Meurtre à Montreuil : les habitants s’unissent contre le « mépris » des autorités

Les habitants de Montreuil défilent en mémoire de Mariama Kallo, morte le 29 décembre 2017.
Les habitants de Montreuil défilent en mémoire de Mariama Kallo, morte le 29 décembre 2017.

 

 

La cité de l’Amitié, à Montreuil, est bouleversée. Une voisine a été retrouvée morte fin décembre. Outre le choc, c’est l’incompréhension qui règne. Les habitants dénoncent un « mépris » de la part de la police et de la mairie.

 

Ce n’est pas un samedi comme les autres à la cité de l’Amitié, au nord de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Le corps d’une femme a été retrouvé inerte, une semaine plus tôt, au 118 de l’avenue du président Salvador Allende. Mariama Kallo, une Guinéenne de 32 ans, a été poignardée à 23 reprises puis défenestrée du quatrième étage. Avant ce drame, les habitants du quartier ne se parlaient pas. Ils se croisaient sans se voir, plus enclins à l’indifférence qu’à l’échange. Aujourd’hui pourtant, ils sont réunis dans la cour de la cité. Une question est sur toutes les lèvres : « Pourquoi la police n’est-elle pas intervenue plus tôt ? »

« J’ai dit au flic : “trop tard, il vient de la jeter par la fenêtre“ »

Regroupés au pied des tours, emmitouflés dans leurs écharpes, les habitants du quartier de l’Amitié s’indignent. « Dès qu’il s’agit de dealer du shit, la police rapplique. Mais quand un homme bat sa femme, c’est silence radio », entend-on. Mamadou Sy vit dans l’immeuble qui fait face à celui de la victime, au quatrième étage. La nuit du meurtre, il a tout vu, tout entendu. Les cris de la jeune femme l’ont réveillé vers 00 h 30. « Quand je suis allé à ma fenêtre, j’ai vu le mari de Mariama en train de la frapper. Mon épouse m’a dit : “Il va la tuer“ ». Le quadragénaire à la voix posée contacte immédiatement la police, mais ce n’est qu’au bout de son troisième appel que l’alerte est prise au sérieux, assure-t-il. Il est en ligne avec le commissariat quand, d’un coup, les cris cessent. « J’ai dit au flic : “trop tard, il vient de la jeter par la fenêtre“ ». Les forces de l’ordre arrivent sur les lieux quelques minutes après la mort de Mariama Kallo. Toutes les fenêtres de la cité sont éclairées. Certains habitants sont descendus, l’un d’entre eux a déposé un drap sur son cadavre.

« Du mépris » envers un quartier populaire

Une semaine plus tard, on se demande aussi pourquoi le corps de Mariama Kallo est resté dans la cour de la cité, à la vue de tous, de 1 heure à 10 heures du matin. « Les pompes funèbres ont été appelées sept fois dans la nuit. Elles avaient moins de personnel pendant la période des fêtes et ont été débordées », justifie Belaïde Bedreddine, adjoint au maire de Montreuil. Patrice Bessac, le maire de la ville, a depuis saisi le préfet de Seine-Saint-Denis pour qu’une enquête soit menée sur les conditions de levée du corps de Mariama Kallo. La préfecture a indiqué qu’une procédure judiciaire est en cours et précise que le service funéraire intervient sur réquisition d’un officier de police judiciaire.

L’explication ne convainc pas les habitants de la cité. Au-delà de leur exaspération, ils ont le sentiment d’être laissés pour compte. « Il n’y a que dans les quartiers populaires qu’on peut voir ça. C’est du mépris », assène Ismaël Boussaha. Lui, ne se joint pas au rassemblement dans la cour. Il préfère observer depuis le hall de son immeuble. Le même que celui de Mariama Kallo. Bien que trois étages séparent leurs appartements, les cris de la victime l’ont tiré de son sommeil la nuit du meurtre. Derrière son apparence robuste, Ismaël Boussaha cache difficilement le traumatisme qui le ronge. « J’ai tout de suite compris que le bruit venait du quatrième étage ». Car ce n’est pas la première fois qu’il est confronté à la souffrance de sa voisine. « Un soir déjà, j’étais intervenu à cause des cris. L’homme m’avait ouvert la porte, les mains en sang. Mariama était derrière, le visage tuméfié », se souvient-il. Mariama Kallo avait d’ailleurs déposé une main courante avant d’être hospitalisée. « Mais les flics ont rien fait », crache l’homme en survêtement bleu. Quand Ismaël Boussaha descend, la nuit du 29 décembre, un voisin est déjà sur le palier : « Ca recommence ».

Il frappe à la porte pendant plusieurs minutes, appelle la police. Puis, les cris cessent. « Alors, je suis remonté chez moi. Je me suis mis à ma fenêtre et là, j’ai aperçu un bras. Je ne voulais pas croire à ce que je voyais », confie-t-il, submergé par un sentiment de culpabilité. « Le plus dur, c’est de rentrer chez soi en sachant que le corps gît en-dessous de notre fenêtre ».

Un vent de solidarité dans la cité

Cette nuit-là, personne n’a pu se rendormir. « La fenêtre de ma chambre donne sur l’endroit où Mariama est morte, comment voulez-vous que je dorme ? », soupire une jeune fille près des fleurs déposées à l’endroit où le corps de la victime est tombé. Plus loin, un groupe de copines s’agace : « Maintenant, notre cité est connue parce qu’il y a eu un meurtre ». Au milieu des indignations et des pleurs, Mamadou Sy philosophe. L’homme de 44 ans a grandi ici, il connaît le quartier par cœur : « Depuis ce drame, la vie de la cité a changé. On prend le temps, on demande comment ça va. On reparle de cette nuit tragique aussi ».

Ce samedi, le rassemblement se prolonge dans un local à l’entrée de la cité. Chaque habitant apporte un plat cuisiné, des chips ou des sodas. Certains arborent des pancartes avec le nom de Mariama entouré d’un cœur. Personne ne connaissait vraiment la victime, arrivée dans la cité depuis un an à peine. Mais sa mort les a tous bouleversés et créé aujourd’hui du lien social. Comme une envie de prendre soin des autres pour que ça ne se reproduise pas. Quelques uns restent cependant sceptiques sur cette unité retrouvée. « En vérité, tout le monde s’en fout de tout le monde », lâche Bilel, un jeune du quartier. « Dans les cités, on a tous nos propres problèmes, alors on n’a pas le temps de s’occuper de ceux des autres ».

Quelques jours plus tard, pour la marche silencieuse en hommage à Mariama Kallo, la solidarité semble avoir tenu bon. Plus de 300 personnes sont présentes. Certains respectent le silence, d’autres décident d’élever leurs voix à l’unisson contre la municipalité. Leurs « pourquoi ? » ont besoin de réponses. La défiance est de mise envers la mairie qui « abandonne la cité de l’Amitié », entend-on dans la foule. Les élus bredouillent quelques mots en guise d’explication. Peu satisfaisant pour les habitants qui refusent d’entamer la marche avec eux. Les esprits s’échauffent jusqu’à une prise de parole qui apaise les tensions : « Le mot qui est dans la bouche de l’Amitié, ce n’est pas la violence, c’est la solidarité ».  

Ambre Lepoivre

Harcèlement de rue : une « bande de bites » pour une pub choc (Sophie)

Le #metoo utilisé par les femmes sur les réseaux sociaux pour dénoncer le harcèlement / Wikimedia Commons @CC
Le Hashtag #metoo utilisé par les femmes sur les réseaux sociaux pour dénoncer le harcèlement / Wikimedia Commons @CC

Une « appli » française, contre les agressions sexistes, dévoile un clip de promotion aux images et propos crus.

« Au début ça allait tu vois. C’était quelques regards. Ça draguait gentiment. Mais comme je les ai pas calculés, ça a dérapé »Une vidéo, mise en ligne jeudi sur les réseaux sociaux, démarre sur les paroles d’une jeune femme et promet de choquer « un public non averti ». Elle a été réalisée par l’agence de communication TBWA pour l’application contre le harcèlement HandsAway. Le but, continuer de dénoncer le sexisme et les insultes dont sont victimes « une majorité de femmes par une minorité d’hommes », précise le spot.

A l’image, les visages de trois copains en soirée. Ils s’amusent. Mais rapidement la caméra descend, fixe leur entrejambe d’où s’échappent leurs pénis. « C’est vraiment leurs bites qui prennent le contrôle », décrit une seconde voix féminine. Le clip enchaîne. D’autres femmes se livrent. A l’écran, les scènes sont de plus en plus explicites. Les appendices masculines arpentent les rues de la ville. Ils sont en chasse… En rûte.

Libérer la parole des femmes

Le film a été réalisé à l’aide de vrais témoignages. Ceux recueillis par HandsAway auprès des utilisatrices de sa plateforme. L’une raconte, « c’est quand même ouf d’être traitée de salope parce que juste je portais une jupe ». La dernière voix off livre une expérience glaçante

Parfois ils te poursuivent et te traitent de sale chienne. C’est vraiment flippant.

Un chiffre clôt la séquence « coup de poing » : 82 % de femmes françaises ont subi le harcèlement de rue avant leur 17 ans. Il est issu d’un rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, publié en avril 2015. Sur Twitter ce sont surtout les femmes qui réagissent à la vidéo de HandsAway.

La géolocalisation pour lutter contre le harcèlement

L’appli « bas les pattes » a été créé en octobre 2016 par une jeune française de 29 ans, Alma Guirao, qui expliquait avoir « subi une agression sexiste de trop » à 20minutes. Plus d’un an après, la plateforme recense 8500 agressions. Elle fonctionne à l’aide de la géolocalisation :

  • les utilisatrices signalent en temps réel leur expérience du harcèlement ;
  • des « Streets Angels », inscrites sur l’application et situées à proximité, apportent soutien et réconfort ;
  • les femmes peuvent aussi rechercher sur HandsAway le numéro d’une association d’aide aux victimes ou des informations sur comment porter plainte.

L’application a reçu le soutien de la RATP et de la SNCF, ainsi que de la mairie de Paris et de la région Île-de-France. Dans l’Hexagone, 100 % des utilisatrices de transports en commun auraient déjà été victimes de harcèlement sexiste.

Bientôt une amende de 90 euros ?

Un rapport parlementaire, remis la semaine prochaine à Marlène Schiappa, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, et Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, préconise de sanctionner à hauteur de 90 euros le harcèlement de rue, selon Le Parisien. Le document retient une définition large des attitudes masculines qui pourraient être incriminées : « les comportement qui constituent une atteinte à la liberté de circulation des femmes dans les espaces publics et portent atteinte à l’estime de soi et au droit à la sécurité ». Une loi contre les violences sexistes et sexuelles est attendue en 2018.

A lire aussi : « L’Ined dessine une carte-type du harcèlement de rue »

Titeuf souffle ses 25 bougies au festival de la BD d’Angoulême (Sophie)

8578103073_abd80dd829_bLes 84 têtes de Titeuf présentées au Salon du livre, en 2013 / Mario D et O. Degardin @CC

En guise de cadeau d’anniversaire, le capitale du dessin offre une exposition au gamin à la mèche blonde.

Tu « n’as pô changé ». C’est un peu ce que l’on aimerait dire à Titeuf. On ne l’a pas vu grandir. Pour les 25 ans du personnage à la houppette, le festival d’Angoulême le met à l’honneur en l’exposant sur le parvis de l’Hôtel de ville jusqu’à mercredi prochain. Il pourrait aussi repartir avec le célèbre prix de la bande dessinée dans la catégorie « jeunesse ». Le 15ème tome de la série, au titre évocateur « à fond le slip », figure parmi les douze bandes dessinées sélectionnées. Il est l’une des stars du 45ème festival international de la BD ouvert depuis jeudi.

Titeuf en grandeur nature

A l’occasion des festivités, plusieurs planches du dessinateur Zep sont accrochées devant les fenêtres de monsieur le Maire. Une rétrospective des temps forts de la vie du jeune garçon est proposée gratuitement au public. En un quart de siècle, Titeuf n’a pas pris une ride, mais le monde qui l’entoure, lui, a changé. Les bippers et minitels ont cédé leur place aux smartphones et aux réseaux sociaux. C’est ce que l’exposition nous donne à voir. Le style de Zep est resté fidèle à ses débuts : il tourne en dérision les maux de notre société à travers les yeux d’un jeune homme – un peu – dissipé.

Du haut de leur 90 centimètres, 16 figurines du célèbre personnage, réalisées en 3D, semblent presque faire un « Sit-in » sur la place de l’Hôtel de ville. Ce sont elles qui portent les planches de dessins à (re)découvrir par les badauds. Il aura fallu plus de 200 heures, à quatre imprimantes 3D, pour modeler la silhouette du personnage. La réalisation technique est signée par le campus des entreprises le Moulin de l’Abbaye, à La Couronne en Charente.

Les plus jeunes festivaliers pourront aussi rencontrer Zep ce vendredi, à 13h30 pour parler avec lui d’ « à fond le slip ». Le dessinateur sera encore l’invité d’une masterclass qui se déroulera samedi au festival. Quelques heures avant la remise des Fauves d’Angoulême qui clôturent le grand rendez-vous de la BD et récompensent les meilleurs albums de l’année, dont le livre jeunesse.

Un gamin du cru

Titeuf, est un gamin d’Angoulême, déclarait son créateur dans une interview accordée au Figaro en 2013 :

Mon personnage est intimement lié à l’histoire du festival. Mon premier Titeuf est paru lors du vingtième anniversaire. À l’époque, j’étais un petit jeune qui débarquait.

En 1992, le suisse Philippe Chappuis, alias Zep, commence à dessiner ses souvenir d’enfances. De là, naissent les traits d’un gamin à la tête d’oeuf, surnommé depuis Titeuf. Repéré par Jean-Claude Camano, l’éditeur de la maison Glénat, le première album racontant les aventures du pré-adolescent sort en mars 1992. Il s’intitule « Dieu, le Sexe et les Bretelles ». C’est ensuite tous les 2 ans, en moyenne, que le public retrouve son anti-héro, son amoureuse, Nadia et sa bande.

Un « pré-ado » comme les autres

Usant de son expression préférée « c’est pô juste », piquée à Caliméro, Titeuf a des problèmes d’ « ado ». Dans ses dessins, Chappuis évoque le noyau familiale, les copains, mais aussi des thèmes d’actualité, comme la violence, la guerre, l’IVG ou plus récemment l’écologie et la crise migratoire.

Titeuf c’est aussi une histoire de « zizi sexuel » avec une guide éducatif paru en 2001 pour répondre aux questions des jeunes adolescents sur l’amour et les relations sexuelles. Il donne lieu à une exposition à la Cité des Sciences et de l’Industrie entre 2007 et 2009 qui créé la polémique.

Image de l'Exposition Zizi Sexuel | by DaffyDuke
Image de l’Exposition Zizi Sexuel | by DaffyDuke @CC

C’est « la fête du slip »

Aujourd’hui, Titeuf est une série à « succès ». Elle représente 21 millions d’albums vendus dans le monde. Ses différents tomes sont sortis dans 25 pays, dont la chine. Les bandes dessinées ont aussi été adaptées à la télévision (en 2001), au cinéma (en 2011 avec plus d’1,2 millions d’entrées en France) et sous la forme de jeux vidéos.

En septembre, le dernier tome caracolait en tête des ventes des livres vendus en France. Il a été tiré à 550 000 exemplaires.

Revenant au micro de France Bleu sur la « succès-story » de la BD, l’éditeur Jacques Glénat se lançait jeudi dans la comparaison :

Titeuf est devenu un « best-seller » en France avec son compagnon Astérix.

 

VIDEO. «On n’est pas couché»: Christine Angot en colère, Sandrine Rousseau en larmes, un «naufrage télévisuel» (Sophie)

MALAISE Un clash entre Sandrine Rousseau et Christine Angot, tronqué au montage, incompréhensible pour le téléspectateur… Anne Demoulin

Malaise sur le plateau d’On n’est pas couché. Sandrine Rousseau, ancienne secrétaire nationale adjointe d’Europe Écologie-Les Verts, était venue présenter sur le plateau de Laurent Ruquier son nouveau livre. dans cet ouvrage intitulé Parler, elle raconte avoir été la victime de Denis Baupin, qui l’aurait agressé sexuellement et invite les femmes victimes de violences sexuelles à briser « la loi du silence ». Un passage particulièrement attendu puisque L’Express avait dévoilé que Christine Angot avait quitté le plateau lors de l’enregistrement de l’émission en jetant ses fiches et son verre d’eau, bruyamment huée et que la production avait informé 20 Minutes que le départ de Christine Angot du plateau ne serait pas diffusé pour « faire preuve d’élégance ». Au final ? La séquence tronquée, diffusée ce samedi sur France 2, était juste gênante. Explications.

« Moi je retourne dans ma loge », l’incompréhensible colère de Christine Angot

Pour les deux femmes mises face à face sur le plateau, la question des violences sexuelles est très sensible. Christine Angot a été violée par son père durant son enfance. Un traumatisme qu’elle a raconté dans le livre L’Inceste. Dans la séquence diffusée, le ton entre les deux femmes monte (à partir de 6’ 30” dans la vidéo ci-dessus) alors que Sandrine Rousseau explique avoir mis en place une cellule d’écoute contre le harcèlement. « Les victimes peuvent appeler les personnes qui ont été formées pour accueillir la parole », a-t-elle ajouté. « Former pour accueillir la parole ?, réplique immédiatement Christine Angot, visiblement consternée et en colère. Mais qu’est-ce que j’entends ? Arrêtez de dire des trucs comme ça ! Attendez, moi je retourne dans ma loge, je ne peux pas entendre des trucs comme ça. C’est un bla bla ». Le montage ne permet pas de comprendre correctement la colère de Christine Angot.

Au plan suivant, on découvre Sandrine Rousseau, les larmes aux yeux. Christine Angot, furieuse, lui lance : « On ne traite pas dans un parti politique la question des agressions sexuelles, enfin ! ». Les sanglots dans la voix, Sandrine Rousseau souligne qu’au sein d’EELV, « personne ne l’a écoutée », devant une Christine Angot plus remontée que jamais. « Évidemment, il n’y a personne pour écouter ce message. On se débrouille ! C’est comme ça ! »

« J’ai écrit mon histoire ! », pleure Sandrine Rousseau

La tension monte encore d’un cran quand Yann Moix lance que le livre tient plus du discours politique que du témoignage. « Ce livre parle d’un problème sociétal. Mais doit-on tenir des discours ou plutôt livrer une parole ? (…) Les hommes politiques sont dans un autre univers, dans un autre cosmos que celui du discours ». Une remarque qui fait bondir Sandrine Rousseau. « Je ne peux pas l’entendre. J’ai écrit mon histoire ! », hurle-t-elle, en sanglots.

S’ensuit un débat sur la féminisation des mots. « Les mots sont beaucoup plus importants que les procédures, explique la chroniqueuse du talk-show. En fait, vous voulez agir sur les mots mais, vous ne voulez pas que les mots agissent sur vous. Or c’est les mots qui agissent sur nous », défend Christine Angot, qui refuse la féminisation du mot « écrivain ».

Comme prévu, le départ du plateau de Christine Angot sous les sifflets du public n’est pas apparu à l’écran. « Éditioralement, ce bref passage n’apporte rien sur le fond. À l’heure où plus rien ne s’efface, la production a en effet préféré ne pas diffuser cette séquence et faire preuve d’élégance », expliquait vendredi à 20 Minutes Tout sur l’écran, la société qui produit l’émission de France 2.

In fine, en regardant la séquence diffusée sur la chaîne publique : on ne comprend pas la colère de Christine Angot. Ce qui dessert la chroniqueuse.

Pire encore, Sandrine Rousseau, qui, initialement venait inciter les femmes victimes de violences sexuelles à briser « la loi du silence », apparaît en larmes ou au bord des larmes dans la quasi-totalité du passage. A l’écran, donc, les téléspectateurs ont perçu « l’hystérie » de Christine Angot et une invitée « poussée à bout », « comme si elle était coupable d’avoir parlé ».

La cause des femmes victimes de violences sexuelles n’est pas sortie particulièrement grandi par la diffusion de cet échange tronqué. Peut-être que « l’élégance » aurait été tout simplement de couper l’intégralité de la séquence ?