle d’art et d’essai depuis 10 ans, cet attachement ne suffit plus: “Notre fréquentation est en baisse constante. Nous avons perdu 14,5% d’entrées depuis le début de l’année.” Pourtant, le cinéma redouble d’efforts pour attirer le public: soirées débats, festivals, programmation éclectique, magazine à l’édition léchée, même un bar restaurant est installé dans le hall pour créer une ambiance chaleureuse à la sortie d’une projection. “l’UGC est à 5 minutes à pied et nous vole notre clientèle. Eux, ils ne dépendent pas des entrées, ils ont les pubs et le Pop Corn, sur lesquels ils font des marges colossales. ” Un nouveau complexe de 13 salles est prévu, un nouveau coup de bâton pour la salle indépendante. Malgré nos multiples relances, le groupe UGC-MK2 n’a pas donné suite aux appels téléphoniques.

Pour certains cinémas, le numérique a été synonyme de diversité et de flexibilité accrue. Pierre Magne, Assistant de Programmation pour le réseau du Parvis installé dans les Hautes Pyrénées ne peut plus s’en passer : “on a plus à se déplacer pour faire passer les bandes à nos cinémas en personne, ça nous a changé la vie. Notre programmation s’en trouve enrichie.” Mais pour son homologue bordelais, l’investissement est bien trop lourd. Cette remise à neuf, vécue comme imposée par les boites de distribution et le CNC a été faite sans consultations des salles indépendantes et n’est pas adaptée à leur usage: “ Une nouvelle cabine de projection coûte entre 50 000 et 70 000 euros, et est optimisée pour des écrans de 15 m. Nos écrans sont bien plus petits. C’est une dépense inutile, et c’est mettre le doigt dans l’engrenage de l’obsolescence programmée. Un projecteur argentique pouvait durer 30 ans, qui sait combien d’années dureront les nouveaux avant de devenir obsolètes à leur tour?

Interview de Pierre Magne disponible ici.

Et l’argent dans tout ça ?

Les multiples initiatives qui permettent aux salles d’art et essai de vivre ne seraient pas possible sans le soutien financier du CNC. « Nous attribuons une subvention qui va de 2000 à 99 000€ par an, selon les salles » explique Dorothée Duval. Les pouvoirs publics ont aussi leur rôle à jouer. A Saint-Denis, ils financent 60% du budget de l’Ecran. “Sans leur soutien, il serait plus difficile de faire le lien avec les écoles et l’Université.

Là-bas, comme dans de nombreuses communes, la municipalité met gratuitement à disposition les locaux aux cinémas. Mais sans aide de la ville, les choses peuvent rapidement se compliquer. A Bordeaux, le Stéphan Bolato regrette ce manque de soutien “Nous sommes un cinéma complètement indépendant qui tire la majorité de ses revenus par la vente de tickets. C’est un choix, mais la ville ne nous aide en aucun cas, il nous handicapent.” Le directeur de salle d’art et d’essai s’inquiète de la création prochaine du nouveau multiplexe dans l’agglomération. “La ville est déjà saturée en écrans, et l’on va devoir se battre d’autant plus  récupérer des copies de films. Notre seul recours, c’est de continuer à nous diversifier.

La charge salariale est un poids pour beaucoup de salles. Pour l’Utopia, c’est même la majorité du budget de fonctionnement. “On ne paye pas nos salariés au lance pierre, ça fait partie de nos valeurs. Du coup, c’est un poids considérable sur notre budget.” Mais à Lyon, le Saint-Denis a trouvé un modèle différent : géré par une équipe de bénévoles, le cinéma n’a pas à payer de salaires à la fin du mois et, grâce aux bénéfices engendrés, peut mettre à jour les équipements numériques pour une meilleure projection.

La clé sous la porte, une peur inévitable

Le tableau n’est donc pas si noir pour les salles d’art et d’essai. Et pourtant le Melville n’a pas résisté. Ce cinéma de Rouan a fermé le 23 septembre, après trois mois de discussion intense. Le cinéma vivait des jours difficiles depuis 2013. Une situation financière irrattrapable qui n’a cessé de se dégrader. Les loyers étaient impayés, les salaires non reversés. Placé en redressement judiciaire en juillet 2014, les salariés croyaient encore au plan de sauvegarde mais c’était peine perdue. Aujourd’hui l’’avenir du bâtiment semble s’orienter vers l’installation d’une nouvelle salle de spectacle.

Le cas du Melville reste emblématique et montre que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes pour les salles d’art et essai. Malgré de nombreux exemples flamboyants, la survie des cinémas indépendants n’est pas évidente pour tous. A Saint-Denis, Boris Spire résume la situation en une phrase :  “De toute façon, être directeur d’une salle d’art et d’essai, nous oblige à être optimiste, autrement il faut changer de métier.”

Estelle WALTON et Margaux MALINGE

Le Parvis, un multiplexe 13 salles sur… 4 000 km2

Avec 4 millions de budget, le Parvis à Tarbes (65) diffuse chaque année des dizaines de films d’art et essai au pied des montagnes des Hautes Pyrénées. Pierre Magne, assistant de programmation depuis 5 ans, explique pourquoi les défis du cinéma en milieu rural.

Comment est né le projet ?

Ca a démarré comme une petite aventure. La Scène Nationale du Parvis Tarbes existe depuis 40 ans. On peut y trouver de l’art contemporain, de la danse, du cinéma et du théâtre. Petit à petit, les municipalités sont venues vers nous pour que l’on gère leurs salles. On fédère maintenant 11 cinémas, en grande partie municipaux. C’est comme un multiplexe de 12 salles, mais éclatées sur le département. Nous sommes 3 programmateurs qui gérons tout de A à Z.

Quels sont les avantages d’un tel système?

Le territoire des Hautes-Pyrénées n’a pas une offre pléthorique en terme de cinéma. Tout seul avec un mono-écran, ils n’avaient pas de levier pour demander des copies. En se fédérant, ça nous permet d’avoir une meilleure force de négociation au niveau des distributeurs. Ça permet aux mairies de faire vivre les salles.

A Arrens, par exemple, il n’y plus de librairies, pas de salle de spectacle, mais il y a un cinéma. Et puis, le numérique a rendu notre travail plus facile. Il y a encore deux ans, on avait qu’une seule pellicule que l’on passait d’un cinéma à l’autre. C’était la tournée du facteur! Le numérique a tout changé.

Comment se porte le réseau?

Ça marche bien. Les bonnes années, on peut aller jusqu’à 150 000 entrées sur les onze salles. Mais ça dépend beaucoup de la programmation. Ce premier trimestre, c’est la catastrophe. On a pas de films  En 2014, toutes les salles ont augmenté leur fréquentation, celle de Cauterets a même doublé. A 1300 mètres d’altitude, c’est une des salles de notre réseau qui fonctionne le mieux. Il y a clairement un public, mais si les gens viennent, c’est aussi grâce à des gérants de salles qui connaissent le tissu local et savent se bouger pour l’entretenir. C’est un travail de terrain.

Comment faites vous pour encourager le public à se déplacer pour l’art et essai?

C’est parce que l’on passe des films qui font de grosses entrées que l’on peut se permettre de diffuser des films plus intimistes. Lorsqu’on fait beaucoup d’entrées avec un James Bond, ça nous permet de mieux faire notre travail. Si on faisait que de l’art et essai, on aurait mis la clé sous la porte depuis longtemps. Ce qui compte, c’est de diffuser du cinéma.

On organise des soirées avec des associations, des discussions, des débats. Par exemple, les séances Ciné Passion,  sont réalisées avec les élèves des lycées d’Argelès-Gazost et de Bagnères de Bigorre. Les étudiants s’occupent de la communication et du choix du film. Bien sur, le succès dépend beaucoup de la volonté enseignants.

Et à Tarbes?

On manque d’attractivité. Sans accès en transports en commun après 21h, difficile de ramener des jeunes. Mais on se bouge. 1 fois par mois, on organise une soirée film de genre ou l’on offre des pizzas et met de la musique entre deux films. La semaine dernière, le gérant du Pub le Celtic est venu avec un groupe, et tout le monde dansait sur les sièges. Ça rajeunit le public, et nous on s’amuse beaucoup.

Pourquoi avoir choisi ce métier?

Nous sommes avant tout des cinéphiles. Contrairement à M. Gaumont ou M. Pathé, nous ne sommes pas là pour faire de l’argent, mais pour partager un art et sauvegarder la pluralité de l’expression. Le cinéma, c’est un point de vue sur le monde. Grâce au travail du CNC, nous avons une pluralité unique au monde.

Estelle WALTON

Ambiance Rocky’n’roll au Studio Galande

Chaque vendredi et samedi soir, à 22h, le célèbre Studio Galande à Paris organise une soirée spéciale Rocky Horror Picture Show. 


Rock’n’roll avec le Rocky horror au Studio Galande par malinge-margaux

Dans le quartier latin de Paris, le film burlesque et totalement décalé des années 70 qu’est le Rocky Horror Picture Show refait surface toutes les semaines. Dans la salle du Studio Galande – qui ne compte que 83 places – le film est projeté sur grand écran tandis que des comédiens font leur propre « show » sur scène. Cette troupe c’est celle des No Good Kids, auparavant appelés les Irrational Masters. Si la tradition du Rocky existe depuis 35 ans, c’est la même troupe qui se charge de cet événement depuis une dizaine d’années.

Dans la salle d’art et essai, d’habitude, on trouve des films de toute sorte. Nasser, le chef de cabine, explique que « contrairement aux idées reçues, il n’y a pas que le Rocky qui compte dans les recettes du Studio Galande. Notre public est très varié et beaucoup de seniors du quartier aiment se poser dans ce cinéma le soir pour regarder un film. » Dans leur programmation, des vieux films, quelques œuvres grand public et bien sûr des films classés art et essai.

Et le concept des soirées Rocky, qu’est-ce c’est ? L’idée est simple : rendre le film d’origine encore plus déjanté et drôle qu’il ne l’est en ajoutant sur scène des comédiens. Ils commentent chaque tirade avec humour et multiplient gestes et grimaces grotesques pour faire croire qu’ils interagissent avec les acteurs projetés sur écran. Ils viennent même piocher des victimes dans le public pour quelques numéros improvisés. Leur mot d’ordre : s’amuser. « On est avant tout une bande d’amis. L’amitié passe avant le spectacle.

Ce vendredi 9 avril, dès 21h30, la foule commence à se presser devant la porte d’entrée du studio. Comme presque à chaque fois, le cinéma fait salle comble. Comme Chloé, 17 ans, beaucoup viennent parce qu’ils restent des fans inconditionnés du film « On est venus pour s’éclater ! Le film est complètement déjanté et les chansons sont vraiment super cool. » Et alors que les Parisiens se pressent devant l’entrée, on peut aussi apercevoir quelques têtes de touristes qui ont entendu parler de ce phénomène hebdomadaire par-delà les frontières. Exemple avec Greta, américaine, en voyage en France avec sa famille. « C’est la première fois que je vois ce film. Là je suis à Paris et je veux tester des choses complètement nouvelles. »

Durant le show, blagues scabreuses et déhanchés sexy à souhait. Une chose de sûre au Studio Galande, il est nécessaire de laisser tomber toute gêne. Alors que la plupart des salles de cinéma exigent le silence, ici on incite sans arrêt le public à participer. Quitte à hurler des obscénités en pleine projection. De quoi faire penser à l’ambiance des vieux théâtres où lancer des projectiles sur scènes ne choquait personne.

C’est entre autres l’idée de deux scènes mythiques. Tandis que le film s’ouvre avec un mariage les spectateurs ont comme tradition de lancer du riz dans la salle. Autre moment tout aussi emblématique : la scène de l’orage. Pistolets à eau et parapluies sont alors de sortie.

Vous l’aurez compris, le Studio Galande et le Rocky Horror Picture Show, c’est une histoire d’amour et d’humour, là où tout est permis. Blagues obscènes ou humour noir charbon, personne ne s’en offusque, ici c’est la tradition. Et histoire de faire participer le public une dernière fois, les comédiens proposent aux spectateurs d’aller boire un verre au bar d’en face à l’issue de la séance. « Il y a des gens qu’on retrouve de séance en séance. On fait énormément de rencontres sympas avec le Rocky. 95% des gens nous disent qu’ils adorent parce que c’est très original. C’est quelque chose qu’ils n’ont vu nulle part ailleurs. »


Margaux MALINGE

Contrepoint : l’avis de Julie Delrue, conseillère immobilière à l’agence Regencia depuis quatre ans, à Levallois-Perret (92)

Quelle évolution constatez-vous sur les prix de l’immobilier à Paris et dans sa périphérie ?
« Le marché locatif n’a pas tellement évolué sur ces dernières années. Les prix sont toujours beaucoup plus élevés à Paris intramuros qu’aux abords de la capitale. Pour vous donner un exemple, un deux pièces de 51 mètres carrés à Aubervilliers coûte 832 euros par mois quand un 43 mètres carrés à Levallois-Perret est à 1300 euros. Les deux appartements sont dans un immeuble de standing, mais vous conviendrez que ce n’est pas le même environnement et que la distance joue également. »

Comment des personnes à faibles revenus peuvent-elles accéder à un logement ?
« Si la personne ou le couple ne gagne pas trois voire quatre fois le montant du loyer, on demandera une caution solidaire équivalente à deux ans de loyer pour les baux meublés, six ans pour les baux vides. Une personne de leur choix, pas forcément de la famille, devra signer un document dans lequel elle s’engage en tant que garant. Dans le cas d’un couple dont l’une des personnes n’a pas de revenus réguliers (intermittent, intérimaire par exemple), leurs revenus seront étudiés mais la plupart du temps une caution sera exigée. »

Que pensez-vous de la réglementation récente sur les loyers, notamment de la loi ALUR ?
« Avec cette loi, on ne peut plus augmenter les loyers. La seule augmentation possible, c’est de suivre l’indice de référence des loyers (IRL) publié par l’INSEE. Mais le problème selon moi, c’est que le système en vigueur défend trop les locataires. A force de les protéger, c’est lui qui les empêche d’accéder au logement. Les locataires sous-estiment les nombreuses petites dépenses à côté du loyer, c’est pourquoi en tant qu’agence on ne peut pas se permettre de ne demander que deux fois le loyer lors du dépôt du dossier. Il y a eu plusieurs cas d’impayés lorsque l’on avait essayé d’abaisser le seuil de revenus minimum, il a donc fallu qu’on le révise à la hausse. »

Propos recueillis par Louis Mondot