La sortie du film McWalter, du célèbre YouTuber Mister V, ce vendredi 12 septembre sur Prime Video, ajoute une nouvelle ligne au palmarès des créateurs de contenu sur grand écran. Un modèle qui s’intensifie et qui bouscule l’écosystème d’un cinéma en pleine transition.
Mister V, Squeezie, InoxTag ou encore Michou, ces stars de YouTube aux millions d’abonnés sont tous passés par le grand écran ces derniers mois. Le dernier en date, McWalter, film du créateur de contenu Mister V, Yvick Letexier de son vrai nom, qui sort ce vendredi 12 septembre sur la plateforme de streaming Amazon Prime Video.
McWalter, personnage parodique d’un agent secret déjanté, était jusqu’à présent mis en scène sur YouTube par Mister V, dans plusieurs vidéos éponymes. Le membre des services secrets, qui s’est imposé comme une référence sur YouTube, est maintenant propulsé au cinéma aux côtés d’acteurs bien connus du public français tels que Géraldine Nakache et Vincent Dedienne.
Ladies & gentlemen, voici, en exclusivité mondiale :
LA BANDE-ANNONCE OFFICIELLE de McWALTER, réalisé par @simonastierHC
Sortie le 12 septembre prochain sur @PrimeVideo (en HD)
J’AI. BEAUCOUP. TRÈS. HÂTE ❤️ pic.twitter.com/zkAqzTlEeu
— Mister V (@MisterVonline) August 25, 2025
Ce film, réalisé par Simon Astier, petit frère d’Alexandre Astier, s’inscrit dans une dynamique plus globale entre les créateurs de contenu sur internet et le cinéma. “Ces dernières années de nombreux Youtubeurs ont tenté d’exporter leur image au cinéma. C’est un moyen pour eux de continuer à professionnaliser leur milieu, qui a aujourd’hui plus de moyens, mais également de continuer à fidéliser une communauté déjà très engagée, en plus de gagner en crédibilité”, explique Alix Benistant, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication, spécialiste des processus d’industrialisation de la culture.
Une aubaine pour les plateformes de streaming
Les plateformes de streaming, et en particulier Amazon Prime Video, profitent de ce mouvement des Youtubeurs vers le grand écran. Une stratégie bien réfléchie et qui est au coeur de la guerre des plateformes, selon Alix Benistant : “L’objectif est d’avoir du contenu original et différenciant, qui amène un public difficile à cibler avec d’autres canaux. Ce sont aussi des productions qui coûtent souvent moins cher et qui ont un fort potentiel de rentabilité.” “C’est aussi un pari sur des stars de demain”, ajoute-t-il.
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La chronologie des médias est mise à l’épreuve
Si les films et séries des créateurs de contenu sur internet sont régulièrement distribués par des plateformes de streaming, il y a aussi régulièrement des avant-premières au cinéma, qui demandent alors des cabrioles juridiques, ou des dérogations, pour s’assurer du respect de la chronologie des médias en vigueur en France.
En effet, un film qui sort en salle au cinéma, ne sera disponible en DVD que 4 mois après sa sortie. L’échéance varie ensuite en fonction des accords signés avec le CNC. Elle monte à 6 mois pour les chaînes payantes telles que Canal+, 15 mois pour Netflix, et 17 mois pour Amazon Prime Video. “Lorsque InoxTag organise une soirée, dans un grand nombre de cinéma en France, pour l’avant-première de son long-métrage sur son aventure vers l’Everest, il n’est pas censé pouvoir le diffuser sur YouTube le lendemain. Il a donc eu droit à une dérogation, qui a agacé dans le monde du cinéma. Beaucoup de producteurs estiment que ce traitement de faveur n’est pas juste pour la concurrence, alors que l’économie du cinéma n’est déjà pas en grande forme”, affirme Alix Benistant. “En revanche, cela modifie également les pratiques, et montre que des jeunes, souvent difficiles à cibler, peuvent venir et payer une place de cinéma alors même que le contenu est disponible en ligne, souvent pour soutenir leur YouTubeur préféré”, ajoute-t-il.
Hugo Duport