OM : le football total à l’épreuve de la durée

Ligue 1 – Solide deuxième du championnat après un début de saison convaincant, l’Olympique de Marseille se déplace ce soir au stade Raymond-Kopa du SCO d’Angers. Avec un objectif simple : enchaîner et ne pas s’essouffler tandis que le calendrier s’accélère. Ou comment résumer l’enjeu de la saison marseillaise. 

« Je suis très heureux parce que notre équipe attaque beaucoup ». En marge de la victoire de l’OM face à Rennes dimanche dernier, l’entraîneur Jorge Sampaoli ne cachait pas sa satisfaction. Invaincus depuis le début de saison (4 victoires et un nul), ses joueurs enchaînent les succès en pratiquant un football flamboyant. Seulement, sur les bords de la Canebière, le souvenir d’un autre entraîneur argentin – remuant et charismatique lui aussi – est encore tenace. Personne n’a oublié que Marcelo Bielsa, avait été champion d’automne en 2014-2015 avec l’OM avant de s’effondrer en deuxième partie de saison pour terminer finalement à la quatrième place. En cause, le contrecoup d’un football total, aussi épuisant physiquement que psychologiquement sur le long terme.

« On va continuer à jouer comme ça » 

De quoi rappeler le passage de Sampaoli au FC Séville en 2016-2017. Son équipe avait fini à la première place à mi-parcours, devant le FC Barcelone ou le Real Madrid, avant de conclure son exercice à … la quatrième place. Preuve qu’avec le bouillonnant argentin, du rêve au cauchemar, il n’y a parfois que quelques mois. Adil Rami, ancien joueur de l’OM, mais aussi du FC Séville de Sampaoli n’a pas caché ses doutes la semaine dernière. « Ça ne va pas être facile pour eux de tenir cette cadence toute la saison », a estimé le nouveau défenseur de Troyes sur Amazon Prime. Principal problème selon lui, le fait que la méthode du coach chilien demande « beaucoup d’effort, beaucoup de travail, beaucoup de cardio ».

Invité mardi à réagir lors de la traditionnelle conférence de presse d’avant-match, Sampaoli n’a pas démenti que le club andalou avait réalisé, cette saison-là, une épopée sinusoïdale.  « Adil a raison » a-t-il ainsi admis. Avant de préciser qu’il ne changerait pas pour autant son fusil d’épaule avec l’OM : « Je ne m’imagine pas diriger une équipe qui jauge son intensité et sa passion, donc on va continuer à jouer comme ça, tout en se basant sur les expériences passées pour faire des corrections. ». Au risque d’épuiser une équipe qui jonglera cette année entre l’Europa League, la Coupe de France et le championnat.

« Avec Sampaoli, c’est plus contrôlé »

Mais un potentiel effondrement, et un scénario « à la Bielsa » n’est pas à l’ordre du jour selon Sampaoli. « La comparaison est exagérée », a répondu l’Argentin. Reconnaissant que des « crises » viendraient tout de même assombrir le ciel bleu des Marseillais dans la saison, il en a appelé à l’orgueil de son équipe : « on verra ce que les joueurs ont dans le ventre ». Suffisant pour penser qu’il pourrait, tout comme Marcelo Bielsa, être surnommé « El loco » en se lançant à corps perdu dans la bataille sans déroger à sa ligne directrice.

Mais les similitudes entre les deux entraîneurs ont leurs limites. Au contraire de son prédécesseur, Sampaoli effectue de nombreuses rotations dans son équipe, sans que le niveau de sa formation ne s’en ressente. Contre le Lokomotiv Moscou et face à Rennes la semaine dernière, cinq titulaires habituels sont sortis du onze de départ à chaque fois. « On n’en parle pas assez, mais les cinq changements peuvent permettre de réguler cette dépense physique », analyse l’ancien entraîneur de l’OM Elie Baup dans les colonnes de l’Equipe ce mercredi matin. Tout en donnant de l’espoir aux supporters : « Avec Sampaoli, c’est plus contrôlé, je pense que ça peut tenir ». Toute la question est de savoir jusqu’à quand.

 

Baptiste Farge 

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