Le Goncourt du premier roman à Maryam Madjidi, le chanteur Raphaël récompensé

Trois prix Goncourt ont été décernés ce mercredi au restaurant Drouant, à Paris. « Premier roman », « Nouvelle » et « Poésie » à respectivement Maryam Madjidi avec Marx et la poupée, Raphaël Haroche avec Retourner à la mer et Franck Venaille avec Requiem de guerre.

Pour son premier roman, l’écrivaine Maryam Madjidi née en 1980 raconte, dans son roman Marx et la poupée, paru aux éditions Nouvel Attila, son enfance en Iran, son exil en France puis l’apprentissage du français. Elle a recueilli 7 voix sur les 10 du jury présidé par Bernard Pivot, face à Un collectionneur allemand de Manuel Benguigui (Mercure de France), « L’Abandon des prétentions » de Blandine Rinkel (Fayard) et Looping d’Alexia Stresi (Stock).

Il était connu en tant que chanteur, on le découvre à présent en tant que novelliste. Raphaël, de son nom complet Raphaël Haroche, a été récompensé par l’Académie à hauteur de 6 voix en sa faveur, pour Retourner à la mer, aux éditions Gallimard. Fervent admirateur de Jack Kerouac (Sur la route), le chanteur connu notamment pour son album Caravane, ayant remporté un grand succès en 2005, s’est dit « très fier » de cette récompense.

Enfin, le Goncourt de la poésie-Robert Sabatier a été attribué à l’unanimité à Franck Venaille pour l’ensemble de son oeuvre Requiem de guerre (Mercure de France), composée d’une quarantaine de titres.

Marie Lecoq.

La France et l’Allemagne accueillent le mondial de Hockey sur Glace

Ce vendredi 5 mai, le mondial de hockey sur glace débute en France. Pour la première fois depuis 1951, la France accueillera ce rendez-vous annuel auquel participent les meilleurs joueurs du monde, à l’exception de ceux qui sont toujours en course dans les play-offs de la NHL, la grande ligue nord-américaine.

Trente matches auront lieu à Paris: tous ceux du groupe B du premier tour, ainsi que deux quarts de finale. Le reste des rencontres se déroulera à Cologne, dont la finale le 21 mai. Les organisateurs espèrent attirer entre 250.000 et 300.000 spectateurs. La France tentera de sortir d’un groupe composé du Canada, double tenant du titre et pays du hockey par excellence, la République tchèque et la Finlande, les trois nations majeures.

Sport spectaculaire mais encore confidentiel en France, le hockey sur glace veut se faire connaître et compte bien profiter de cet évènement mondial pour accroitre sa réputation.

 

 

Front national : à Villepinte, un fossé entre les marinistes et les indépendants

Lundi midi, Marine Le Pen et son nouvel allié, Nicolas Dupont-Aignan, ont tenu un meeting à Villepinte, devant 6 000 militants plus ou moins impliqués. Etudiants, cadres, mélenchonistes, retraités ou anciens du GUD ; le public était pour le moins éclectique.

Une clameur d’enthousiasme s’élève dans le hangar 4B du parc des expositions de Villepinte lorsque Nicolas Dupont-Aignan arrive sur l’estrade. Les drapeaux s’agitent, le prénom du fondateur de « Debout la France » est repris en choeur, tandis que les retardataires pressent le pas pour traverser la salle, aux trois quarts vide. Marine Le Pen a vu les choses en grand pour ce meeting : énorme hangar, musique épique, milliers de drapeaux tricolores, Nicolas Dupont-Aignan en première partie, service d’ordre omniprésent et journalistes parqués dans des espaces dont ils ne pouvaient pas sortir. La mise en scène est maîtrisée.

Collecte de dons pour le service d'ordre du Front national
Collecte de dons pour le service d’ordre du Front national

Les fidèles soldats du Front

Certains militants ont totalement intégré la rhétorique de la candidate du Front national. Devant l’énorme drapeau français qui sert à recueillir les dons faits au parti et au service d’ordre, Nicolas Grandjean, 22 ans et étudiant en alternance dans le commerce international, explique pourquoi il soutient Marine Le Pen : « La mondialisation, c’est un piège à cons. L’économie n’est pas la base de la société ; il faut savoir où sont les priorités. Je n’ai pas peur que les entreprises quittent la France si Marine Le Pen est élue. Cela n’arrivera pas. Même mon patron, qui fait partie du comité d’En marche ! m’a dit qu’après avoir écouté Marine Le Pen sur TF1, il avait douté de son vote ». Pour ce jeune homme qui a participé aux manifestations contre le mariage pour tous, la priorité, c’est la famille : « Le Front national abrogera la loi Taubira et mettra en place des aides pour les familles en difficulté. Mais pas pour les familles étrangères qui bénéficient déjà des aides de l’Etat. C’est surtout pour cette politique familiale que j’ai choisi Marine Le Pen dès le premier tour ».

Quelques personnes ont choisi de suivre le meeting au fond de la salle. C’est le cas d’Arthur, Rennais de 21 ans qui cherche à acheter un bar, venu jusqu’à Villepinte avec son ami Maxime : « Je suis venu ici pour faire acte de présence. Je connais déjà le discours de Marine Le Pen mais ce qui me plaît le plus, c’est de favoriser la France et les Français, d’avoir une politique nationale comme la majorité des autres pays ».  » Mais Marine Le Pen ne parle plus trop de cela parce qu’elle cherche le plus d’électeurs possibles. Je pense qu’elle peut être élue mais cela va être compliqué. En tout cas, je connais beaucoup de jeunes qui vont voter pour elles, notamment quelques mélenchonistes », ajoute-t-il.

L’arrière garde

Mais, en marge du meeting, on pouvait aussi croiser des personnes moins policées. Les groupuscules d’extrême droite sont discrets mais présents. Loïc, un ancien du GUD (Groupe Union Défense), frontiste depuis 1983 et ancien garde du corps de Marie-France Stirbois, a préféré rester dehors plutôt que d’écouter le discours de Marine Le Pen. Ce quinquagénaire, arborant des lunettes d’aviateur et une mèche péroxydée, est venu à Villepinte en scooter après avoir assisté au discours du 1er mai de Jean-Marie Le Pen. « Je suis un peu nostalgique des débuts du Front national quand on était plus indépendants. Aujourd’hui, le GUD ne représente quasiment plus rien », déplore Loïc en fumant une énième cigarette alors que le slogan « On est chez nous ! » s’échappe du hangar.

Jean-Michel, 64 ans, ancien électeur de gauche qui votera pour Marine Le Pen
Jean-Michel, 64 ans, ancien électeur de gauche qui votera pour Marine Le Pen

Un homme qui est resté au fond de la salle pendant tout le meeting a également attiré l’attention des photographes. Jean-Michel, retraité de 64 ans, arbore un panneau « La gauche avec Marine » mais refuse de dire pour qui il a voté au premier tour. « On peut être de gauche et voter pour Marine Le Pen. Moi, je ne vote pas pour les banquiers. Je trouve que Mélenchon n’a pas eu de couilles en refusant de se positionner. De toute façon, les trotskystes ne sont pas des gens fiables. Moi, je suis un indépendant », explique-t-il. En plus, du protectionnisme économique, Jean-Michel est également d’accord avec la politique de réduction voire de suppression de l’immigration que veut mettre en place Marine Le Pen : « Je suis pour la paix civile. Je considère que tout le monde devrait pouvoir vivre et travailler dans son pays sans être bombardé par les Américains. Dans les années 60 et 70, l’immigration ne posait pas de problèmes parce qu’elle était européenne et chrétienne, alors que l’immigration musulmane d’aujourd’hui a tendance à favoriser la création de ghettos ethnico-culturels et le système libéral s’en sert pour faire baisser les salaires », considère celui qui se présente comme de gauche, avant d’ajouter : « Les réfugiés syriens sont des déserteurs ».

La dispersion des troupes

A la fin du meeting, la Marseillaise est reprise avec vigueur par les militants. Ceux qui sont venus de province se dirigent vers la gare routière, tandis que certains frontistes prennent à parti les médias. Quelques enfants courent dans l’herbe en s’amusant avec des drapeaux tricolores en criant « Marine présidente ! ». Les forces de l’ordre souhaitent une bonne journée aux militants qui les remercient pour leur présence. Dans le RER, les frontistes se mêlent aux voyageurs qui reviennent de l’aéroport Charles de Gaulle. La dernière trace visible de ce meeting se retrouve dans le doigt d’honneur qu’un militant esquisse dans le dos d’un journaliste en souriant à sa femme d’un air complice.

 Anaëlle De Araujo

L’avenir de la Loi Travail suspendu aux résultats du second tour

J-7 avant le second tour de l’élection présidentielle. Le traditionnel défilé du 1er mai, fête des travailleurs, a relancé le débat sur la contestée réforme du Code du travail. Marine Le Pen s’engage à retirer la Loi Travail, Emmanuel Macron souhaite l’élargir. Que disent réellement leurs programmes ?

Il y a un an, jour pour jour, plusieurs centaines de milliers de manifestants battaient le pavé contre la réforme du Code du travail, portée par le gouvernement socialiste. La fameuse Loi Travail était finalement adoptée à coup de 49-3, à la fin du mois de juillet. Tout au long de la mobilisation, deux visions se sont opposées sur ce que doit être le travail. Deux visions qui se retrouvent aujourd’hui face à face, au second tour de l’élection présidentielle.

Fin de campagne oblige, Emmanuel Macron et Marine Le Pen multiplient les appels aux travailleurs et aux déçus de la mondialisation. Une tentative affichée de convaincre les électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Invité sur le plateau de TF1 dimanche dernier, le chef de la France Insoumise, fort de ses 7 millions d’électeurs, n’a pas hésité à interpeller le candidat d’En Marche! sur la réforme du Code du Travail.

« Lui, il pourrait faire un geste, il pourrait leur dire : ‘Ecoutez, je vous ai compris, je retire mon idée de réforme du Code du travail (…) pour que vous puissiez faire un mouvement vers moi », a-t-il déclaré. Pas sûr que cela suffise à convaincre les adhérents de la France Insoumise à voter pour Emmanuel Macron, qui entend bien renforcer la Loi Travail s’il est élu.

Élargi, digital, complété : le Code du Travail version Macron

« La Loi travail est arrivée trop tard dans le quinquennat », regrette Emmanuel Macron. Dès le mois de mars, la résistance des syndicats et la pression maintenue dans la rue obligeaient le gouvernement de Manuel Valls à supprimer certains aspects de la loi. Le retrait du plafonnement des indemnités prud’homales permettait notamment aux syndicats réformistes, comme la CFDT, de se rallier au projet de loi. Son secrétaire général Laurent Berger a par ailleurs appelé à voter pour le candidat d’En Marche ! pour faire barrage au Front national.

 

 

Si Emmanuel Macron est élu président de la République, il ne sera plus question de reculer. Le candidat entend légiférer par ordonnance, dès cet été, contournant ainsi le processus législatif. Son objectif est de créer d’un Code du travail digital, « pour mieux accompagner les Petites et Moyennes Entreprises (PME) dans les décisions qu’elles prennent ». Emmanuel Macron souhaite également instaurer « un plafond et un plancher pour les indemnités prud’homales pour licenciement sans cause réelle et sérieuse (hormis les cas de discrimination, de harcèlement, etc.) ».

Emmanuel Macron affirme sa vision de la hiérarchie des normes, point crucial de la Loi Travail qui a suscité tant de désapprobations l’an passé. « La primauté sera donnée aux accords d’entreprise sur les accords de branche », peut-on lire dans son programme. Le candidat entend également réduire le nombre de branches, entre 50 et 100.

Généraliser la garantie jeunes et remplacer le CICE

Toujours dans l’objectif de poursuivre les principes amorcés dans la Loi Travail, Emmanuel Macron promet de généraliser les garanties jeunes. « Ce parcours d’accompagnement intensif assorti d’une allocation sera proposé à tous les jeunes précaires ni en formation ni en emploi », annonce le candidat. Défenseur du Crédit Impôt Compétitivité Emploi (CICE), Emmanuel Macron veut aller plus loin en réduisant les charges des entreprises françaises. Le candidat promet une augmentation des salaires nets, financée par la suppression des cotisations chômage et maladie. Là encore, les syndicats risquent de grincer des dents…

Protectionnisme intelligent, patriotisme économique : le travail dans le programme de Marine Le Pen

Le 26 avril dernier, la candidate frontiste s’est rendue à Amiens sur le site de l’entreprise d’électroménager Whirlpool, menacée de délocalisation à horizon 2018. Comme François Hollande avant elle, venu soutenir les ouvriers de Florange en 2012, Marine Le Pen a tenu un discours prometteur aux travailleurs de l’usine d’Amiens. Sur fond euroscepticisme, la candidate s’engage à mettre fin aux délocalisation des usines françaises.

 

 

La candidate FN entend, tout comme son rival, « alléger la complexité administrative et fiscale » des entreprises et abaisser le charges sociales des PME. Marine Le Pen propose également la défiscalisation des heures supplémentaires. Les deux candidats souhaitent améliorer les conditions d’accès à l’apprentissage. Mais les similitudes s’arrêtent là. L’engagement 53 du programme de Marine Le Pen est clair : « Retirer la loi Travail (dite loi El Khomri). » La candidate privilégie de son côté les accords de branches aux accords d’entreprises. Marine Le Pen affirme maintenir la semaine des 35 heures, tout en laissant la possibilité d’élargir le temps de travail moyennant des compensations salariales. Le programme de Marine Le Pen ne développe aucune mesure concrète sur l’assurance chômage.

Marine Le Pen porte un modèle de « priorité nationale ». Dans le contexte actuel de chômage de masse, son discours séduit. Encore devra-t-il s’illustrer dans les actes, si Marine Le Pen accède à l’Élysée. En témoignent les moqueries dont le Front national est la cible dans l’affaire des tee-shirts de soutien à la candidate.

 

Léa Duperrin