Trottinettes : « Le trottoir tout entier leur appartient ! »

Les trottinettes sont de plus en plus nombreuses en ville, les accidents liés à leur usage aussi. Entre 2016 et 2017, la Sécurité routière a enregistré une hausse de 23% du nombre de blessés. Sont pointés du doigt, notamment, des incivilités et un manque de respect des consignes de sécurité de certains “trottinettistes”.

Les accidents de trottinettes et de rollers ont fait 284 blessés et 5 tués en 2017
Les accidents de trottinettes et de rollers ont fait 284 blessés et 5 tués en 2017. Crédit : RSCT

 

Cheveux dans le vent et sacoche sur le dos, ce jeudi 11 octobre, Jules trace sa route au volant de sa trottinette électrique. Quatre mois qu’il en est l’heureux propriétaire, et ce trentenaire est complètement conquis. Plus écologique que la voiture, plus pratique que le vélo et plus rapide que la marche à pied, Jules ne tarit pas d’éloges sur son « petit bijou ». Pour lui, c’est simple, sa “trot”, « c’est le nec plus ultra » pour ses petits trajets du quotidien.

Un mode de déplacement bien pratique qui ne serait pourtant pas sans danger : selon Le Parisien, le nombre d’accidents de trottinettes et de rollers (bien que la pratique du second soit en nette perte de vitesse) a fortement augmenté en 2017. Chiffres de la Sécurité routière à l’appui, le journal recense 284 blessés et 5 tués dans des accidents de trottinettes, contre 231 blessés et 6 tués un an plus tôt. Soit une augmentation de 23% de blessés.

Port du casque boudé

Si Jules «regrette» le nombre croissant d’accidents dénombrés, pour lui, le problème ne vient pas de la monture, mais de son cavalier. « Ce sont des petits bolides qui vont vite, donc ça peut vite mettre des étoiles dans les yeux des gens et faire oublier les règles les plus basiques de sécurité. A partir du moment où on fait attention aux piétons autour de nous, il n’y a pas de problème. » Et si Jules ne s’embarrasse pas du port d’un casque – recommandé, mais non obligatoire pour les adultes et les enfants de plus de 12 ans -, ce n’est pas par manque de prudence, mais plutôt, selon lui, parce que ce n’est “ pas vraiment utile” : « Je roule majoritairement sur la rue, du coup aucun risque de me faire accrocher par une voiture. Et puis, je ne vais pas très vite. Je dépasse rarement les 10 km/h. »

Ce dédain face au port des équipements de sécurité serait plutôt commun parmi les usagers de trottinette, modèle standard comme électrique. C’est en tous cas la conclusion à laquelle est arrivé cet employé du magasin de sport Décathlon de La Défense, à Paris : « On vend des casques et des protections pour trottinettes, mais ça ne part pas très bien. Les parents en achètent pour leurs enfants, mais pas pour eux. »

Oscar, 12 ans, en a un, lui, justement, de casque. C’était la condition sinequanone pour pouvoir utiliser sa trottinette électrique, reçue en cadeau d’anniversaire cet été. Et s’il préférerait ne pas avoir à le porter, il se plie aux ordres sans trop rechigner. Une parade victorieuse devant son école au volant de son mini-bolide vaut bien une coupe de cheveux un peu défaite. Il faut dire qu’au collège Danton, à Levallois-Perret, où étudie le jeune homme, la popularité des trottinettes n’est plus à faire. Des roses, des bleues, des noires et des personnalisées, la rue annexe à l’établissement est submergée par une armada de patinettes. Mais, comme le fait remarquer Oscar fièrement, ils ne sont qu’une poignée d’élèves à disposer du modèle électrique. Pas vraiment surprenant quand on sait qu’un enfant n’a légalement pas le droit de conduire une trottinette électrique avant ses 14 ans, mais Oscar l’affirme, ce n’est pas l’âge qui compte, c’est le « talent du rider (ndlr : du conducteur) ».

Ras-le-bol des piétons

Si Jules comme Oscar assurent redoubler de sécurité avec leur trottinettes dans l’espace public, plusieurs piétons, eux, ne cachent pas leur énervement. « Pour eux, le trottoir tout entier leur appartient ! » râle Manon. Poussette à bout de bras, cette mère d’un petit de huit mois explique craindre qu’une trottinette percute un jour le landau de son bébé. « Les trottinettes sont dangereuses, mais les électriques, c’est pire ! C’est rapide et silencieux, on ne les entend pas arriver. Mais une fois qu’ils vous tombent dessus, c’est le piéton qui risque le plus de dégâts. »

Un ras-le-bol partagé par Malik, qui redoute à chaque coin de rue de tomber nez contre guidon avec une trottinette électrique. « C’est arrivé à un ami. Le type sur la trottinette n’a pas fait attention en tournant » raconte-t-il, avant de trancher : « On devrait interdire leur usage en ville, tout simplement ».

Christiane, elle, n’est pas aussi catégorique. Si la retraitée reproche aux “trottinettistes” des comportements pouvant mettre en danger « les personnes âgées et les jeunes enfants », instaurer des règles claires quant aux « devoir de sécurité » des trottinettes lui semble être l’objectif le plus pressant. Avec en premier lieu l’interdiction de rouler sur les rues piétonnes, et, surtout, « l’obligation du port du casque » pour tous les usagers.

 

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Axelle Bouschon

Disparition d’un journaliste. Les alliés de l’Arabie saoudite haussent le ton

Depuis la disparition du journaliste Jamal Khashoggi, après son entrée dans l’ambassade saoudienne d’Istanbul, les critiques se font de plus en plus nombreuses à l’encontre du régime de Mohammed ben Salman, y compris dans les rangs de ses alliés. 

Mohammed ben Salman lors de sa rencontre avec Rex Tillerson en mai 2017
Mohammed ben Salman lors de sa rencontre avec Rex Tillerson en mai 2017 (photo de la Maison Blanche / Wikimedia Commons)

Cela fait plus d’une semaine que le journaliste saoudien Jamal Khashoggi a disparu. Confronté à des accusations d’assassinat politique, Riyad n’a pas encore prouvé son innocence, tandis que l’enquête de la police turque semble confirmer l’hypothèse du meurtre.

Les Etats-Unis et le Royaume-Uni haussent le ton

D’habitude discrets quant aux violations des droits de l’homme perpétrées par le régime saoudien, les Etats-Unis et le Royaume-Uni se sont montrés fermes ce jeudi. Donald Trump a réclamé des explications à l’Arabie saoudite sur le sort du journaliste et a indiqué que des enquêteurs américains travaillaient avec la Turquie et l’Arabie saoudite pour résoudre cette affaire. Cette information a été démentie par la Turquie plus tard dans la journée. Donald Trump a également ajouté : « Nous sommes très déçus de voir ce qui se passe. Nous n’aimons pas ça ».

Le ministre des Affaires étrangères britanniques, Jeremy Hunt, a, quant à lui, déclaré que « si ces allégations sont vraies, il y aura de graves conséquences car notre amitié et nos partenariats sont fondés sur des valeurs communes ».

Un manifestant déguisé en Mohammed ben Salman avec du sang sur les mains, devant l'ambassade saoudienne de Washington, le 2 octobre (Jim WATSON / AFP)
Un manifestant déguisé en Mohammed ben Salman avec du sang sur les mains, devant l’ambassade saoudienne de Washington, le 2 octobre (Jim WATSON / AFP)

 

Des alliés économiques de longue date

Ces mises en garde occidentales sont d’autant plus surprenantes que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont passé d’importants contrats d’armement avec Riyad, dans le cadre de la guerre menée par le régime au Yémen.

La France, qui livre également des armes à l’Arabie saoudite, reste quant à elle plus discrète et se déclare simplement « préoccupée par la disparition » de Jamal Khashoggi. Ce silence de la diplomatie française a été souligné, notamment par Georges Malbrunot, journaliste au Figaro.

Accusée de violations des droits de l’homme, l’Arabie saoudite a retiré jeudi après-midi sa candidature d’adhésion à l’Organisation Internationale de la Francophonie dont le 17ème congrès se tient en ce moment en Arménie.

 

A.D.A

Mission Patrimoine : 15 millions d’euros récoltés, combien d’heureux ?

Stéphane Bern a été missionné par le président de la République Emmanuel Macron dans la défense du patrimoine français. Photo : Christophe Petit Tesson / POOL / AFP
Stéphane Bern a été missionné par le président de la République Emmanuel Macron dans la défense du patrimoine français. Photo : Christophe Petit Tesson / POOL / AFP

La mission « Patrimoine en péril » menée par Stéphane Bern depuis septembre 2017 a atteint son objectif premier : récolter 15 millions d’euros. Mais comment cet argent va-t-il permettre de sauvegarder le patrimoine français ?

Les habitants de Saint-Ilpize (Haute-Loire) vont bientôt retrouver leur église. Voilà près d’un mois que Sainte-Madeleine est en travaux, après 2 ans de fermeture pour des raisons de sécurité.

Sélectionnée pour faire partie de la « Mission Stéphane Bern », cette église gothique du XIVe siècle, classée monument historique en 1920, a récolté 12 530€ de dons alors que 10 000€ espérés via le site de la Fondation du Patrimoine, partenaire de l’opération. « Nous-mêmes, association et municipalité, avons été surpris par la rapidité avec laquelle l’objectif a été atteint, précise Delphine Dupuis, membre du bureau de l’association des Amis de Saint-Ilpize. Je pense que cela s’explique par le fait que nous n’avions plus d’église. Célébrer dans un autre village l’enterrement de nos anciens qui ont passé leur vie dans ce village est douloureux pour les proches. »

Un versement proportionnel aux dons

Outre le Loto et les jeux de grattage, la Mission Bern aide également à mener des campagnes de dons et incite les entreprises à faire du mécénat. « Nous avons obtenu 7 000€ de subventions de la part de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles). Il nous restait 10 000€ à obtenir pour les travaux d’urgence de l’église, comme la consolidation des plafonds et des enduits de la nef », souligne Delphine Dupuis. « Mais le gros des travaux restent à venir… Le pourcentage attribué par la Mission Bern n’a pas encore été distribué », regrette-t-elle.

La souscription lancée avec la Fondation du patrimoine (le financement participatif) et le montant récolté servent de baromètre dans la répartition de l’argent récolté au Loto du patrimoine. « Plus le pourcentage des dons reçus grâce à notre souscription est élevé, plus le fond du Loto du patrimoine le sera aussi, en proportion de la somme espérée bien évidemment », se réjouit Delphine Dupuis.

Plus de la moitié du prix des tickets reversés aux gagnants 

Pour un ticket à gratter vendu 15€, seul 1,52€ est reversé à la Fondation du Patrimoine et 10,80€ sont empochés par les gagnants. Du côté du Loto (3€), c’est 0,75€ qui part à la Fondation du patrimoine contre 1,65€ pour les gagnants, apprend-on dans un communiqué de la FDJ.

Les quinze millions d’euros de recettes générés par cette mission sont affectés à un fonds spécifique, « Patrimoine en péril ». Une belle somme dont se réjouit l’organisation, mais celle-ci tempère. Dans un communiqué, elle précise que « le Loto du Patrimoine ne pourra pas résoudre toutes les difficultés ni répondre à toutes les envies de réhabilitation ».

Des monuments prioritaires

Car tous les monuments, bien que participant à la même opération, ne sont pas tous logés à la même enseigne. 18 sites (ceux que l’on a pu apercevoir sur les tickets à gratter) sur les 269 projets sélectionnés sont classés prioritaires. C’est-à-dire qu’une partie du fonds leur sera reversée en priorité et dans une plus large mesure. Ils recevront entre 100 000 et un million d’euros chacun. C’est le cas du Fort Cigogne, à Fouesnant, en Bretagne, qui a lancé un appel aux dons pour récolter 3,6 millions d’euros. Combien recevra-t-il de la part de la FDJ ? Aucune réponse nous a été donnée à temps pour la parution de l’article.

 

La ville de Vieille-Chapelle dans le Pas-de-Calais fait elle aussi partie du « Loto du Patrimoine ». Elle a d’ailleurs entamé sa troisième et avant-dernière phase de travaux. « Nous espérons recevoir 257 000 euros pour la dernière phase, précise le maire Jean-Michel Desse. Au total, c’est 800 000 euros dont nous avons besoin ». C’est la ferme Sénéchal qui a été choisie par la commission Berne. Une fois réhabilitée, celle-ci sera transformée en maison pour autistes. « Participer au Loto du Patrimoine, c’était l’occasion de marier la sauvegarde de notre patrimoine à un projet social : une maison pour autiste. C’est quelque chose qui n’existe pas chez nous », se réjouit le maire.

Les dons collectés pour ce bâtiment ont été directement perçus par la Fondation pour le patrimoine, qui les a reversés à la commune. Celle-ci garde un pourcentage des dons collectés, dont le montant dépend de la somme reçue.

Quant à ce que va verser la FDJ à cette petite commune de 800 habitants, le doute plane. « Nous n’avons pas de contact avec la FDJ, poursuit l’édile. Notre interlocuteur reste la Fondation pour le patrimoine, qui m’a d’ailleurs contacté il y a une dizaine de jours. J’ai dû actualiser mon dossier pour pourvoir entamer la quatrième phase de travaux ».

La FDJ compte renouveler l’opération en 2019. Cette année, entre 3,2 et 4,4 millions de Français y ont participé.

 

N.G.

 

 

 

 

La Malaisie a décidé d’abolir la peine de mort

En Malaisie, 1200 détenus sont encore dans les couloirs de la mort - Images AFP
En Malaisie, 1200 détenus sont encore dans les couloirs de la mort – Images AFP

Kuala Lumpur dit adieu à la peine capitale. Un châtiment encore en vigueur dans de nombreux pays à travers le globe. 

C’est une décision historique pour la Malaisie. Le gouvernement de Najib Razak a décidé l’abolition prochaine de la peine capitale. Un châtiment qui suscitait une vive opposition dans un pays qui compte quelque 1.200 détenus dans les couloirs de la mort.

Jusqu’à présent, la peine de mort par pendaison était prévue par la loi malaisienne pour de nombreux crimes comme le meurtre, l’enlèvement ou le trafic de drogue. « Comme nous abolissons cette peine, les prochaines exécutions ne devraient pas être menées », a déclaré Liew Vui Keong, un haut responsable de l’exécutif malaisien. Parmi elles figurait notamment celle de Maria Elvira Pinto Exposto, une Australienne de 54 ans condamnée en mai dernier pour trafic de drogue. En 2017, l’organisation Amnesty International avait placé la Malaisie au dixième rang des pays ayant exécuté le plus de condamnés à mort l’année précédente.

La peine de mort est toujours présente mais recule

Aujourd’hui, la peine capitale est toujours en vigueur au sein de 23 pays dans le monde. Au total, c’est 993 exécutions qui ont été enregistrées en 2017, soit un recul de 4% par rapport à l’année précédente. Ce chiffre n’incluent pas la Chine, toujours considérée comme le « premier bourreau du monde » où Amnesty International estime en « milliers » le nombre d’exécutions chaque année. Les statistiques en la matière relèvent encore du secret d’Etat.

Enfin, Amnesty indique qu’à la fin de l’année dernière, 142 pays avaient aboli la peine de mort en droit ou en pratique, et 106 l’ont abolie en droit pour tous les crimes. Les derniers en date ont été la Guinée et la Mongolie qui, en 2017, ont aboli la peine capitale pour tous les crimes, tandis que le Guatemala l’a interdite pour les crimes civils uniquement.

N.Q