Budget 2022 : les dépenses de la Sécu en légère baisse

Cette réduction intervient après deux années d’explosion des dépenses de santé en raison de la crise sanitaire. Elle pourrait toutefois s’avérer « sous-estimée » en cas de résurgence de l’épidémie. 

Cette une baisse inédite bien que légère. Pour la première fois depuis sa création en 1997, le budget de la Sécu affichera en 2022 un objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) en recul.

D’après ce qu’a indiqué ce mercredi le Haut conseil des finances publiques (HCFP) dans son avis sur le projet de budget 2022, l’Ondam devrait se tasser de 0,6% l’an prochain. Covid oblige, en 2020 et 2021, les dépenses de santé avaient respectivement bondi de 9,4% et 7,4%.

Cette baisse reste néanmoins à nuancer, le budget alloué à la Sécu restant plus conséquent qu’avant la crise sanitaire. En 2019, il s’élevait à 200 milliards d’euros contre 234 milliards en 2022. Cette hausse, s’explique par « les dépenses exceptionnelles » liées à l’épidémie (masques, tests, vaccins, hôpitaux) ainsi qu’aux hausses de salaires du « Ségur de la santé ».

Et si la somme consacrée à la Sécu est donc en légère baisse, le HCFP avertit néanmoins contre un possible dérapage en cas de résurgence de l’épidémie ou de nouvelles campagnes de vaccination : la somme pourrait alors s’avérer « sous-estimée ».

Budget 2022 : le Haut conseil des finances publiques retoque la copie du gouvernement

Incomplet, prévisions trop basses… Le gendarme des finances publiques livre un avis très critique sur le projet remis par l’exécutif.

L’agacement est palpable du côté du Haut conseil des finances publiques (HCFP). L’organisme rattaché à la Cour des comptes a fustigé ce mercredi le projet de budget 2022 du gouvernement, se disant incapable de rendre un avis « pleinement éclairé », car des « mesures d’ampleur » prévues par le gouvernement n’ont pas été intégrées.

« Le Haut conseil regrette ces conditions de saisine », précise t-il dans son avis, et ajoute qu’il « n’est pas à ce stade en mesure de se prononcer sur la plausibilité de la prévision de déficit pour pour 2022 (-4,8 points de PIB) ». C’est la première fois depuis 2016, et le dernier budget du quinquennat de François Hollande, que le HCFP est aussi sévère avec un projet de loi de finances.

Dépenses non budgétées

A l’origine de cet avis critique : des prévisions de dépenses qui ne sont pas intégrées au budget présenté à l’organisme. En effet, l’exécutif n’a inclus ni le plan d’investissement, ni le futur revenu d’engagement pour les jeunes, sur lequel il planche toujours. Ces deux dépenses devraient représenter une enveloppe de plusieurs milliards d’euros.

L’exécutif n’a inclus ni le plan d’investissement, ni le futur revenu d’engagement pour les jeunes, sur lequel il planche toujours. Ces deux dépenses devraient représenter une enveloppe de plusieurs milliards d’euros.

L’organisme précise donc qu’ « une nouvelle saisine du Haut conseil par le gouvernement serait alors nécessaire », au cas où « le scénario macroéconomique et de finances publiques était modifié pour prendre en compte ces mesures ».

Prévision de croissance « prudente »

Du côté des recettes, le HCFP se montre également réservé. S’il estime « plausible » la croissance de 4% attendue pour 2022, il juge en revanche « prudente » la prévision de 6% attendue par le gouvernement en 2021, ce qui laisse présager des rentrées fiscales supplémentaires si l’économie fait mieux.

Le gendarme des finances publiques se montre par ailleurs critique quant aux estimations concernant le marché du travail : selon lui, les prévisions d’emploi sont « trop basses » compte tenu de l’amélioration de la situation économique.

« En 2022, la prévision de recettes et celle de dépenses sont très vraisemblablement sous-estimées », résume donc le HCFP.

Les dépenses « pilotables » en hausse de 12 milliards d’euros

A ce stade, le gouvernement table sur une baisse de 34,5 milliards de l’ensemble dépenses de l’Etat, en raison de la diminution des dépenses de soutien d’urgence et de relance. Mais dans le même temps, les dépenses dites « pilotables », correspondant aux actions des ministères, devraient quant à elle augmenter de 12 milliards d’euros.

Les dépenses publiques représenteraient 55,6% du produit intérieur brut (PIB) en 2022 selon le gouvernement, soit « près de deux points au-dessus (du) niveau de 2019 », et cela sans compter le plan d’investissement et le revenu d’engagement, s’inquiète le Haut conseil.

Se référant à l’endettement public, prévu à 114% du PIB en 2022, l’organisme insiste donc pour que « tout surcroît de recettes par rapport à la prévision soit consacré au désendettement ».