Bientôt un seul dictionnaire pour les deux Corées

 

Si les deux pays parlent la même langue, certains mots du vocabulaire n'ont pas la même signification. ©AFP PHOTO / JUNG YEON-JE
Si les deux pays parlent la même langue, certains mots du vocabulaire n’ont pas la même signification. ©AFP PHOTO / JUNG YEON-JE

Une balade ou un rendez-vous ? Une glace ou un eskimo ? La question ne se posera bientôt plus pour les Coréens

L’annonce peut paraître anodine, mais elle en dit beaucoup sur le rapprochement des deux pays. Au cours d’une allocution, le Premier ministre sud-coréen, Lee Nak-yeon, a confirmé relancer la conception d’un dictionnaire commun à la Corée du Sud et à la Corée du Nord. Depuis leur séparation en 1945, les deux pays parlent techniquement la même langue mais leur vocabulaire a varié. Le sens et l’utilisation des mots coréens dans le Sud et le Nord ont changé à cause de ces décennies de divisions entre les pays.

Selon une étude relayée par le journal britannique The Guardian, près de 40% des mots de tous les jours ont un vocabulaire différent selon le pays. La Corée du Sud a aussi adopté de nombreux anglicismes : pour gardien de but, on emploie le terme « goalkeeper » au Sud,et « moonjigi » au Nord, autrement dit « gardien de porte ».

Un projet initialement abandonné

L’idée de ce dictionnaire n’est pas récente. En 2005, l’ancien président Sud-Coréen souhaitait lancer un « grand dictionnaire de la langue nationale », devant contenir 330 000 mots, rappelle The GuardianMais les relations entre les deux pays se sont détériorées et ont eu raison de ce projet. L’objectif est donc ici de contribuer à garantir l’apaisement des deux Corées. Les mots peuvent donc bien rapprocher.

H.G.

La justice reconnaît pour la première fois l’électrosensibilité comme la cause d’un accident du travail

La justice a reconnu qu'un accident du travail était lié à l'électrosensibilité. Une première en France. Photo : BENOIT DOPPAGNE / various sources / AFP)
La justice a reconnu qu’un accident du travail était lié à l’électrosensibilité. Une première en France. Photo : BENOIT DOPPAGNE / various sources / AFP)

Mercredi, le tribunal des affaires sociales des Yvelines a reconnu qu’un homme a été victime d’un accident du travail en raison de son électrosensibilité. Une décision inédite.

Aux yeux de la justice, cette maladie n’est pas imaginaire. Pour la première fois, un accident du travail a été reconnu comme lié à une sensibilité extrême aux ondes. D’après l’avocat de la victime, Me François Lafforgue, c’est «une première judiciaire française qui ouvre une brèche pour d’autres victimes électrohypersensibles». Son client, employé dans une entreprise de télécommunications, avait été diagnostiqué électrosensible en 2011. Deux ans plus tard, il est victime d’un malaise en raison de son intolérance aux ondes électromagnétiques.

L’électrosensibilité pas reconnue comme maladie en France

L’employé travaillait comme technicien d’un service client. Et la médecine du travail avait demandé sa mutation à « un poste peu exposé aux ondes électromagnétiques ». Des recommandations qui n’ont pas été suivies. Le tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) avait rendu sa décision le 27 septembre et avait condamné la caisse primaire d’assurance-maladie à verser 1600 euros au demandeur.

L’éléctrosensibilité n’est pas officiellement reconnue comme maladie en France. Mais en 2005, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) donne un nom à ce phénomène : l’hypersensibilité électromagnétique (HSEM), qui « peut être un problème handicapant pour l’individu touché ».

« Absence de preuve expérimentale solide »

L’association Priartem (Pour rassembler, informer et agir sur les risques électromagnétiques) demande par ailleurs l’application du « principe de précaution en réduisant les expositions de tous, au quotidien et au travail, et en prenant en compte les personnes montrant des signes d’hypersensibilisation ».

Dans un communiqué du 27 mars 2018, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), « met en évidence la grande complexité de la question de l’électrohypersensibilité (EHS), tout en concluant, en l’état actuel des connaissance, à l’absence de preuve expérimentale solide permettant d’établir un lien de causalité entre l’exposition aux champs électromagnétiques et les symptômes décrits par les personnes se déclarant EHS », tout en recommandant aux personnes concernées d' »adapter leur quotidien pour y faire face ».

En France, le phénomène de l’électrosensibilité s’est accrue avec la multiplication des ondes. Le wifi, la téléphonie mobile, les antennes-relais, et tous les appareils connectés participent à cette multiplication. Ce phénomène se manifeste par des maux de tête, une grande fatigue et des problèmes de mémoire.

 

N.G.

Levallois célèbre la photographie émergente avec une exposition

33 photographies sont à découvrir dans les salons d’honneur de l’Hôtel de ville de Levallois-Perret. Crédits : Lucas Martin

L’Hôtel de ville de la commune des Hauts-de-Seine expose depuis le 6 octobre les travaux des lauréats du Prix Levallois. Depuis 10 ans, ce dernier récompense les jeunes talents de la photographie.

En un mouvement de tête, nos yeux passent d’un portrait en noir et blanc à des témoignages visuels du conflit israélo-palestinien. Plus loin, les photographies d’Alexander Gronzky figent dans le temps l’urbanisation anarchique et frénétique des villes chinoises. Une diversité assumée par le Prix Levallois, qui récompense chaque année depuis 2008 un ou une photographe de moins de 35 ans, toutes nationalités confondues. Aucun thème ou format n’est imposé, seule compte la cohérence du projet.

Révélateur des talents de demain

Le prix fête cette année ses 10 ans et propose depuis le 6 jusqu’au 21 octobre une rétrospective des oeuvres primées, dans le cadre de l’exposition « Prix Levallois, 10 ans ! ». L’occasion de découvrir les salons d’honneur du luxueux Hôtel de ville de Levallois-Perret, transformés le temps d’une quinzaine de jours en galerie d’art éphémère, mais surtout 33 photographies qui témoignent de la richesse de la photographie moderne.

« Peu de prix de photographie tiennent 10 ans, d’autant plus lorsqu’ils sont nés d’une initiative communale. Cette exposition, c’est l’occasion de marquer le coup », se réjouit Clotilde Juvin. La chargée des expositions et de la médiation culturelle de Levallois-Perret est fière du chemin parcouru : « Certains lauréats ont fait de la photographie leur métier, cela signifie qu’on ne s’est pas trompé ! » Par exemple, la Belge Bieke Depoorter, lauréate en 2017 grâce à ces travaux en Egypte, collabore avec la prestigieuse agence internationale Magnum.

Le photographe russe Alexander Gronzky, lauréat du Prix Levallois en 2011, est réputé pour ses travaux sur les paysages. Crédits : Lucas Martin
Le photographe russe Alexander Gronzky, lauréat du Prix Levallois en 2011, est réputé pour ses travaux sur les paysages. Crédits : Lucas Martin

« Une approche esthétique toujours intéressante »

Et dans le petit monde de la pellicule, le prix compte. C’est du moins l’avis de Dimitri Beck, directeur de la photographie chez Polka, un trimestriel français spécialisé dans l’image. « Il y a de beaux lauréats à chaque fois. Ce sont des artistes qui ont des visions diverses, mais toujours une approche esthétique intéressante. Le Prix Levallois a réussi à s’imposer comme un prix ouvert aux pas de côtés », souligne-t-il. Le magazine a même décidé d’être le partenaire de l’édition 2018, afin de soutenir la démarche. « Cela permet d’apporter sa contribution à la promotion de la photographie émergente », se félicite Dimitri Beck.

Cette année, c’est le Français Pierre-Eli de Pibrac qui a décroché la victoire pour son projet sur les travailleurs de la canne à sucre à Cuba. Comme chacun de ces prédécesseurs, il devra léguer à Levallois-Perret deux oeuvres qui iront rejoindre la collection de la ville. « Cette exposition est aussi un moyen de restituer à la collectivité ce qui lui appartient. Il n’y a aucune retombées économiques liées à ce prix, mais on sensibilise les gens à la jeune création photographique, une tâche loin d’être évidente », estime Clotilde Juvin.

Les curieux ont jusqu’au 21 octobre pour découvrir cette exposition. Le vernissage aura lieu ce jeudi 11 octobre à partir de 19 heures, en présence des commissaires et directeurs artistiques, mais aussi de certains lauréats.

Lucas Martin

En Turquie, la disparition du journaliste saoudien suscite des interrogations

Lundi 8 octobre 2018, plusieurs personnes se sont rassemblées devant le Consulat d'Arabie saoudite à Istanbul, là où Jamal Khashoggi a disparu. ©OZAN KOSE / AFP
Lundi 8 octobre 2018, plusieurs personnes se sont rassemblées devant le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, là où Jamal Khashoggi a disparu.
©OZAN KOSE / AFP

Une semaine après sa visite au consulat saoudien d’Istanbul, la disparition de Jamal Khashoggi reste un mystère.

Enlèvement ou assassinat ? Voilà les deux hypothèses les plus crédibles à en croire les images de vidéosurveillance. Mardi 2 octobre, Jamal Khashoggi, un journaliste critique du pouvoir de Riyad, s’est rendu au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul pour des démarches administratives. Entré dans l’enceinte diplomatique, il n’en est jamais ressorti selon la police turque.

La thèse du commando

Les autorités turques ont révélé samedi 6 octobre qu’un groupe de quinze Saoudiens a fait l’aller et retour à Istanbul et au consulat le jour de la disparition du journaliste. Deux avions privés étaient arrivés d’Arabie saoudite à Istanbul ce jour-là et les personnes à leur bord avaient des chambres réservées dans des hôtels proches du consulat. Le quotidien turc Sabah a également publié les noms, l’âge et les photographies de quinze hommes présentés comme l' »équipe d’assassinat » dépêchée par Riyad. Les autorités turques ont obtenu mardi l’autorisation de fouiller le consulat saoudien, mais cette fouille n’a pas encore eu lieu.

Washington au courant

Le Washington Post, pour qui Jamal Khashoggi a plusieurs fois travaillé, affirme que les renseignements américains étaient au courant d’un projet de capture de son collaborateur. Le Saoudien s’était exilé en 2017 aux États-Unis, après être tombé en disgrâce à la cour du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Le président Trump s’est dit « préoccupé » en début de semaine par le sort du journaliste saoudien. Il a promis de parler « le moment voulu » aux dirigeants saoudiens, tout en confirmant ne « rien » savoir de ce qui s’est passé. Dans une tribune publiée par le Washington Post, la fiancée de journaliste, Hatice Cengiz, « J’implore le président Trump […] d’aider à faire la lumière sur la disparition de Jamal ».

H.G.