L’assassinat de l’influenceur pro-Trump Charlie Kirk lors d’un rassemblement dans une université de l’Utah, mercredi 11 septembre, renforce le climat de violences politiques qui sévit aux États-Unis depuis quelques mois. Marie-Christine Bonzom, politologue spécialiste des États-Unis, estime que cette violence ne peut que s’amplifier.
150 attaques à motivation politiques ont été recensées aux États-Unis, pour le premier semestre 2025, selon Reuters, soit deux fois plus que l’an dernier sur la même période, affirme l’agence de presse britannique. Entre les deux tentatives d’assassinat qui ont visé Donald Trump, respectivement les 13 juillet et 15 septembre 2024, et l’assassinat de Charlie Kirk, militant politique américain et fervent défenseur de Donald Trump, ce mercredi 10 septembre, la société américaine a subi une nouvelle escalade de violences politiques en l’espace de quelques mois.
Pour Marie-Christine Bonzom, politologue spécialiste des États-Unis, c’est la faute à “une hyperpolarisation de la société américaine, alimentée par les deux partis américains. Les républicains et les démocrates n’arrivent plus à convaincre leur électorat par les idées et adoptent donc une rhétorique agressive, qui participe clairement à la montée des tensions et des violences”.
Diviser pour mieux régner, un mantra particulièrement d’actualité outre-Atlantique, et qui n’a pas attendu l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche pour s’imposer. “Depuis l’élection de Bill Clinton en 1993, les candidats américains n’arrivent plus l’emporter avec une franche majorité. Ils n’ont alors qu’un seul choix pour gouverner : intensifier la charge émotionnelle concernant les grands enjeux de société. Ils doivent diviser”, estime l’ex-journaliste de la BBC à Washington.
“La violence en politique américaine ne date pas d’hier”
Si les actions violentes envers des politiciens se sont multipliées ces dernières semaines, la violence en politique aux États-Unis n’est pas affaire récente. “La politique américaine est violente au moins depuis le début de la guerre de sécession en 1861, elle ne date pas d’hier. Il ne faut pas oublier que 4 présidents ont été assassinés en à peine 100 ans”, rappelle-t-elle.
“Ce qui a changé, c’est la typologie des agressions en politique américaine. Avant, c’était beaucoup d’hommes que l’on pouvait considérer de gauche, comme Martin Luther King, depuis quelques années, ces attaques ciblent davantage des membres du parti républicains.”, affirme la politologue.
TO MY GREAT FELLOW AMERICANS… pic.twitter.com/oRsrE5TTHr
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) September 11, 2025
Un apaisement difficile à envisager
À l’annonce du décès de Charlie Kirk, Donald Trump s’est empressé d’accuser “l’extrême gauche” lors d’une prise de parole. Une déclaration qui intervient sans attendre l’enquête, et qui ne ressemble pas à un appel à l’apaisement. “Je ne sais pas jusqu’où ça peut aller, mais ce qui est sûr, c’est que ça ne va aller en s’améliorant”, affirme Marie-Christine Bonzom. Pour elle, il n’y a pas de doute, “Trump va jouer le jeu de la division”.
Concernant le camp démocrate, la politologue ne se fait pas d’illusions : “Kamala Harris et Barack Obama ont déploré l’événement, et bien que je ne doute pas de leur sincérité, ils retourneront à leur rhétorique habituelle dans quelques jours. C’est une déclaration de bonne volonté mais ils reviendront rapidement à ce qui participe à ce climat délétère.”
Hugo Duport
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