Les “stratégies d’invisibilité” des personnes LGBT+ pour éviter les agressions

Les actes de violence physique envers les personnes LGBT+ ont progressé de cinq points en un an en France selon une étude Ifop publiée ce lundi 13 mai. Face à cette escalade de la violence, la communauté LGBT+ se cache de plus en plus.
« Plus d’une personne LGBT+ sur deux déclare avoir fait l’objet d’une agression homophobe au cours de sa vie » / Crédits : Jaime Perez, Creative Commons

Plus de la moitié des personnes LGBT+ (55%) ont subi une agression au cours de leur vie.  C’est “une hausse significative”, souligne l’Ifop, qui a réalisé cette enquête pour la fondation Jasmin Roy-Sophie Desmarais. Révélée ce lundi 13 mai, dans le Monde et sur France Info, elle met en évidence une escalade de la violence à l’égard de cette communauté.

La dernière enquête de ce genre réalisée par l’Ifop datait de juin 2018. A cette époque, 3% des personnes LGBT+ avaient subi des violences physiques. Aujourd’hui le chiffre a doublé et atteint les 7%.

Des “stratégies d’invisibilité”

Le questionnaire adressé aux  1.229 personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres, âgées de 18 ans et plus, montre également que pour éviter les agressions, la communauté LGBT+ se cache. Près de sept personnes LGBT+ sur dix (68%) ont mis en place des “stratégies d’invisibilité” dans leur vie quotidienne pour éviter les agressions. Deux-tiers des personnes interrogées évitent de s’embrasser en public (67%) ou de se tenir la main dans la rue (62%). La moitié des personnes LGBT+ interrogées ne se montrent pas à leurs voisins en compagnie d’une personne de même sexe. Et enfin 28% évitent de voir certains de leurs proches.

Même dans le Marais, à Paris, on évite de se montrer, les insultes pleuvent très vite” confie Nico, un jeune trans bénévole au Centre LGBT Paris Ile de France. Selon lui, “gommer son identité”, comme il le dit, devient indispensable pour se protéger. Au détriment de son affirmation identitaire. “Il faut ruser », poursuit-il, « le soir c’est toute une affaire. Il faut éviter de rentrer seul, avec une tenue provocante”.

 

A « l’invisibilité » s’ajoutent les “stratégies d’évitement”. Certains territoires jugés “anxiogènes” sont ainsi contournés. Ainsi, 37% des personnes interrogées évitent certaines rues ou quartiers de leur ville. C’est trois points de plus que l’année dernière. L’enquête révèle à ce titre que 16% d’entre elles aimeraient changer de ville en raison de l’hostilité qu’ils y ressentent envers leur orientation sexuelle.

Se protéger, une nécessité

Face à la recrudescence d’actes anti-LGBT+, les associations ont décidé de conseiller les personnes en cas d’agression. Des cours de self défense LGBT+ ont même été mis en place, comme à Nice. Depuis deux ans, Pierre-Yves en dispense pour les personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres, “qui souhaitent apprendre les techniques à adopter en cas d’agression”. En pratique, les gestes enseignés ne diffèrent pas vraiment des cours habituels d’auto-défense mais, réservés à la communauté LGBT+, ils se concentrent aussi sur la confiance en soi et l’affirmation de son identité.

L’application Hornet, concurrente du site de rencontre américain Grindr, a même élargi son champ d’action en ouvrant un site avec une ligne éditoriale. Sur leur page, de nombreux articles proposent des techniques pour sortir en sécurité. Il énumère également les cinq conseils établis par Catherine Haycraft, directrice de EMERJ-SafeNow, une organisation américaine qui enseigne différentes stratégies pour faire face à ce genre de situations. Parmi ces conseils, l’Américaine recommande par exemple de toujours planifier sa soirée  – allers et venues – pour ne pas être seul, de dire à ses proches où l’on va et avec qui. Il est conseillé de se tenir éloigné des haies, “qui offrent un camouflage idéal aux agresseurs” ou encore de crier en cas de danger pour attirer l’attention d’éventuels passants.

Les résultats de cette enquête seront présentés mardi 14 mai par Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, à quatre jours seulement de la journée mondiale de la lutte contre l’homophobie et la transphobie le 17 mai.

 

Anne-Cécile Kirry

Giro : Fernando Gaviria s’impose au sprint

Elia Viviani (Deceuninck – Quick-Step) s’est imposé au sprint sur cette troisième étape du tour d’Italie. Monotone, cette étape entre Vinci et Orbetello a été rythmée par une météo grise et un vent puissant.
Le peloton prend tout l’espace de la route et aucune échappée ne semble se dessiner. / Crédit : Flickr – Simon Harrod

Le Colombien Fernando Gaviria s’est imposé au sprint lors de cette troisième étape du Giro. C’est la sixième victoire d’étape de sa carrière sur le tour d’Italie. Le Français Arnaud Démare est troisième et il s’est distingué lors des deux sprints intermédiaires de cette étape.

Tout s’est joué sur les cinq derniers kilomètres. A 20 kilomètres de l’arrivée de cette étape rythmée par le vent et une météo maussade, le dénouement était encore indécis. Le peloton roulait à une vitesse moyenne de 40 km/h et aucun coureur ne se détachait encore. Pourtant, les 20 derniers kilomètres, sur le littoral et exposés aux vents sont jugés décisifs.

Les coureurs ont parcouru 220 km lors de cette étape qui reliait Vinci à Orbetello. Une troisième étape sans difficulté particulière, les pentes ne dépassant pas les 5%. Seule une montée, le Poggio L’Apparita au km 162.3 a donné du fil à retordre aux coureurs.

Le Japonais Sho Natsuyama (Nipo) a réalisé une échappée solitaire dès le début de la course. C’est un pari rare et risqué qui n’a pas été payant pour le cycliste. Avec une vitesse moyenne de 36 km/h, il a devancé le peloton pendant les 100 premiers kilomètres de l’étape affichant même parfois une avance de plus de six minutes sur ses adversaires. Mais à près de 80 km de l’arrivée, changement de scénario. Sho Natsuyama a été repris par l’équipe Trek-Segafredo. Le coureur japonais, 172e au classement, n’a pas réussi à suivre le rythme soutenu imposé par l’avant du peloton.

Arnaud Démare appuie sur la pédale

Le Français Arnaud Démare (FDJ) a pris la tête du peloton lors du premier sprint intermédiaire de cette étape. Une avancée qui lui permet d’atteindre la 4e positon du classement par points, avec 14 points au compteur. Il se rapproche ainsi du maillot cyclamen. Le Français a ensuite renouvelé l’expérience en prenant aussi la tête du peloton lors du second sprint intermédiaire du jour. Il prend alors la pole position du classement des sprints intermédiaires avec 12 points.

Course neutralisée

À quelque 70 kilomètres de l’arrivée, le drapeau rouge a été brandi. La course a alors été neutralisée pendant quelques minutes avant de reprendre normalement son cours, sans qu’aucune information officielle n’ait été donnée aux équipes. Le passage d’un train sur un passage à niveau serait à l’origine de cette neutralisation.

Aucune chute spectaculaire pendant cette étape de plaine. Seul Geoghegan Hart (Ineos) a chuté pendant la traversée de la ville de Grosseto. Malgré un genou droit écorché, il n’a pas été contraint à l’arrêt. Raccompagné dans le peloton par deux coéquipiers, il a ensuite continué à rouler.

Plusieurs coureurs se sont également accrochés à 5 kilomètres de l’arrivée. Cette chute groupée a divisé le peloton en deux à quelques minutes de l’arrivée.

Lise Boulesteix

Le Qatar distribue de l’argent à Gaza pour apaiser les tensions avec Israël

Le Qatar distribue de l’argent à 100 000 Palestiniens pour apaiser les tensions avec Israël. / Crédit : Joi Ito – Flickr

Le Qatar a commencé lundi à distribuer des millions de dollars aux familles défavorisées de la bande de Gaza. Un geste destiné à apaiser les tensions après un nouvel accès de violence entre les groupes armés palestiniens et Israël, qui a fait 25 morts. Environ 108 000 familles devraient en bénéficier, selon un responsable qatari. Le Qatar, soutien du Hamas, le mouvement islamiste et la branche armée palestinienne, espère éviter une nouvelle guerre.

Fanny Rocher

 

 

Cérémonies de remise de prix : comment attirer le public ?

La 31e cérémonie de remise de prix des Molières se tient ce soir.  Alors que le caractère ennuyant de ces soirées télévisuelles est fréquemment relevé, des organisateurs redoublent pourtant d’efforts pour divertir et attirer une plus grande audience. 
L’audience de ces shows culturels peine à décoller alors que les organisateurs jouent la carte du divertissement à l’américaine./ Credits : Public Domain

C’est le présentateur de la cérémonie des Molières, Alex Vizorek, qui l’a lui-même dit, hier, sur Europe 1 : “La certitude des gens c’est que la soirée va être chiante… Donc au pire, la soirée va être chiante ! Je n’ai rien à perdre.” Le ton est donné à la veille de soirée qui décernera les prix les plus prestigieux du théâtre en France. Mais alors, pourquoi cette cérémonie, et les autres remises de prix culturels en France n’attirent pas foule ?

Des cérémonies interminables et en vase clos

La longueur de ces soirées concentre la majorité des critiques. Plus de trois heures pour les César, les Molières ou les Victoires de la musique. Les remises de prix et les discours de remerciement des gagnants se succèdent tour à tour, devenant parfois de plus en plus soporifiques. L’horaire de diffusion peut également en dissuader plus d’un. Les Molières ne commencent qu’à partir de 22h45, moment où bon nombre de spectateurs éteignent leur poste de télévision. Ce twittos  ne mâche pas ses mots sur son expérience :

Ces cérémonies de remise de prix concernent davantage les professionnels de la chanson, du cinéma ou encore du théâtre. Cette endogamie peut faire fuir certains téléspectateurs, accusant de ce fait une ambiance de parisianisme. Conscients de l’importance de populariser ces cérémonies pour attirer une plus grande audience, les organisateurs ont voulu moderniser et faire de ces soirées des spectacles à part entière.

Inviter les humoristes : un pari pour animer le show

La 41ème cérémonie des César, en 2016, avait introduit une petite révolution : les paroles des nommés étaient chronométrés à 2 minutes 30.  Le dispositif se voulait plus épuré avec la suppression des pupitres, et le ton, plus humoristique grâce à des sketchs et  des running gags. Des intermèdes musicaux permettaient aussi de faire une pause entre les remises de prises successives. La chanteuse Christine and the Queens avait notamment chanté le titre  It’s only Mystery. Imiter les shows à l’américaine, comme les Oscars ou les Golden Globes Awards est une stratégie adoptée pour combattre la lassitude des téléspectateurs.

Les organisateurs misent sur des humoristes connus du grand public ou des acteurs au ton grinçant pour animer la soirée, comme Florence Foresti ou Jérôme Commandeur. Ainsi, la cérémonie des Molières 2018 était présentée par Nicolas Bedos. Il lui revenait le rôle d’enchainer les blagues entre les remises de prix, comme sur cette vidéo où il se moque de l’acteur Jean Dujardin.

 

Porter des messages forts est une autre solution pour attirer le public. En 2018, la cérémonie américaine des Golden Globes faisait par exemple la part belle aux femmes dans le contexte du mouvement #MeToo. Les actrices s’étaient alors habillées en noir et avaient enchaînés les discours engagés. Dans la même logique, lors des César 2018, les actrices françaises arboraient des rubans blancs en soutien aux femmes victimes de harcèlement ou de violences sexuelles.

Une audience populaire à reconquérir
Ce sont les téléspectateurs qui ont voté pour les deux frères pour le prix du public des Victoires de la musique en 2018
Crédit : Thibault Trillet

Réputées élitistes, ces cérémonies  sont surtout regardées par les professionnels du métier. Accusée de ne pas récompenser les grands films populaires français, l’Académie du César a créé en 2018 le “Prix du public”. Dany Boon l’a remporté pour son film Raid dingue. Les Victoires de la musique avait déjà pris de ce pari, dès les années 80 en créant une catégorie « Chanson de l’année »  en 1985. Elle est laissée aux mains du public, qui peut voter en direct pour le titre de son choix par Sms ou par Internet.  En 2018, c’est le duo de rappeurs toulousains Bigflo et Oli qui ont remporté le prix avec leur titre Dommage. Elle s’accompagne, depuis 2005, d’une autre catégorie soumise au vote elle aussi, la  « Victoire du groupe ou artiste révélation du public.

Ces dispositifs mis en place par les organisateurs portent-ils leur fruits ?  La cérémonie des César de 2018, retransmise sur Canal+, a attiré 2,07 millions de téléspectateurs. Les Molières, eux, peine à dépasser la barre du million de spectateurs sur France 2.  Quant aux Victoires de la musique, elles ont comptabilisé 2,82 millions de téléspectateurs cette année.  A titre de comparaison, la cérémonie de l’Eurovision avait rassemblée en 2018  plus de 5 millions de téléspectateurs, et l’élection de Miss France plus de 7 millions… De quoi questionner la réussite des opérations de modernisation de ces événements culturels.

Esther Michon