La petite équipe parisienne du Scuf s’est hissée jusqu’en finale du Championnat de France Honneur. Pour ce club centenaire et pourtant peu connu, soulever le bouclier serait une première historique.
Ce week-end, tous les yeux des amateurs de rugby étaient rivés sur les quarts de finale du Top 14. La performance du Stade Français face au Racing Métro (35-15) a éclipsé une autre victoire francilienne. Le Sporting Club Universitaire de France (Scuf) a battu dimanche le RC Valettois. Au bout de l’angoisse, les « scufistes » l’ont emporté sur les Varois aux tirs au but. Ils retrouveront donc en finale les Landais de Souston. Qu’un club parisien arrive à ce niveau de compétition est suffisamment rare pour être signalé. Mais au Scuf cette qualification a un goût tout particulier.
Créé en 1895, le club a compté dans ses rangs quelques gloires du rugby français. Son premier président n’est autre que Charles Brennus, le sculpteur qui a façonné le bouclier que les champions du Top 14 soulèvent encore de nos jours. En souvenir de cette époque ce sont deux juniors des « Noir et Blanc » qui apportent chaque année le bouclier aux vainqueurs.
Seulement jusqu’à présent le club s’est retrouvé condamné à toujours offrir le précieux trophée sans jamais pouvoir le gagner lui-même. Cruelle ironie du sort pour un des plus vieux club français mais aujourd’hui tombé dans l’oubli.
Malédiction d’autant plus injuste qu’à deux reprises au cour de leur longue histoire, les doigts des joueurs au fanion ont effleuré le bout de bois, le vrai, celui de la première division.
Et si pour les 120 ans du club, ces éternels amateurs du rugby conjuraient le sort et devenaient enfin champions de France ? Certes, on parle ici du championnat de réserve honneur (3ème niveau amateur) mais qu’importe : un titre est un titre. Pour Lionel Buisson, l’actuel président du Scuf, « c’est historique une chance comme ça, 120 ans d’histoire contemplent nos réservistes alors qu’ils s’apprêtent à affronter la dernière marche. Tout le peuple ‘Noir et Blanc’ est derrière eux. »
Comme souvent dans ces cas-là, l’engouement va crescendo à mesure que les tours passent. Les joueurs se souviennent des 16èmes, des 8èmes et de la solitude des tribunes. « Tout a changé. Pour les demi, le staff avait accroché aux murs des mots d’encouragement des minimes et des poussins. Ca fait quelque chose. Eux aussi nous portent« , confie l’un des joueurs. Il y aura même un car de supporters dimanche, du jamais vu.
Sur Internet, on suit avec assiduité l’aventure « scufiste » et déjà les réseaux sociaux bruissent d’un fol espoir.
Encore une semaine à rêver avec @karlorenzon @kevmalithe @ThbtS @Jf_75 et tout le @SCUF_Rugby pic.twitter.com/TTyQqMFSJs
— vinzealand (@vinzealand) 1 Juin 2015
Pour cette finale, le Scuf ne part pas franchement favori. Comme il ne partait pas favori face aux hommes de La Valette, petits frères des forbans toulonnais. Alors oui, il faudra tout pour dominer des Landais qui se sont depuis longtemps taillés une réputation de barbares mangeurs de maïs aux regards cauteleux. Mais le Scuf, en bon club parisien, est irrigué par le sang des expatriés, notamment du Sud-Ouest, venus tenter leur chance dans la capitale.
Un match pour l’histoire ? Réponse dimanche à 17h.
Antoine ETCHETO