Procès Cannes-Torcy : Sofiane A., l’un des vingt accusés à la barre

 55 jours d’audience, 85 tonnes de procédure, 80 témoins cités, 14 experts et 20 accusés. Le procès Cannes-Torcy, débuté il y a une semaine, est inédit. La cellule serait à l’origine d’un attentat manqué contre une épicerie casher à Sarcelles (Val d’Oise), le 19 septembre 2012. Sofiane A. fait partie du groupe de jeunes âgés de 23 à 33 ans accusés d’avoir été au cœur d’un réseau djihadiste. Il a été entendu ce mercredi au Palais de Justice.

Sofiane A. a été entendu aujourd'hui à la Cour d'assises. Les mains derrière le dos, il répond brièvement aux questions du président, Philippe Roux.
Sofiane A. a été entendu aujourd’hui à la Cour d’assises. Les mains derrière le dos, il répond brièvement aux questions du président, Philippe Roux.

 

Mercredi matin, 9h30. Sofiane A. s’avance à la barre. Il comparait libre, comme six autres prévenus. Ceux qui ne le sont pas restent dans le box des accusés et l’observent attentivement. Le temps d’une matinée, Sofiane A. doit convaincre. Les mains croisées derrière le dos, il se tient droit. Il est face au président de la Cour, Philippe Roux, ses quatre assesseurs et les deux avocats généraux, Sylvie Kachaner et Philippe Courroye. « Vous connaissez le processus. On y va. » Le président n’a pas de temps à perdre.

« Je m’appelle Sofiane, j’ai 28 ans, je suis né à Cannes. Je m’entends très bien avec ma sœur et mes frères. » Sa famille, il en parle beaucoup. C’est l’une de ses stratégies de défense. « J’ai reçu une bonne éducation je pense. » Son père,  56 ans, est ouvrier. Il a grandi en Tunisie, « là où on mélangeait les Juifs et les musulmans. C’est nos cousins » dit-il pendant son témoignage.

Sofiane A. était un enfant désiré. « Il est doux, serviable, gentil et sportif » Les témoins entendus sont unanimes. Tous parlent de sa passion pour le football, de sa relation avec sa famille et sa femme et de son rôle protecteur envers sa petite sœur trisomique. « C’est pour ça que ma mère n’est pas présente » répond-il à l’avocate générale qui lui lance « elle aurait pu se libérer quand même ».

Un interrogatoire musclé

L’avocate générale ne l’épargne pas. Sylvie Kachaner l’interroge sur tout son procès verbal, pendant lequel il a prononcé de nombreuses phrases qu’il « regrette ». Comme celles où il raconte que depuis tout petit, on lui dit que les Juifs sont des mécréants et « qu’on a la haine des Juifs ». Sofiane A. n’est pas très bavard, il répond timidement aux questions. A cette interrogation, il répond qu’ « en garde à vue, c’est compliqué. Je me suis très mal exprimé. Je suis désolé, mais ce n’est pas le fond de ma pensée ». L’avocate générale n’est pas convaincue. Elle l’interroge enfin à propos de ses fréquentations : « c’est un café où un kebab où vous retrouviez vos amis ? », « Un café, madame ».

L’accusé insiste aussi sur son travail. Il a longtemps été intérimaire et a ensuite été embauché en CDI dans une entreprise d’échafaudages pour laquelle il avait assuré quelques missions. « Souriant et agréable », c’est ainsi que le qualifie son patron. Son club de football, lui, le « regrette, humainement et sportivement. »

Les témoignages donnent l’impression que l’accusé s’est retrouvé au tribunal par erreur. « Ce truc est tombé sur notre tête. Moi, je suis sûr qu’il n’a rien à voir avec cette histoire. » insiste son père. Selon lui, il était là au mauvais endroit, au mauvais moment. La Cour rendra sa décision début juillet. D’ici là, les magistrats entendront tous les autres accusés.

12h45. La séance est levée. L’après-midi est consacrée à un autre accusé, Ibrahim B., qui comparait, lui, dans le box des accusés.

 

Lou Portelli

Second tour de la présidentielle : à Sciences Po, Les Républicains fidèles à leur candidat

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Dans la prestigieuse école de Sciences politiques de Paris, la campagne présidentielle ne laisse pas les étudiants indifférents. L’association politique comptant le plus d’adhérents est celle des Républicains Sciences Po. Ses membres sont souvent déçus du résultat du premier tour, mais les représentants fraîchement élus appellent à suivre les indications de l’ancien candidat LR François Fillon en votant pour Emmanuel Macron.

La rue Saint-Guillaume, située dans le septième arrondissement de Paris, est une petite rue tranquille où l’on n’entend peu le bruit des voitures. La plupart des passants sont des étudiants, qui arrivent à pied, en fouillant dans leur sac pour trouver leur carte, passe-droit les autorisant à entrer dans l’une des écoles les plus prestigieuse du pays.

Il est presque dix heures en ce mercredi matin devant l’Institut des études politiques (IEP) de Paris, la fameuse Sciences Po. Sous un léger crachin printanier, et malgré la semaine d’examen, plusieurs étudiants sortent régulièrement le temps d’un café ou d’une cigarette. Seul signe du tumulte de l’entre-deux tours présidentiel la librairie de l’école, sur le trottoir d’en face, met en avant les livres sur les deux candidats.

Parmi les étudiants interrogés, la plupart compte voter pour Emmanuel Macron. « Pour faire barrage au Front national », confie par exemple Quentin, étudiant blond aux lunettes carrées. « C’est un bien triste choix qu’il nous reste pour ce deuxième tour. Je ne voudrais pas que Macron pense que les électeurs adhèrent à son programme », ajoute-t-il.

Les Républicains, très bien représentés à Sciences Po

Le 24 avril, Quentin avait choisi François Fillon, par fidélité aux Républicains. « J’avais voté pour Alain Juppé aux deux tours de la primaire de la droite, mais c’est François Fillon qui a gagné. J’ai respecté les règles du jeu en votant pour lui, mais je pense que son programme était trop clivant, trop à droite. Même sans les ‘affaires’, il aurait eu du mal à rassembler », explique-t-il.

Quentin n’est pas seul à défendre les idées des Républicains dans son école. Le jeune homme est d’ailleurs adhérent de l’association Les Républicains de Sciences Po, le plus important rassemblement politique de l’école. Le tout nouveau président du bureau a été élu mardi. Omar Ben Abderhman est aussi le plus jeune délégué de France, élu aux côtés de Laurent Wauquiez en Haute-Loire, sa région d’origine. De petite taille, le jeune homme se tient droit et parle fièrement de son association : « Nous représentons Les Républicains au sein de l’école, mais nous sommes indépendants du parti national LR. C’est une association étudiante avant tout. Le but est de se rassembler pour parler de politique : économie, société… Nous abordons tous les sujets lors de café-discussions ou d’événements. »

Une association active

L’association compte 170 adhérents sur 13 000 étudiants. Au fil des ans, elle a acquis une certaine influence et la reconnaissance d’élus. La marraine de l’association est la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse. « Les élus nous connaissent. Cela nous permet d’inviter des gens intéressant, pas seulement des Républicains », raconte son président.

Lors de la dernière conférence qui s’est tenue le 18 avril, organisée conjointement par Les Républicains Sciences Po et La Péniche, le journal de l’école, plusieurs journalistes s’étaient déplacés pour évoquer le rôle des médias dans la présidentielle. Parmi eux, la journaliste Audrey Pulvar, le directeur de Valeurs Actuelles Yves de Kerdrel et Remy Buisine, journaliste à « Brut », un média publiant exclusivement sur les réseaux sociaux. « L’an prochain nous souhaitons développer un maximum de partenariats« , explique Omar Ben Abderahmen.

Lors de l’élection présidentielle, un tel bureau est évidemment particulièrement sollicité. Pour le second tour, les étudiants ont suivi la directive de leur candidat. L’ancien bureau avait fait une circulaire pour appeler à battre Marine Le Pen après le premier tour. « Je sais que certains vont s’abstenir ou voter blanc. On ne les juge pas. On donne juste notre avis », explique le jeune président avant de rappeler : « Nous sommes avant tout une association étudiante. »

Louise Boutard

Russie : peine confirmée pour l’opposant au Kremlin Alexeï Navalny

Un tribunal russe a confirmé mercredi la condamnation à cinq ans avec sursis pour détournement de fonds de l’opposant numéro un au Kremlin, Alexeï Navalny. Déterminé à se présenter à l’élection présidentielle prévue en 2018, le blogueur anticorruption pourrait voir ses projets mis à mal par la confirmation de sa peine.

En février, Navalny a été reconnu coupable du détournement de 400 000 euros au détriment d’une société publique d’exploitation forestière alors qu’il était consultant du gouverneur libéral de la région. La cour régionale de Kirov a rejeté ce mercredi l’appel du blogueur.

Alexeï Navalny, considéré comme le principal opposant au Kremlin, dénonce un procès monté de toutes pièces par le gouvernement russe pour l’éloigner de la scène politique.

Malgo Nieziolek

Un centaine de cinéastes français se positionnent contre le Front national

La Cinéaste française fait parti des signataires de cette pétition anti-FN @CreativeCommons
La Cinéaste française fait parti des signataires de cette pétition anti-FN @CreativeCommons

Une centaine de cinéastes français se sont mobilisés dans une tribune parue mardi contre le Front national dont l’arrivée au pouvoir serait, pour eux, « une épouvante et une désolation » avec « la censure érigée comme principe » pour la culture.

La mobilisation du monde de la culture a été tardive. Parmi les signataires de cette tribune parue sur le site du Huffington Post, figurent des grands noms du cinéma français comme Costa-Gavras, Bertrand Tavernier,Agnès Varda, Cédric Klapisch, Jacques Audiard ou encore Pascale Ferran. « L’arrivée du Front national au pouvoir serait une épouvante et une désolation », écrivent-ils, dénonçant aussi la politique culturelle de l’extrême droite qui cherche « à faire interdire la diffusion de certaines oeuvres ».

« C’est aussi cela le Front national: la censure érigée comme principe, la mise sous tutelle de la presse, la disparition de certains livres dans les bibliothèques, de certaines oeuvres d’art dans les expositions, de pièces de théâtre ou de films dans les salles », dénoncent les signataires.

Leurs craintes portent également sur les risques de stigmatisation et de violence que pourrait engendrer une victoire de Marine Le Pen (FN) à la présidentielle. Selon les signataires, l’arrivée de Marine le Pen au pouvoir « libérerait le nuage d’énergies toxiques qui plane déjà au-dessus de nos têtes. Et la haine d’une fraction (ou d’une faction) de ses électeurs envers les étrangers, les homosexuels, les juifs, les arabes, les noirs ». (…) « Le risque est grand que la violence verbale, déjà à l’oeuvre sur les réseaux sociaux de la part de la fachosphère, se transforme en actes envers tout ou partie de ceux-là », pointent-ils.

Mardi soir, un millier de représentants du monde de la culture, dont le pianiste Alexandre Tharaud et l’humoriste Christophe Alévêque, ont participé en présence de la ministre Audrey Azoulay à un rassemblement contre le FN à Paris, à l’appel d’une soixantaine d’organisations notamment syndicales.

Gaël Flaugère (avec AFP)