A l’école, le port du masque obligatoire crée le débat

Alors qu’une fronde anti-masque s’organise dans plusieurs écoles primaires, le gouvernement considère le phénomène comme « anécdotique ». Pourtant, l’adaptation paraît difficile pour les élèves comme pour leurs parents. En revanche, pour les professeurs, le port du masque est nécessaire.

Students with face masks line up on the schoolyard of the Petri primary school in Dortmund, western Germany, on August 12, 2020, amid the novel coronavirus COVID-19 pandemic. – Schools in the western federal state of North Rhine-Westphalia re-started under strict health guidelines after the summer holidays. (Photo by Ina FASSBENDER / AFP)

Depuis la rentrée scolaire du 2 novembre, les élèves de 6 ans et plus doivent porter un masque à l’école. La mise en place de cette règle a provoqué la colère d’une partie des parents d’élèves. Plusieurs pétitions demandant l’abrogation du port du masque ont été largement relayées, l’une d’elle avait atteint 194 000 signatures le 12 novembre. “Une contestation minoritaire” selon le ministère de l’Education nationale contacté par Franceinfo. Pourtant, les pages Facebook appelant à la grève et les pétitions qui circulent laissent à penser que le sujet est loin d’être anecdotique. Les parents d’élèves insistent notamment sur la faible infection des enfants au Covid-19 et leur rôle réduit dans la transmission du virus, attestés par plusieurs études scientifiques

Le refus du port du masque est « un problème vraiment très minoritaire au niveau national, mais très localisé aux endroits où des collectifs de parents assez virulents et procéduriers se forment« , estime Guislaine David, déléguée générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire. Ces mouvements « mettent en difficulté les enseignants et les directeurs et directrices« , déplore-t-elle auprès de Franceinfo. 

“Le masque c’est pesant parce que ça crée des tensions entre les parents, les enseignants, les élèves”

En effet, pour Laurence Hoarau, directrice et professeure à l’école des Cahouettes (Neuilly Plaisance, 93) le port du masque est compliqué à faire appliquer compte-tenu de la réticence de certains parents d’élèves. “Le masque c’est pesant parce que ça crée des tensions entre les parents, les enseignants, les élèves” assure-t-elle à CelsaLab. Une pression supplémentaire qui vient s’ajouter à la longue liste des recommandations sanitaires pour les directeur.rice d’école. “On a mis le protocole en place mais on fait comme on peut. C’est sûr que ça demande beaucoup de travail pour vérifier si les adultes comme les enfants portent bien le masque tout au long de la journée” indique la directrice.

Bien que les élèves s’adaptent petit à petit, le port du masque est parfois difficile à faire appliquer. “Ils ont vraiment intégré les gestes barrières mais le plus dur c’est le masque” remarque Héloïse Fervet professeure en CM2 à l’école de la Gravière (St-Foy-lès-Lyon, 69). Après le lavage des mains, les distances à respecter, le matériel à individualiser, le masque est l’énième règle à laquelle les élèves doivent se plier.  Des gestes barrières qu’ils intègrent au fur et à mesure. “Les enfants comprennent ce qu’il se passe. Alors même si pour eux c’est difficile de garder le masque, ils font attention parce que quand ils l’enlèvent, ils savent très bien ce qu’ils font” insiste la professeure auprès de CelsaLab. 

Bien que compliqué, l’adaptation est nécessaire selon les professeurs 

Avant l’application de cette règle, le port du masque était obligatoire seulement pour les professeurs. Les distances entre les élèves devaient donc être dûment respectées pour éviter tout risque de contamination. Une distance qui peut biaiser l’apprentissage, poursuit la professeure. “Avant qu’ils ne portent le masque, on demandait aux élèves de rester loin du bureau quand ils étaient au tableau, on se mettait à un mètre de leur cahier pour expliquer quelque chose et les travaux de groupes n’étaient pas faisables. Ce n’était vraiment pas idéal.Le port du masque permet donc de retrouver des rapports « normaux » avec les élèves puisqu’il simplifie nettement le respect des gestes barrières.

“Le premier confinement a été difficile pour les élèves donc cette fois il fallait qu’ils puissent rester à l’école. Les gestes barrières, dont le port du masque, sont donc nécessaires » martelle Héloïse Fervet à CelsaLab. Dans un communique, le SNUipp-FSU, syndicat majoritaire des enseignants du premier degré, a estimé que bien qu’important, “le port du masque ne peut remplacer la distanciation et le non-brassage, il ne peut que simplement s’y ajouter”. 

Marjolaine Roget

Les futures éoliennes au large de la Normandie font des vagues

En Normandie, le projet d’un quatrième parc éolien en mer avance. Ce jeudi 12 novembre, l’Etat présentait le bilan du débat public amorcé en novembre 2019. Plus de 5.000 personnes ont contribué aux échanges. Une décision de l’Etat est attendue d’ici la fin de l’année sur la localisation de ce parc de 80 éoliennes qui doit voir le jour en 2028.

Illustration: Pour le moment, la France ne compte aucune éolienne offshore en fonctionnement. Contrairement à son voisin belge, ici au large d’Ostende en mer du Nord. (Photo par Eric Feferberg / AFP)

C’est un projet qui inquiète autant qu’il suscite l’enthousiasme. Depuis novembre 2019, plus de 5.000 personnes se sont exprimées sur le quatrième chantier de parc éolien offshore en Normandie. La consultation portait notamment sur la zone d’implantation des 80 éoliennes. Un dispositif qui doit permettre, comme les sept autres projets éoliens en cours au large des côtes françaises, de développer la production d’énergies renouvelables.

La restitution du débat public a eu lieu ce jeudi 12 novembre en ligne, en présence de la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili et de la ministre de la Mer Annick Girardin.

« Un obstacle à la navigation »

Pendant la réunion, les différents acteurs du monde maritime ont pris la parole. Ce projet qui vient s’ajouter aux trois autres en cours dans la Manche suscite des tensions entre pouvoirs publics et pêcheurs. « On sera les premiers touchés. C’est un obstacle à la navigation, sans compter les conséquences pour l’environnement », déplore Dimitri Rogoff, président du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM).

L’implantation d’éoliennes dans leur « espace de travail » passe mal auprès des pêcheurs, déjà privés des eaux britanniques à cause du Brexit. Ils demandent de l’aide aux autorités. « On est ni pour ni contre mais il faut nous accompagner dans ces développements industriels », souligne Dimitri Rogoff.

« Les parcs éoliens enlèveront très peu de surface de pêche aux pêcheurs, leur vrai problème c’est le Brexit », estime Hubert Dejean de la Bâtie, vice-président en charge de l’environnement de la région Normandie.

Contacté par le Celsalab, il explique que la Région est prête à fournir aux pêcheurs normands un prototype de chalutier fonctionnant à l’hydrogène. « L’hydrogène sera fabriqué grâce à l’énergie produite par les éoliennes et revendu à 50% du prix aux pêcheurs. Avec ce carburant qui leur coûtera moins cher, ils pourront faire la même marge en pêchant moins. Il y a tout un cycle vertueux local et durable à monter », précise-t-il. 

Pas d’études supplémentaires

Du côté de France Nature Environnement (FNE), ses représentants sont « favorables au développement de cette énergie renouvelable qui fait partie des moins destructrices pour la biodiversité » mais ils soulignent « la nécessité de faire des études supplémentaires » avant la mise en oeuvre du projet.

Or, Barbara Pompili a annoncé qu’une décision sera prise par le gouvernement « d’ici la fin de l’année ». Elle explique qu’il y a une date butoir, celle du 19 janvier 2021, soit trois mois après la fin du débat public.

Joint par le Celsalab, Guillaume Blavette, membre de FNE, s’est dit « très déçu » de cette annonce. Il espérait qu’une année supplémentaire serait prise pour mener des études complémentaires.  » Il a eu un vrai débat public, avec des échanges de grande qualité. La commission nationale du débat public a bien fait son boulot et les acteurs ont joué le jeu. On pensait être parvenus à un point d’entente et, finalement, l’Etat suit sa propre feuille de route », déplore-t-il.

« La France a énormément de retard »

Un avis qui n’est pas partagé par la député de Seine-Maritime Agnès Firmin Le Bodo qui défend le projet depuis le début. Pour elle, le chantier doit démarrer le plus tôt possible. « Je crois qu’on a assez d’éléments pour avancer, on a un retard énorme sur nos voisins européens. La France n’a pas une éolienne en mer », déclare-t-elle au Celsalab.

Elle souligne également que ce projet est « pourvoyeur d’emplois ». Environ 2 000 emplois directs devraient en découler.

Certains élus locaux s’agacent également de la lenteur des procédures. « Ça fait douze ans qu’on parle de ce parc. C’est inimaginable le temps qu’il faut pour développer des projets en France. Il y a cinq ans, les Anglais ont décidé de la création d’un parc et il tourne déjà », s’agace Hubert Dejean de la Bâtie qui est également maire de la commune de Sainte-Adresse (Seine-Maritime). 

Face à l’argument d’un manque de recul sur cette technologie, il réplique : « Les premiers parcs éoliens offshore datent des années 1990 au Danemark. Tout le monde parle comme si on partait d’une feuille blanche mais des études, il y en a. »

Pour ce promoteur de longue date de l’éolien, déployer cette source d’énergie renouvelable est une priorité. « C’est une nécessité absolue pour notre planète. Dans urgence climatique, il y a quand même urgence« , conclut-il. 

Juliette Guérit