Ligue 1 – De nouveaux débordements entre supporters ont éclaté mercredi soir, venant s’ajouter à ceux qui se sont déroulés depuis le début de la saison. Face à ce constat, la ministre déléguée chargée des Sports et les spécialistes du supporteurisme réclament la fin des sanctions collectives.
L’histoire se répète. Après le Lille-Lens du weekend dernier, la Ligue 1 a de nouveau été marquée ce mercredi par des incidents entre supporters lors des matchs opposant Angers à l’OM et Montpellier à Bordeaux. Un enchaînement qui intervient quelques semaines seulement après un délétère Nice-OM qui n’avait pas pu aller à son terme, les Marseillais ne s’estimant pas en sécurité face aux ultras niçois.
« Mauvais moment »
« C’est dommage parce que ça intervient au mauvais moment« , analyse auprès de Celsalab Sébastien Louis, auteur du livre « Ultras, les autres protagonistes du football ». « Cette saison on peut revenir dans les stades et on n’a jamais eu autant de dialogue entre les supporters et les autorités« , rappelle cet historien. Il en veut pour preuve le retour des fumigènes samedi 19 septembre, dans le cadre d’une expérimentation, lors du match de Ligue 2 Toulouse-Grenoble. Depuis plusieurs dizaines d’années ces artifices sont en effet interdits, mais leur légalisation est ardemment réclamé par les groupes de supporters.
C’était un rendez-vous, vous avez plus que répondu présent !
Du parvis du Stadium à ses tribunes, vous avez mis le 🔥 !
Votre ferveur est incroyable 🙏 #TFCGF38 pic.twitter.com/RpRf1B3Hbh
— Toulouse FC (@ToulouseFC) September 18, 2021
S’il reconnaît des « incidents déplorables« , Sébastien Louis appelle par ailleurs à ne pas analyser tous ces événements de la même manière. Il distingue ainsi les affrontements hors du stade entre Montpeliérens et Bordelais des envahissements de terrain observés à Nice et à Lille. « Dans ces deux cas, ce sont des failles dans les services de sécurité« , observe-t-il. Autrement dit, pour ces situations les supporters n’étaient pas les seuls responsables.
« Des sanctions individuelles »
Une position partagée par la ministre déléguée chargée des Sports, Roxana Maracineanu. Invitée à réagir sur le sujet au micro de BFMTV, elle estime que c’est le « devoir » des clubs « d’assurer la sécurité avec leurs stadiers« , tout en les formant car ils « ont peut-être perdus l’habitude d’être là« . Tandis que la Ligue de football professionnelle a pris l’habitude depuis plusieurs années de sanctionner les écarts de conduite des supporters par des huis-clos, la ministre appelle désormais à des « sanctions individuelles« .
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« Il ne faut pas punir tout un stade, tout un groupe de supporters, parce qu’il y a des débordements qui concernent quelques personnes dans un stade » insiste-t-elle. Tout en cherchant à remuer certaines vielles habitudes : « Il faut aussi que les clubs osent se séparer de certains « aficionados » qui apportent un certain nombre d’abonnés et de supporters, avec lesquels, historiquement, les clubs n’ont pas voulu se fâcher ».
Un arsenal juridique suffisant
Un changement d’autant plus nécessaire selon Sébastien Louis que les clubs disposent de l’arsenal juridique suffisant. « On a un corpus législatif qui a été renforcé en 2016« , indique-t-il en référence à la loi renforçant le dialogue avec les supporters et la lutte contre le hooliganisme. Selon ce texte, les clubs peuvent par exemple refuser l’accès au stade ou la vente de billet à « des personnes qui présentent un danger pour la sécurité lors des manifestations sportives« .
En parallèle des sanctions individuelles, Sébastien Louis appelle également les différents acteurs à « poursuivre le dialogue avec les supporters« , citant au passage la récente mise en place d’ateliers entre eux et des policiers. Selon lui, il s’agit de développer ces avancées et de laisser passer l’orage actuel : « les stades viennent de rouvrir, il faut reprendre les bonnes habitudes« . Et continuer d’opérer une mue déjà engagée avant l’épidémie.
Baptiste Farge