Dans Miss France, du rêve à la réalité, Hubert Guérin, ancien proche de Geneviève de Fontenay, retrace un siècle d’histoire du concours et rapporte des témoignages anonymes de candidates affirmant avoir subi des violences sexuelles dans les années 1990-2000. La sortie de l’ouvrage a suscité de vifs démentis de Miss et de l’organisation.

Hubert Guérin, professeur d’histoire-géographie en Bourgogne, est avant tout un passionné du concours. Son histoire avec Miss France commence tôt : à 12 ans, il écrit à Geneviève de Fontenay pour demander un autographe, obtient un déjeuner avec elle et devient peu à peu un proche. Adolescent, il l’aide bénévolement à gérer ses réseaux sociaux, puis l’accompagne sur les tournées de Miss Prestige National, l’élection concurrente que la « dame au chapeau » avait lancée après sa rupture avec Endemol. Il se présente aujourd’hui comme son dernier collaborateur.
Un livre critiqué pour ses imprécisions
Son ouvrage de près de 500 pages retrace l’histoire du concours depuis un siècle. Mais ce sont quelques lignes qui font l’effet d’une bombe : des témoignages anonymes de candidates affirmant avoir subi des violences sexuelles dans les années 1990-2000. Le professeur déclare sur le plateau de Cyril Hanouna avoir « recueilli les témoignages des soixante miss encore vivantes ». L’auteur a d’ailleurs été rattrapé par ses propres approximations : Camille Cerf (Miss France 2015) a sèchement démenti sur le réseau social X les propos qu’il lui attribuait concernant des violences subies : « Je n’ai jamais discuté avec Hubert Guérin, ce qu’il dit à mon sujet est faux et inventé de toutes pièces. » Ce dernier a présenté ses excuses, parlant d’une « imprécision de langage ». Sylvie Tellier, également citée dans l’ouvrage, affirme « n’avoir jamais été interviewée ».
Je n’ai jamais discuté avec Hubert Guérin, ce qu’il dit à mon sujet est faux et inventé de toutes pièces.
Ses propos sont très graves et je ne compte pas le laisser faire.
Pendant mon année et depuis ces 10 années, l’Organisation Miss France m’a toujours protégée.— CamilleCerf (@CamilleCerfOff) September 6, 2025
« Le livre ne repose sur aucun élément concret »
La sortie du livre a déclenché une réaction rapide de la société Miss France : un communiqué officiel rappelle que les faits évoqués concerneraient « une période antérieure à la reprise par Endemol » et « souhaite rappeler que toute forme de violence sexuelle, d’abus ou de harcèlement est inacceptable et condamnable ».
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Dans la foulée, plusieurs miss des années 2008 à 2020, de Malika Ménard à Iris Mittenaere, ont publié des messages quasi identiques : elles disent n’avoir jamais vécu de telles situations et soulignent avoir été protégées par l’organisation.
Du côté des comités régionaux, le silence est majoritaire. La plupart n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations. Le comité Miss Île-de-France affirme toutefois : « Le livre évoqué ne repose sur aucun élément concret : ni faits établis, ni dates, ni noms. Le seul impact que nous observons est l’élan de solidarité de nombreuses Miss qui ont immédiatement dénoncé les faussetés contenues dans cet ouvrage. Le concours se porte très bien et continue de rassembler un large public. »
Un discours qui illustre la machine de communication bien huilée du concours : front uni, messages alignés et peu de place pour les voix discordantes.
Un pavé dans la mare malgré tout
Pour l’instant, le livre de Hubert Guérin a le mérite de relancer un sujet longtemps resté dans l’ombre : celui des comportements déplacés dont certaines jeunes femmes auraient pu être victimes dans l’univers très controversé des miss. Face à cela, l’organisation Miss France répond d’une seule voix et continue de cultiver une image lisse et rassurante. Reste à savoir si cette affaire encouragera de nouveaux témoignages ou si le concours choisira de tourner la page sans ouvrir davantage le débat.