Le Qatar, ce pays qui veut devenir une grande puissance grâce au sport

 

La 15ème édition du Tour du Qatar s’ouvre aujourd’hui à Dukhan, petite ville située  à 60 km de Doha, la capitale. L’occasion de revenir sur les investissements massifs réalisés par ce petit État de la péninsule arabique dans le sport dans le but de peser sur la scène internationale.

Dimension Data team leader, Britain's Mark Cavendish, celebrates on the podium after receiving the golden jersey from the President of the Qatari Cycling Federation, Sheikh Khaled bin Ali al-Thani (R) on February 8, 2016, at the end of the first stage of the 2016 Tour of Qatar between Dukhan and Al Khor Corniche, north of the Qatari capital Doha. Cavendish, the former world road race champion, took the gold jersey and covered the 175 kilometres from Dukhan to the Al Khor corniche in 3hrs 28.31secs, eight seconds in front of Modolo and 11 seconds ahead of Guardini. / AFP / ERIC FEFERBERGCavendish débloque son compteur 2016 au Tour du Qatar Crédit / AFP

 

Omniprésent. Le Qatar est devenu en l’espace de trente ans un acteur incontournable du sport. Cyclisme, football ou encore tennis, le pays a investi toutes les disciplines sportives. La preuve? En 2018, le pays sera l’hôte du mondial de gymnastique. Un an plus tard, il accueillera le mondial d’athlétisme et en 2022, consécration ultime ou presque, le Qatar organisera la Coupe du monde de football. Mais le Qatar ne s’arrête pas là, et vise l’accueil d’un Grand Prix de formule 1 dans les prochaines années ainsi que l’organisation de Jeux Olympiques, organisation, qui lui a échappée à deux reprises.

Cette omniprésence dans le domaine du sport est le fruit d’une politique volontariste menée depuis la fin des années 1980 par le cheikh dirigeant d’alors, Hamad Ben Khalifa Al Thani et poursuivie par son fils Tamin Ben Hamad Al Thani, au pouvoir depuis 2013. Fer de lance de cette politique, le Fond d’investissement qatarie, “Qatar Investment Authority” lancé en 2005 et qui s’occupe des achats sportifs du pays.“ Les qataris ont très tôt compris qu’ils ne pouvaient uniquement compter uniquement sur les hydrocarbures et qu’ils devaient diversifier leur économie. Le sport a été jugé suffisamment stratégique car il permet la promotion rapide d’un pays”, explique Sébastien Abbis chercheur à l’Iris, intérrogé par le Celsa lab.

Un avis que partage l’économiste du sport, Frédéric Bolotny: “En étant l’hôte d’ évènements sportifs majeurs, le Qatar espère attirer des médias ainsi que le regard des spectateurs du monde entier sur le pays.” En organisant par exemple une coupe du monde de football, le Qatar espère donc faire d’une pierre deux coups: d’abord attirer l’attention du monde et surtout peaufiner son image de marque. “En misant sur le sport, le pays s’associe de facto à des valeurs positives comme le dépassement de soi ou le fair play”, estime l’économiste interrogé par le celsa lab.

 

– Investissement tous azimuts –

 

Mais le Qatar ne s’arrête pas en si bon chemin. Le pays n’est pas seulement l’hôte de grandes compétitions internationales, il a également investi plusieurs millions de dollars dans l’achat et le sponsoring de différents clubs de football. En France, le Qatar est propriétaire depuis 2008 du prix de l’Arc de triomphe renommé dans la foulée Qatar Prix de l’arc de triomphe. En 2011, il a racheté le club de football parisien, Paris Saint Germain. Un an plus tard, c’est au tour du club de handball parisien de passer sous pavillon qatarien. Rien ne sembler combler l’appétit du Qatar. Pas même l’émoi provoqué dans l’opinion par le rachat de clubs faisant partie de la ‘marque France’ à l’international. La France qui n’est d’ailleurs pas l’unique terrain de jeu du Qatar. En 2010, le pays a jeté son dévolu sur le club de football espagnol de Malaga.

A défaut de pouvoir s’offrir le FC Barcelone qui appartient a ses 153,000 “socios”, le Qatar s’est lancé dans une opération de sponsoring en vue d’être associé à la marque Barca. Le pays a investi 150 millions d’euros pour avoir le droit d’apparaître sur le maillot de l’équipe catalane. Car le FC Barcelone comme sa devise l’indique, “més que un club”,  est beaucoup plus qu’un club de football. Selon différentes études de marché, le club catalan – n’en déplaise au Real madrid – est  le plus connu au monde  et compte 300 millions de fans dans le monde entier. En s’associant à des marques mondialement connues, le pays espère gagner en notoriété.

Mais selon Sébastien Abbis, à travers ces opérations, le Qatar ne peaufine pas seulement son image de marque: “ Il y’a une volonté du Qatar d’acquérir des partenariats qui soient en mesure d’aider et de protéger le pays. Pour le Qatar, il est plus économique d’acheter le PSG que de construire une armée.” Car si le pays est certes riche de ses hydrocarbures, il n’a selon le chercheur pas les moyens de se constituer une armée suffisamment forte.

Autre stratégie développée par le Qatar: celle de compter sur des sportifs de renom.Zinedine Zidane,champion du monde de football 1998 a servi de prête nom et de vitrine à la candidature qatarie lors de l’organisation de la coupe du monde de 2022: “ Ils apportent le prestige et la lumière nécessaire à une nation” estime Frédéric Bolotny.

 

Alexandra del Peral

 

 

 

 

 

Manifestation anti-migrants : le procès du général Piquemal reporté pour raison de santé

Le procès du général Christian Piquemal, qui devait passer en comparution immédiate après sa participation à une manifestation anti-migrants samedi à Calais, a été reporté « à cause de son état de santé », a affirmé ce lundi le procureur Jean-Pierre Valensi.

French Army Corps General Christian Piquemal gestures as he addresses supporters of the Pegida movement (Patriotic Europeans Against the Islamisation of the Occident) during a banned demonstration in Calais, northern France, on February 6, 2016.  Around 20 anti-migrant protesters were arrested in the French port of Calais after scuffles with police at a banned rally in support of a Europe-wide initiative by the Islamophobic Pegida movement. / AFP / PHILIPPE HUGUEN
L’ancien général Christian Piquemal adresse un discours lors du rassemblement anti-migrants à Calais, samedi 6 février. (Photo AFP / PHILIPPE HUGUEN)

 

Ce matin, « le général s’est plaint, il est allé à l’hôpital de Calais et le médecin légiste a indiqué que son état de santé était incompatible avec une comparution immédiate devant le tribunal correctionnel », a-t-il ajouté.

L’ancien patron de la légion étrangère est soupçonné par les autorités d’avoir eu « le rôle principal » dans la manifestation organisée à l’appel du mouvement islamophobe Pegida (Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident). Il est poursuivi pour « participation à un attroupement qui ne s’est pas dissout après sommation ». Quatre autres personnes sont poursuivies pour « port illégal d’armes ».

Christian Piquemal, 75 ans, avait annoncé sa présence à la manifestation interdite par voie de communiqué, malgré l’annonce faite par Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, d’interdire toutes les manifestations susceptibles de provoquer « des troubles à l’ordre public à Calais ».

L’ancien général avait été interpellé par la police samedi dernier.


 Son procès est reporté au 12 mai 2016 à 13h30, selon l’avocat du général, Maître Denis Tailly-Eschenlohr.

GR

Affaire Cahuzac : Le report du procès au centre du débat

Le procès de l'ancien ministre du Budget , Jérôme Cahuzac, lundi 8 février AFP PHOTO KENZO TRIBOUILLARD
Le procès de l’ancien ministre du Budget , Jérôme Cahuzac, lundi 8 février AFP PHOTO KENZO TRIBOUILLARD

Jérôme Cahuzac et son ex-femme sont jugés ce lundi 8 février devant le tribunal correctionnel de Paris. L’ancien ministre du Budget comparait pour fraude fiscale et blanchiment. Il est accusé d’avoir détenu un compte en Suisse et de l’avoir dissimulé au fisc français.

La séance est maintenant levée, sans réaction de la part de Jérôme Cahuzac. Le procès reprendra mercredi dès 9h et sera annoncé un report ou non du procès.

Retrouvez le déroulé du procès :

  • 17h05 – Cahuzac refuse de s’exprimer. La séance est levée et reprendra mercredi à 9h
  • 17h – Maître Jean Veil se dit « horrifié » par ce qu’il a entendu

  • 16h30 : Le parquet réclame, sans surprise, le rejet des QPC

le parquet national financier demande le rejet de ces QPC et s’étonne que Jérôme Cahuzac ne se soit jamais exprimé contre les doubles poursuites fiscales et pénales quand il était ministre du Budget. Le procureur rappelle les peines encourues. Fiscalement, quelqu’un qui ne paierait pas l’impôt sur la fortune connaîtra une majoration qui représentera au maximum 1,44% du patrimoine. Mais pénalement, la personne risque jusqu’à 7 ans de prison, 1 million d’euros d’amende et une privation des droits civiques. Le procureur estime donc que la sanction fiscale est d’une autre nature que la sanction pénale.

  • 15h30 – L’avocat de la direction générale des finances publiques,  partie civile, termine sa plaidoirie

Selon l’avocat, les premières sanctions dans ces deux affaires où les QPC sont passées avaient des montants suffisamment importants, contrairement à l’affaire Cahuzac. Selon lui, les QPC présentées ne remplissent pas les critères nécessaires. 

  • 15h – C’est au tour de Patricia Cahuzac, l’ex-épouse du ministre, de défendre ses QPC

Son avocat commence par expliquer que sa cliente n’est pas «une femme de lumière» et que ce procès est une «épreuve» pour elle.

  • 14h45 –  Jérôme Cahuzac a déjà « accepté un redressement fiscal » rappelle Jean Veil.

Maître Jean Veil, le deuxième avocat de Jérôme Cahuzac, défend la deuxième QPC portant sur l’impôt sur le revenu. L’avocat rappelle que son client a déjà payé un certain nombre de sommes au fisc et précise que « même s’il a un droit de recours, il ne l’utilisera pas ».

 

  • 14h40 – Présentation de la première QPC : Les mêmes faits ne peuvent pas amener à des sanctions pénales et fiscales

Selon l’article 8 de la Déclaration des droits de l’Homme, une personne ne peut pas être jugé pour les mêmes faits, avec des sanctions de gravité équivalente. Maître Jean-Alain Michel plaide ainsi la première QPC. Il s’adonne à des comparaisons et rappelle que Liliane Bettencourt « n’a pas eu de poursuites pénales » pour ses fraudes fiscales »

  • 14h30 – Cahuzac veut être « jugé le plus vite possible » selon son avocat

L’affaire Cahuzac débute en décembre 2012. Le site d’information Médiapart révèle que Jérôme Cahuzac possède un compte caché en Suisse, puis à Singapour. En janvier 2013, une enquête judiciaire s’ouvre et confirme ses propos. Le ministre du budget nie en bloc avant de finalement avouer. Jean-Alain Michel dément les accusions de vouloir retarder le procès déclarant que Cahuzac veut être jugé « aussi vite que possible » et connaître « le sort que votre tribunal va lui réserver ».

  • 14h10 – le procès Cahuzac pourrait tourner court

Grande inconnu de ce procès : deux questions prioritaires de constitutionnalité portant sur la question du cumul des peines fiscales et pénales. Autrement dit, Jérôme Cahuzac conteste son procès s’appuyant sur le principe que « nul ne peut être poursuivi ou puni pénalement à raison des mêmes faits ». Si le tribunal les reçoit, le procès sera reporté de plusieurs mois, comme c’est arrivé récemment au marchand d’art Guy Wildenstein, également jugé pour fraude fiscale et blanchiment. La procureure Eliane Houlette regrette que ces QPC arrivent le premier jour du procès, qui doit se poursuivre jusqu’au 18 février.

  • 14h – Présentation des différents partis : Cahuzac se présente comme retraité

A 63 ans, l’ancien ministre est devenu paria dans le milieu politique.

  • 13h40 – Début du procès de Jérôme Cahuzac

Jérôme Cahuzac arrive au tribunal correctionnel de Paris au milieu d’une foule de journaliste. Dans la salle du procès, il rejoint son ex-femme, Patricia Ménard et ses deux conseillers le banquier suisse François Reyl et l’ex-avocat Philippe Houman. Ils risquent une peine allant jusqu’à sept ans de prison et un million d’euros d’amende.

Primaires américaines : pourquoi l’élection dans le New Hampshire est importante

Mardi 9 février se tiendra le deuxième rendez-vous électoral de la course à la présidentielle aux Etats-Unis. Après l’Iowa, c’est au tour de l’Etat du New Hampshire (côte est des Etats-Unis) de choisir ses candidats. CelsaLab vous explique en cinq points pourquoi ce scrutin est primordial pour les candidats encore en lice.

 

Crédit photo: AFP Jewel Samal
L’état du New Hampshire accueille le deuxième rendez-vous électoral des primaires américaines 2016. (Photo AFP / Jewel Samal)

 

  • C’est le premier scrutin ouvert à tous

Le New Hampshire est le premier État à organiser une primaire. A la différence du caucus de l’Iowa, organisé indépendamment par les partis républicain et démocrate, et où seuls les électeurs affiliés aux partis organisateurs peuvent voter, la primaire du New Hampshire est mise en place par les États. Elle est ouverte à tous les votants, c’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire d’être lié à un parti pour pouvoir voter. Ces électeurs non déclarés peuvent choisir, à l’issue de leur vote classique dans l’isoloir, d’être affilié au parti du candidat pour lequel ils ont voté, ou de demeurer indépendant.

  • Le corps électoral est plus important

Parce qu’il est ouvert, ce scrutin permet a priori d’attirer beaucoup plus de votants. En Iowa, seuls 1406 électeurs affiliés au parti démocrate ont voté, ce qui est évidemment infime au regard des plus de 2 millions d’habitants en âge de voter. Dans le New Hampshire, les électeurs indépendants représenteraient 40% du total des votants de l’État. Une cible majeure pour tous les candidats à l’investiture, qu’ils soient démocrates ou républicains.

  • Une étape importante pour le dynamisme des campagnes

Première vraie primaire et deuxième rendez-vous électoral de la course à la présidentielle, l’élection du New Hampshire attire une attention médiatique bien plus importante que la plupart des autres votes. Les résultats, relayés ad nauseam par les médias américains, peuvent faire et défaire la popularité des candidats. Si les favoris enregistrent une mauvaise performance dans le New Hampshire, leur leadership pourrait être remis en cause. Inversement, si un petit candidat fait un meilleur score que ce à quoi il pouvait prétendre, cela pourrait relancer sa campagne. En 2008, après avoir perdu le caucus dans l’Iowa, Hillary Clinton remporte la primaire démocrate dans le New Hampshire à la surprise générale, et sa campagne gagne clairement en dynamique.

  • Un scrutin qui permet de faire le ménage

Quatre candidats se sont déjà retirés des primaires après leurs faibles résultats lors du caucus de l’Iowa : Rick Santorum, Mike Huckabee et Rand Paul côté républicain, Martin O’Malley chez les démocrates. Ces nouveaux résultats devraient encore un peu plus écrémer les rangs républicains. Les républicains Chris Christie, John Kasich et Jeb Bush ont choisi de rester dans la course, mais leurs résultats dans le New Hampshire seront déterminants dans la poursuite de leurs campagnes. En Iowa, Jeb Bush n’a obtenu qu’un délégué, tandis que ses deux adversaires n’ont rien gagné du tout.

  • Des résultats différents de l’Iowa

Il est peu probable que les vainqueurs du New Hampshire et ceux de l’Iowa soient les mêmes, tout du moins côté républicain. Principalement parce que le New Hampshire est un État bien moins religieux que l’Iowa. Les électeurs devraient a priori être moins tentés par les candidats soutenus par les membres du Tea Party ou les évangélistes. Ted Cruz, qui a multiplié les références bibliques dans ses meetings et reçoit un soutien très important de la communauté chrétienne, n’arriverait que troisième dans les sondages avec 12% d’intentions de vote, alors que sa stratégie s’était avérée payante dans l’Iowa. Des candidats moins conservateurs, comme John Kasich, également crédité de 12% des intentions de vote, pourraient donc tirer leur épingle du jeu à l’occasion de cette primaire.

 

Si les deux Etats sont en très grande majorité blancs (97% pour le New Hampshire, 95% pour l’Iowa), les habitants de l’État de la côte est sont globalement plus riches que ceux du Midwest, un facteur qui pourrait entrer en compte dans les votes.

 

Historiquement, aucun candidat républicain n’a remporté à la fois l’Iowa et le New Hampshire. Lors de la dernière élection en 2012, Mitt Romney remportait le New Hampshire après avoir perdu en Iowa. Le même constat s’impose aussi chez les démocrates : Hillary Clinton avait laissé la victoire à Barack Obama dans l’Iowa, avant de lui ravir le New Hampshire.

Une portée électorale limitée

Si le vote et ses résultats seront symboliquement très importants pour les candidats aux primaires républicaine et démocrate, le nombre de délégués à la clé est faible. Les électeurs du New Hampshire sont invités à en élire 55 : 23 côté républicain et 32 côté démocrate, soit pour chaque camp moins de 1% du nombre total de délégués à élire. Parmi eux, on trouve 8 « superdélégués » : une fois élus, contrairement à la plupart des autres délégués, ils ne sont pas tenus d’apporter leur soutien au candidat pour lequel ils ont été élus.

Lisa Boudet